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Richard Ratsimandrava

Richard Ratsimandrava, né le à Tananarive et mort le dans la même ville, est un militaire et homme d'État malgache. Il est chef d'État de la république de Madagascar pendant six jours du 5 au , date de son assassinat.

Richard Ratsimandrava
Illustration.
Bas-relief du général Ratsimandrava et plaque commémorative.
Fonctions
Président de la République malgache
–
(6 jours)
Prédécesseur Gabriel Ramanantsoa (président de la République)
Successeur Gilles Andriamahazo (président de la République)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Tananarive, Madagascar
Date de dĂ©cès (Ă  43 ans)
Lieu de décès Tananarive, Madagascar
Nationalité Malgache
Parti politique Aucun
Diplômé de École spéciale militaire de Saint-Cyr
Profession Officier supérieur, homme politique

Richard Ratsimandrava
Présidents de la République malgache

Biographie

Né à Tananarive, d’une famille merina, Richard Ratsimandrava quitte Madagascar pour la France afin d'y effectuer ses études supérieures. Après une préparation à la corniche Carnot de Dijon, il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, à Coëtquidan. Il portera les couleurs de l'armée française au Maroc et en Algérie.

En 1959, alors qu'il est lieutenant dans l’armée française, il est affecté à Madagascar au 12e bataillon d'infanterie de marine à Fianarantsoa. Après l'indépendance malgache proclamée le , Ratsimandrava sert comme officier de l'armée de terre jusqu'en 1962.

Après une demande pour entrer dans la gendarmerie, il effectue un stage à l'École des officiers de la gendarmerie nationale à Melun en France et devient commandant en second, en 1967, puis finalement commandant de la gendarmerie malgache en 1969. Ratsimandrava reste à ce poste jusqu’en 1972 et, à ce titre, assure le rétablissement de l’ordre public dans le Sud de l’île, en donnant des directives pour la protection des postes de gendarmerie, avec sanction pour certains gendarmes qui ont accepté d’obéir aux ordres de cadres administratifs et politiques, en empêchant qu’il y ait chasse à l’homme de la part de l’administration contre les cadres du parti dirigé par Monja Jaona en , et en dialoguant avec les partisans de ce parti à Antanimora pour le maintien de l’ordre[1].

En 1956, il épouse Thérèse Ratsimandrava ; le couple a cinq filles.

Prise de responsabilité et engagement en politique

En 1972, Tsiranana cède le pouvoir au gĂ©nĂ©ral Gabriel Ramanantsoa qui devient alors chef du gouvernement en mai puis de l'État en octobre. Richard Ratsimandrava est appelĂ© Ă  devenir ministre de l’IntĂ©rieur du nouveau gouvernement. Il a alors l'idĂ©e de fonder sa politique intĂ©rieure sur le cadre de gouvernance existant basĂ© sur le « fokon'olona Â» qu'il voit comme seul cadre institutionnel et Ă©conomique possible, car viable et reconnu par et pour la majoritĂ© de la population, pour le dĂ©veloppement de Madagascar[2].

Le , à cause de rivalités et de problèmes non résolus et face à la situation de crise politique, Ramanantsoa lui remet les pleins pouvoirs. Il cumule alors les fonctions de chef de l'État et du gouvernement, ainsi que de ministre d'État, chargé de la Défense nationale et du Plan.

C'est alors une occasion sans précédent pour lui d'appliquer au mieux sa politique qui s'établit sur :

  • un dĂ©veloppement national prenant comme base les initiatives de la communautĂ© villageoise, le « fokon'olona », et trouvant leurs financements dans leurs propres transactions marchandes, gĂ©rĂ©s Ă  travers la commission « Vatoeka Â» du « fokonolona Â»[3] ;
  • la malgachisation de l'Ă©conomie plus soucieuse d’équitĂ© et de justice, cherchant Ă  articuler une Ă©conomie de subsistance locale, rurale, informelle Ă  l’économie de marchĂ© tirĂ©e par la ville, les sociĂ©tĂ©s commerciales assurant les Ă©changes avec l’extĂ©rieur ;
  • la dĂ©centralisation des pouvoirs.

L'assassinat

Six jours après son accession au pouvoir[4], le aux alentours de 20 heures, peu après le Conseil des ministres qui se déroulait à Anosy, à Tananarive, Ratsimandrava est abattu par balles dans sa voiture Peugeot 404 de fonction[5] par un commando formé d'éléments du Groupe mobile de police (GMP).

