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Scampia

Scampia (ou Scampìa ; prononcĂ© /skam'pia/) est le nom d'un quartier populaire de la banlieue de Naples, en Italie. Étendu sur 4,23 km², Scampia fut bâti grâce Ă  une loi sur les logements sociaux entre les annĂ©es 1970 et les annĂ©es 1990. Avec Chiaiano (it) et Piscinola (it), Scampia forme la MunicipalitĂ  8 de Naples. Le quartier est situĂ© au nord de la ville parthĂ©nopĂ©enne, Ă  cĂ´tĂ© notamment de Secondigliano, et 41 350 habitants y vivent [1], pour la plupart des familles dĂ©favorisĂ©es. Ce quartier est livrĂ© Ă  lui-mĂŞme depuis des annĂ©es et la camorra, fortement implantĂ©e depuis longtemps, y règne en maĂ®tre. Les Vele sont les bâtiments emblĂ©matiques du quartier[2].

Scampia
Scampia
Le quartier de Scampia.
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
RĂ©gion Campanie
DĂ©partement Province de Naples
Ville Naples
Arrondissement MunicipalitĂ  8
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 40° 54′ 09″ nord, 14° 14′ 11″ est
Superficie 423 ha = 4,23 km2
Transport
MĂ©tro Piscinola (Ligne 1)
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
Voir sur la carte administrative d'Italie
Scampia
    Vestiges romains
    Sortie « Piscinola » de la Ligne 1 du métro de Naples

    Description

    Un quartier marqué par la pauvreté et l'économie mafieuse

    Ă€ Scampia, oĂą le taux de chĂ´mage dĂ©passe largement la moyenne nationale, le travail au noir est très Ă©levĂ©. Mais l'activitĂ© principale est le trafic de drogue, Scampia est en effet considĂ©rĂ© comme Ă©tant le plus grand supermarchĂ© europĂ©en de vente de drogue au dĂ©tail[3]. Scampia est Ă©galement considĂ©rĂ©e comme la banlieue la plus dangereuse d'Europe (6 chances sur dix de mourir avant 25 ans pour les trafiquants de stupĂ©fiants[4]). Une activitĂ© très lucrative : le clan de Paolo Di Lauro, puissant chef de la camorra qui contrĂ´lait Scampia jusqu'au milieu des annĂ©es 2000, gagnait environ 500 000 â‚¬ par jour[5] rien qu'avec le trafic et la vente de stupĂ©fiants. Une activitĂ© lucrative qui attire dans cette micro-sociĂ©tĂ© de nombreux jeunes napolitains sans emploi[6], âgĂ©s pour la plupart de 12 Ă  30 ans, issus de familles dĂ©favorisĂ©es, prĂŞts Ă  tout pour amĂ©liorer leur quotidien, et utilisĂ©s par les chefs mafieux. Une sentinelle (sentinella), chargĂ©e de surveiller les accès aux places de vente de drogue (piazza di droga) peut toucher jusqu'Ă  1 500 â‚¬ par mois, tandis qu'un dealer (pusher) peut encaisser jusqu'Ă  2 000 â‚¬ par mois. Le responsable d'une place de vente de drogue (capopiazza), peut gagner entre 7 000 et 10 000 â‚¬. Un tueur (killer) est quant Ă  lui payĂ© autour de 2 500 â‚¬ par assassinat. Une somme dĂ©risoire quand on sait qu'on risque d'ĂŞtre condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie (ergastolo), d'ĂŞtre Ă  son tour assassinĂ© au nom de la vengeance privĂ©e (vendetta), ou encore d'avoir un membre innocent de sa famille se faire assassiner au nom d'une vengeance indirecte (vendetta trasversale).

    De nombreux habitants du quartier, hostiles Ă  la camorra, accusent souvent un État italien qui serait incapable de lutter efficacement contre le crime organisĂ©. En effet, avec un chiffre d’affaires annuel de la camorra[7] estimĂ© Ă  plus de 12,5 milliards d’euros[8], c'est de toute façon de l'argent qui contribue indirectement Ă  l'Ă©conomie du pays. En 2009, l'État italien a nĂ©anmoins mis en place un plan de lutte contre la mafia qui aurait menĂ© Ă  une « [chute des] ventes de drogue de 90 % » selon la police[9].

