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Rouleau illustré du roman de Sumiyoshi

Le Rouleau illustrĂ© du roman de Sumiyoshi (äœć‰ç‰©èȘžç””ć·», Sumiyoshi monogatari emaki) est un emaki datant de l’époque de Kamakura. Il illustre le Sumiyoshi monogatari, un roman du Xe siĂšcle qui narre les mĂ©saventures d'une jeune fille maltraitĂ©e par sa belle-mĂšre et sa romance avec un soldat de haut rang. L’Ɠuvre classĂ©e bien culturel important est conservĂ©e au musĂ©e national de Tokyo, mais quatre fragments en ont Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©s au XIXe siĂšcle.

Rouleau illustré du roman de Sumiyoshi
Sumiyoshi monogatari emaki
PremiĂšre scĂšne du rouleau subsistant : l’arrivĂ©e du capitaine au sanctuaire de Sumiyoshi oĂč sa bien-aimĂ©e s'est rĂ©fugiĂ©e.
Artiste
Inconnu
Date
Fin de l’époque de Kamakura (fin du XIIIe siĂšcle ou XIVe siĂšcle)
Type
Technique
Encre sur rouleau de papier
Mouvement
Localisation
Protection

Contexte

Le capitaine s’enquiert de sa bien-aimĂ©e auprĂšs d'une servante, puis d’une nonne.

Apparu au Japon vers le VIe siĂšcle ou VIIe siĂšcle grĂące aux Ă©changes avec l’Empire chinois, l’art de l’emaki se diffusa largement auprĂšs de l’aristocratie Ă  l’époque de Heian. Un emaki se compose d’un ou plusieurs longs rouleaux de papier narrant une histoire au moyen de textes et de peintures de style yamato-e. Le lecteur dĂ©couvre le rĂ©cit en dĂ©roulant progressivement les rouleaux avec une main tout en le rĂ©-enroulant avec l’autre main, de droite Ă  gauche (selon le sens d’écriture du japonais), de sorte que seule une portion de texte ou d’image d’une soixantaine de centimĂštres est visible. La narration suppose un enchaĂźnement de scĂšnes dont le rythme, la composition et les transitions relĂšvent entiĂšrement de la sensibilitĂ© et de la technique de l’artiste. Les thĂšmes des rĂ©cits Ă©taient trĂšs variĂ©s : illustrations de romans, de chroniques historiques, de textes religieux, de biographies de personnages cĂ©lĂšbres, d’anecdotes humoristiques ou fantastiques[1]


Les illustrations de romans, contes ou journaux sont apprĂ©ciĂ©es par les dames de la cour dĂšs l’époque de Heian, dont il reste des emaki fameux comme les Rouleaux illustrĂ©s du Dit du Genji ou le Roman enluminĂ© de Nezame. Durant l’époque de Kamakura (1185-1333), l’intĂ©rĂȘt pour la culture raffinĂ©e des aristocrates de l’époque de Heian perdure avec la production d’emaki sur la vie Ă  la cour comme les Rouleaux enluminĂ©s du journal intime de Murasaki Shikibu, les Contes enluminĂ©s d’Ise, le Rouleau enluminĂ© des Notes de chevets et le Rouleau illustrĂ© du roman de Sumiyoshi[2] - [3] - [4].

Description de l'Ɠuvre originale

Les deux tourtereaux sont enfin réunis.
Célébration du mariage.

Le plus ancien emaki illustrant le Roman de Sumiyoshi conservĂ© date de la fin du XIIIe siĂšcle ou dĂ©but du XIVe siĂšcle, mĂȘme si des illustrations plus anciennes ont dĂ» exister par le passĂ©[5] - [6]. Il se prĂ©sente de nos jours sous la forme d’un rouleau de papier de 30,3 Ă— 304,1 cm composĂ© d’une seule longue peinture, sans texte. Quatre fragments en ont Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©s Ă  une date inconnue, mais ultĂ©rieure Ă  1848, puis remontĂ©s sous la forme de kakemono (rouleau vertical)[7]. Le musĂ©e national de Tokyo possĂšde le rouleau horizontal ainsi qu’un des fragments. Un autre fragment est dĂ©tenu par le Metropolitan Museum of Art (depuis 2015), le reste appartenant Ă  des particuliers[5] - [7] - [8]. Il ne reste Ă©galement qu’un seul fragment du texte original, avec seulement trois lignes[5].

Peu de choses sont connues sur l’auteur, traditionnellement identifiĂ© comme Tosa Nagataka, ni sur l’historique de l’emaki, qui devait originellement possĂ©der plus de rouleaux, car les fragments subsistants ne couvrent que la fin de l’histoire. En 1848, date Ă  laquelle Sumiyoshi Sadanobu fait une copie de l’Ɠuvre (conservĂ©e dans une collection privĂ©e), il ne reste dĂ©jĂ  plus qu’un seul rouleau, qui a donc Ă©tĂ© sĂ©parĂ© ultĂ©rieurement en plusieurs fragments, forme sous laquelle l’emaki existe de nos jours[5].

