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Rue d'Aubagne

La rue d'Aubagne (en occitan provençal : Carriera d'Aubanha) est une voie marseillaise.

Rue d'Aubagne
Image illustrative de l’article Rue d'Aubagne
Situation
CoordonnĂ©es 43° 17′ 39″ nord, 5° 22′ 53″ est
Arrondissement 1er et 6e
Quartier Noailles, Notre-Dame-du-Mont
Tenant Place Paul-CĂ©zanne
Aboutissant Rue des RĂ©colettes
Morphologie
Type Rue
Longueur 513 m
Largeur m
Histoire
Anciens noms Chemin de la Tuilière
Chemin de Notre-Dame du Mont
GĂ©olocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rue d'Aubagne

Situation et accès

Cette rue située dans le 1er et le 6e arrondissement de Marseille. Elle va de la rue des Récolettes à la place Paul-Cézanne après avoir franchi le cours Lieutaud par un pont. Un autre pont (uniquement piétonnier), qui traverse la rue d'Aubagne et passe également au-dessus du cours Lieutaud, permet de relier la rue Jean-Baptiste Estelle au cours Julien. L'effondrement de deux immeubles de cette rue le 5 novembre 2018 révèle le délabrement du bâti marseillais et la politique locale défaillante en matière d'urbanisme.

Origine du nom

Elle porte ce nom à cause de l'auberge intitulée le « Logis d’Aubagne », qui était située près de Notre-Dame-du-Mont[1].

Historique

À la fin du XVIIe siècle on l'appelait encore « rue Notre-Dame-du-Mont » ou « chemin de la Tuilière ».
Elle prend ensuite son nom « chemin d'Aubagne », puis « rue d'Aubagne ».

La rue d'Aubagne était, avant l'arrivée du métro, une rue très passante dont les commerces étaient surtout spécialisés dans les meubles et la joaillerie. Comme beaucoup de rues du quartier Noailles, on y trouve désormais de nombreux restaurants maghrébins et africains à prix modiques ainsi que des boutiques qui vendent des produits (artisanat, épices, fruits secs, céréales, …) provenant des pays méditerranéens, africains ou asiatiques[2].

La construction des deux ponts qui enjambent le cours Lieutaud fut décidée par le Conseil municipal du , précisément à la suite du percement du cours.
Originellement érigé en béton armé, le pont de la rue d'Aubagne s'effondra le lors de son décoffrage, effectué bien trop tôt avant la prise complète du matériau. L'accident fit cinq morts parmi les ouvriers présents au moment du drame. La technique de construction au moyen du béton armé venait à peine d'être découverte. Les ingénieurs abandonnèrent ce procédé innovant, mais loin d'être au point, et recoururent finalement à une structure entièrement composée d'acier.

