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SS El Faro

Le SS El Faro est un cargo américain battant pavillon des États-Unis de type roulier. Construit en 1975 par Sun Shipbuilding & Drydock Co. sous le nom de Porto Rico, le navire a été rebaptisé en Northern Lights en 1991 et enfin El Faro en 2006[1]. Il a quitté Jacksonville, en Floride, à destination de Porto Rico tôt le matin du et a coulé dans les Bahamas sous l'effet de l'ouragan Joaquin.

SS El Faro
illustration de SS El Faro
Une illustration générée par ordinateur de la coque principale d'El Faro telle qu'elle repose sur le fond de l'océan.

Autres noms Puerto Rico (jusqu'Ă  1991)
Northern Lights (1991–2006)
Type Roulier
Fonction Transport de véhicules
Histoire
A servi dans Sea Star Line
Commanditaire Navieras de Puerto Rico Steamship Company
Chantier naval Sun Shipbuilding & Drydock Co.
Commandé 1973
Quille posée 1974
Lancement 1974
Armé 1975
Statut coulé le 1er octobre 2015 dans les Bahamas
Équipage
Équipage 33
Caractéristiques techniques
Longueur 241 m
MaĂ®tre-bau 28,6 m
Ă€ pleine charge 31 515 tonnes
Port en lourd 14 971 tonnes
Tonnage 21 473 tonnes
Propulsion Turbine à vapeur avec un arbre unique à double réduction
Puissance 11,190 kW
Vitesse 22 nœuds (41 km/h)
Profondeur 12,8 m
Carrière
Propriétaire TOTE Maritime
Armateur SACS Maritime
Pavillon Drapeau des États-Unis États-Unis
Port d'attache San Juan (Porto Rico)
IMO 7395351

Carrière

Dernière position du navire le au matin, bien près de l’œil de l'ouragan.

Le SS El Faro a été construit en 1975 par la Sun Shipbuilding Corporation et Drydock Chester, Pennsylvanie. Lancé sous le nom de Puerto Rico et opéré par Navieras de Puerto Rico Steamship Company, il a transporté des marchandises à destination et à partir de la côte est américaine pendant plus de deux décennies. Le navire fut acheté par SACS Maritime de Tacoma, État de Washington, en 1991 et rebaptisé Northern Lights pour le transport entre Tacoma et Anchorage, en Alaska.

Deux ans plus tard, il fut allongĂ© de 27 mètres au chantier naval Alabama Inc pour continuer Ă  naviguer entre ces deux ports jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 2000 tout en Ă©tant affrĂ©tĂ© par le Military Sealift Command de la Marine des États-Unis. En 2006, le navire fut transfĂ©rĂ© Ă  la filiale Sea Star Lines et rebaptisĂ© El Faro pour le cabotage entre Jacksonville, en Floride, et San Juan, Porto Rico.

Lors de son dernier dĂ©part le , l'ouragan n'Ă©tait qu'une tempĂŞte tropicale qui se dirigeait vers la trajectoire planifiĂ©e. Moins de deux jours plus tard, Joaquin Ă©tait devenu un ouragan de catĂ©gorie 4 dans l'Ă©chelle de Saffir-Simpson. Le navire signala une mer dĂ©chaĂ®nĂ©e et des conditions mĂ©tĂ©orologiques extrĂŞmes ; il avait pris de l'eau et une gĂ®te de 15 degrĂ©s, mais le rapport signalait que l'inondation avait Ă©tĂ© contenue. Peu après, le SS El Faro cessa toutes les communications avec la terre. Il fut portĂ© disparu le [2] - [3].

La Garde cĂ´tière des États-Unis effectua des recherches sur plus de 630 000 km2 et dĂ©couvrit deux zones de dĂ©bris mais dut cesser les recherches le soir du sans avoir retrouvĂ© de survivants[4] - [5]. Le , les enquĂŞteurs du gouvernement fĂ©dĂ©ral amĂ©ricain confirmèrent que l’épave avait Ă©tĂ© repĂ©rĂ©e Ă  plus de 4 500 mètres sous la mer la veille. Selon les donnĂ©es sonar, le navire a coulĂ© Ă  la verticale[6].

Causes du naufrage

Comme dans beaucoup d'accidents les causes du naufrage sont plurifactorielles.

L'enquête de l'US Coast Guard comme celle du NSTB (le Bureau Enquête accidents US) ont donné comme principale cause la responsabilité du capitaine Michael C. Davidson, par ailleurs assez mal noté, qui après avoir consulté son état-major a choisi de tenir une route au vent des Iles Bahamas et trop près de la trajectoire de la tempête tropicale Joaquin, le faisant passer en plein demi-cercle dangereux malgré les inquiétudes de ses officiers et a ensuite mal géré l'information météo en s'en tenant à des réactualisations déjà obsolètes en provenance d'une source unique et en négligeant de croiser ces informations avec celles d'autres sources météo.

