Rivalités dans le football en Lorraine

Le FC Nancy est fondé en 1901, ses résultats sont d'abord plutôt modestes. Le Thionville FC est fondé en 1905 sous le nom de Fußball-Club Diedenhofen. En effet, à cette époque, la Moselle était détachée du reste de la Lorraine en raison de l'annexion allemande. Le Bar-Le-Duc AC est fondé pour sa part en 1907,et l'US Forbach en 1909. Le Stade Saint Michel, ancêtre du SAS Épinal, est fondé en 1918. Quant au FC Metz, il est fondé sous le nom de CA Messin en 1919, en même temps que le CS Amnéville. En 1921 vient le tour de l'US Raon, club qui évoluera longtemps dans les divisions régionales.

La Ligue de Lorraine de football est créée en 1920 par treize clubs fondateurs[2]. Ils sont 75 en 1921, 168 en 1926. 1 181 joueurs sont licenciés[2].

Durant les premières années de la Ligue, la suprématie sur la ville de Metz se joue entre CA Messin et AS Metz. En effet, entre 1925 et 1932, sur sept titres mis en jeu, quatre sont remportés par le CAM, et deux par l'ASM.

À l'heure du professionnalisme, il y a en Lorraine 243 clubs de football[2].

Le professionnalisme est incarné par le CA Messin qui joue en D1 en 1932-1933. En 1935-1936, il est rejoint par le FC Nancy. L'USB Longwy adopte également le statut professionnel de 1936 à 1939[3] et participe notamment à la Division 3 Professionnelle en 1936-1937.

La période 1958-1967 est marquée d'une part par la domination du football lorrain par le FC Nancy, et d'autre part par la cohabitation en Division 2 du FC Metz, relégué à l'issue de la saison 1957-1958, et de l'US Forbach, promus en Division 2 à l'issue de la saison 1956-1957 et titulaire d'un statut professionnel de 1957 à 1966. Dans le même temps, l'AS Nancy-Lorraine est créée en 1967, sur les cendres du défunt FC Nancy[4].

La création de l'AS Nancy-Lorraine conduit à l'établissement d'une importante rivalité régionale avec le FC Metz. Ce dernier s'installe durablement en Division 1 après avoir été promu en 1967.

Promue en D1 dès 1970, l'ASNL connaît un premier âge d'or entre la fin des années 1970 et la première moitié des années 1980, remportant notamment la Coupe de France en 1978, avec dans ses rangs Michel Platini. Ce titre permet au club de prendre part à sa première campagne européenne, la Coupe des Coupes 1978-1979.

Les années 1970 voient la montée en puissance du SAS Épinal, qui prendra part à la Division 2 de 1974 à 1979, et l'apogée des SRD Saint-Dié, qui joueront sept saisons en D2, de 1975 à 1982[5]. De 1979 à 1981, le Thionville FC adopte le statut professionnel[6] lors de son passage en Division 2.

Le FC Metz connaît sa période la plus faste dans les années 1980 en remportant la Coupe de France en 1984 et 1988, et en se qualifiant à plusieurs reprises en Coupe d'Europe par le biais du championnat. En 1996, le FC Metz remporte la Coupe de la Ligue, puis en 1998, finit premier ex-aequo de D1, ne perdant le championnat qu'à la différence de buts face au RC Lens[7]. Ce résultat constitue encore aujourd'hui le meilleur classement réalisé par un club lorrain. Les années 1990 voient également l'ASNL faire l'ascenseur entre la D2 et la D1[8].

Dans les années 2000, le FC Metz subit le contrecoup de ses succès de la décennie précédente, et descend en Division 2 en 2002, après 35 années consécutives dans l'élite[9]. L'ASNL échappe de peu à une relégation en National, puis sous l'impulsion de son coach uruguayen Pablo Correa, va remonter en Ligue 1 en 2005 et connaître un nouvel âge d'or. Vainqueurs de la Coupe de la Ligue 2006[10], les nancéiens connaissent la meilleure saison de leur histoire en 2007-2008, terminant 4è, et ratant de peu une qualification historique en Ligue des Champions[11]. Ces résultats permettent à Nancy de retrouver l'Europe en participant à deux reprises à la Coupe de l'UEFA.