L’emaki illustre le Sumiyoshi monogatari, un cĂ©lĂšbre roman du Xe siĂšcle dans lequel une jeune femme s’enfuit de la maison pour Ă©chapper aux mauvais traitements de sa belle-mĂšre. Elle tombe amoureuse d'un capitaine et se fait engager. Sa belle-mĂšre cependant contraint le capitaine Ă  Ă©pouser sa fille Ă  elle et empĂȘche la fille du chancelier de servir au palais et d’épouser un garde du guet. Quand la fille dĂ©couvre la vĂ©ritĂ©, elle s’enfuit au sanctuaire de Sumiyoshi. Le capitaine est emmenĂ© au sanctuaire par un rĂȘve mystique avec l’aide de Kannon, oĂč ils se marient et vivent heureux. Le roman date du Xe siĂšcle Ă  l’époque de Heian, mais le texte original n’est connu que par une copie du XIIe siĂšcle[5] - [9].

Ce Rouleau illustrĂ© du roman de Sumiyoshi a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans le style de peinture yamato-e. Bien qu’il appartienne au genre des illustrations de romans de la cour (monogatari-e), il prĂ©sente un style pictural relativement diffĂ©rent des Ɠuvres sur ce thĂšme tels les Rouleaux illustrĂ©s du Dit du Genji. En effet, le rouleau dĂ©crit le rĂ©cit sous la forme d’une longue peinture dans laquelle plusieurs scĂšnes se succĂšdent sans transition claire et sans interruption textuelle, une approche rarement utilisĂ©e pour les monogatari-e[7]. Ce procĂ©dĂ© vise ici Ă  reflĂ©ter l’évolution du temps, si bien que certains personnages apparaissent plusieurs fois dans une mĂȘme scĂšne pour illustrer des phases successives du rĂ©cit[10]. De plus, pour reprĂ©senter les scĂšnes d’intĂ©rieur, le peintre n’a pas utilisĂ© la technique classique du fukinuki yatai, consistant Ă  supprimer le toit pour montrer les piĂšces d’un bĂątiment avec un point de vue en hauteur ; au contraire, il adopte un point de vue plus bas et prĂ©sente les intĂ©rieurs via des ouvertures comme les fenĂȘtres, portes ou panneaux coulissants[3]. Le Rouleau illustrĂ© du roman de Sumiyoshi tĂ©moigne donc des Ă©volutions des peintures de la cour durant l’époque de Kamakura, les peintres s’écartant volontiers des anciennes conventions exhibĂ©es tout particuliĂšrement dans les Rouleaux illustrĂ©s du Dit du Genji (le plus ancien emaki de la cour conservĂ©)[3].

Autres versions

Références

  1. (en) Kƍzƍ Sasaki, « (iii) Yamato-e (d) Picture scrolls and books », Oxford Art Online, Oxford University Press (consultĂ© le )
  2. Miyeko Murase (trad. de l'anglais), L’art du Japon, Paris, Éditions LGF - Livre de Poche, coll. « La PochothĂšque », , 414 p. (ISBN 2-253-13054-0), p. 163-164
  3. Shimizu 2001, p. 194.
  4. Okudaira 1962, p. 78-79.
  5. (en) « The Tale of Sumiyoshi (Sumiyoshi monogatari) », The Metropolitan Museum of Art (consulté le ).
  6. Okudaira 1962, p. 228-229.
  7. « Rouleau illustrĂ© du rĂ©cit de la lĂ©gende de Sumiyoshi », Institut national pour l’hĂ©ritage culturel (consultĂ© le ).
  8. (ja) « äœć‰ç‰©èȘžç””ć·» », sur kotobank, Encyclopedia Nipponica (consultĂ© le ).
  9. Nihon Koten Bungaku Daijiten Henshƫ Iinkai, 1986, p. 1048-1049.
  10. Okudaira 1962, p. 135-136.
  11. (ja) « äœć‰ç‰©èȘžç””ć·» », sur bunka.nii.ac.jp, Agence pour les affaires culturelles (consultĂ© le ).

Bibliographie

  • (ja) Shigemi Komatsu, äœć‰ç‰©èȘžç””ć· ; 氏野é›ȘèŠ‹ćŸĄćčžç””ć· [« Sumiyoshi monogatari emaki ; Ono yukimi gokƍ emaki »], vol. 16, ChĆ«Ć Kƍronsha, coll. « Zoku Nihon no emaki »,‎ (ISBN 978-4-12-402896-6).
  • Christine Shimizu, L’art japonais, Flammarion, coll. « Tout l’art », , 448 p. (ISBN 978-2-08-013701-2).
  • (en) Hideo Okudaira, Emaki : Japanese picture scrolls, C. E. Tuttle Co., .

Liens externes

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