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SalpĂȘtrier

Un salpĂȘtrier est un manƓuvre ou un entrepreneur industriel qui travaille, s'occupe de fabriquer, de collecter, de rĂ©quisitionner du salpĂȘtre, rĂ©coltĂ© sur les murs des Ă©tables et des Ă©curies. Le salpĂȘtre, ou nitrate de potassium, servait Ă  fabriquer la poudre noire ou poudre Ă  canon, une des rares matiĂšres explosives connues depuis la fin du Moyen Âge en Europe .

SalpĂȘtriers Ă  l'Ă©poque moderne

Service des Poudres et SalpĂȘtre - 1798 (An VI) - Uniformes de l'armĂ©e française

Le salpĂȘtrier est, sous l'Ancien RĂ©gime, une personne autorisĂ©e, Ă  rechercher, collecter et fabriquer le salpĂȘtre. Il faut distinguer :

  • le salpĂȘtrier « tout court » : l’ouvrier qui ramassait le salpĂȘtre,
  • Gravure d'un artilleur (ou salpĂȘtrier) utilisant la poudre Ă  canon
    le salpĂȘtrier du roi, dĂ©nommĂ© parfois simplement salpĂȘtrier dans les textes : celui qui employait le salpĂȘtre.
  • le salpĂȘtrier ordinaire : ordinaire placĂ© aprĂšs une charge Ă©tait toujours un augmentatif. Sur les documents courants, il n'Ă©tait pas toujours spĂ©cifiĂ© ordinaire, vu que pour la plupart, les charges Ă©taient Ă  vie.

Sous l’Ancien rĂ©gime la charge de salpĂȘtrier du roi permettait de vivre trĂšs confortablement en Ă©tant payĂ© par la ferme gĂ©nĂ©rale des salpĂȘtres[1].« 
 Le monopole d'Ă©tat du salpĂȘtre ne prit fin qu'en 1819. Avant la RĂ©volution, le salpĂȘtrier du roi passait dans toutes les communautĂ©s tous les deux ans et demi, entrant d'autoritĂ© dans toutes les maisons en disant "Au nom du Roi !". Il fouillait, raclait tous les murs recouverts de salpĂȘtre
 »[2]. Il Ă©tait donc une personne crainte et respectĂ©e.

Vers 1774, les salpĂȘtriers dĂ©pendaient des fermiers des poudres et salpĂȘtres et du commissaire gĂ©nĂ©ral des poudres et salpĂȘtres[3].

Les SalpĂȘtriers de ForĂȘt-Noire : une dissidence religieuse chrĂ©tienne

Cette appellation dĂ©risoire et mĂ©prisante affuble d'abord une population paysanne de la ForĂȘt-Noire et d'Alsace, adhĂ©rente Ă  une rĂ©flexion politique et religieuse dissidente de l'ordre catholique traditionnel et seigneuriale. Elle a fini par dĂ©signer une secte politique et religieuse nĂ©e en ForĂȘt-Noire, au XVIIIe siĂšcle fidĂšle aux principes Ă©noncĂ©s par le salpĂȘtrier Johann Fridolin Albiez, surnommĂ© maĂźtre Hans ou par dĂ©rision Salpeterhans. Ce dernier, grand lecteur de la Bible, prĂȘche en premier lieu une rĂ©volte passive, fondĂ©e sur l'attitude bienveillante du Christ de Justice et ses paraboles Ă©vangĂ©liques.

Le premier stade de la rĂ©volte est paysanne. Des mĂ©tayers appauvris, des paysans autonomes mais endettĂ©s sont rejoints par des milliers de serfs soumis Ă  l'autoritĂ© Ă©conomique imparables du monastĂšre Saint-Blaise, qui recherche avidement Ă  reconstruire son prestige europĂ©en et Ă  financer ses reconstructions somptueuses et coĂ»teuses. Conscients de ne pas pouvoir pleinement faire comprendre leurs revendications, les meneurs locaux s'adressent Ă  l'entrepreneur salpĂȘtrier Albiez qui leur conseille la fraternitĂ© chrĂ©tienne et les rassemblent pour rĂ©diger leurs dolĂ©ances contre les abus et le servage.

Mais l'ordre bafouĂ© doit ĂȘtre puni, le monastĂšre de Sankt Blasien estime outrĂ© que ses vilains dĂ©voyĂ©s n'ont nul droit Ă  la parole. L'autoritĂ© Habsbourg sur les pays de l'Autriche antĂ©rieure interpellĂ©e est vigilante : une suite de quatre rĂ©pressions seigneuriales, graduĂ©es et de plus en plus violentes, pour soumettre les populations et faire rentrer les dĂźmes, impĂŽts et taxes diverses s'abat sur les pauvres bans alĂ©maniques en rĂ©volte passive, et les derniers tenants, parmi lesquels le modeste salpĂ©trier Albiez, qui a perdu tous leurs biens, fuient en 1727 dans les contrĂ©es forestiĂšres du Hozenwald et perdent toute confiance en leurs principaux prĂȘtres, dĂ©lateurs et animateurs de la rĂ©pression. Les derniers paysans, voituriers, charbonniers et bĂ»cherons rĂ©voltĂ©s de l'abbaye en fuite de leurs paroisses sont alors considĂ©rĂ©s comme une vulgaire secte hĂ©rĂ©tique, non approuvĂ©e par Rome.

Albiez, considĂ©rĂ© comme un chef de bande hĂ©rĂ©tique, dĂ©cide de se rendre pour Ă©viter l'effusion de sang prĂ©visible et finit sa vie claustrĂ© et malade en prison Ă  Fribourg. Ces principaux coreligionnaires violents dit les chefs salpĂȘtriers sont exĂ©cutĂ©s, et la population qui n'a pas Ă©chappĂ© Ă  l'encerclement est bannie et exilĂ©e au Banat autrichien. Mais la foi religieuse demeure malgrĂ© les souffrances endurĂ©es, et l'adhĂ©sion sectaire et communautaire ne peut ĂȘtre Ă©radiquĂ©e. AprĂšs une conciliation plaidĂ©e par le pape Pie IX qui allĂšgue la faiblesse de l'information de l'autoritĂ© papale sur ces agissements rĂ©pressifs indignes, la secte dissidente rejoint le giron de l'Église catholique et romaine.

Il en reste toutefois quelques réfractaires réfugiés dans les pays environnants, peu ou prou assimilés à diverses églises protestantes au XIXe siÚcle.

Notes et références

  1. « Au cƓur de la parentĂ©: oncles et tantes dans la France des lumiĂšres » par Marion TrĂ©visi, collaborateur Jean-Pierre Bardet. Ouvrage publiĂ© par Presses Paris Sorbonne, 2008. (ISBN 2840505363), 9782840505365. 574 pages
  2. « Le SalpĂȘtre », sur jeanmichel.guyon.free.fr (consultĂ© le ).
  3. MĂ©moire sans titre concernant un conflit opposant les salpĂȘtriers de Paris aux ci-devant fermiers gĂ©nĂ©raux et au commissaire aux poudres et salpĂȘtres.

Annexes

Bibliographie

  • La ferme des poudres et salpĂȘtres, crĂ©ation et approvisionnement en poudre en France (1664 – 1765) Chapitre II La ferme gĂ©nĂ©rale des poudres et salpĂȘtres.

Articles connexes

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