Accueil🇫🇷Chercher

Sanatoriums du plateau d'Assy

Les sanatoriums du plateau d'Assy sont des sanatoriums ou des établissements spécialisés dans le traitement de la tuberculose et de certaines maladies pulmonaires infectieuses chroniques, installés au début du XXe siècle au plateau d'Assy, à Praz Coutant et Plaine Joux, en Haute-Savoie, sur la commune de Passy.

Sanatoriums du plateau d'Assy
Sanatoriums Martel de Janville et Sancellemoz
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
RĂ©sidence
Architectes
Construction
Commanditaire
Fondation Alia (d)

GĂ©ographie

Les sanatoriums ont été implantés sur le plateau d'Assy[1], qui domine la vallée de l'Arve, sur le territoire de la commune de Passy, dans le département de la Haute-Savoie.

Le choix du plateau tient Ă  son exposition plein sud et Ă  sa situation Ă  l'abri du vent[1]. En effet, d'après l'Ă©tat des recherches au dĂ©but des annĂ©es 1920, l'air et l'altitude des montagnes avaient des propriĂ©tĂ©s thĂ©rapeutiques. La mission Rockfeller opte pour le plateau d'Assy puisque son altitude s'Ă©tablit entre 1 000 et 1 350 mètres, soit au-dessus du brouillard, et qu'il bĂ©nĂ©ficie d'un air sec, d'un bel ensoleillement, de terrains Ă©tendus sur plus de cinq kilomètres, d'une alimentation abondante en eau potable, d'un site isolĂ© des habitations, avec une belle vue, mais aussi Ă  proximitĂ© d'un axe de communication ferroviaire (ligne de La Roche-sur-Foron Ă  Saint-Gervais-les-Bains-Le Fayet)[2] - [3].

Dès 1950, l'utilisation des antibiotiques a permis de vaincre la tuberculose. Aujourd'hui, les propriétés bénéfiques qui étaient attribuées à l'air des montagnes entrent en conflit avec la mobilité touristique, c'est-à-dire les nuisances et la pollution, dans des espaces autrefois recherchés pour la détente et la pure nature.

Histoire

Au dĂ©but du XXe siècle, Ă  la suite de la Première Guerre mondiale, la tuberculose frappe l'Europe en masse[4]. La France est le pays le plus touchĂ© avec 90 000 dĂ©cès par an. Il faudra attendre 1916 et 1919 pour voir la crĂ©ation de deux lois : la loi Bourgeois, mettant en place les dispensaires d'hygiène sociale et de prĂ©servation anti-tuberculeuse, ainsi que la loi Honnorat, instituant les sanatoriums afin de traiter la tuberculose.

Afin d'aider à l'ouverture de ces établissements, la France accepte l'aide de la Commission américaine de préservation contre la tuberculose en France, ou mission Rockfeller[4]. Les médecins hauts-savoyards Laffin et Bonnefoy recommandent l'installation au plateau d'Assy au cours de l'année 1921[4]. Au printemps de l'année suivante, sur les conseils du maire de Passy, la mission Rockfeller décide d'acheter le terrain des hauts plateaux d'Assy[H 1]. Ce projet est toutefois combattu par la population locale, les acteurs du tourisme ou encore le conseil général de la Haute-Savoie[4].

Le plan de développement précède la création d'une association philanthropique des villages-sanatoriums de haute altitude (AVSHA)[1], fondée le [5] - [6]. L'objectif est de créer un « complexe national de cure »[1].

L'ouverture du sanatorium de Praz-Coutant en 1926 marque le dĂ©but du plateau d'Assy[4]. Ensuite viennent les sanatoriums du Grand HĂ´tel du Mont-Blanc (1929), de Sancellemoz (1931), du Roc des Fiz (dĂ©diĂ© aux enfants, 1932), de GuĂ©briant (rĂ©servĂ© au femmes, 1933) et Martel de Janville (1936, population militaire)[4]. En tout, ce sont une douzaine d'Ă©tablissements qui s'implantent dans les environs, associĂ©s Ă  des structures plus modestes (cliniques), notamment dans le nouveau village d'Assy[4] - [1]. L'ensemble compte 2 000 lits[4] auxquels s'ajoutent une vingtaine d'hĂ´tels et « près de deux cents rĂ©sidences secondaires et appartements meublĂ©s »[1]. Le plateau d'Assy est considĂ©rĂ© comme une station de premier ordre au plan international pour la lutte contre la tuberculose, cause nationale Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La fréquentation de ces sites amène à la création d'une paroisse et la construction d'une nouvelle église, Notre-Dame-de-Toute-Grâce, réalisée par l'architecte savoyard Maurice Novarina[7].