Il existe plusieurs thèses concernant son assassinat, dont l'officielle qui veut que ce soit une affaire politique, tout de suite confortée par le fait que le GMP ait conduit l'attaque. Parmi les hautes personnalités politiques qui sont mises en cause durant le procès, figurent notamment :

  • l'ancien prĂ©sident Tsiranana, qui est entendu par la justice malgache et fait l'objet d'enquĂŞtes ;
  • le colonel Roland Rabetafika, qui est parmi les premiers officiers Ă  avoir Ă©tĂ© aperçus sur le lieu mĂŞme de l'assassinat, ce qu'il admet d'ailleurs durant le procès, dĂ©clarant qu'il y Ă©tait pour raisons personnelles puisqu'il rentrait Ă  son domicile.

Ces deux personnalités représentaient deux groupements d'intérêts politico-économiques qui avaient chacun pu avoir des intérêts à voir éliminé le nouveau chef de l'État.

D'autres témoignages appuient le fait que le capitaine de frégate Didier Ratsiraka aurait également été vu sur les lieux de l'assassinat. Le crédit accordé à cette thèse se base notamment sur le fait que l'on peut considérer qu'il fut le principal bénéficiaire de la disparition de Ratsimandrava dans le sens où cela lui a permis d'hériter du pouvoir.

Malgré le long procès qui se déroule sous le directoire militaire de transition dirigé par le général Gilles Andriamahazo, aucune lumière ne sera faite sur l'assassinat de cet homme que trop de groupes de pression, notamment financiers, pouvaient souhaiter voir disparaître, craignant de voir leurs intérêts fortement remis en question à cause de la politique du « fokon'olona » prônée par Ratsimandrava, laquelle visait à mieux articuler l'économie et la production malgaches avec l’économie de subsistance de la majorité des habitants du pays, et surtout du milieu rural.

Finalement, le procès de l'affaire Ratsimandrava va s'arrêter pour sauvegarder l'unité nationale du pays, déjà assez fragilisée à cette période.

La fin de la transition en 1975

L'assassinat de Richard Ratsimandrava a conduit à une telle succession d'évènements que 1975 marque sans doute un tournant pour l'histoire politique de Madagascar.

Quelques heures après la mort de Ratsimandrava, un directoire militaire chargé d'entamer une période de transition est créé et dirigé par le général Gilles Andriamahazo. On assiste alors à un quasi-scénario de guerre civile entre les partisans du gouvernement militaire et ceux de l'ancien président Tsiranana, alors que la loi martiale est décrétée.

Le , les partis politiques sont suspendus et les tensions continuent à travers tout le pays où des mutins s'engagent dans des violences. Le lendemain, la reddition des mutineries permet la fin des combats. André Resampa, un des responsables présumés des troubles, est arrêté.

Le , un procès est alors ouvert pour juger les personnes impliquées dans les évènements, dont Tsiranana. Finalement, le suivant, trente des inculpés sont acquittés dont Resampa et Tsiranana. Trois jours plus tard, le directoire militaire décide d'élire Didier Ratsiraka, capitaine de frégate, ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Ramanantsoa, comme nouveau chef de l'État.

Notes et références

  1. Journaux Imongo vaovao, Madagascar matin, du 26 octobre 1973.
  2. Ordonnances no 62-004 du 24 juillet 1962, no 73-009 73-010 du 24 mars 1973 et no 73-040 du 4 août 1973
  3. Restructuration du monde rural et le Fokonolona : discours prononcés à travers l'ile de 1973 à 1975 par le colonel Richard Ratsimandrava, Printart, Antananarivo, 2008.
  4. Jean-Philippe Rémy, « Les fantômes des présidents africains assassinés », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. Andrianalizah Tolotra, « La Peugeot 404 du Colonel Ratsimandrava exposée au Musée de la Gendarmerie », sur www.studiosifaka.org (consulté le )

Bibliographie

  • AndrĂ© Saura, Le colonel Ratsimandrava, hĂ©ros tragique du nationalisme malgache, Paris, l'Harmattan, , 228 p. (ISBN 978-2-343-05441-4, lire en ligne Inscription nĂ©cessaire).

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