Le SAS Épinal, qui a évolué cinq saisons en Division 2 dans les années 1990, est relégué en National en 1997, puis est relégué administrativement en DH par la DNCG. En 2011, il réalise une belle saison en CFA en compagnie de l'US Raon[12], son rival régional à ce niveau, ce qui l'amène à finir deuxième de son groupe de CFA. On notera aussi la présence dans ce championnat de quatrième division du CSO Amnéville[12], qui entretient aussi une rivalité avec le SAS. À la suite d'une rétrogradation d'un club de National, le SAS Épinal intégrera pour la saison 2011-2012 le championnat National. C'est d'ailleurs une très bonne saison du SAS Épinal à ce niveau, qui se mêlera à la lutte pour la montée en Ligue 2 jusqu’à la dernière journée, mais finira malheureusement à la 5^e place. Épinal évolue aujourd'hui en National 2, la quatrième division.

Le début des années 2010 est compliqué pour les deux clubs phares du football lorrain. Végétant en Ligue 2 depuis plusieurs saisons, le FC Metz descend en National en 2012[13]. L'ASNL est quant à elle reléguée en Ligue 2 l'année suivante. Depuis, les nancéiens n'ont joué qu'une seule saison en Ligue 1, en 2016-2017, tandis que le FC Metz, remonté de National dès 2013, a fait plusieurs fois l'ascenseur entre les deux premières divisions. En 2022, Nancy est relégué en National pour la première fois de son histoire.

Après une saison de National 2022/2023 compliquée qui voit 6 clubs descendre à l’échelon inférieur, l'AS Nancy Lorraine est relégué sportivement dans le championnat de National 2, terminant premier relégable[14]. Le 27 juin 2023 après son passage devant la DNCG, le club est relégué administrativement en National 3[15], ce qui met fin définitivement à son statut de club professionnel. Le FC Metz lors de cette même saison 2022/2023 évolue en Ligue 2, et après un début de championnat compliqué, classé 12ème après 13 journées, réussit à enchainer les victoires et ne perd aucun match jusqu'à la fin de saison. Ce qui permet au club de passer devant les Girondins de Bordeaux à deux journées de la fin et ainsi prendre la seconde place, synonyme de montée en Ligue 1. Le SAS Epinal monte en National après leur 1er place en National 2 2022/2023[16] et devient le deuxième club Lorrain classé le plus haut au niveau National après le FC Metz.

Bilan saison par saison du FC Metz et de l'AS Nancy Lorraine

La rivalité entre les deux villes est bien antérieure à l'ère du football et remonterait au XI^e siècle où se décide le destin des deux villes, Metz se tournant vers le militaire, et Nancy vers l'urbanisme, l'artistique et le culturel[17] grâce à l'apport indéniable des familles messines ayant fui l'annexion prussienne en 1871. Ces deux zones d'influence distantes d'à peine vingt kilomètres se partagent les mêmes bassins de supporters[17].

Entre 1971 et 1984, les deux clubs se partagent les supporters lorrains car ils évoluent tous deux en première moitié de classement de Division 1[18] - [19]. Entre 1984 et 1998, le football lorrain est dominé par le FC Metz, qui réalise de bonnes saisons en Division 1, alors que l'AS Nancy-Lorraine enchaine les saisons en Division 2. À partir de cette date, le rapport de force s'inverse[20]: l'AS Nancy-lorraine évolue dans le ventre mou de Ligue 1, et le FC Metz évolue dans les profondeurs de la Ligue 2. Ces deux périodes font que la rivalité est classée parfois comme étant d'un autre âge, continue de déplacer des foules, et est qualifiée de « rivalité mythique » par la presse[21].

Sur la durée le bilan est favorable au FC Metz, avec 27 victoires, 17 nuls, et 18 victoires pour l'AS Nancy-Lorraine[22].

