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Séverin Rappa

Séverin Rappa né le à Andorno Cacciorna dans le Piémont et mort le à Paris, est un graveur, dessinateur. Il fut par ailleurs un militant anarchiste. Ses œuvres ont été exposées au Salon d'automne et lors de nombreuses manifestations artistiques.

Séverin Rappa
Séverin Rappa en 1938
Naissance
Décès
Nom de naissance
Severino Rappa
Activités
Dessinateur Graveur
Autres activités
Militant anarchiste

Biographie

Les années de formation et de militantisme anarchiste

Severino Rappa est né le à Andorno Cacciorna dans le Piémont à côté de Biella (Bielle en français). Andorno Cacciorna était alors un chef-lieu (actuellement rattaché à Andorno Micca). Rappa apprit le métier de sculpteur sur bois à l'École Professionnelle de Biella[1]. Diplômé en ébénisterie vers l'âge de vingt ans, il se rend en Suisse pour rejoindre la cause anarchiste. Dans le canton du Tessin, à Lugano en particulier, s’était constituée une importante communauté anarchiste sur les traces de Bakounine mort en 1876 et sous la direction d'autres figures de proue du mouvement. Ainsi, Rappa a pu se former auprès des représentants les plus emblématiques de la doctrine anarchiste, au moins jusqu'en 1890-1891. La répression au cours de cette période de deux ans a forcé les anarchistes déclarés et les sympathisants à fuir. En 1892, l'Europe était secouée par plusieurs attaques de la mouvance anarcho-insurrectionnelle et Rappa, réfugié à Lyon, a été arrêté le au cours d'une ronde de la police française. Expulsé de France, il traverse la Manche et s'installe à Londres, à Cleveland Street, avec sa compagne Clémence Maréchal anarchiste comme lui[2].

En 1894, on lui proposa d’adopter la petite Sidonie, fille d’Auguste Vaillant guillotiné le . Le , Vaillant avait jeté une bombe dans la Chambre des députés. Rappa refusa d’adopter l’enfant âgée d’une dizaine d’années. Plusieurs personnes dont la duchesse d’Uzès s'étaient proposées comme tuteurs de l’orpheline[3]. Finalement, elle fut élevée par Sébastien Faure. A la fin de 1894 les convictions anarchistes de Rappa commencèrent à être ébranlées, et le dessinateur prit ses distances avec les idées les plus extrémistes qui s’étaient traduites par l’assassinat du Président Sadi Carnot le . Les doutes de Rappa lui valurent les foudres de son camarade Emile Pouget et celui-ci l'aurait assommé d'un coup de bâton. Néanmoins Rappa mit ses talents au service du journal anarchiste « L’Anonymat » publié à Londres entre 1894 et 1898 par Luigi Parmeggiani. Ce personnage originaire de Reggio d’Émilie, établi comme antiquaire fut très controversé au sein du milieu anarchiste. Les affiches utilisées par le journal pour ses campagnes de presse ont été attribuées à Rappa. La prise de distance du dessinateur vis-à-vis de l’action violente amena la police à relâcher sa surveillance et à la fin de 1899, l'artiste put retourner en France où il commença son apprentissage chez le sculpteur médailleur Alexandre Charpentier. Rappa conserva un grand attachement à ce maître.

L'activité artistique

Toutefois, il ne cessa pas de fréquenter les cercles anarchistes et c’est dans ces cercles que Séverin Rappa entra en contact avec Félix Fénéon (1861-1944), qui le présenta à Henri Matisse. Fénéon était à la fois une référence dans les mouvements révolutionnaires et un critique au goût très sûr. Il fut le protecteur de nombreux artistes et s'engagea dans de multiples combats dont celui de la libération de Dreyfus. Fénéon épousa en 1897 Stéphanie Goubaux, surnommée Fanny. Le Rappa la représenta avec la dédicace "A Fanny Fénéon, bien affectueusement de son ami Séverin Rappa".