Les Ă©tablissements

La commune de Passy accueille 23 Ă©tablissements sanatoriaux[1].

Praz-Coutant

Sanatorium de Praz-Coutant, aquarelle de l'architecte paysagiste René Édouard André, 1925.

Le sanatorium de Praz-Coutant (du lieu-dit du même nom) appartient à la fondation des villages de santé et d'hospitalisation en haute altitude et a été transformé en centre d'hémato-cancérologie. L'édifice reçoit le label architecture contemporaine remarquable[8] en 2003.

Roc des Fiz

Ouvert en , le sanatorium du Roc des Fiz est un ouvrage du duo d'architectes Le Même - Abraham. Il se destine aux enfants et adolescents. Il comporte 20 berceaux pour enfants de 0 à 4 ans et 180 lits pour garçons de 5 à 14 ans et filles de 5 à 16 ans[9].

Le complexe est situé juste au pied d'une formation rocheuse de la chaîne des Fiz. Un bâtiment central accueille les services généraux et les malades alités. Il est flanqué de pavillons pour les dortoirs des malades ambulatoires, garçons à l'ouest et filles à l'est. Les bâtiments, en béton armé, sont reliés entre eux par des galeries couvertes et chauffées.

Dans la nuit du 15 au , un glissement de terrain emporte les pavillons ouest, faisant 72 morts dont 56 enfants. Le sanatorium n'a pas rouvert ; les bâtiments encore debout ont par la suite été détruits.

Guébriant

Le sanatorium est l'œuvre du duo d'architectes Le Même - Abraham (1932-1933)[10]. Le décor de fresques de la chapelle a été confié au peintre et poète mexicain Angel Zarraga[10].

Il est d'abord nommé sanatorium La Clairière en référence au terrain encerclé de forêts sur lequel il est bâti, avant de recevoir le nom du comte de Guébriant, président de l'AVSHA décédé peu avant l'ouverture de l'établissement.

Édifice destiné aux femmes, il est construit de la même manière que celui du Roc des Fiz.

En 1970, le sanatorium Guébriant cesse son activité.

Cédé au conseil général du Val de Marne qui le transforme en centre de vacances, l'édifice reçoit le label architecture contemporaine remarquable[10] en 2003.

Martel de Janville

Le sanatorium de Martel de Janville est conçu pour fonctionner en autonomie, il abrite à la fois tous les malades, le personnel et les services généraux.

Sanatorium ouvert aux officiers et sous-officiers de l'armée, il a bénéficié d'un important don de la part de la comtesse Geoffroy Martel de Janville, dont il porte le nom.

Le plan du sanatorium Martin de Janville est construit en forme de T avec, pour le corps principal, une façade sud longue de 120 mètres et une aile nord implantée perpendiculairement au corps principal.

Le corps principal est majoritairement utilisé pour les chambres des malades tandis que les parties est et ouest sont réservées aux sections des officiers et sous-officiers. Les deux parties ne s'élèvent pas à la même hauteur, dix étages à l'ouest et sept seulement à l'est, ce qui permet de ne pas obstruer la vue sur le Mont-Blanc depuis le sanatorium de Praz-Coutant situé au nord-est de celui de Martel de Janville. Dans le corps principal se trouvent des services administratifs tels que le bureau du médecin-directeur, le bureau du gestionnaire, la comptabilité, le bureau de poste, etc. Mais on y trouve aussi de vastes espaces de vie comme une salle à manger, une salle de repos ou encore une bibliothèque formant deux sections séparées par une cloison qui peut se replier pour former une grande salle utilisée pour des évènements devant réunir tous les malades.

Plaine Joux

Victime de la crise boursière de 1929, ce projet ne sera jamais abouti. Il aura tout de même révolutionné le monde des sanatoriums par son programme et ses solutions proposés, notamment les façades en gradins et les chambres en oblique, que l'on retrouvera dans les bâtiments suivants.

Le guide Michelin de 1937 mentionne exclusivement ce sanatorium au titre de la commune de Passy[11].

Architecture

Les architectes ayant construit les sanatoriums du plateau d'Assy, c'est-à-dire Pol Abraham, Henry Jacques Le Même ou encore Lucien Bechmann, sont tous proches du mouvement moderne et adeptes du béton armé.