    De l'ambition sociale à la déréliction

    À propos de ce quartier, Geppino Fiorenza, directeur de l’antenne napolitaine de Libera, une association luttant contre les mafias, dit : « Construire des immeubles au vert, c’était une idée positive en soi. Mais le résultat s’est avéré catastrophique, l’architecte qui avait planifié Scampia s’est d’ailleurs suicidé. On y a concentré des milliers de personnes sans perspective d’avenir et pendant plusieurs décennies ce quartier a été abandonné à son destin ».

    Selon Davide Cerullo, ancien membre de la mafia devenu photographe, « La mafia a besoin d'un lieu dégradé pour developper son activité, un lieu où l'État est absent (...) C'est ce qui s'est produit avec les Vele. »[9]

    Les emblématiques immeubles des Vele

    Vele de Scampia
    Les immeubles des Vele de Scampia

    Les sept immeubles des Voiles (Vela au singulier, Vele au pluriel, en italien) furent emblématique du quartier de Scampia après leur construction entre 1963 et 1980[9]. Grandes barres d'immeubles organisées autour d'allées centrales ouvertes, longues et étroites, prévues par leur architecte Franz Di Salvo pour refléter l'ambiance des ruelles du vieux Naples[9], elles se sont finalement avérées très propices aux trafics. Du fait de détournements d'argent, la construction n'a jamais été tout à fait terminée, et nombre d'appartements vacants ont été squattés par des familles sans abri à la suite d'un séisme dans la région en 1980[9].

    Les Vele furent un grand centre des trafics de la Camorra du début des années 1980 jusqu'à 2010.

    Trois immeubles ont été rasés entre 1997 et 2003, et la destruction de trois autres a été annoncée en 2019. Seul un des sept immeubles devrait être conservé comme témoin du passé du quartier[10]. Roberto Saviano, journaliste qui a enquêté sur le système mafieux napolitain et qui a largement contribué à mettre en lumière le quartier de Scampia à travers ses travaux documentaires et fictionnels, est lui-même critique de cette opération d'urbanisme. La simple démolition du bâti n'apporterait selon lui pas de résolution aux véritables problèmes (déficit de services publics, de commerces, d'emplois...) qui lui semblent avoir été les conditions profondes de la prospérité de la Camorra dans le quartier[11].

    Filmographie

    Le quartier de Scampia a inspiré en partie le film italien Gomorra[12], sorti en 2008 et tiré du best-seller du jeune journaliste napolitain Roberto Saviano. La série télévisée homonyme est en partie tournée dans le quartier à partir de 2014. Plusieurs clips de rap français ont été tournés à Scampia, comme "Gomorra" de SCH ou "Le monde ou rien" de PNL en 2015 ou “L’immortale” de Lacrim en 2021[13].

    Personnalités nées dans le quartier Scampia

    Rolando Mandragora, nĂ© le 29 juin 1997 Ă  Naples (Scampia) , est un footballeur italien.

    Armando Izzo, nĂ© le 2 mars 1992 Ă  Naples (Scampia), est un footballeur italien.

    Deborah De Luca, nĂ©e en 1980 Ă  Naples (Scampia), est une artiste de musique Ă©lectronique.


    Et bien d'autres, dont beaucoup de mafieux liés à la Camorra.

    Notes et références

    1. Hommes : 20.904 ; Femmes : 20.446
    2. Margherita Nasi, « A Scampia, l’art plutôt que la Camorra », le Monde, 21 septembre 2017.
    3. Scampia, supermarché de la drogue, Le Point,
    4. (it) Source : RFI
    5. Source : Radio France Internationale
    6. 53 % des jeunes napolitains sont au chĂ´mage (Source : Radio France Internationale)
    7. Qui ferait travailler entre 80 000 et 100 000 personnes (Source : L'Express)
    8. L'Italie d'en bas, L'Express,
    9. Bertrand Aguirre, Rémi Cadoret et Bernard Bebarida, « À Naples, le quartier de Scampia veut oublier la mafia », sur France 24, (consulté le )
    10. « Naples : les célèbres immeubles de Scampia vont disparaître », sur Le Point, (consulté le )
    11. (en) Roberto Salviano, « Naples is demolishing Le Vele, symbol of its Camorra past. But I’m not celebrating », sur The Guardian, (consulté le )
    12. Fiche du film et bande annonce sur allocine.com
    13. https://www.lesinrocks.com/2016/03/22/actualite/reportage-au-cœur-de-scampia-quartier-mafieux-devenu-un-lieu-de-tournage-pour-pnl-ou-gomorra-11813321/

    Voir aussi

    • The Scampia feud (en)
    • La Faida di Scampia (it)

    Liens externes

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