Robert II de Vitré
Robert II de Vitré dit le Vieux, né en 1095 et mort après 1154 est un baron de Vitré et comte de Mortain du XIIe siècle. A peine devenu seigneur à la mort de son père, il est chassé de Vitré par Conan III, avant d'y revenir définitivement 9 ans plus tard.
Robert le Vieux | |
Titre | |
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Baron de Vitré | |
– | |
Prédécesseur | André Ier |
Successeur | Goranton |
– | |
Prédécesseur | Hervé |
Successeur | Robert III |
Comte de Mortain | |
– | |
Prédécesseur | Guillaume de Mortain |
Successeur | Étienne de Blois |
Biographie | |
Dynastie | Famille de Vitré |
Date de naissance | |
Date de décès | Après |
Lieu de décès | Marmoutier |
Père | André de Vitré |
Mère | Agnès de Mortain |
Conjoint | Emme de La Guerche |
Enfants | Robert de Vitré |
Résidence | Château de Vitré |
Origines et comte de Mortain
Il est le fils d'André Ier de Vitré et de sa femme, Agnès de Mortain. Le mariage est conclu vers 1091, après que Robert de Mortain, père d'Agnès, ait été capturé par le seigneur vitréen. Celui-ci, qui défendait le Nord du Vendelais des raids du comte normand, accepta, en effet, de libérer le captif, sous plusieurs conditions, incluant notamment son mariage avec Emma de Mortain. Cette dernière épousant finalement Guillaume IV de Toulouse, c'est bien Agnès de Mortain qui fut mariée à André de Vitré[1].
En 1106, le comte Guillaume de Mortain, fils de Robert, est destitué, en raison de son opposition à Henri Ier Beauclerc. Parallèlement à cela, André Ier était un compagnon d'armes et vassal du souverain anglais en tant que seigneur du Triggshire, et son mariage avec la fille du précédent comte de Mortain lui donnait une légitimité sur le comté normand[1]. Celui-ci fut donc finalement accordé au fils d'André, Robert de Vitré, alors à peine âgé de onze ans.
Le règne de Robert II de Mortain est néanmoins de courte durée, puisque Henri Ier cède le comté dès 1112 à son neveu et futur roi d'Angleterre, Étienne de Blois. On ne sait presque rien sur les six années de règne de Robert à Mortain, son nom n'apparaissant que dans quelques chartes de Savigny[2].
Accession au pouvoir et guerre contre le duc de Bretagne
En 1135, meurt le baron André Ier, Robert II héritant alors de son fief. Dans les semaines qui suivirent, aidé de quelques Vitréens, Conan III vint prendre Vitré par surprise, par "trahison", selon Arthur de La Borderie[3]. Le souverain breton s'était déjà rendu maître de Vitré trois ans plus tôt, avant de rendre rapidement la ville à son possesseur mais, cette fois-ci l'occupation se voulait pérenne[4]. Un proche du duc, un certain Goranton, est alors placé à la tête de la baronnie[5].
Réfugié chez son parent Henri de Fougères en 1137, Robert de Vitré "faisait de fréquentes et désastreuses incursions sur son ancienne baronnie : il ravageait le Vendelais" (selon Louis Du Bois). Contre le contrôle d'une partie de la forêt de Rennes et du village de Gahard, le baron de Fougères chasse son cousin, le poussant à se retirer dans le Maine, à Mayenne[4]. Là encore, un accord entre le duc Conan et le seigneur Juhel, fait à Montautour, pousse Robert à fuir chez son cousin Gui de Laval. Toujours selon Louis Du Bois, le baron déchu "tombait à l'improviste et causait les plus grands dommages" aux châteaux de La Gravelle et de Launay-Villiers, où il se retranche quelques mois[6] - [7]. De nouveau chassé, il quitte Laval pour se réfugier chez son beau-frère Guillaume de Châteaubriant, seigneur de La Guerche et premier fils d'Emme de La Guerche, qu'elle avait eu d'un premier mariage avec Juhel de Châteaubriant.
Conan de Bretagne profite de cette occasion pour assiéger La Guerche, positionnant son ost près du pont de Visseiche. Cousin et allié du duc, le comte Geoffroy V d'Anjou lui vient en aide et est parvenu entre La Selle et Moutiers, à seulement quelques lieues des assiégeants[6]. Voyant l'étau se resserrer, Guillaume de Châteaubriant et Robert de Vitré, appuyés par Thibault de Mathefelon et par le seigneur de Candé, embusqués dans la forêt de La Guerche, attaquent par surprise les forces ducales, avant que celles-ci n'aient pu recevoir le recours des Angevins. La victoire des coalisés fut, d'après Lobineau, "totale", Conan se repliant précipitamment à Châteaugiron et les seigneurs de Raix et de Malestroit étant capturés[4]. De plus, Geoffroy d'Anjou, apprenant la défaite de son cousin, se replie à Angers.
Selon Dom Morice et Pierre Le Baud, Robert récupère sa baronnie, grâce à quelques Vitréens lui donnant l'empreinte en cire des clefs de la Ville. Ceux-ci faisaient, en effet, partis de ceux qui avait offert Vitré à Conan et avaient alors des remords. D'après Louis Du Bois, ils s'en allèrent chercher l'absolution auprès du Pape Luce II, ce qui permet de dater le retour du baron à Vitré[5]. On sait, en effet, grâce à Pierre Le Baud, que Robert de Vitré récupéra son fief un , donc certainement en 1144, puisque Luce II est mort en février 1145.