Les formes architecturales sont empruntées à des réalisations du type hôtelier et à des types pseudo-régionaux, mais elles se sont adaptées au terrain montagnard, aux pentes, aux conditions climatiques et elles ont évolué vers des fonctions plus cliniques.

Ces évolutions ont intégré les questions d'isolation, d'aération, mais également la construction de balcons destinés aux bains d'air, de dispositifs en terrasses pour l'héliothérapie ou encore des façades en gradin[12].

Les édifices suivants ont été labellisés « Patrimoine du xxe siècle » pour la Haute-Savoie[13] :

Situation actuelle

En 2014, le sanatorium du Mont-Blanc ferme ses portes.

Les anciens sanatoriums Guébriant et Martel de Janville ont chacun bénéficié d’un projet de reconversion réussi, ayant permis de conserver les bâtiments.

En 1971, le sanatorium de Guébriant est racheté par le Conseil général du Val-de-Marne. Il devient un centre de vacances en 1973. Disposant d'une capacité de 400 lits, il reçoit en été et en hiver des familles ou des écoles du Val-de-Marne. Le plateau de Plaine-Joux, équipé d'un téléski depuis 1960 et situé à quelques centaines de mètres de l'établissement, permet aux vacanciers de pratiquer le ski. La proximité de la vallée de Chamonix et du massif du Mont-Blanc procurent également une forte attractivité au centre de vacances.

Désaffecté en 2006, l'ancien sanatorium Martel de Janville a depuis été reconverti en logements collectifs. Le projet était très compliqué étant donné qu'il a fallu remettre le bâtiment dans les normes, et l'adapter à un nouveau programme tout en gardant les caractéristiques de l'architecture du sanatorium. La reconversion de l'ancien sanatorium Martel de Janville est importante car elle a permis la conservation de l'architecture sanatoriale.

Le sanatorium de Sancellemoz est quant à lui devenu un établissement de soins de suite et de réadaptation.

Voir aussi

Bibliographie

  • La revue Vatusium, revue de l’association « Culture, Histoire et Patrimoine de Passy »
  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN 2-7171-0159-4), p. 435-445 « Passy ».
  • Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopĂ©die de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, MontmĂ©lian, La Fontaine de SiloĂ©, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 374
  • Paul Soudan, Au pays du Mont Blanc, histoire de Passy, Bonneville, Plancher, , 171 p.
  • [PDF] Fascicule Anne TobĂ©, maire-adjoint Ă  la Culture et au patrimoine, mĂ©diateur culturel, guide du patrimoine des pays de Savoie, Passy Mini-guide culturel, Passy culture, 47 p. (lire en ligne), sur le site Passy culture - passy-culture.com.
  • Christian Lecomte, « De la splendeur Ă  la ruine: la dĂ©chĂ©ance des sanatoriums de Passy », Le Temps,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Exposition

Liens externes

Notes et références

Sources historiques et culturelles locales

Références

  1. Histoire des communes savoyardes 1980, p. 441.
  2. Ch. Ed. Sée, « Constructions civiles : Le sanatorium militaire de Martel de Janville, près de Chamonix (Haute-Savoie) », Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères, vol. 112, no 24,‎ , p. 485-490 (lire en ligne).
  3. Georges Brouardel, Jacques Arnaud, L'organisation antituberculeuse française, vol. 8, Masson, coll. « Bibliothèque de phtisiologie », p. 95.
  4. Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie 2007, p. 180 (lire en ligne).
  5. Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, 1927.
  6. Dominique Dessertine et Olivier Faure, Combattre la tuberculose : 1900-1940, Presses universitaires de Lyon, , 244 p. (ISBN 978-2-7297-0318-9), p. 191.
  7. Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie 2007, p. 374 (lire en ligne).
  8. « Sanatorium de Praz-Coutant, actuellement centre médical spécialisé. », notice no ACR0000054
  9. Anne Trobé, Le Roc des Fiz. 1970-2010, 40 ans. Passy Culture.
  10. « Sanatorium de Guébriant-la Clairière village de vacances. », notice no ACR0000054
  11. Guide du pneu Michelin, 33e année, 1937.
  12. CAUE 74, p. Plateau d’Assy architectures d’une station.
  13. [PDF] « Label patrimoine du XXe siècle Région Rhône-Alpes », sur culturecommunication.gouv.fr, .
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.