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Saint Jean-Baptiste (LĂ©onard de Vinci)

Saint Jean-Baptiste est un tableau de LĂ©onard de Vinci conservĂ© au MusĂ©e du Louvre Ă  Paris. Il est peint sur une planche de noyer et mesure 69 Ă— 57 cm[1]. On le date en gĂ©nĂ©ral de sa pĂ©riode romaine entre 1513 et 1516. Pedretti suppose mĂȘme qu'il pourrait s‘agir d'une commande de LĂ©on X, pape florentin. Le tableau serait donc un hommage au saint protecteur de Florence[2].

Saint Jean-Baptiste
Artiste
Date
entre 1513 et 1516
Type
Technique
Huile sur bois
Dimensions (H Ă— L)
69 Ă— 57 cm
Mouvement
Propriétaires
No d’inventaire
INV 775
Localisation

Données historiques

Parmi les premiers biographes de LĂ©onard de Vinci, seul l’anonyme Gaddiano cite un Saint Jean dans ses Ɠuvres[3]. Le tableau serait entrĂ© dans les collections royales lorsque Louis XIV en fit l'acquisition auprĂšs du collectionneur Everhard Jabach en 1662. L'Ɠuvre appartenait auparavant au roi Charles Ier d'Angleterre, qui l'avait reçue de Roger du Plessis-Liancourt en 1630, Ă  l'occasion de la naissance du fils du roi[4]. En 1991 en Allemagne a Ă©tĂ© trouvĂ©e une esquisse Ă©rotique de LĂ©onard ou de SalaĂŻ (fusain sur papier bleu, 1513-14), Angelo incarnato, qui figure SalaĂŻ prenant la pose de saint Jean. Ce dessin provient trĂšs probablement de la Royal Library d'oĂč il fut Ă©cartĂ© sous le rĂšgne de la reine Victoria pour des raisons de pudeur.


Description

Le torse et le visage de saint Jean-Baptiste se dĂ©gagent sur un fond sombre. Il tient un fin crucifix en roseau dans la main gauche et tend la main droite vers le ciel. Il est reprĂ©sentĂ© tel qu'il vivait, en ermite, vĂȘtu d'une simple peau de bĂȘte.

Le vernis en fonçant a fortement altĂ©rĂ© l’image que nous pouvons avoir du tableau. Difficile d'apprĂ©cier le soin particulier avec lequel LĂ©onard a travaillĂ© le passage entre les zones claires et les zones sombres. Sur le tableau, son dessin est Ă  peine esquissĂ© (Ă  peine visible sur les radiographies) et il s'est attachĂ© Ă  rendre les contours par les seuls effets de l'ombre et de la lumiĂšre. La couche de peinture est si mince, par l'usage de glacis superposĂ©s, base du sfumato, « oĂč les pigments sont comme en suspension »[5]. Chaque couche, du blanc de la prĂ©paration jusqu’au dernier glacis, fait vibrer le tableau.

Le tableau a fait l'objet d'un important travail de restauration en 2015 et 2016.

Analyse

Le Saint Jean-Baptiste reprend la pose d’un tableau de LĂ©onard connu seulement par des copies (notamment celles du Kunstmuseum de BĂąle et de l’Ashmoleum d’Oxford), l’Ange de l’Annonciation, le bras Ă©tant simplement tournĂ© vers l’intĂ©rieur du personnage au lieu de l’extĂ©rieur.

Le visage de saint Jean-Baptiste a Ă©tĂ© rapprochĂ© d’un type d’adolescent aux cheveux bouclĂ©s rĂ©current dans les dessins de LĂ©onard. Cela a suffi Ă  faire de SalaĂŻ, sans certitude, le modĂšle de ces dessins et du Saint Jean-Baptiste[6].

Zöllner voit dans la lumiĂšre tombant sur saint Jean-Baptiste la mĂ©taphore de saint Jean-Baptiste, lui-mĂȘme, « rĂ©cepteur et tĂ©moin de la lumiĂšre divine ». Kenneth Clark, lui, voit dans ce geste le paradigme de la quĂȘte de LĂ©onard, « l’éternel point d’interrogation, le mystĂšre de la crĂ©ation » et dans le sourire du Saint, celui du Sphynx[7]. L’androgynie du Saint Jean-Baptiste a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e Ă  la lumiĂšre de la philosophie nĂ©o-chrĂ©tienne : saint Jean-Baptiste est le nouvel Adam, l’homme avant le pĂ©chĂ©, en qui coexistent natures fĂ©minine et masculine[8].

Postérité

Le tableau fait partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[9].

Notes et références

  1. Frank Zöllner LĂ©onard de Vinci, tout l’Ɠuvre peint et graphique, Taschen, 2003, p248
  2. (en) Carlo Pedretti, Leonardo, A Study in Chronology and Style, p. 164.
  3. manuscrit conservé à la BibliothÚque Laurentienne de Florence, publié par André Chastel, dans Léonard de Vinci, Traité de la peinture, Berger-Levrault, 1987, p.34-38.
  4. Vincent Delieuvin, LumiÚre sur le Saint Jean Baptiste, in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, dec. 2016/janv./fév. 2017, n° 38, pp. 48-51.
  5. Jean Rudel, le mĂ©tier du peintre, in Connaissance de l’Art n°67-68-69, 1954.
  6. Pietro. C. Marani, par exemple, dans LĂ©onard, Une carriĂšre de peintre, 1999 (Ă©dition française : Actes Sud / Motta 1999) p.254-255, voit dans ces dessins « peut-ĂȘtre des profils idĂ©alisĂ©s de SalaĂŻ », tout en les rapprochant de la mode pour les bustes-portraits de l’empereur Hadrien Ă  cette Ă©poque.
  7. Kenneth Clark, Leonard de Vinci , 1967, le Livre de Poche p.324-328 .
  8. voir Sylvie BĂ©guin, LĂ©onard de Vinci au Louvre, 1983, rmn, p.79 - 80.
  9. Paul Veyne, Mon musĂ©e imaginaire, ou les chefs-d'Ɠuvre de la peinture italienne, Paris, Albin Michel, , 504 p. (ISBN 9782226208194), p. 228-229.

Liens externes

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