SĂ©rac (fromage)
Le sérac ou serra (en allemand : Ziger) est un fromage frais blanc compact et maigre fabriqué à partir de petit-lait, d'origine suisse et française. Traditionnellement il permet d'utiliser ce qu'il reste, c'est-à -dire le petit-lait, de la fabrication de fromage à pùte pressée cuite tel le gruyÚre ou le comté.
Ătymologie
Le terme sĂ©rac est d'origine arpitane (sera, serai, serat, serĂ© ou sĂ©ra) tirĂ© du latin serum signifiant « petit-lait ». En Suisse romande, le sĂ©rac est Ă©galement appelĂ© sĂ©rĂ©, mais il ne doit pas ĂȘtre confondu avec le sĂ©rĂ© (en allemand : Quark) un fromage frais suisse, Ă base de lait de vache[1].
Ce mĂȘme fromage est appelĂ© sĂ©ras en VallĂ©e d'Aoste[2].
Caractéristiques
Le sérac est un fromage de lactosérum de lait de vache, de chÚvre ou de brebis obtenu à partir de petit-lait entier ou écrémé, par précipitation acide à chaud, avec addition éventuelle de lait écrémé ou de babeurre. De couleur blanche, sa texture est friable et se présentant sous forme de motte arrondie ou carrée, de taille variable[3].
C'est une pĂąte fraĂźche et molle, sans croĂ»te, et de goĂ»t peu relevĂ©. Il peut ĂȘtre salĂ©, additionnĂ© dâherbes aromatiques et/ou fumĂ©. Il est consommĂ© frais nature, sucrĂ© ou aromatisĂ© avec du sel et des Ă©pices ou des herbes mais aussi sĂ©chĂ©[4], fumĂ© ou grillĂ© (il ne fond pas).
Le principal composant du sĂ©rac est une protĂ©ine du petit-lait, la BĂȘta-lactoglobuline, une albumine, issue du lactosĂ©rum. La teneur en lactose de ce type de fromage Ă©tant assez faible, sa couleur peut osciller entre le blanc et le jaune pĂąle.
Le territoire de production
Le sérac ou serra est produit dans les montagnes du Jura et des Alpes suisses et françaises[4]. En Suisse alémanique, il est appelé Ziger. Et en Italie, il est appelé Ricotta.
Il est fabriquĂ© dans les alpages, les fruitiĂšres ou en coopĂ©ratives. Traditionnellement, c'est un sous-produit de la fabrication des fromages Ă pĂątes pressĂ©es (gruyĂšre, Raclette, beaufort, abondance, comtĂ©, emmental et leurs ancĂȘtres). Le petit-lait Ă©tait rĂ©cupĂ©rĂ© pour fabriquer un fromage du pauvre, le sĂ©rac[5].
Ălaboration
Le petit-lait est chauffé à 85-95 °C, puis l'ajout d'un coagulant (vinaigre blanc mélangé à de l'eau ou encore à l'ancienne avec de l'aizy, une recuite fermentée d'ancien petit-lait acide) provoque une coagulation des protéines globulaires solubles. La floculation des protéines se fait en 10 à 30 minutes. Comme il est produit à base d'un lactosérum, il est composé essentiellement de protéines et comporte peu de matiÚre grasse. Il est moulé dans une forme appelée sérac, appelée ailleurs faisselle, fourme (qui a donné le mot fromage), moule, etc. puis, aprÚs un pressage avec un poids de 10 kg pendant 3 heures[4] (ou aprÚs 24 heures d'égouttage), est démoulé et mis à sécher dans un endroit frais ou mis à fumer au-dessus de la cheminée. Reste un petit lait composé d'eau contenant le lactose et les sels minéraux qui n'ont pas été pris dans la floculation.
Autrefois, les éleveurs l'affinaient à l'air et le lavaient au vin blanc salé. Quand il est destiné à la commercialisation et frais, il a une date limite de consommation d'une semaine à une température inférieure à 6 °C.
Utilisation du résidu (sérum)
Le résidu était traditionnellement donné aux cochons, tout comme le petit lait dans des régions plus favorisées. Selon une étude ethnobotanique de Françoise et Grégoire Nicollier (1984), dans certaines montagnes françaises, des feuilles d'orties et de chardon étaient mélangées à de la « recuite » (nom du sérum restant aprÚs la fabrication du sérac) et ce mélange servait de nourriture pour les porcs[6] ; les auteurs ajoutent qu'une couche de feuilles d'ortie servait aussi à faire dégonfler le fromages quand sa fermentation était trop importante (on en posait une couche sur le fromage, qu'on pressait sous une cailloux plat)[6].
Autres fromages au lactosérum
Ce type de transformation Ă base de lactosĂ©rum est trĂšs rĂ©pandu dans les campagnes, mais il revĂȘt diffĂ©rentes appellations protĂ©gĂ©es ou pas en fonction du lieu de fabrication :
- séras et brossa en Vallée d'Aoste ;
- brocciu en Corse (protégée) : un peu de lait est ajouté au petit-lait de brebis pour le rendre plus gras ;
- brousse ou brossa en Provence (non protégée, exceptée depuis 2018 la brousse du Rove, réservée aux chÚvres du Rove autour de Marseille mais qui n'est pas un fromage de lactoserum) : au petit-lait de chÚvre, mais la majorité de la transformation est aujourd'hui industrialisée et faite avec du lait de vache ;
- greuilh ou greuil dans les Pyrénées-Atlantiques / Hautes-Pyrénées ;
- panir (à€Șà€šà€żà€°) en Inde ;
- recuite ou recuÚcha (non protégée), faite à partir de petit-lait de brebis dans l'Aveyron ;
- ricotta (non protĂ©gĂ©e) en Italie qui veut dire « recuite ». Du lait peut ĂȘtre ajoutĂ© au petit-lait pour le rendre plus gras ;
- urdÄ en Roumanie ;
- requesĂłn dans les pays de langue espagnole ;
- mizithra en GrĂšce.
à noter que la racine « sir » ou « ser » signifie « fromage » dans les langues slaves et baltes.
Notes
Références
- définition du sérac par l'office fédéral de la santé publique
- lovevda.it - SĂ©ras.
- Kazuko Masui, Tomoko Yamada, (photo.) Yohei Maruyama, EncyclopĂ©die des Fromages, Guide illustrĂ© de plus de 350 fromages de toutes les rĂ©gions de France, GrĂŒnd,
- Jean Froc, Balade au pays des fromages, mais aussi en Italie et dans le Balcan, oĂč il a des diffĂ©rents noms. Les traditions fromagĂšres en France, Ă©ditions QUAE,
- sérac
- Françoise Nicollier et GrĂ©goire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne Ă Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102,â , p. 129-158 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).