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Savitri et Satyavan

Dans l'hindouisme, Savitri et Satyavan (en sanskrit : à€žà€Ÿà€”à€żà€€à„à€°à„€ SāvitrÄ« et à€žà€€à„à€Żà€”à€Ÿà€šà„ Satyavān) sont un couple lĂ©gendaire, connu pour l'amour et la dĂ©votion de Savitri envers son mari Satyavan. Selon la lĂ©gende, la princesse Savitri Ă©pouse un prince exilĂ© nommĂ© Satyavan, dont la prophĂ©tie indique qu'il doit mourir tĂŽt. La fin de la lĂ©gende a pour thĂšme l'amour de Savitri, qui sauve son mari de Yama, dieu de la mort.

Savitri sauvant Satyavan de Yama

La plus ancienne version qui nous soit parvenue de l'histoire de Savitri et Satyavan se trouve dans Vana Parva ("Le livre de la forĂȘt") du Mahabharata [1] - [2]. Cette histoire se prĂ©sente sous la forme d'un rĂ©cit enchĂąssĂ© dans le Mahabharata, racontĂ© par le sage Markandeya. Lorsque Yudhishthira demande Ă  Markandeya s'il y a dĂ©jĂ  eu une femme dont la dĂ©votion correspondait Ă  celle de Draupadi, son Ă©pouse, Markandeya rĂ©pond par ce rĂ©cit.

LĂ©gende

La lĂ©gende de Savitri et Satyavan peut ĂȘtre comparable au mythe d'OrphĂ©e[3].

Le roi sans enfant du royaume de Madra, Ashwapati, mĂšne une vie ascĂ©tique pendant plusieurs annĂ©es et fait des offrandes au dieu solaire Savitr. Malavika est son Ă©pouse. Finalement, content des priĂšres, le dieu Savitr lui apparaĂźt et lui accorde une faveur : il aura bientĂŽt une fille [1]. Le roi se rĂ©jouit Ă  l'idĂ©e d'avoir un enfant, qui naĂźt et est nommĂ©e Savitri en l'honneur du dieu. Savitri naĂźt ainsi de la dĂ©votion et de l' ascĂ©tisme, qu'elle va elle-mĂȘme pratiquer.

Savitri est si belle et pure qu'elle intimide tous les hommes dans le voisinage. Lorsqu'elle atteint l'Ăąge du mariage, aucun d'entre eux ne demande sa main : son pĂšre lui demande alors de trouver un mari par elle-mĂȘme. Elle entreprend donc un pĂšlerinage Ă  cet effet et rencontre Satyavan, fils d'un roi aveugle nommĂ© Dyumatsena (au royaume de Salwa). Dyumatsena a tout perdu, y compris la vue, et vit en exil dans la forĂȘt avec son Ă©pouse et Satyavan.

Savitri revient et retrouve son pÚre en conversation avec le sage Narada qui lui annonce qu'elle a fait un mauvais choix : bien que parfait à tous égards, Satyavan est destiné à mourir un an aprÚs ce jour. Malgré la tentative de son pÚre de choisir un autre mari, Savitri refuse de revenir sur sa décision. Naranda puis Ashwapati acquiescent.

Savitri et Satyavan sont mariĂ©s et elle le rejoint dans la forĂȘt. ImmĂ©diatement aprĂšs le mariage, Savitri porte les vĂȘtements d'une ermite et obĂ©it Ă  son mari et Ă  ses beaux-parents.

Trois jours avant la mort prĂ©vue de Satyavan, Savitri fait vƓu de jeĂ»ne et de veille. Son beau-pĂšre trouve son rĂ©gime trop sĂ©vĂšre, mais Savitri rĂ©pond qu'elle a prĂȘtĂ© serment de vivre de cette façon austĂšre, et il finit par la soutenir.

Le matin de la mort prĂ©dite de Satyavan, Savitri demande Ă  son beau-pĂšre la permission d'accompagner son mari dans la forĂȘt. Puisqu'elle n'a jamais rien demandĂ© pendant toute l'annĂ©e qu'elle a vĂ©cue en ermite, Dyumatsena respecte sa volontĂ©.

