Sœurs de la Perpétuelle Indulgence
Ordre de la Perpétuelle Indulgence
Forme juridique | Associations loi de 1901 |
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But | Défense des droits des LGBT+, Lutte contre le VIH |
Fondation |
1979 aux États-Unis 1991 en France |
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Origine | San Francisco, Californie, États-Unis |
Méthode | Militantisme, Evenements, Plaidoyer |
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Financement | Dons |
Site web | www.thesisters.org |
Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont un mouvement militant LGBT mixte et international fondé à San Francisco en 1979 sous le nom Sisters of Perpetual Indulgence[1], qui a pour objectif la lutte contre l'homophobie, la prévention du SIDA, la promotion de la paix et de la « joie universelle ». Ses organisations locales, réunies en « couvents », sont au nombre de 116 à travers le monde (en 2016)[2]. Le premier « couvent » en France a été fondé en 1991[3].
Unies au sein de l'Ordre de la Perpétuelle Indulgence (Order of Perpetual Indulgence), ces associations utilisent l'image et « l'habit » des religieuses catholiques de façon festive et théâtralisée. Elles ne sont pas un ordre religieux mais elles en reprennent le langage et les codes[4].
Objectifs
Les membres du mouvement, couramment qualifiés de « drag-nonnes »[4], militent contre l'homophobie, tenant un discours protestataire contre les normes sociales[2]. Ils luttent pour la prévention du sida, par de nombreuses actions de sensibilisation, l'appel au dépistage du VIH et à des pratiques sexuelles protégées ; ils proposent également un soutien matériel aux malades[2]. Ils se mobilisent par ailleurs en faveur du droit à l’avortement. Leurs costumes et certaines actions comme la bénédiction de distributeurs de préservatifs provoquent l’étonnement chez les passants. Ils interviennent dans les lieux de rencontre du milieu gay : bars, boîtes, saunas, parc, aires d'autoroute, plages, et toutes les manifestations (comme la Marche des fiertés, le 1er décembre, Existrans[5], le festival Solidays, la Pute Pride, et bien d'autres encore).
Les membres interviennent aussi auprès du grand public pour faire passer des messages de prévention sur les infections sexuellement transmissibles et le VIH[6].
Les différents couvents
Le Couvent de San Francisco, fondé le [7], est la première association à avoir organisé une soirée au profit de la lutte contre le sida[8] sous le haut patronage de Shirley MacLaine et à avoir édité une brochure de prévention intitulée Play Fair[9] - [10].
Le Couvent de Paris a été créé le [3] - [11] - [12], grâce à la présence de trois Sœurs de San Francisco en voyage en Europe. Il existe en 2019 84 couvents dans le monde, dont 9 en France[3]: le Couvent de Paris[13], le Couvent de Paname[14], le Couvent du Nord à Lille[15], le Couvent des Chênaies à Aix-en-Provence et ayant une mission en Aquitaine, le Couvent des 69 Gaules[16] et le Couvent des Traboules[17] à Lyon, la Mission des Pralines en Haut-Vivrais, Forez et Dauphiné, le Couvent d'Oc à Montpellier, le Couvent des SDF (pas de territoire déterminé mais ayant une mission toulousaine), et le Couvent des monts (Piémont Languedocien).
Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont également présentes au Royaume-Uni, en Irlande, en Australie, en Colombie, en Uruguay, au Chili, au Canada, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Autriche et en Argentine[18].
Parodie de l'Église
Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence parodient les rites et l'organisation de l'Église catholique. Les hommes gays, majoritaires dans l'Ordre, se présentent comme des nonnes, mais dans le but de défendre des causes mal considérées par l'institution ecclésiastique[2]. Les Sœurs ont pour but l'« expiation de la honte et de la culpabilité »[2]. Elles vénèrent Saint Latex : « Selon le principe d’Indulgence Perpétuelle, le/la confessant·e reçoit forcément l’absolution et des préservatifs, accompagnés de la phrase rituelle : "Péchez dans la Joie, mon fils/ma fille, sous la protection de Saint Latex" »[2]. Au moment de la visite du pape Jean-Paul II à San Francisco en 1987, les sœurs organisent une « Messe contre la Bigoterie Papale », pendant laquelle « elles exorcisent le pape des démons de l’homophobie »[2]. Elles ont aussi canonisé Harvey Milk, militant gay pour les droits des homosexuels américains, assassiné en 1978[2].
Modalités d'actions
On peut distinguer plusieurs façons d'agir chez les militants : la récolte de fonds[2], le Trottoir qui consiste à déambuler dans l'espace public en distribuant des tracts ou des préservatifs, l'organisation de spectacles et cérémonies comme des messes ou des processions, l'organisation d'évènements spéciaux comme les marches de la fierté ou les Solidays. Les Sœurs de France organisent depuis 1993 des séjours non médicalisés dits « de ressourcement » destinés à accueillir des personnes concernées par le VIH[19]. L'objectif est d'apporter du bien-être et de revaloriser l'estime de soi pour des personnes en souffrance (maladie, deuils, non-acceptation de leur séropositivité ou de leur homosexualité, etc.) par diverses activités sportives, culturelles dans des lieux de villiégiatures comme la montagne ou la mer[20] - [21] - [22] - [23].
