Roger Vandenberghe
Roger Vandenberghe (nĂ© Robert Adler[1]), surnommĂ© Vanden, ou Le tigre noir, Ă Paris et mort le Ă Nam Äá»nh, est un militaire français.
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Castillon (depuis le ) |
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Vanden, le Tigre Noir |
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C'est le sous-officier le plus dĂ©corĂ© de l'ArmĂ©e de terre française au XXe siĂšcle, avec dix-huit citations[2] et huit blessures, principalement gagnĂ©es pendant la guerre d'Indochine. Il mena un grand nombre d'opĂ©rations « coup de poing » de nuit derriĂšre les lignes vietminh, Ă la tĂȘte de son commando de partisans vietnamiens surnommĂ© « les tigres noirs ». Il faisait peur aux Viet-minhs Ă tel point que sa tĂȘte avait Ă©tĂ© mise Ă prix[3]. Il fut trahi et assassinĂ© par un de ses hommes (ancien du Viet-minh) Ă l'Ăąge de 24 ans.
« Que la France me donne cent Vandenberghe, et nous vaincrons le Viet-minh⊠» Général de Lattre de Tassigny
Enfance
Roger Vandenberghe naßt le dans le 14e arrondissement de Paris[4]. Son pÚre Emile Raoul Vandenberghe (né au Havre le 26 décembre 1885[5]), invalide de guerre (gazé)[6] d'origine belge, gravement atteint par la tuberculose et au chÎmage, doit partir peu de temps aprÚs dans un sanatorium pour se faire soigner. Sa mÚre Toba Adler, née à Galatz, Roumanie (à ne pas confondre avec la région espagnole de Galice)[5] - [7]) et de confession juive (ce qui lui vaudra par la suite la déportation par le convoi 66 du camp de Drancy au camp d'Auschwitz le 20/01/1944; elle n'est pas revenue de déportation[8]), tente alors de subvenir aux besoins de sa famille en faisant des ménages, mais, malade à son tour, elle se résout finalement à placer Roger et son frÚre Albert (né Albert Adler[1]), de trois ans son aßné, à l'Assistance publique en 1932. Ils passent là des années difficiles en internat. En 1935, ils sont confiés à deux familles de paysans béarnais du village d'Arthez-de-Béarn pour aider aux champs tout en continuant à aller à l'école.
Durant ces années à la campagne, le jeune Roger n'est guÚre porté sur les études. Il préfÚre de beaucoup parcourir les collines environnantes, gardant les troupeaux et se faisant remarquer par son habileté à la fronde et ses talents de braconnier. Malgré tout, il réussit à décrocher son certificat d'études en 1938. L'année suivante, leur pÚre décÚde et la guerre éclate.
Premiers combats
Il veut s'engager dans la RĂ©sistance mais, malgrĂ© sa forte carrure, il est refusĂ© car trop jeune. Enfin, le , Ă l'Ăąge de 16 ans, avec son frĂšre, il rejoint le Corps franc PommiĂšs lequel, d'un point de vue opĂ©rationnel, dĂ©pend directement du B.C.R.A de Londres. Il s'illustre rapidement au sein de cette troupe qui est la premiĂšre Ă rentrer en Alsace. Le , Ă 17 ans, il est blessĂ© par l'explosion d'une mine alors qu'il menait une reconnaissance pour laquelle il s'Ă©tait portĂ© volontaire. Cette action lui vaut d'ĂȘtre citĂ© Ă l'ordre du rĂ©giment. Ă la fin de la guerre, Vanden, comme on le surnomme dĂšs lors, dĂ©cide de rester dans l'armĂ©e. Il est alors affectĂ© le 12 fĂ©vrier Ă la 2e compagnie du 49e rĂ©giment d'infanterie, formĂ© des anciens du Corps franc PommiĂšs, qui est stationnĂ© en Allemagne. NommĂ© caporal en 1946, il se porte volontaire avec son frĂšre pour l'Indochine et rejoint le 2e bataillon de marche du Corps expĂ©ditionnaire français en ExtrĂȘme-Orient.
Le séjour en Indochine
Le , Vanden embarque Ă Marseille. Un mois plus tard, il arrive Ă Tourane en Annam et tombe sous le charme de ce pays qu'il lui semble connaitre depuis toujours.