A Biella, on connaissait le talent de Rappa qui revenait de temps en temps, dans cette région et s’entretenait avec de vieux amis et camarades de classe. À la fin de , après sa deuxième expérience au « Salon des Indépendants »[4], Rappa était à Biella et à cette occasion, avait exposé un album de ses dessins. Le bi-hebdomadaire « Risveglio» en informait ses lecteurs, en parlant de l’artiste accompli, source de fierté pour la région de Biella, un homme qui avait conquis le turbulent Paris… L'une des personnalités les plus importantes qui animait le «Salon d'automne» était Henri Matisse, qui faisait partie du jury. Le Matisse reçut une lettre du critique Félix Fénéon qui lui faisait remarquer la valeur du peintre Jan Verhoeven et du dessinateur sculpteur portraitiste Séverin Rappa[5].

En , certaines des œuvres de Rappa avaient été sélectionnées pour le "Salon de la société nationale" au Grand Palais. C’étaient des estampes tirées de ses dessins et placés dans la dix-huitième salle. La liste des exposants publiés par « Gil Blas » montre Rappa parmi les noms les plus célèbres de cette époque en France et ailleurs, de Paul Colin à Pierre Roche, d’Alphonse Lévy à Jacques Villon. Le mois précédent les travaux de Séverin Rappa avaient été accueillis à la XVIème exposition organisée par la "Libre Esthétique" de Bruxelles. Rappa y côtoyait Théo van Rysselberghe, Odilon Redon et Auguste Renoir.

Le Figaro commentait sous la plume d’Arsène Alexandre les croquis de Séverin Rappa présent au "Salon des Indépendants ». Ses dessins exposés sur la terrasse des Tuileries avaient frappé le connaisseur qui les jugeait «spirituels et savants»[6].

Du 3 au Séverin Rappa exposait dans la galerie J. Chaîne et Simonson du 19 rue Caumartin[7] et une fois encore, c'est Arsène Alexandre qui souligne la valeur de l'art de Rappa, dans les pages du Figaro[8]. A sa voix se joignaient celles d’Edouard Sarradin du "Journal des débats politiques", et de Louis Hautecoeur rédacteur de "La Chronique des Arts". Il est à remarquer que les œuvres de l’artiste étaient disposées autour du portrait d’Alexandre Charpentier en hommage à son maître mort en 1909.

Exposition des dessins portraits et études de Severino Rappa - Galeries J. Chaine et Simonson - Paris 1914

Lors de la décennie suivante Severino Rappa conserva une popularité certaine attestée par de multiples articles dans les pages culturelles des journaux et dans les revues d’art. Entre 1923 et 1925, ses dessins fournirent des illustrations pour « Le Bulletin de la Vie artistique », périodique parisien qui publia des portraits signés Rappa représentant le peintre néo-impressionniste Maximilien Luce[9] (Rappa avait déjà fait un triple croquis de sa femme, Ambrosine Bouin), Claude Anet (écrivain et joueur de tennis représenté en 1910) et le critique Gustave Geffroy[10].

Curieusement la date de décès de l’artiste est méconnue . Selon Craveia, des sources signalent sa mort en 1936, d'autres en 1942. En réalité Séverin Rappa est mort à l’Hôpital Cochin le [11]. Auparavant il résidait 4, rue Thouin dans le 5e arrondissement de Paris.

Références

  1. Craveia Danilo, « Anarchia e arte: storia di Severino Rappa e del ‘Salon d’Automne’ », Eco di Biella, 29 gennaio 2017.
  2. Constance Bantman "Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914. Echanges, représentations, transferts" Thèse soutenue le 24 mars 2007 - Université Paris XIII
  3. La Croix, 16 janvier 1894
  4. Catalogue de la 25e exposition 1909 : Jardin des Tuileries, Serres de l'Orangerie, du 25 mars au 2 mai 1908 - Source gallica.bnf.fr / BnF.
  5. Béatrice Joyeux-Prunel, « Le Salon d’Automne (1903-1914), l’avant-garde, ses étrangers et la nation française », Histoire et Mesure XXII-1, 2007 : 145-182.
  6. Le Figaro 25 mars 1909 page 5.
  7. Catalogue de l'exposition : « Dessins, portraits et études par Severino Rappa : exposition, Galeries J. Chaîne et Simonson du 3 au 20 juin 1914 ».
  8. Le Figaro 3 juin 1914 page 4.
  9. Bulletin de la vie artistique 15 janvier 1924 - Source gallica.bnf.fr/BnF
  10. Bulletin de la vie artistique 15 octobre 1923 page 436 - Source gallica.bnf.fr/BnF
  11. Etat civil de Paris – 14e arrondissement.

Liens externes

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