Sans qu'une grande rivalité n'aie pu s'établir entre l'US Forbach et le FC Metz, les deux clubs ont évolué huit saisons en Division 2 entre 1959 et 1967[24]. Le club messin attire quand il est en déplacement à Forbach. Par exemple, en 1959, alors que la moyenne de spectateurs de l'US Forbach est de 2492 personnes en moyenne[25], le match Forbach-Metz attire 6354 spectateurs[26], soit presque trois fois plus. À Metz, par opposition, si on prend l'exemple de la saison 1964-1965, alors que la moyenne de spectateurs est de 3399[24], le match Metz-Forbach de la Journée 14 n'attire que 3549 personnes[27], ce qui ne constitue pas une affluence extraordinaire digne d'un véritable derby. On peut donc déduire que nonobstant la distance faible entre les deux villes et les proximités culturelles, il n'y a jamais eu de rivalité entre Forbach et Metz sur le plan footballistique.

La rivalité entre les deux clubs se crée au début des années 2000, lorsqu'Épinal est relégué en DH Lorraine pour raisons administratives[29]. Les deux clubs, basés à neuf kilomètres à vol d'oiseau l'un de l'autre[30], jouent ensemble en Division d'Honneur de 1999 à 2002[31] - [32]. En 2001-2002, la place pour le championnat de France de football amateur 2 se joue entre Epinal et Thaon, ce qui exacerbe les rivalités[29]. Les deux clubs se retrouvent à nouveau en 2003-2004 en CFA 2, puis en 2008-2009.

Chaque match attire souvent des supporters particulièrement nombreux pour un match de CFA. De plus, cette rencontre prend très souvent des « allures de derby agrémenté de suprématie départementale »[33]. La tension est souvent à son comble lors de rencontres US Raon-Epinal[33].

Les deux clubs se sont rencontrés quatre fois en Coupe de France de football[34]. La première fois, le 15 novembre 1986, les deux clubs, qui évoluent dans des divisions différentes (Division 3 pour Epinal et DH pour Raon) et ne sont pas encore rivaux, se rencontrent au cinquième tour. Les spinaliens s'imposent logiquement sur le score sans appel de 5-0. Seuls 454 spectateurs font le déplacement au stade[34].

La deuxième fois, les deux clubs se rencontrent le 22 décembre 1991 pour le compte du septième tour. Epinal évolue alors en D2, et Raon en DH. La rivalité entre les deux clubs ne s'est toujours pas déclarée mais la rencontre attire tout de même 1 157 spectateurs. Ce match déséquilibré se conclut par une victoire d'Epinal par deux buts à rien[34].

La troisième fois, le 9 novembre 1997, lorsque les clubs de l'US Raon et du SAS Épinal se rencontrent pour le sixième tour, la rivalité est déjà naissante car les deux clubs évoluent ensemble au troisième niveau footballistique français. 1 220 personnes assistent à un match serré, qui se finit sur le score nul de un but partout. La rencontre se termine par une séance de tirs au but favorable aux Spinaliens : 3-0[34].

La quatrième fois, le 20 octobre 2009, la rivalité est déjà bien ancrée et les deux clubs évoluent ensemble en CFA. Le match se joue à l'avantage des raonnais qui gagnent 2-1[35].

La rencontre opposant le SAS Épinal au CSO Amnéville est aussi considérée comme une rencontre à part, nommé parfois « le Derby lorrain de CFA »[36], en référence au « Grand » derby lorrain, qui oppose Metz et Nancy. Les rencontres attirent également un nombre important de supporters: par exemple près de 700 en mai 2011[36]. Cela peut paraître peu face aux 30 000 spectateurs d'un derby de Ligue 1, mais c'est beaucoup pour un match à ce niveau. Le fait que les deux formations évoluent toutes deux en haut de tableau de CFA exacerbe la rivalité qui s'exprime lors de matchs souvent à enjeux: par exemple la montée s'est en partie jouée lors du match Amnéville-Epinal du 16 février 2011. On parle de « derby au sommet »[37]. Ces matchs sont aussi là pour la suprématie régionale.

Selon la presse, le derby entre Amnéville et Épinal du 30 avril 2011 aurait pu être retransmis en direct sur France 3 Lorraine[38]. Cela prouve que la rivalité est importante car dès que l'on sort du cadre des championnats professionnels de premier et de deuxième niveau, les retransmissions télévisées sont beaucoup plus rares et réservées aux derbies, comme celui-ci.