Le baron aurait recommencé à guerroyer dès l'année suivante, s’attaquant à Juhel II de Mayenne, dont la trahison quelques années plus tôt avait amputé la baronnie de quelques paroisses[3].
Goranton et Hervé, barons de Vitré
Durant l'absence de Robert le Vieux à Vitré entre 1135 et 1144, se succèdent deux barons de la lignée concurrente des Goranton-Hervé dont l'ancêtre Goranton Ier est mentionné en 1030 : un certain Goranton III, fils d'Hervé II (vers 1093), à qui certaines chartes donnent un Geoffroy pour frère. Son fils, Hervé III, lui succède à une date inconnue. Il aurait eu pour femme Sézillia et un autre Goranton IV (vers 1075) pour fils. La dernière représentante de cette famille Agnès, fille de Goranton V (vers 1225) épouse en 1240 Guillaume de Fontenay un simple chevalier (miles) [8]. Ces deux seigneurs apparaissent dans diverses actes de donation en faveur d'édifices religieux de la région[5].
RĂ©volte de Robert le Jeune et exil Ă Marmoutier
Le fils de Robert II, Robert le Jeune, se révolta contre lui en 1154, afin de récupérer précocement le fief de Vitré. Selon "La Chronique de Vitré" de Pierre Le Baud, le futur Robert III "entra au Bourg-aux-Moines, où il saisit l'église de Sainte-Croix et la fit enfermer avec le circuit à l'entour, ainsi que les fossez du vieil chasteau se contenoient (les fossés du château primitif). Et alors estoit son père en sa salle (c'est-à -dire dans le château "moderne", bâti par Robert Ier); mais adonc Robert le Jeune cueillit tout son pouvoir, et assaillit le chastelet et assiégea son père.[3]" Vaincu, Robert le Vieux en appela à Eudon de Porhoët, qui mit fin à la guerre et fit de Robert le Jeune, le maître de Vitré[4].
Exilé, Robert II meurt à Marmoutier, un .
Union et postérité
Selon Arthur Bertrand de Broussillon, Robert eut trois enfants de son mariage avec Emme de La Guerche[9] :
- Robert le Jeune, baron de Vitré d'environ 1154 à 1173 ;
- André ;
- Adélaïde.
Cette descendance est partiellement confirmée par le site Medieval Lands lui donne seulement deux fils[10] :
- André (né vers 1123/1124 mort ) ;
- Robert le Jeune.
Dans son étude récente Frédéric Morvan lui donne une descendance sensiblement différente[11] :
- Robert le Jeune ;
- Marquise de Vitré, épouse en premières noces de Hugues Ier de Craon puis de Hugues de Mathefelon ;
- Havoise de Vitré, épouse de Robert de Ferrières ou Ferrers (mort en 1139) 1er comte de Derby[12].
Notes et références
- Brian Golding, « Robert, count of Mortain (d. 1095) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- M. de Gerville, Recherche sur les anciens châteaux des arrondissements d'Avranches et de Mortain, département de la Manche, p. 180-187, dans Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, années 1827 et 1828, Caen, 1828.
- « La baronnie de Vitré par Henri Tortelier & Arthur de la Borderie ».
- Guy Alexis Lobineau, Histoire de Bretagne composée sur les titres & les auteurs originaux, (lire en ligne), p. 134.
- Louis Du Bois, Vitré, Essai sur l'histoire de la ville et de ses seigneurs jusqu'à la Révolution, 152 p. (ISBN 978-2-906064-24-9), p. 25.
- Louis Du Bois, Vitré, Essai sur l'histoire de la ville et de ses seigneurs jusqu'à la Révolution, 152 p. (ISBN 978-2-906064-24-9), p. 22.
- Léon Moreau, "Procès-verbaux et documents (Commission historique et archéologique, département de la Mayenne)", 1878-1879, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411398c/f37.image.r=Vitr%C3%A9.langFR.
- Michel Brand'Honneur Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes (XIe – XIIe siècles)' PUR Rennes (2001) (ISBN 2 86847 5612) « Les Goranton/Hervé » p. 290.
- Arthur Bertrand de Broussillon, La maison de Laval, 1020-1605. Étude historique accompagnée du cartulaire de Laval et de Vitré, t. I : Les Laval, 1020-1264, , 320 p., p. 178.
- (en)Site Medlands Robert II de Vitré.
- Frédéric Morvan Les Chevaliers bretons. Entre Plantagenets et Capétiens du milieu XIIe au milieu du XIIIe siècle éditions Coop Breizh, Spézet 2014 (ISBN 9782843466700) « Généalogie des Vitré » p. 290.
- parfois présentée alternativement comme une fille d'André Ier de Vitré.
Bibliographie
- Arthur de la Borderie, Histoire de Bretagne, Mayenne, Joseph Floch, imprimeur éditeur (réédition), , p. 34-36, 38-40, Tome troisième.
- André Chédeville & Noël-Yves Tonnerre, La Bretagne féodale XIe – XIIIe siècle, Rennes, Ouest-France Université, (ISBN 9782737300141), p. 70, 71, 153.