L'ordre de la perpétuelle indulgence est composé de personnages aux rôles différents mimant les rôles du clergé catholique : les Sœurs sont les protagonistes principales, les Gardes-Cuisses sont leurs protecteurs. On trouve aussi le Clergé Masculin (disparu en France), et les Anges ou les Saints qui soutiennent les Sœurs dans leurs activités par des aides ponctuelles. Tous ces personnages ont une identité de genre qui ne correspond pas forcément à l'identité de la personne qui endosse le rôle[23].
Notes et références
- « Les sœurs de la Perpétuelle Indulgence », sur France Culture,
- Stauffer Laeticia, « Melissa M. Wilcox : Queer nuns. Religion, activism, and serious parody [1] », Nouvelles Questions Féministes, 2019/1 (Vol. 38), p. 162-167. DOI : 10.3917/nqf.381.0162. URL : https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2019-1-page-162.htm
- «On garde notre raison d’être des folles radicales», sur Libération.fr, (consulté le )
- Deborah Netburn, « États-Unis. Drag et fières de l'être », Courrier international, no 1702, 15-21 juin 2023, p. 32-33 (traduction partielle d'un article paru le dans le Los Angeles Times).
- Arnaud Alessandrin, Géographie des homophobies., (ISBN 978-2-200-28700-9 et 2-200-28700-3, OCLC 897448606, lire en ligne)
- David Perrotin, « Sida : le combat des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence "loin d'être terminé" », sur Metronews, 1e décembre 2013 (consulté le 27 avril 2014)
- David Abiker, Sexe libris dictionnaire rock, historique et politique du sexe, DonQuichotte, (ISBN 978-2-35949-111-1 et 2-35949-111-3, OCLC 937051218, lire en ligne)
- Meredith May, « Sisters of Perpetual Indulgence have history of charity, activism », sur SFGate, (consulté le )
- « Calisphere: Play Fair pamphlet » (consulté le )
- Olivier Touron, Les sœurs de la perpétuelle indulgence : ressourcements, Alternatives, (ISBN 2-86227-469-0 et 978-2-86227-469-0, OCLC 63184595, lire en ligne)
- Jean-Yves Le Talec et Sylvie Tomolillo, Un mouvement gai dans la lutte contre le sida : les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, L'Harmattan, (ISBN 2-7384-9300-9 et 978-2-7384-9300-2, OCLC 409091681, lire en ligne)
- Majo Hansotte, Les intelligences citoyennes : comment se prend et s'invente la parole collective, De Boeck, (ISBN 2-8041-4383-X et 978-2-8041-4383-1, OCLC 58048275, lire en ligne)
- « Couvent de Paris » (consulté le )
- « Couvent de Paname » (consulté le )
- « Couvent du Nord » (consulté le )
- « Couvent des 69 Gaules » (consulté le )
- « Bienvenue au Couvent des Traboules - Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence », sur Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (consulté le )
- « Orders Worldwide » (consulté le )
- Laurent Catherine et Olivier Touron, Les sœurs de la perpétuelle indulgence: ressourcements, Alternatives, (ISBN 978-2-86227-469-0, lire en ligne)
- « Les Jouvences » (consulté le )
- « Ressourcements » (consulté le )
- « Vercors-Tribune 5 decembre 2004 » (consulté le )
- La religion racontée à Charlotte, TheBookEdition, (ISBN 978-2-919348-09-1, lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- Daniel Welzer-Lang, Jean-Yves Le Talec et Sylvie Tomolillo, Un mouvement gay dans la lutte contre le sida : les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, Paris/Montréal (Québec), L'Harmattan, , 315 p. (ISBN 2-7384-9300-9, présentation en ligne)
- Laurent Catherine (photogr. Olivier Touron), Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, Paris, Alternatives, , 128 p. (ISBN 2-86227-469-0, présentation en ligne)
- Jean-Yves Le Talec, Folles de France : repenser l'homosexualité masculine, La Découverte, , 331 p. (ISBN 978-2-7071-5257-2 et 2-7071-5257-9, présentation en ligne)
- (en) Melissa M. Wilcox, Queer Nuns : Religion, Activism, and Serious Parody, New York (N.Y), New York University Press, , 289 p. (ISBN 978-1-4798-2036-8 et 1-4798-2036-9, présentation en ligne)
- (en) Heather Jacks (photogr. Benjamin Benoit), Sister Stories : In Their Own Words, Noise Beneath the Apple, , 202 p. (ISBN 978-0-9889517-4-7 et 0-9889517-4-6, présentation en ligne)
Filmographie
- Sœur Innocenta, priez pour nous !, moyen-métrage documentaire (coréalisé par Caroline Fourest avec Fiammetta Venner)
- Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, court-métrage documentaire (réalisé par Jean-Claude Michineau), mention spéciale du jury au festival du court-métrage de Libourne en 2011
- Die Schwestern, moyen-métrage documentaire allemand (coréalisé par Manfred Hoschek et Sigrid Smejkal )
- Bad Habits: the Return of the Sisters of Perpetual Indulgence, moyen-métrage documentaire canadien (réalisé par Kevin O'Keefe)
- Joie ! Portrait d'une nonne, long-métrage documentaire (réalisé par Joe Balass)
- Et ta sœur, long-métrage documentaire (réalisé par Nicolas Barachin et Sylvie Leroy)