Rue d'Ancin
La rue d'Ancin est une voie piétonne du centre-ville de Nantes, dans le département français de la Loire-Atlantique.
Rue d'Ancin | |
La ruelle dans le sens de la descente | |
Situation | |
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Coordonnées | 47° 12′ 39″ nord, 1° 33′ 46″ ouest |
Pays | France |
Région | Pays de la Loire |
Ville | Nantes |
Quartier(s) | Centre-ville |
Début | Quai de la Fosse |
Fin | Rue de l'Héronnière |
Morphologie | |
Type | Rue |
Histoire | |
Monuments | Square Gabriel-Chéreau |
Description
La rue d'Ancin relie le quai de la Fosse à la rue de l'Héronnière. Ruelle étroite, pavée et dotée d'un caniveau central, elle comporte de nombreuses marches et n'est pas ouverte à la circulation automobile. Son histoire est associée à la prostitution dans l'ancien quartier chaud du port de Nantes, du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle.
Dénomination
La rue porte le nom d'une maison citée dans de nombreux actes[1]. Il s'agirait en réalité de la déformation du nom de propriétaire de cet immeuble, Louis Danssainct, qui le fit construire au XVIIIe siècle et qui fut détruit par les bombardements de Nantes de 1943. D'ailleurs la partie du quai de la Fosse où aboutit la rue fut un temps baptisé « quai d'Ansain »[2].
Histoire
L'activité du port de Nantes gagne le site de la Fosse, sur la rive droite de la Loire, dès le Moyen Age, entraînant la création d'un nouveau faubourg. Les trafics progressent fortement au milieu du XVIIe siècle avec l'ouverture du port sur les marchés coloniaux et l'importation de sucre[3].
A partir du XVIIIe siècle, les armateurs enrichis se font construire des hôtels particuliers le long du quai[n 1] tandis que le coteau à l'arrière, longtemps occupé par des vignes et des terres agricoles (« tenues »), est peu à peu urbanisé[4].
Le quartier de la Fosse ainsi formé est constitué d'un dédale de ruelles incluant la rue d'Ancin, dont les escaliers relient le quai à la ville haute. Le petit peuple du port y vit caché dans de modestes habitations qui forment le quartier réservé[4] où se développent à partir du milieu du XIXe siècle les « maisons de tolérance », que les marins et bateliers de Loire surnomment poétiquement les « maisons de dentelle »[5].
Ces « maisons closes » sont répertoriées et réglementées par la municipalité qui circonscrit la prostitution à trois venelles en pente entre les années 1930 et 1940 : les rues d'Ancin, des Trois-Matelots et des Marins[6], constituant le « triangle merveilleux », auquel s'ajoute la rue Falconet, ruelle en impasse[5]. La rue d'Ancin est notamment l'adresse des établissements l'Arc-en-ciel, l'Eden, A la patte de chat, l'Aéroplane[4], le Moulin Rouge[5] ou le Vert Galant, allusion au surnom du roi Henri IV, signataire de l'Édit de Nantes, également qualifié « de tolérance »[7].
Pendant la Seconde guerre mondiale, la ville compte 14 établissements. Ils sont strictement réservés à la Wehrmacht pendant l'Occupation[n 2]. Certains sont consacrés aux militaires du rang et aux sous-officiers, tandis que d'autres n'admettent que les officiers[8]. Le quartier est durement frappé par les bombardements des 16 et 23 septembre 1943, entraînant de nombreuses destructions mais épargnant relativement la rue d'Ancin, de nos jours la mieux préservée des trois rues[4].
Treize établissements sont encore en activité à Nantes quand la loi Marthe Richard du 13 avril 1946 abolit le régime de la prostitution réglementée en France, entraînant l'interdiction des maisons closes et consécutivement, leur fermeture[9].
- Ruelle et ses marches dans le sens de la montée
- Fresque réalisée en 2018 par des élèves du pôle Arts graphiques du lycée de la Joliverie, évoquant les maisons de dentelle d'antan
- La fresque reprend la forme phallique de balcons du centre-ville de Nantes.
- Balcon forgé à forme phallique au 68 quai de la Fosse. L'hypothèse selon laquelle cela signale la présence d'anciens lupanars est remise en question par des spécialistes[10].
Notes et références
Notes
- Parmi eux, l'Hôtel Durbé, situé au 86 quai de la Fosse, avec façade inscrite le , l'Hôtel O'Riordan, situé au 70 quai de la Fosse, classée le ou la Maison Trochon, située au 17 quai de la Fosse, avec façade et toiture inscrites le
- Nantes est occupée du 18 juin 1940 au 12 août 1944
Références
- Pied 1906, p. 5.
- Pajot 2010, p. 16
- Catherine Descours, Le port de Nantes a 3000 ans, Giotto, , 114 p. (ISBN 2-910561-24-0)
- Rue d'Ancin, l'une des ruelles du quartier portuaire, panneau de présentation réalisé par la Ville de Nantes, consulté sur site le 16 octobre 2022
- « Il était une fois... Le quai de la Fosse et ses « maisons de dentelle » », sur www.letelegramme.fr (consulté le )
- Pajot 2010, p. 140
- Le quai de la Fosse ; ombres et lumières, Jean-Louis Bodinier, Musée d'histoire de Nantes, 8 février 2007
- Sylvain de Fleurieu, 1939-1945 La guerre à Nantes en couleur : Révélations historiques et photographiques sur la mobilisation, l'occupation et la libération, Éditions d'Obestier, , 255 p. (ISBN 9782842384944), p. 73
- Olart 2009, p. 75.
- « Nantes : pourquoi certains balcons ont une forme phallique dans le centre-ville ? », sur actu.fr/pays-de-la-loire/nantes (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Stéphane Pajot, Nantes histoire de rues, Les Sables d'Olonne, d'Orbestier, , 215 p. (ISBN 978-2-84238-126-4)
- Catherine Olart (photogr. Laurent Allenou), Nantes secret et insolite : les trésors cachés de la cité des ducs, Paris, Les Beaux Jours/Compagnie parisienne du livre, , 176 p. (ISBN 978-2-35179-040-3), p. 75.
- Édouard Pied, Notices sur les rues de Nantes, A. Dugas, , 331 p., p. 5.
Articles connexes
Liens externes
- Rue d'Ancin sur le site des archives municipales de Nantes