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Rouleau enluminé des Notes de chevets

Le Rouleau enluminĂ© des Notes de chevets (æž•è‰ć­ç””ć·», Makura no sƍshi emaki, ou æž•è‰ć­ç””è©ž, Makura no sƍshi ekotoba) est un emaki datant de la fin de l’époque de Kamakura (dĂ©but du XIVe siĂšcle) illustrant les Notes de chevet de la courtisane Sei Shƍnagon Ă©crites entre 990 et 1002. L’Ɠuvre est classĂ©e bien culturel important.

Rouleau enluminé des Notes de chevets
Makura no sƍshi emaki
DĂ©tail des peintures.
Artiste
Inconnu
Date
Fin de l’époque de Kamakura (dĂ©but du XIVe siĂšcle)
Type
Technique
Encre sur rouleau de papier
Dimensions (H Ă— L)
25,5 Ă— 998,6 cm
Mouvement
Localisation
Collection privée, Tokyo (Japon)
Protection

Arts des emaki

DĂ©tail de la 1re section : dame Shigeisha rend visite Ă  sa sƓur aĂźnĂ©e et son pĂšre.

Apparu au Japon vers le VIe siĂšcle grĂące aux Ă©changes avec l’empire chinois, l’art de l’emaki se diffusa largement auprĂšs de l’aristocratie Ă  l’époque de Heian. Un emaki se compose d’un ou plusieurs longs rouleaux de papier narrant une histoire au moyen de textes et de peintures de style yamato-e. Le lecteur dĂ©couvre le rĂ©cit en dĂ©roulant progressivement les rouleaux avec une main tout en le rĂ©-enroulant avec l’autre main, de droite Ă  gauche (selon le sens d’écriture du japonais), de sorte que seule une portion de texte ou d’image d’une soixantaine de centimĂštres est visible. La narration suppose un enchaĂźnement de scĂšnes dont le rythme, la composition et les transitions relĂšvent entiĂšrement de la sensibilitĂ© et de la technique de l’artiste. Les thĂšmes des rĂ©cits Ă©taient trĂšs variĂ©s : illustrations de romans, de chroniques historiques, de textes religieux, de biographies de personnages cĂ©lĂšbres, d’anecdotes humoristiques ou fantastiques[1].

Les illustrations de romans, contes ou journaux sont apprĂ©ciĂ©es par les dames de la cour dĂšs l’époque de Heian, dont il reste des emaki fameux comme les Rouleaux illustrĂ©s du Dit du Genji ou le Roman enluminĂ© de Nezame. Durant l’époque de Kamakura (1185-1333), l’intĂ©rĂȘt pour la culture raffinĂ©e des aristocrates de l’époque de Heian perdure avec la production d’emaki sur la vie Ă  la cour comme Rouleaux enluminĂ©s du journal intime de Murasaki Shikibu, les Contes enluminĂ©s d’Ise et bien sĂ»r le Rouleau enluminĂ© des Notes de chevets[2] - [3].

Description

DĂ©tail de la 1re section : dame Shigeisha rend visite Ă  sa sƓur aĂźnĂ©e et son pĂšre.

Les Notes de chevet sont un recueil de petits billets dans lesquels une courtisane de la cour impĂ©riale confie ses impressions, ses pensĂ©es ou des anecdotes, ainsi que parfois des poĂšmes de sa composition. Écrit dans les annĂ©es 990 jusqu’à 1002, ce recueil est une des Ɠuvres littĂ©raires les plus cĂ©lĂšbres de l’époque[4].

L’emaki se compose aujourd’hui d’un seul rouleau de papier contenant six sections, chacune composĂ©e d’une peinture accompagnant un texte calligraphiĂ© (Ă  l’exception de la premiĂšre section qui comprend deux peintures et deux textes) illustrant une anecdote sur la vie Ă  la cour issue des Notes de chevet, sans grand rapport entre elles. Les auteurs de l’emaki ne sont pas connus avec certitude. La boĂźte contenant le rouleau indique que l’auteur des calligraphies est l’empereur retirĂ© Go-Kƍgon (1338-1374) et qu’une femme a effectuĂ© les peintures, mais cette inscription est ultĂ©rieure Ă  la crĂ©ation du rouleau, et la qualitĂ© des illustrations indique plutĂŽt la main d’un peintre professionnel, qui ne peut ĂȘtre Ă  l’époque qu’un homme[5]. D’autres thĂ©ories existent, comme l’attribution des calligraphies Ă  l’empereur Fushimi (1265-1317) ou Ă  sa fille, sans preuve toutefois[5].