Cependant d'autres facteurs aggravants ont précipité la catastrophe :

  • Trajectoire très atypique de l'ouragan Joaquin totalement diffĂ©rente des trajectoires habituelles de ces phĂ©nomènes pour la zone concernĂ©e.
  • Souci d'Ă©conomie de carburant bien mal placĂ©, ayant pesĂ© sur la dĂ©cision de ne pas faire un grand dĂ©tour pour se mettre Ă  bonne distance de l'« Ĺ“il » de la tempĂŞte.
  • Ă‚ge et maintenance du navire : ce navire de quarante ans d'âge (dix de plus que ce qui est habituel) avait Ă©tĂ© plusieurs fois modifiĂ© (devenant un hybride entre un cargo roulier et un porte conteneurs) mais mal entretenu (un ancien marin ayant servi Ă  bord, le qualifia peu charitablement de « old rust bucket » (vieux seau de rouille) devant la commission d'enquĂŞte). Pour rester dans les limites de stabilitĂ© lĂ©gales, du lest fixe avait Ă©tĂ© installĂ© Ă  bord ce qui diminuait son franc-bord et facilitait les entrĂ©es d'eau par les ouvertures sur coque au niveau du pont garage dit « shelter deck ». Navire affectĂ© au cabotage national amĂ©ricain le El Faro Ă©tait obligatoirement (Loi Jones) tenu Ă  naviguer sous pavillon amĂ©ricain avec un Ă©quipage de nationaux, ce qui a poussĂ© l'armateur a Ă©conomiser sur la maintenance du navire et Ă  le maintenir en service au-delĂ  du raisonnable pour compenser les coĂ»ts de rĂ©munĂ©ration.
  • Perte de propulsion en plein ouragan : le navire, dĂ©jĂ  affectĂ© par des voies d'eau liĂ©es Ă  des dĂ©placements de cargaison (conteneurs et vĂ©hicules dĂ©sarrimĂ©s endommageant les tuyauteries et crĂ©ant des voies d'eau) et prĂ©sentant un fardage (une prise au vent) très important, aggravĂ© par les effets de carène liquide, avait pris une gĂ®te suffisante pour dĂ©samorcer les pompes de lubrification des turbines et dĂ©clencher l'arrĂŞt de la machinerie au pire moment possible. Une fois les machines en panne le navire Ă©tait le jouet de l'ouragan et Ă©tait, de plus, privĂ© d'Ă©nergie pour actionner les pompes d'Ă©puisement.
  • Insuffisance des moyens de sauvetage : navire ancien, le El Faro Ă©tait Ă©quipĂ© de chaloupes de sauvetage classiques, mises Ă  l'eau depuis des bossoirs et non pontĂ©es, alors que les cargos plus modernes utilisent des chaloupes entièrement closes, façon capsule de survie, lancĂ©es depuis la poupe grâce Ă  un tobbogan très pentu. Dans les conditions extrĂŞmes (vent de plus de 100 nĹ“uds, soit 180 km/h) rencontrĂ©es par le navire la sĂ©curitĂ© procurĂ©e par les chaloupes classiques ou les radeaux gonflables (par ailleurs impossibles Ă  lancer) Ă©tait totalement illusoire. Un seul cadavre revĂŞtu d'une combinaison de survie sera repĂ©rĂ© par un hĂ©licoptère de sauvetage puis disparaĂ®tra avant de pouvoir ĂŞtre repĂŞchĂ©, tandis que parmi les dĂ©bris flottants les sauveteurs retrouveront des combinaisons de survie non utilisĂ©es, un radeau automatique Ă  demi gonflĂ© et les dĂ©bris d'une chaloupe de sauvetage très endommagĂ©e par des conteneurs ayant surnagĂ© un certain temps.

"Boîte noire" et enquête

Bien que les navires ne soient pas équipés des mêmes enregistreurs que les avions, le El Faro était équipé d'un enregistreur des conversations des officiers sur la passerelle.

Retrouvé et repêché par un ROV (un robot sous-marin télécommandé) il a permis aux enquêteurs de retranscrire, sur un document de cinquante pages, l'aggravation de la situation au fil des heures à travers les conversations des officiers, du timonier et des personnels machine[7].

Notes et références

  1. (en) « SS El Faro », sur www.eagle.org, American Bureau of Shipping Records (consulté le )
  2. « États-Unis : les recherches continuent après le naufrage du cargo El Faro », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  3. « USA : le cargo El Faro a coulé », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  4. « El Faro : la recherche de survivants suspendue », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  5. « USA : de nouveaux débris du El Faro retrouvés », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  6. Jason Dearen, « Bahamas : l'épave d'un bateau disparu retrouvée », Associated Press,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  7. « Luis Jar Torre -UN FARO EN APUROS - El hundimiento de "El Faro" en el huracán "Joaquín" », sur www.grijalvo.com (consulté le )
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