Le les immeubles des nos 63 et 65 s'effondrent faisant 8 morts.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • Au no 3 : la Maison Empereur, fondĂ©e en 1827, la plus vieille quincaillerie de France en activitĂ©, une vĂ©ritable institution Ă  Marseille[3] - [4].
  • Au no 8, Ă  l'angle de la rue MĂ©olan, il existait une fabrique de cartes Ă  jouer crĂ©Ă©e en 1760 par Nicolas Conver, fabrique qui deviendra par mariage la Maison Camoin. Nicolas Conver grava le Tarot de Marseille de Nicolas Conver, l'un des plus anciens et des plus respectĂ©s tarots rĂ©ellement de Marseille.
  • Au no 11, l'immeuble est soutenu par des Ă©tais Ă  tous les Ă©tages[5].
  • Au no 15bis, Ă  l'angle de la rue Longue-des-Capucins, se dĂ©roula le chez Mariette Borrelly l'Ă©vènement Ă  l'origine de l'affaire dite de Marseille qui fut l'un des grands scandales de la vie du Marquis de Sade. SĂ©journant cet Ă©tĂ©-lĂ  dans son château de Lacoste dans le LubĂ©ron, Sade fait une virĂ©e Ă  Marseille pour rĂ©gler des affaires d'argent. Il profite de l'occasion pour s'amuser aussi et charge son valet Latour, qui l'accompagnait, de recruter des jeunes femmes en vue d'une partie de libertinage. Latour a vite fait de satisfaire la demande de son maĂ®tre en achetant les services de Marianne Laverne, Mariannette Laugier, Marguerite Coste et Mariette Borrelly. C'est chez cette dernière que tout le monde se retrouve. Pour attiser l'ardeur de ces dames, Sade offre des bonbons Ă  l'anis qui Ă©taient en fait des pastilles de cantharide pilĂ©e, rĂ©putĂ©es aphrodisiaques. L'effet de la cantharide fait que les prostituĂ©es tombent malades et que l'une d'elles, Marguerite Coste, se croyant empoisonnĂ©e, se rend une semaine plus tard Ă  la police pour dĂ©noncer le Marquis. Il s'ensuivra pour Sade des poursuites, une fuite en Italie avec Latour et sa belle-sĹ“ur Anne-Prospère de Launay, une condamnation Ă  mort par contumace, une arrestation Ă  ChambĂ©ry par ordre du roi de Sardaigne et une Ă©vasion rocambolesque avec l'aide de Madame de Sade. La maison oĂą habitait Mariette Borelly a Ă©tĂ© dĂ©truite au XIXe siècle et remplacĂ©e par un autre immeuble.
  • Au no 43 l'association Destination Familles accueille les familles du quartier Noailles et du centre ville. Elle propose des ateliers de soutien scolaire, d’informatique, d’alphabĂ©tisation, de l’aide administrative, des sorties culturelles et participe aux fĂŞtes du quartier[6].
  • Au no 45 : « Cet impressionnant local dont la voĂ»te en arcs brisĂ©s repose sur deux rangĂ©es de sept piliers n'a pas bougĂ© mais ses occupants se sont succĂ©dĂ© avec entrain et sans souci de continuitĂ©[7]. » Cela commence par un monastère des augustins bâti au milieu du XIIIe siècle que les frères abandonneront en 1361. Au XVIe siècle, les lieux furent transformĂ©s en entrepĂ´ts par une dynastie de riches nĂ©gociants et banquiers d'origine suisse, les Sollicoffre. Mais leurs descendants tombent en faillite en 1739 et les locaux sont rachetĂ©s par l’imprimeur Auguste Mossy qui sera nommĂ© maire de la municipalitĂ© du Centre le . Il y installe la mairie, une des trois crĂ©Ă©s Ă  Marseille par la Constitution de l’an VIII, jusqu'Ă  ce que la loi du rĂ©instaure la mairie unique. Les bâtiments qui ont aussi abritĂ© une salle de jeu de paume, accueilleront ensuite des cours communaux, puis une « Ă©cole spĂ©ciale de musique et de chant Â» avant que n'y soit crĂ©Ă©e en 1855 une salle de ventes qui ne fermera qu'en 1981. On peut d'ailleurs encore lire l'appellation « commissaire-priseurs Â» gravĂ©e au-dessus de la grille ouvrant sur la cour. L'adresse est dĂ©sormais celle d'une salle de spectacles Le Daki Ling, jardin des muses.
Plaque de rue apposée lors de l'inauguration officieuse de la place par les collectifs d’habitants du quartier.
  • Du no 63 au no 71 : le , deux immeubles mitoyens, les no 63 et no 65, s'effondrent soudainement, provoquant la mort de 8 personnes. Un troisième immeuble, le no 67, est ensuite dĂ©truit par les secours Ă  la recherche d'Ă©ventuels survivants[8], ainsi que les derniers Ă©tages du no 69. En la ville ordonne la dĂ©molition en urgence du no 69 et du no 71 en raison du « risque aggravĂ© d’effondrement du fait des mouvements constants des structures »[9]. Mais le risque d’un effet cascade bloque le projet. La nouvelle municipalitĂ© de Michèle Rubirola dĂ©cide de ne pas dĂ©molir[10].
  • Entre le no 60 et le no 63 sur la petite place Ă  l'intersection des rues d'Aubagne, de l'Arc et Jean-Pierre-Moustier : le buste en marbre d'Homère, sculptĂ© par Étienne Dantoine en 1803 et supportĂ© par une colonne provenant des cryptes de l'abbaye Saint-Victor. Le monument est Ă©rigĂ© en 1803 Ă  l'initiative du prĂ©fet du dĂ©partement des Bouches-du-RhĂ´ne, Charles Delacroix. Cette place, voisine des immeubles qui se sont effondrĂ©s le , est rebaptisĂ©e par les collectifs d'habitants du quartier « Place du 5-Novembre » lors d’une semaine d’hommage aux victimes du drame en [11] - [12]. Le conseil municipal entĂ©rine cette dĂ©nomination en 2021[13].
  • Au no 78 : l'un des trois passages sous immeubles desservant le Domaine Ventre, ensemble d’ entrepĂ´ts transformĂ©s par la suite en logements, construit sur l’emplacement du couvent des Trinitaires vendu en 1792 comme bien national[14].
  • Au no 92 : l'Ă©glise conventuelle des bĂ©nĂ©dictins bâtie en style nĂ©o-gothique par l'abbĂ© Alphonse Coulin, dĂ©but 1860[15]. Après le dĂ©part des religieux en 1880, l'Ă©glise sert de chapelle pour le patronage des pères de Timon-David. En 1935, elle est divisĂ©e en trois niveaux superposĂ©s abritant en sous-sol une salle de cinĂ©ma, au rez-de-chaussĂ©e le Théâtre Mazenod et dans la partie supĂ©rieure le culte des ArmĂ©niens catholiques qui sera remplacĂ© par un théâtre de mimes, La Nef, crĂ©Ă© par Jacques Durbec. Ă€ l'heure actuelle, seul le Théâtre Mazenod continue de fonctionner.