Le , son frÚre aßné Albert est tué à Ha Dong lors d'un assaut ; aprÚs la mort de son frÚre, son destin se cristallise. Ce deuil terrible qui le prive de toute famille de sang sera probablement la principale source de sa motivation dans ses futurs combats.
GriÚvement blessé en février 1949 alors qu'il est sergent et chef d'une section de partisans du 6e Régiment d'Infanterie coloniale, il est fait Chevalier de la légion d'honneur à 21 ans. AprÚs huit mois de convalescence, il revient en Indochine. De nombreux faits d'armes sont accomplis, entre autres en , l'attaque de Ninh Binh pour récupérer le corps du lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, tué lors de la chute de son poste dans cette région dite des calcaires.
Plus tard, le gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny, commandant le Corps expĂ©ditionnaire français en ExtrĂȘme-Orient, dĂ©cide la crĂ©ation de 8 commandos Nord-Vietnam, unitĂ©s lĂ©gĂšres avec des supplĂ©tifs encadrĂ©s par des sous-officiers et officiers français. L'objectif est de porter des coups au viet-minh en employant les mĂȘmes mĂ©thodes que lui. Le nombre de commando monte Ă 45, dont le n°24 commandĂ© par l'adjudant-chef Vandenberghe avec deux fidĂšles adjoints, le sergent Puel, un BĂ©arnais issu comme lui du 49e rĂ©giment d'infanterie, et de Tran Dinh Vy, un ancien instituteur qui finira, plus tard, colonel de la LĂ©gion Ă©trangĂšre.
Le commando no 24 dit commando "Vandenberghe", tout de noir vĂȘtu, qu'il nommera par la suite "Les Tigres Noirs", comprenait des partisans ainsi que des ralliĂ©s, peu nombreux au dĂ©part (environ 50) ; par la suite, il en augmenta le nombre, ce qui ne lui permit plus de suivre tout son monde et de s'assurer de la fiabilitĂ© de chacun.
En se faisant passer pour prisonnier de ses propres hommes grimĂ©s en soldat du Viet-minh, il attaque un PC viet-minh qu'il investit aprĂšs une pĂ©nĂ©tration de plusieurs kilomĂštres en territoire non contrĂŽlĂ©. Il aura avec lui des hommes qui Ă©galeront son courage et reconnaĂźtront sa valeur de chef et d'Ă©minent stratĂšge qui a su assimiler les tactiques de ses adversaires. Il avait parfaitement compris et imitĂ© la mĂ©thode de la guĂ©rilla indĂ©pendantiste d'infiltration sur les arriĂšres de l'adversaire, et avec une grande mĂ©ticulositĂ©, il dĂ©cuplait l'efficacitĂ© de ses coups de main. L'adjudant chef Vanden Ă©tait un homme grand, athlĂ©tique, mais taciturne. Il ne fumait pas et ne buvait pas ; sa vie se rĂ©sume Ă cette Ă©poque exclusivement Ă son commando et Ă l'Indochine quâil adore. Redoutable combattant, ses hommes le suivaient partout.
Parmi ses hommes se trouvaient le caporal Ehret, jeune Alsacien ; Hubert, un opĂ©rateur-radio mĂ©tis ; le sergent Gracelli, le sergent Puel (24 ans, mĂ©daille militaire et 6 citations, il sera tuĂ© en mĂȘme temps que son chef) et le sergent vietnamien Tran Dinh Vy (qui plus tard, aprĂšs un passage dans l'armĂ©e vietnamienne et la chute de SaĂŻgon, finira comme colonel de la LĂ©gion Ă©trangĂšre avec LĂ©gion d'honneur, mĂ©daille militaire et 20 citations tant françaises qu'amĂ©ricaines et vietnamiennes). Il est Ă noter que Vanden Ă©tait sur le tableau dâavancement pour le grade de sous-lieutenant juste avant sa mort.
Le , le sous-lieutenant Nguien Tinh KhoĂŻ (ancien commandant de l'unitĂ© d'assaut du rĂ©giment 36 de la brigade 308 du ViĂȘt-minh, capturĂ© lors de la bataille du Day en 1951) le trahit et l'assassine pendant son sommeil Ă Nam Äá»nh, ainsi que le sergent Puel. Vanden aura traversĂ© la guerre dâIndochine comme un Ă©clair et est mort Ă 24 ans.