Le couple s'en va. Alors que Satyavan fend du bois, il se sent soudainement faible et pose sa tĂȘte sur les genoux de son Ă©pouse. Les serviteurs de Yama, dieu de la mort, ne parviennent Ă  emporter l'Ăąme de Stayavan en raison de la saintetĂ© de Savitri. Ensuite, Yama en personne vient rĂ©clamer l'Ăąme de Satyavan. Savitri suit Yama alors qu'il emporte celle-ci. Lorsqu'il tente de la convaincre de rebrousser chemin, elle lui propose des formules de sagesse. Elle loue d'abord l'obĂ©issance au Dharma, puis, successivement : Yama lui-mĂȘme pour son rĂšgne juste, Yama en tant que roi du Dharma, et une conduite noble sans attente de retour. ImpressionnĂ© Ă  chaque propos, Yama les loue, tant dans leur style que dans leur contenu, et lui propose de rĂ©aliser n'importe quel souhait, Ă  l'exception de la vie de Satyavan. Elle demande d'abord la vue et la restauration du royaume pour son beau-pĂšre, puis cent enfants pour son pĂšre, enfin, cent enfants pour elle-mĂȘme et Satyavan. Par ce dernier souhait, Yama accepterait indirectement de rendre la vie Ă  Satyavan, ce qui constitue donc un dilemme. Cependant, le dĂ©vouement et la puretĂ© de Savitri l'impressionnent, il lui offre une fois de plus de choisir n'importe quel souhait, mĂȘme d'accorder la vie Ă  Satyavan, ce que Savitri demande immĂ©diatement. Yama accorde la vie Ă  Satyavan et les bĂ©nit tous les deux, leur souhaitant une longue vie.

Satyavan se réveille comme sortant d'un profond sommeil et retourne chez ses parents avec Savitri. Pendant ce temps, chez eux, Dyumatsena recouvre la vue avant le retour de Savitri et Satyavan. Comme Satyavan ignore toujours ce qui s'est passé, Savitri lui raconte l'histoire, ainsi qu' à ses beaux-parents et aux ascÚtes rassemblés. Alors qu'ils la louent, les ministres de Dyumatsena arrivent avec la nouvelle de la mort de son usurpateur. Avec joie, le roi et sa Cour rentrent dans le royaume [4] - [5].

Dans la culture populaire

Dans le Bihar, le Jharkhand et l' Odisha, les femmes mariées observent le Savitri Brata le jour d'Amavasya (nouvelle lune) du mois de Jyestha, chaque année, pour assurer bonheur et longévité à leurs maris. Un traité intitulé Savitri Brata Katha rédigé en langue Odia est lu par les femmes qui exécutent la puja . En Inde occidentale, le jour saint est observé pendant le Purmina (pleine lune) du mois sous le nom de Vat Purmina . En Inde, « Savitri » est un prénom féminin répandu.

On pense que Savitri sauva son mari le premier jour du mois tamoul Panguni. Cette journĂ©e est cĂ©lĂ©brĂ©e sous le nom de Karadayan Nonbu dans l'État du Tamil Nadu. Ce jour-lĂ , femmes mariĂ©es et jeunes filles sont vĂȘtues de robes jaunes et prient les dĂ©esses hindoues pour accorder une longue vie Ă  leurs maris. Les filles commencent cette pratique Ă  un trĂšs jeune Ăąge, portant une robe jaune ce jour-lĂ  dĂšs l'Ăąge d'un an afin de trouver un bon mari dans le futur.

Savitri apparaĂźt dans le recueil PoĂšmes Saturniens, publiĂ© en 1866, sous le nom de Çavitri. En 1950 et 1951, Sri Aurobindo publia son poĂšme Ă©pique en vers blancs intitulĂ© Savitri : une lĂ©gende et un symbole [6].

En Angleterre, Gustav Holst compose en un acte en 1916, son Opus 25, nommé Savitri et adapté de ce mythe [7].

Un groupe new age nommé 2002 sort un album inspiré de l'histoire de Savitri et Satyavan en 1995 [8].

