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Rogelio Caridad Pita

Rogelio Caridad Pita (La Corogne, 1874 ou 1875 - Ferrol, 1936) était un militaire espagnol.

Rogelio Caridad Pita
Biographie
Naissance
1874 ou 1875
La Corogne
DécÚs
Nationalité
Allégeance
Activité
Enfants
Xosé Caridad Mateo (d)
Francisco Caridad Mateo (d)
Vue de la sépulture.

D’idĂ©es rĂ©publicaines, Caridad Pita se signala dans les annĂ©es 1930 entre autres par son refus d’obtempĂ©rer quand il reçut l’ordre (comme gouverneur militaire de La Corogne) de maintenir la monarchie par la force contre le verdict des urnes en , et par son attitude d’apaisement lors de la grĂšve insurrectionnelle d’octobre 1934. En , alors en poste Ă  La Corogne, il refusa de se joindre Ă  la rĂ©bellion militaire et fut en consĂ©quence fusillĂ© quelques mois plus tard par les insurgĂ©s nationalistes.

CarriĂšre militaire

Rogelio Caridad Pita s’engagea dans l’armĂ©e Ă  l’ñge de 17 ans. D’opinion rĂ©publicaine, il a gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme franc-maçon, encore que certains auteurs aient Ă©mis des doutes Ă  ce sujet[1].

En 1931, Ă  la proclamation de la RĂ©publique, le gouverneur militaire de La Corogne donna ordre Ă  Caridad Pita, alors dotĂ© du grade de colonel, de sortir Ă  la rue avec ses troupes en dĂ©fense de la monarchie. Cependant, s’il sortit effectivement, ce fut seul et en voiture dĂ©capotĂ©e, en maniĂšre de soumission (selon ses dires) Ă  la volontĂ© populaire telle qu’exprimĂ©e dans les urnes le 12 avril 1931. AprĂšs l’éclatement de la rĂ©volution de 1934 dans les Asturies, il fut dĂ©pĂȘchĂ© Ă  GijĂłn, oĂč il se signala par son attitude conciliatrice.

En , Caridad Pita, qui avait reçu une affectation Ă  La Corogne comme gouverneur militaire et commandant de la 15e brigade d’infanterie, se trouvait sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Salcedo, chef de la VIIe division organique, lequel avait Ă©tĂ© nommĂ© Ă  ce poste par le gouvernement radical-cĂ©diste le , c’est-Ă -dire peu avant les Ă©lections.

Ses convictions profondes le portaient Ă  la loyautĂ© envers le rĂ©gime rĂ©publicain constituĂ©, loyautĂ© qu’il s’appliquait Ă  transmettre Ă  ses subordonnĂ©s, notamment en les exhortant par les paroles suivantes :

« La mission de l’armĂ©e est claire et lumineuse, sans Ă©quivoques d’aucune sorte, attendu que nous prĂȘtons un serment de fidĂ©litĂ© Ă  la Nation et de loyautĂ© au Gouvernement constituĂ©, et d’obĂ©issance, de respect et de non-abandon de celui qui commande, promesse qui a Ă©tĂ© rĂ©itĂ©rĂ©e et signĂ©e quand est survenu le changement de rĂ©gime[2]. »

Coup d’État de juillet 1936

Dans l’aprĂšs-midi du vendredi , la nouvelle du soulĂšvement au Maroc parvint en Galice. Caridad Pita a lui-mĂȘme rapportĂ© qu’il s’était alors souvent entretenu sur la question de la rĂ©bellion militaire avec le colonel MartĂ­n Alonso, ancien africaniste, en lui signifiant que « pour [lui], il n’y avait pas d’idĂ©es politiques, mais seulement l’accomplissement pur et strict du devoir »[3].

