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Robert Coryndon

Sir Robert Thorne Coryndon ( – ), est un administrateur colonial britannique, ancien secrétaire de Cecil Rhodes. Il est notamment gouverneur de l'Ouganda (1918–1922) puis du Kenya (1922–1925). C'est l'un des plus importants administrateurs de son époque[1].

Robert Coryndon
Robert Coryndon en 1904.
Fonctions
Gouverneur du Kenya (d)
-
Gouverneur colonial d'Ouganda (en)
-
Commissaire-résident (en)
Basutoland
-
Commissaire-résident (en)
Eswatini
-
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  54 ans)
Nairobi
Nationalité
Formation

Jeunesse

Robert Thorne Coryndon naît dans la colonie du Cap le . Il suit ses études au St. Andrew's College de Grahamstown (en actuelle Afrique du Sud)[2] puis au Cheltenham College en Angleterre. En 1899, il revient en Afrique pour intégrer l'entreprise de ses oncles, Caldecott and Bell, à Kimberley. Peu satisfait de cet emploi, il rejoint après quelques mois la Bechuanaland Border Police, mise en place en 1889 par la British South Africa Company (BSAC) de Cecil Rhodes. En 1890, il participe à la colonne des pionniers qui occupe le Mashonaland. En 1893 et 1896, il sert durant les campagnes militaires au Matabeleland à l'occasion de la Première et Seconde Guerre ndébélé[3].

En 1896, il devient le secrĂ©taire particulier de Cecil Rhodes, notamment durant l'enquĂŞte parlementaire concernant le raid Jameson. Ă€ l'Ă©tĂ© 1897, il est nommĂ© en tant que reprĂ©sentant de la BSAC au Barotseland[3] et, en , il rejoint la cour du roi du Barotseland, Lewanika, Ă  Lealui, oĂą il est fraĂ®chement reçu. Lewanika n'admet pas le reprĂ©sentant d'une compagnie sud-africaine alors qu'il attendait un reprĂ©sentant du gouvernement du Royaume-Uni. En , la reine Victoria signe un dĂ©cret en conseil qui crĂ©e le protectorat du Barotseland-RhodĂ©sie du Nord-Ouest et, en , Robert Coryndon en est nommĂ© commissaire[4]. Il occupe ce poste jusqu'en 1907. Il est ensuite Resident Commissioner au Swaziland et, en 1914-1915, prĂ©sident de la Southern Rhodesian Native Reserves Commission (« Commission des terres autochtones de la RhodĂ©sie du Sud Â»). En 1916, il est nommĂ© Resident Commissioner au Basutoland[3].

Carrière de gouverneur colonial

En 1917, Robert Coryndon se voit attribuer la position de gouverneur et commandant en chef de l'Ouganda ; il prend son poste en 1918[3]. En tant que gouverneur, il doit gérer la crise de la roupie est-africaine, indexée sur la roupie indienne, que les colons veulent voir dévaluer puis indexer sur la livre sterling, tandis que les entrepreneurs craignent les pertes que cela entraînerait[5]. La monnaie locale est presque entièrement détenue par les producteurs africains de coton et des calculs réalisés par des responsables gouvernementaux montrent que la perte par famille serait faible, mais d'autres officiels, dont Coryndon, craignent la perte de confiance envers le gouvernement qui en résulterait. Il écrit que les effets de la mesure de dévaluation ne peuvent se mesurer avec le seul indicateur de la perte par tête[6].

Winston Churchill, secrĂ©taire d'État aux colonies Ă  ce moment[7], nomme, en 1922, Robert Coryndon gouverneur et commandant en chef du Kenya et haut-commissaire pour Zanzibar[3]. Le prĂ©cĂ©dent gouverneur, Edward Northey, avait Ă©crit, en 1919 : « Je crois qu'un grand avenir attend ce pays, mais seulement si un flux constant d'indigènes venant des rĂ©serves, travaillant volontairement pour un bon salaire, bien logĂ©s et nourris, sous contrĂ´le et supervision europĂ©ens, peut ĂŞtre correctement gĂ©nĂ©rĂ©[8]. » La politique de Northey avait cependant menĂ©e la colonie au bord de la banqueroute[9] et, entre 1913 et 1920, la production indigène n'avait cessĂ© de dĂ©croĂ®tre[10]. On attend donc du nouveau gouverneur qu'il mène une politique permettant l'augmentation de la production par les Africains[9]. Coryndon dĂ©finit une « double politique Â» pour corriger les problèmes qui dĂ©coulent d'un parti pris excessif en faveur des colons, tout en Ă©vitant l'idĂ©e que les intĂ©rĂŞts autochtones sont primordiaux[11] - [10]. Il dĂ©clare, en 1923, que les intĂ©rĂŞts des EuropĂ©ens et ceux des Africains sont complĂ©mentaires et que si les incitations nĂ©cessaires sont mises en place, sa population sera le bien le plus prĂ©cieux du Kenya. L'administration est censĂ©e prĂŞter attention au bien-ĂŞtre moral, Ă  la santĂ© et au bien-ĂŞtre matĂ©riel des populations, montrer son sens des responsabilitĂ©s envers l'État. Les Africains doivent recevoir une Ă©ducation adaptĂ©e Ă  leurs besoins[12]. La double politique devient plus tard la base officielle de l'administration de la colonie[13].