Cinéma et télévision

Trente-quatre versions cinématographiques de l'histoire de Savitri/Satyavan ont été produites en Inde[9]. L'un des premiers est le film muet indien, Satyavan Savitri (1914) réalisé par Dadasaheb Phalke . Parmi les films de cinéma muet il y a Savitri (1912), qui fut un échec, de VP Divekar, AP Karandikar et Shree Nath Patankar, Sukanya Savitri (1922) de Kanjibhai Rathod, Sati Savitri (1927) de Baburao Painter, Sati Savitri (1931) de Bidkar[10]. La version de 1923, Savitri, ou Satyavan Savitri, est une coproduction italienne dirigée par Giorgio Mannini et JJ Madan, produite par Madan Theatres Ltd. et Cines[11].

Sati Savitri (1932), film sonore, est sorti en hindi/gujarati réalisé par Chandulal Shah et fut le deuxiÚme film parlant en langue gujarati. Savitri (1933) fut le premier film produit par la East India Film Company . Réalisé par C. Pullaiah, il a reçu un Certificat d'Honneur à la Mostra de Venise[12]. Bhalji Pendharkar publia Savitri (1936) en marathi. En 1937, Savitri fut produit en hindi réalisé par Franz Osten[13]. Sathyavaan Savithiri (1933), Savithri (1941) de YV Rao furent aussi réalisés pendant la domination britannique en Inde[10].

De nombreux films, centrés sur cette histoire, ont été réalisés aprÚs l' indépendance (en particulier dans le sud de l'Inde), parmi lesquels : des versions cinématographiques en langue télougou de l'histoire en 1957, 1977 et 1981. Satyavan Savitri (1948), Mahasati Savitri (1955) de Ramnik Vaidya, Savitri (1961) de Phani Majumdar, Satyavan Savitri (1963) de Dinesh Rawal, Sati Savitri (1964) de Shantilal Soni, Sati Savitri (1965) de PR Kaundinya, Mahasati Savitri (1973) de Chandrakant, Sathyavaan Savithri (1977) de PG Viswambharan, Savithri (1978) de TS Ranga, Sati Savitri (1982) de Girish Manukant, Savitri (1983) de Murlidhar Kapdi, Maha Sati Savitri (1983) de Sona Mukherjee[10].

Les films en tamoul Doctor Savitri (1955) et Roja (1992) sont des adaptations contemporaines de l'histoire de Savitri et Satyvan[14] - [15].

Savitri - EK Prem Kahani, série télévisée indienne diffusée sur Life OK en 2013 est une adaptation contemporaine de ce mythe [16].


Références

  1. Vyasa's Mahabharatam, Academic Publishers, , 329–336 p. (ISBN 978-81-89781-68-2, lire en ligne), « XVIII: Vana Parva: Wife's Devotion and Satyavana »
  2. Mahabharata Vana Parva (trad. KM Ganguly) (lire en ligne), « Section CCLXLI (Pativrata-mahatmya Parva) »
  3. Jean Varenne, « SĀVITRÄȘ » (consultĂ© le )
  4. Savitri
  5. Shanta Rameshwar Rao, In Worship of Shiva, Orient Longman, , 29– (ISBN 978-0-86131-684-7, lire en ligne)
  6. Mangesh V. Nadkarni, Savitri – The Golden Bridge, the Wonderful Fire: An introduction to Sri Aurobindo's epic, Auro e-Books, 25– (ISBN 978-93-82474-02-9, lire en ligne)
  7. Head, Raymond, "Holst and India (III)" (September 1988). Tempo (New Ser.), 166: pp. 35–40
  8. Savitri. 2002music.com.
  9. Heidi R.M. Pauwels, Indian Literature and Popular Cinema: Recasting Classics, Routledge, (ISBN 978-1-134-06255-3, lire en ligne), p. 80
  10. Ashish Rajadhyaksha et Paul Willemen, Encyclopaedia of Indian cinema, British Film Institute, (lire en ligne)
  11. « Savitri 1923 », citwf.com, Alan Goble (consulté le )
  12. Ponram P, Life in India: Culture, Ponram P, , 153– (lire en ligne)
  13. « Savitri Films List », citwf.com, Alan Goble (consulté le )
  14. « Doctor Savithri: 1955 », The Hindu (consulté le )
  15. Baradwaj Rangan, Conversations with Mani Ratnam, Penguin Books India, (ISBN 978-0-670-08520-0), p. 126
  16. (en) « Life OK's Savitri: What is the show all about? », Bollywood Life,

Lectures complémentaires

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