Sa tombe portait le numĂ©ro 263 au cimetiĂšre de Nam Äá»nh[9].Avec l'appui de plusieurs associations d'anciens combattants d'Indochine, son cercueil, ainsi que celui de son frĂšre Albert, sont rapatriĂ©s en France dans leurs rĂ©gions d'adoption en 1987, Albert au cimetiĂšre d'Arthez-de-BĂ©arn et Roger au cimetiĂšre de Castillon, un village voisin. Une stĂšle en son nom domine la vallĂ©e du BĂ©arn.
Honneurs et distinctions
- La 27e promotion (1968) de l'Ăcole nationale des sous-officiers d'active de Saint-Maixent-l'Ăcole porte le nom de Adjudant-Chef Vandenberghe.
- Le ChĆur Montjoie Saint Denis rend hommage Ă Vanden par un chant homonyme sur leur album Chants d'Europe IV.
DĂ©corations
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur ()
- MĂ©daille militaire ()
- Croix de guerre 1939-1945 (1 citation)
- Croix de guerre des Théùtres d'opérations extérieurs (17 citations dont 9 palmes)
- Médaille des blessés militaires (8 blessures de guerre)
Citations[10]
- Citation à l'ordre du régiment et attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze ()
- Citation Ă l'ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec Ă©toile de bronze ()
- Citation Ă l'ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec Ă©toile de bronze ()
- Citation Ă l'ordre de la division et attribution de la Croix de guerre des TOE avec Ă©toile d'argent ()
- Médaille militaire, citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre du corps d'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation Ă l'ordre de la brigade et attribution de la Croix de guerre des TOE avec Ă©toile de bronze ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Chevalier de la Légion d'honneur, citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre du corps d'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil ()
- Citation à l'ordre du corps d'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil ()
- Citation à l'ordre du corps d'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec étoile de vermeil ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme ()
- Citation à l'ordre de l'armée et attribution de la Croix de guerre des TOE avec palme à titre posthume ()
Blessures
- Blessé par mine ()
- Blessé à la cuisse droite par éclats de grenade ()
- Blessé à la cuisse droite par balle ()
- Blessé à la cuisse gauche et au bras droit par explosion de mine ()
- Blessé au thorax par balle ()
- Blessé à la cuisse droite par balle ()
- Blessé aux deux jambes par balles ()
- Blessé à la cuisse gauche par balle ()
Notes et références
- « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
- FNAOM-ACTDM / CNT, Roger VANDENBERGHE. Un BĂ©arnais HĂ©ros de la guerre d'Indochine (lire en ligne)
- Denis Giacomazzi, UNC-85, « Le seigneur du Delta », La voix du combattant,â , p. 30
- MinistĂšre de la DĂ©fense, MĂ©moire des Hommes, base des Morts pour la France de la Guerre d'Indochine no 1633164
- « Archives Départementales 76 », sur www.archivesdepartementales76.net (consulté le )
- « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
- « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
- « - Mémorial de la Shoah », sur ressources.memorialdelashoah.org (consulté le )
- http://www.camps-parachutistes.org/t876-adjudant-chef-roger-vandenberghe
- « Roger VANDENBERGHE. Un Béarnais héros de la guerre d'Indochine », sur unacitaistres.n.u.f.unblog.fr
Bibliographie
- Erwan Bergot, Vandenberghe, le seigneur du delta, Balland, 1973
- (en) Bernard Moinet, Vanden : le commando des Tigres Noirs, Paris, France-Empire, (ISBN 978-2-704-80554-9 et 978-2-704-80554-9, OCLC 461904584)
- Charles-Henry de Pirey, Vandenberghe : le commando des tigres noirs : mémoires, Paris, Indo éditions, (ISBN 978-2-914-08605-9 et 978-2-914-08605-9, OCLC 60856038)
- Jean-Pierre Pissardy, Commandos Nord-Vietnam : 1951-1954, Paris, Indo Ă©ditions, (ISBN 978-2-914-08600-4 et 978-2-914-08600-4, OCLC 419668425)
Articles connexes
- Commandos Nord Viet-Nam
- Groupement de commandos mixtes aéroportés
- Guerre d'Indochine
- Georges Boudarel
- Commandos noirs
- Soldat blanc, un téléfilm dont l'un des principaux personnages est inspiré de Roger Vandenberghe
Liens externes
- « Photographies de Roger Vandenberghe et de son commando en juillet 1951 », ministÚre de la défense ECPAD
- « L'adjudant-chef Roger Vandenberghe », sur opex360.com