Rusguniae
Rusguniae est un site archéologique antique, situé dans la commune d'El Marsa, dans la wilaya d'Alger, en Algérie.
Rusguniae Tamantfoust, Rusgunia, Rustonium, Belad Dakious, Medina Takious | |
Mosaïque de l'église Rusguniae (Musée du Louvre) | |
Localisation | |
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Pays | Algérie |
Coordonnées | 36° 48′ 17″ nord, 3° 14′ 22″ est |
GĂ©ographie
Le site de l'antique Rusguniae est situé dans la commune d'El Marsa, dans la wilaya d'Alger. Il est délimité [1] :
- au nord : par la route venant d'AĂŻn Taya;
- au sud : par le quartier des Ondines;
- Ă l'est : par la route venant d'Alger-plage;
- Ă l'ouest : par le chemin des ruines no 2.
Protection et classement juridique
La zone de protection s’étend sur 200 m à partir des limites du bien culturel[1]. Le classement s'étend sur 9,5 ha plus[1].
La zone de protection, domaine public de l'Etat est constitué de[1] :
- les réservoirs d'eau : terrain agricole (sortie Est de la ville de Tamanfoust) domaine privé de l’État, d'une superficie de 30 m2;
- l'abside de la basilique : domaine public de l’État, d'une superficie de 50 m2;
- les thermes du sud-ouest : situés dans une propriété privée;
- les vestiges du port antique romain : domaine public de l’État.
Histoire
Depuis une haute antiquité, le Cap Matifou qui limite à l'Est la baie d'Alger abrita un établissement humain. L'empire maritime de Carthage y avait sans doute un comptoir dont aucun vestige terrestre, il est vrai, n'a jamais été décelé mais qu'un certain nombre d'indices permettent de supposer avec vraisemblance[notes 1].
La ville qui s'élevait en ce lieu portait à l'époque romaine le nom de Rusguniae, toponyme où transparait, comme ailleurs, le mot Rus, désignation phénicienne d'un cap, secondée par le nom de la population avec laquelle le dit comptoir devait commercer, en l’occurrence dans ce cas-ci des Guniae selon l'orthographe latine, vraisemblablement Gunian de Yaggounen berbère, soit une population locale dont le toponyme et patronyme Aggoun (pluriel Yaggounen) persiste jusque de nos jours en kabylie maritime et occidentale dont la baie d'Alger est le prolongement. Sur le plan toponymique, Aggoun signifie "plateau" en berbère. Les noms composés des comptoirs puniques sont d'ailleurs toujours bilingues, entre la topographie en punique et la population avec laquelle le commerce s'exerçait[notes 2].
Les premiers témoignages de l'existence d'une cité romaine sur le promontoire de Matifou sont relativement anciens.
Pline le Naturaliste, dans son énumération des villes de la Maurétanie Césarienne, mentionne Rusguniae parmi les colonies fondées par Auguste[2] et l'on sait que, dès le Ier siècle de notre ère et jusqu'à l'époque byzantine, l'établissement grandit et prospéra[3].
Au XIIe siècle le géographe arabe Edrissi y voyait encore «des vestiges de maisons, de grands édifices et d'idoles en pierre". "On dit, précise-t-il, que c'était autrefois une grande ville"[4].
Une chronique espagnole du XVIIIe siècle y remarque même des "maisons, temples et aqueducs antiques qui sont nombreux, grands et beaux"[4].
La proximité d'Alger où l'essor des constructions s'accrût considérablement à l'époque ottoman et davantage encore après la conquête française, allait porter à cette ville antique un coup fatal. Rusguniae, pendant de nombreux siècles servit de carrière, ses pierres inscrites émigrèrent en même temps qu'étaient démantelés la plupart de ses vestiges et, de nos jours, des constructions modernes ont recouvert, en partie, son emplacement. De ce fait nos possibilités de recherches méthodiques sur le site lui-même paraissent assez compromises et, sauf un ensemble épigraphique d'époque chrétienne, les quelques inscriptions qui jadis revirent le jour au cap Matifou[notes 3] ne justifieraient pas, à elles seules, une étude raisonnée si une heureuse découverte ne venait aujourd'hui remettre en question le dossier historique complet de l'antique cité."[5].
"Elle fut ruinée par les Gots, et de ses pierres furent relevées quasi toutes les murailles de la cité d'Alger"[6].
Bibliographie
- Stéphane Gsell, Atlas archéologique de l'Algérie : édition spéciale des cartes au 200.000e du Service Géographique de l'Armée / avec un texte explicatif rédigé par Stéphane Gsell, Adolphe Jourdan, (lire en ligne)
- Jean LĂ©on l'Africain, Description de l'Afrique : tierce partie du monde, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne)
- Adrien Berbrugger, De la Nécessité de coloniser le cap Matifou, Maulde et Renou,
- Henri Fournel, Richesse minérale de l'Algérie : accompagnée d'éclaircissements historiques et géographiques sur cette partie de l'Afrique septentrionale, Paris, Impr. nationale, 1849-1854 (lire en ligne)
- Revue africaine : journal des travaux de la Société historique algérienne, Alger, Bastide, 1856-1962 (lire en ligne)
Notes et références
Notes
- Notamment de récentes recherches d'archéologie sous-marine.
- voire Rus-Azus > cap-comptoir avec les Azus (patronyme et toponymes Azus/Azuz/Yazzusen/Yazzouzen toujours présent, Azffoun actuelle
- On ignore la part qui revient à l'épigraphie de Rusguniae dans les inscriptions découvertes à Alger.
Références
- http://www.joradp.dz/JO2000/2008/002/FP16.pdf
- Pline l'Ancien, Hist. Nat., V,2, 20. La ville porte également le titre de colonie de l'Itinéraire d'Antonin.
- V. la bibliographie complète dressée par Gsell dans son Atlas arch. Alg, 5, 36.
- Cités par Gsell, ibid
- Revue Africaine, Volume 99, p 5. La colonie de Rusguniae d'après les inscriptions, P. Salama.
- Jean Leon African, Description de l'Afrique, Livre Quatrième, p.68