Les jours suivants, marquĂ©s par une expectative tendue, les autoritĂ©s militaires de La Corogne (c’est-Ă -dire en l’espĂšce : le gĂ©nĂ©ral Salcedo, conservateur mais loyal Ă  la RĂ©publique, et le gĂ©nĂ©ral Caridad Pita) donnaient au gouverneur civil PĂ©rez Carballo des assurances sur leur loyautĂ© Ă  la RĂ©publique, nonobstant que le premier ait reçu dans la nuit du un tĂ©lĂ©gramme de la part de Queipo de Llano lui enjoignant de rallier l’insurrection, suivi d’un appel tĂ©lĂ©phonique, le , du gĂ©nĂ©ral Mola. Cette attitude de Salcedo incita le chef d’état-major de la division organique, le lieutenant-colonel Luis Tovar Figueras, Ă  prendre les devants dans la matinĂ©e du , en envoyant des officiers insurgĂ©s se saisir des gĂ©nĂ©raux Salcedo et Caridad Pita et en pilonnant le bĂątiment du gouvernement civil, oĂč le gouverneur PĂ©rez Carballo avait tentĂ© de rĂ©sister au coup d’État avec l’appui de la Garde d'assaut (qui, Ă  la diffĂ©rence de la Garde civile, ne s’était pas jointe au soulĂšvement)[4] ; plus prĂ©cisĂ©ment, en ce qui concerne Caridad Pita, celui-ci, Ă  une heure trĂšs matinale le 20 juillet, avait inopinĂ©ment fait irruption dans la salle des drapeaux oĂč se tenaient plusieurs conspirateurs et, ayant conçu des soupçons, se disposait Ă  couper court au soulĂšvement du RĂ©giment d’infanterie de Zamora no 54, ce pourquoi il fut promptement apprĂ©hendĂ© par le colonel MartĂ­n Alonso, qui Ă©tait Ă  la tĂȘte dudit rĂ©giment et qui, bien qu’ayant dĂ©jĂ  participĂ© en 1932 Ă  la tentative de coup d’État dite Sanjurjada, avait Ă©tĂ© reconduit Ă  son poste de commandement sous le biennat radical-cĂ©diste[5] - [note 1].

Caridad Pita resta deux jours en dĂ©tention dans la salle des drapeaux du rĂ©giment de Zamora, avant d’ĂȘtre transfĂ©rĂ© au chĂąteau San Diego de La Corogne. DĂ©fĂ©rĂ© devant un conseil de guerre le Ă  Ferrol, oĂč il devait rĂ©pondre du chef d’accusation de trahison, il fut condamnĂ© Ă  mort et fusillĂ©, aux cĂŽtĂ©s du gĂ©nĂ©ral Salcedo, le , dans le fort San Felipe Ă  Ferrol, pendant qu’il poussait des vivats Ă  l’Espagne et Ă  la RĂ©publique[6] - [note 2].

Le colonel du GĂ©nie Enrique CĂĄnovas Lacruz, le haut-gradĂ© comptant la plus grande anciennetĂ©, fut dĂ©signĂ© pour remplacer Salcedo et dĂ©crĂ©ta l’état de guerre Ă  La Corogne[7].

Les fils de Rogelio Caridad Pita, Carlos, Francisco, JosĂ©, Rogelio et Vicente, allaient combattre dans les rangs de l’armĂ©e de la RĂ©publique et ĂȘtre contraints de partir pour l’exil Ă  la fin de la Guerre civile[6].