Churchill donne Ă  Coryndon le mandat de rĂ©soudre la « question indienne Â» au Kenya. Il est en faveur d'un peuplement blanc, mais pas de l'autonomie, il perçoit cependant la nĂ©cessitĂ© d'accueillir des migrants Indiens qui Ĺ“uvrent en tant que commerçants. Durant les annĂ©es 1920 il existe un flux croissant d'immigration indienne Ă  Nairobi ; les migrants s'installent comme commerçants, travailleurs du rail, employĂ©s administratifs gouvernementaux et petits industriels. La consĂ©quence est que les EuropĂ©ens abandonnent le centre de Nairobi pour s'installer dans les banlieues, notamment Ă  l'ouest[7]. Les immigrants indiens se voient appliquer une politique des droits similaire Ă  celle des colons europĂ©ens. La rĂ©ponse du gouvernement impĂ©rial est de chercher des moyens et critères permettant d'accorder le droit de vote Ă  environ 10 % des Indiens, Ă  laisser en place une solide majoritĂ© europĂ©enne tout en accordant quelques sièges Ă©lectifs aux Indiens[14]. Coryndon prĂ©sente ses propositions Ă  l'occasion d'une rĂ©union avec la communautĂ© europĂ©enne Ă  Nairobi ; elles sont unanimement rejetĂ©es. Avant d'accepter que le sujet soit prĂ©sentĂ© Ă  l'assemblĂ©e lĂ©gislative, les EuropĂ©ens insistent sur le fait qu'il est nĂ©cessaire de restreindre l'immigration indienne[15].

Robert Coryndon décède à Nairobi le [3]. Le , le conseil législatif vote une pension de cinq cents livres à sa veuve, à vie ou jusqu'à qu'elle se remarie, une de deux cents livres pour chacun de ses trois fils jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de vingt-et-un ans et une pension de cent livres pour sa fille, jusqu'à ce qu'elle se marie ou atteigne l'âge de vingt-et-un ans[16].

Postérité

Robert Coryndon est un des « douze apĂ´tres Â» de Cecil Rhodes, il doit beaucoup aux enseignements de ce dernier. Son propre secrĂ©taire particulier dit de lui, plus tard, qu'il est un homme simple avec des idĂ©es simples. Il est tenant de la politique de l'indirect rule, afin de « crĂ©er une sociĂ©tĂ© plus moderne sur la base des traditions du peuple ». Quoiqu'il prĂ©tende aimer et comprendre les Africains, en pratique, il fait peu de choses pour amĂ©liorer leur vie et professe sans vergogne des opinions racistes. Il freine le dĂ©veloppement de l'agriculture indigène Ă  la demande des planteurs de cafĂ© europĂ©ens ainsi que le dĂ©veloppement de l'industrie du tissage en raison de sa mĂ©fiance Ă  l'Ă©gard des Indiens[17].

Épave du SS Robert Coryndon en 2009.

En 1929 le gouvernement colonial du Kenya crée un musée à son nom à Nairobi ; il est officiellement inauguré le . Il devient le musée national de Nairobi après l'indépendance en 1963[18]. Un navire à vapeur de huit cents tonnes et soixante-trois mètres de long, le SS Robert Coryndon (en), construit par J. Thorneycroft & Co de Southampton, est en service sur le lac Albert entre 1930 et 1964[19]. Il dessert Butiaba (en), en Ouganda, via Pakwach, avec des cabines de première classe. Ernest Hemingway, qui se retrouve à Butiaba après l'écrasement de son avion alors qu'il est en safari, décrit le navire comme magnifique. Il coule en 1964, ne laissant qu'une carcasse abandonnée[20].

Notes et références

Bibliographie

  • (en) « An Ordinance to Make Provision for the Payment of Annual Allowances to the Widow and Children of the late Sir Robert Thorne Coryndon », The Kenya Gazette, vol. 27, no 1035,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) « Behold, a Dream Unfulfilled », Ugandan Insomniac, (consultĂ© le )
  • (en) « Papers of Sir Robert Thorne Coryndon (2) », Bodleian Papers, Bodleian Library of Commonwealth & African Studies at Rhodes House (consultĂ© le )
  • (en) Jitze Couperus, « A Story of Empire », (consultĂ© le )
  • (en) Marjorie Ruth Dilley, British policy in Kenya Colony, Routledge, , 300 p. (ISBN 0-7146-1655-9, lire en ligne)
  • (en) Hugh Macmillan, An African trading empire : the story of Susman Brothers & Wulfsohn, 1901–2005, Londres, I.B.Tauris, , 492 p. (ISBN 1-85043-853-6, lire en ligne)
  • (en) Robert M. Maxon, Struggle for Kenya : the loss and reassertion of imperial initiative, 1912–1923, Rutherford (N.J.), Fairleigh Dickinson University Press, , 351 p. (ISBN 0-8386-3486-9, lire en ligne)
  • (en) Garth Andrew Myers, Verandahs of power : colonialism and space in urban Africa, Syracuse (N.Y.), Syracuse University Press, , 199 p. (ISBN 0-8156-2972-9, lire en ligne), p. 19
  • (en) « Nairobi National Museum », National Museums of Kenya (consultĂ© le )
  • (en) K. W. J. Laurie, Register of S. Andrew's College, Grahamstown, from 1855 to 1914, Grahamstown, Slater & Co., (lire en ligne)

Bibliographie complémentaire

  • (en) Christopher P. Youe, Robert Thorne Coryndon : Proconsular Imperialism in Southern and Eastern Africa, 1897-1925, Wilfrid Laurier University Press, , 241 p. (ISBN 978-0-88920-198-9, lire en ligne).
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