Style

3e section : l’empereur retirĂ© apportant un biwa Ă  son Ă©pouse.

L’emaki prĂ©sente un style original mĂȘlant la technique tsukuri-e typique des peintures de la cour de Heian avec le habukyƍ (peinture monochrome)[5] - [6]. Le tsukuri-e implique gĂ©nĂ©ralement trois Ă©tapes : l’esquisse de l’ossature de la composition Ă  l’encre, l’ajout des couleurs opaques sur tout la surface du papier et enfin le rehaussement des lignes et des dĂ©tails. Il en rĂ©sulte des peintures trĂšs construites. Ici, dans le Rouleau enluminĂ© des Notes de chevets, l’artiste s’est arrĂȘtĂ© Ă  la premiĂšre Ă©tape, la crĂ©ation des lignes, si bien que l’Ɠuvre arbore un style habukyƍ, c’est-Ă -dire le dessin Ă  l’encre de Chine sur papier nu[7].

6e section : la suite de l’empereur retourne au palais aprùs une visite au sanctuaire Hachiman.

Contrairement Ă  d’autres Ɠuvres habukyƍ, les lignes Ă  l’encre sont ici trĂšs fines, prĂ©cises et maĂźtrisĂ©es pour les contours, tandis que des lignes plus Ă©paisses sont utilisĂ©es pour les dĂ©tails (dont les belles chevelures des dames), confĂ©rant une certaine Ă©lĂ©gance Ă  l’ensemble[8]. Il n’y a pour seule couleur que l’usage de pigments rouges, aujourd'hui effacĂ©s, pour les lĂšvres et d’une encre trĂšs foncĂ©e tendant sur le marron. Cette composition relativement unique interroge sur les intentions de l’artiste (volontĂ© d’innovation ou inachĂšvement[7] ?), mais semble montrer une nouvelle interprĂ©tation de la technique traditionnelle du tsukuri-e[5].

L’emaki montre l’emploi de la technique traditionnelle du fukinuki yatai, consistant Ă  ĂŽter les toits des bĂątiments pour peindre des scĂšnes se dĂ©roulant Ă  l’intĂ©rieur des bĂątiments depuis un point de vue un hauteur[9].

Postérité

Le Rouleau enluminé des Notes de chevets est détenu par la famille Asano et est classé bien culturel important au patrimoine culturel du Japon[8].

Références

  1. (en) Kƍzƍ Sasaki, « (iii) Yamato-e (d) Picture scrolls and books » Inscription nĂ©cessaire, Oxford Art Online, Oxford University Press (consultĂ© le ).
  2. Miyeko Murase (trad. de l'anglais), L’Art du Japon, Paris, Éditions LGF - Livre de Poche, coll. « La PochothĂšque », , 414 p. (ISBN 2-253-13054-0), p. 163-164.
  3. Christine Shimizu, L’Art japonais, Flammarion, coll. « Tout l’art », , 448 p. (ISBN 978-2-08-013701-2), p. 193.
  4. Dictionnaire historique du Japon, vol. 14 (lettres L-M), Maison franco-japonaise, (lire en ligne), p. 17.
  5. Mori 1976, p. 4-5.
  6. (en) Charles Franklin Sayre, « Japanese Court-Style Narrative Painting of the Late Middle Ages », Archives of Asian Art, vol. 35,‎ , p. 71-81 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. Grilli 1962, p. 11-12.
  8. Okudaira 1962, p. 160-162, 200.
  9. Okudaira 1962, p. 126.

Annexes

Bibliographie

  • Elise Grilli (trad. Marcel Requien), Rouleaux peints japonais, Arthaud, .
  • (ja) Tƍru Mori, çŽ«ćŒéƒšæ—„èš˜ç””ć·ăƒ»æž•è‰ć­ç””ć·, vol. 13, Kadokawa Shoten, coll. « ShinshĆ« nihon emakimono zenshĆ« »,‎ (OCLC 38727072).
  • (en) Hideo Okudaira, Emaki : Japanese picture scrolls, C. E. Tuttle Co., .
  • Christine Shimizu, L’Art japonais, Flammarion, coll. « Tout l’art », , 448 p. (ISBN 978-2-08-013701-2).
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