Notes et références

Notes

  1. Voici un rĂ©cit plus dĂ©taillĂ© des incidents ayant conduit Ă  la dĂ©tention de Caridad Pita et de Salcedo. Le , entre six et sept heures du matin, le lieutenant-colonel Luis Tovar Figueras se dirigea Ă  la caserne d’infanterie en compagnie du capitaine d’état-major Juan Castañón, dans l’intention de discuter des Ă©vĂ©nements avec le colonel MartĂ­n Alonso. En chemin, Tovar et son subordonnĂ© rencontrĂšrent fortuitement GutiĂ©rrez Soto, qui les accompagna Ă  la caserne. MartĂ­n Alonso n’étant pas disponible sur le moment, les trois hommes attendirent dans la salle des drapeaux, oĂč venait Ă  passer, par un nouvel hasard, Caridad Pita, qui effectuait une tournĂ©e d’inspection Ă  la recherche d’éventuels mouvements suspects, et les interrogea sur ce qu’ils faisaient lĂ . AprĂšs que Tovar eut improvisĂ© quelque subterfuge pouvant expliquer sa prĂ©sence Ă  la caserne Ă  une heure aussi matinale, les officiers s’en allĂšrent. Caridad Pita, intriguĂ©, en rendit compte au gĂ©nĂ©ral Salcedo, qui ordonna sur-le-champ de mettre aux arrĂȘts domiciliaires GutiĂ©rrez Soto et Castañón, et destitua Tovar, pour le remplacer, comme nouveau chef de son Ă©tat-major, par le commandant Alonso GarcĂ­a. Le gĂ©nĂ©ral ordonna Ă  un de ses assistants de parcourir en compagnie de Tovar tous les bureaux et dĂ©pendances du bĂątiment du quartier-gĂ©nĂ©ral de la Division, et de faire en sorte que tous les chefs et officiers se retrouvent rĂ©unis dans son bureau, et donna ordre aussi au second assistant de verrouiller les portes pour que nul ne puisse sortir du bĂątiment. Lors de cette rĂ©union, Ă  laquelle assistaient une petite vingtaine d’officiers, le niveau de tension ne cessa de croĂźtre au fur et Ă  mesure que le gĂ©nĂ©ral demandait Ă  chaque officier, un Ă  un, s’il Ă©tait de son cĂŽtĂ© ou non, en commençant par ceux de son propre Ă©tat-major, et s’accrut encore lorsque quelques-uns eurent communiquĂ© que Caridad Pita avait Ă©tĂ© dĂ©tenu. La rĂ©union dĂ©boucha sur une scĂšne des plus violentes, consĂ©quence de l’état d’excitation oĂč tous se trouvaient, qui culmina avec la destitution du gĂ©nĂ©ral Salcedo, qui fut frappĂ© puis ligotĂ© avec les cĂąbles du tĂ©lĂ©phone. (Reconstitution d’aprĂšs le dossier de l’instruction judiciaire. Cf. A. GarcĂ­a Álvarez-Coque (2017), p. 168).
  2. La sentence de mort de Salcedo et de Caridad Pita énonçait :
    « 
 en ce qui a trait Ă  cette 8e Division, un groupe de patriotes officiers, Ă  la tĂȘte duquel s’était placĂ© le commandant d’état-major GutiĂ©rrez Soto, commença Ă  se rĂ©unir et Ă  avoir de frĂ©quentes entrevues dans le dessein de constituer, avec le concours de camarades d’autres garnisons, un Mouvement militaire, qui, en s’opposant Ă  celui projetĂ© par le Front populaire en vue de l’implantation de la dictature du prolĂ©tariat, sauverait notre Patrie du joug marxiste. Cf. A. GarcĂ­a Álvarez-Coque (2017), p. 107. »

Références

  1. Recension du livre El ejĂ©rcito y la MasonerĂ­a « El ejĂ©rcito y la MasonerĂ­a, par Manuel De Paz SĂĄnchez » (version du 27 aoĂ»t 2006 sur Internet Archive), livre dans lequel son auteur, Manuel de Paz SĂĄnchez, affirme n’avoir pas trouvĂ© sur Caridad Pita, de mĂȘme que sur d’autres militaires passant habituellement pour francs-maçons, de dossier en ce sens dans les Archives gĂ©nĂ©rales de la Guerre civile espagnole conservĂ©es Ă  Salamanque.
  2. A. García Álvarez-Coque (2017), p. 165.
  3. A. García Álvarez-Coque (2017), p. 166.
  4. (es) Julio Aróstegui, Por qué el 18 de julio
 Y después, Barcelone, Flor del Viento Ediciones, , 606 p. (ISBN 978-8496495135), p. 76-78.
  5. A. García Álvarez-Coque (2017), p. 108.
  6. RĂ©pertoire bibliographique de l’exil de Galice : Unha primeira achega, septembre 2001 (en galicien).
  7. A. García Álvarez-Coque (2017), p. 169.

Liens externes

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