Références

  1. Raymond Bizot, « La rue d’Aubagne, bien avant le drame », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le ).
  2. « Descendre la rue d'Aubagne, Ă  n'importe quelle heure, Ă©tait un voyage. Une succession de commerces, de restaurants, comme autant d'escales. Italie, Grèce, Turquie, Liban, Madagascar, La RĂ©union, ThaĂŻlande, ViĂŞt-nam, Afrique, Maroc, Tunisie, AlgĂ©rie. Avec en prime, Arax, la meilleure boutique de loukoums. Â» Jean-Claude Izzo, Total KhĂ©ops, SĂ©rie Noire-Gallimard, 2004, p. 90 (ISBN 2-07-042390-5).
  3. « Prioriterre dans le temple de la quincaillerie marseillaise Â», France3 Provence, vidĂ©o sur YouTube.
  4. « À Marseille, à la découverte de la boutique qui propose de tout, même ce que l'on n'était pas venu chercher », sur La Vie.fr, (consulté le )
  5. « Au 11 rue d'Aubagne, les locataires vivent dans l'inquiétude et sous les étais », sur Marsactu, (consulté le ).
  6. « Destination familles » (consulté le ).
  7. François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007, p. 56.
  8. Le Monde, « À Marseille, deux immeubles s’effondrent brutalement en plein centre-ville », sur lemonde.fr (consulté le ).
  9. David Coquille, « Rue d’Aubagne : la Ville de Marseille décide de raser les n°69 et 71 - Journal La Marseillaise », sur www.lamarseillaise.fr (consulté le ).
  10. « Deux immeubles voisins de ceux effondrés à Marseille sauvés par la mairie », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  11. « Les habitants de Noailles inaugurent la Place du 5-Novembre », sur madeinmarseille.net, (consulté le ).
  12. « Marseille, Place du 5 novembre » (consulté le ).
  13. « Marseille : revivez le conseil municipal en direct », sur LaProvence.com, (consulté le )
  14. Françoise Bottero et Emmanuelle Lott, Logique de l'îlot et retour du passage : Restructuration du Domaine Ventre à Marseille, École d'architecture de Marseille-Luminy (travail personnel de fin d’études), coll. « Atelier d'Architecture Urbaine », , 283 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
  15. Voir fiche sur le site PSS.

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Bouyala d’Arnaud, Évocation du vieux Marseille, les Ă©ditions de minuit, Paris, 1961
  • Adrien BlĂ©s, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 2001 (ISBN 2-86276-372-1)
  • François Thomazeau, Marseille insolite, Les Beaux Jours, 2007 (ISBN 978-2-35179-002-1)
  • Karine Bonjour, Rue d'Aubagne, rĂ©cit d'une rupture , Parenthèses, 2019 (ISBN 978-2-86364-354-9)

Liens externes

  • Ariane Chemin et Gilles Rof, « Marseille : rue d’Aubagne, rue de colère », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Article connexe

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