Renier de Huy
Renier de Huy, ou Rainer de Huy, est un orfèvre et bronzier mosan du XIe ou XIIe siècle.
Biographie
Actif dans la vallée belge de la Meuse, dans la principauté de Liège, Renier de Huy n'est connu que par les quelques œuvres qu'on lui attribue. Son patronyme renvoie à la ville de Huy, située 40 km en amont sur la Meuse. La vallée du fleuve Meuse, qui fait maintenant partie de la Belgique et la France, est, à l'époque, dans le diocèse de Liège. Au XIIe siècle, c'est le centre roman du travail des métaux, qui constitue, en ce temps, la forme d'art la plus prestigieuse.
On ne sait à peu près rien de la vie de Renier de Huy. Il est fait mention d'un Reinerus aurifaber, dans une charte de l'évêque de Liège concernant une église à Huy, en 1125. La Liste des noms d'artistes de l'Union Getty indique qu'il est actif jusqu'en 1144. Il serait mort aux alentours de 1150[1].
Œuvres
Les fonts baptismaux de Saint-Barthélémy de Liège
Renier de Huy serait le créateur de fonts baptismaux pour l'église Notre-Dame aux fonts (aujourd'hui disparue), un chef d’œuvre à dater entre les années 1107 et 1118[2] - [3], commandé par l'abbé Hellinus. L'œuvre lui est attribuée par la chronique de Liège du XIVe siècle[4] ou du XVe siècle[a 1].
Cette œuvre massive comporte une cuve en laiton, supportée par douze bœufs (dont deux manquent aujourd'hui), représentant les douze apôtres[5]. Le couvercle de la cuve a disparu. La cuve a été moulée selon le procédé à la cire perdue[5]. La paroi extérieure de la cuve présente cinq scènes bibliques en haut-relief, a prédication de Jean-Baptiste et quatre scènes de baptême, ceux du Christ, des catéchumènes, du centurion romain Cornelius et du philosophe grec Craton. Les scènes, identifiées par des inscriptions[5], sont reliées par une base continue et séparées les unes des autres par des arbres stylisés. Le couvercle, vraisemblablement conique, orné de représentations des apôtres et des prophètes, a disparu, probablement dérobé par les révolutionnaires français, à la fin du XVIIIe siècle. La partie conservée, mise à l'abri à l'époque, a échappé au pillage[5].
Initialement prévus pour une chapelle annexe de la cathédrale de Liège (démolie au cours de la première moitié du XIXe siècle), les fonts sont aujourd'hui conservés, depuis 1804, dans la collégiale Saint-Barthélemy de Liège (Belgique). Cette œuvre est un exemple exceptionnel de la maîtrise des fondeurs mosans du Moyen Âge, qui s'illustrèrent dans toute la vallée de la Meuse liégeoise, globalement jusqu'aux sacs des villes de Dinant et Liège par les troupes bourguignonnes, en 1466 et 1468. Elle a été désignée, dans les années 1970, comme une des « sept merveilles de Belgique ». Elle est toujours utilisée lors des baptêmes.
Autres œuvres
La seule autre œuvre que l'on s'accorde à attribuer à Renier de Huy est un petit crucifix de bronze, conservé au musée Schnütgen, à Cologne (Allemagne)[a 1]. Un autre exemplaire, à Bruxelles (Belgique), est probablement du même moule, mais ciselé de façon différente. D'autres crucifix, à Bruxelles et Dublin (Irlande), sont probablement du même atelier, car ils possèdent beaucoup de similitudes avec l'exemplaire du musée Schnütgen[a 2] - [6].
Style
Le style naturaliste et antiquisant de Renier de Huy a une influence profonde sur le gothique ancien[7] et annonce la Renaissance[5].
Successeurs
Godefroy de Huy (Godefroy de Claire), lui aussi originaire de Huy, et Nicolas de Verdun illustrent, après Renier de Huy, l'orfèvrerie mosane au XIIe siècle.
Notes
- (en) John Beckwith, Early Medieval Art : Carolingian, Ottonian, Romanesque, Thames & Hudson, (réimpr. 1969), 270 p. (ISBN 0-500-20019-X), p. 178.
- (en) Hanns Swarzenski, Monuments of Romanesque Art; The Art of Church Treasures in North-Western Europe, Faber & Faber, , 102 p. (ISBN 0-571-10588-2), p. 58.
- (en) Robert G. Calkins, Monuments of Medieval Art, Dutton, , 299 p. (ISBN 0-525-47561-3), p. 125.
- (en) The Oxford Dictionary of Art, « Rainer of Huy ».
- The baptismal font of Renier d'Huy in Liège in Belgium. Sightseeing.
- Geneviève Xhayet (dir.) et Robert Halleux (dir.), Études sur les fonts baptismaux de Saint-Barthélémy à Liège, Liège (Belgique), Éditions du CEFAL, , 309 p. (ISBN 2-87130-212-X et 9782871302124, lire en ligne), p. 129.
- Renier de Huy - Encyclopédie Larousse.
- (en) Peter Lasko, Ars Sacra, 800-1200, Penguin History of Art, (ISBN 0-14-056036-X).
- p. 182.
- p. 181.
Références
- Kurth Godefroid, « Renier de Huy auteur véritable des fonts baptismaux de saint-Barthélemy de Liège et le prétendu Lambert Patras », Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Bruxelles (Belgique), Schepens, vol. 8, (résumé).
- Kurth Godefroid, « Encore Renier de Huy », Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, vol. 4, (résumé).
- J. de Borchgrave d'Altena, Sculptures conservées au pays mosan, G. Leens, .
- L. Bréhier, L'homme dans la sculpture romane, Librairie de France, .
- S. Collon-Gevaert, Histoire des arts du métal en Belgique, .
- F. Boussard, « Les fonts baptismaux de l'église Saint-Barthélémy à Liège », La Fonderie belge, .
- S. Collon-Gevaert, Art roman dans la vallée de la Meuse aux XIe et XIIe siècles, .
- (nl) J. J. M. Timmers, Kunst van het Maasland, .
- P. Colman, « Recherches sur deux chefs-d'œuvre du patrimoine artistique liégeois: l'ivoire dit de Notger et les fonts baptismaux dits de Renier de Huy », Aachener Kunstblatter, .
- P. Colman et J.-L. Kupper, Les fonts baptismaux de Saint-Barthélemy, Liège, Université de Liège, .
- (de) Andrea Zimmermann, Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, vol. 23, Nordhausen, (ISBN 3-88309-155-3), « Reiner von Huy », p. 1172—1177.
- Ph. George et J. Maquet (dir.), Le patrimoine médiéval de Wallonie, Namur, Institut du Patrimoine wallon, , « Les arts au Moyen Âge ».
- George Philippe, Mélanges X. Barral i Altet : Le plaisir de l’art au moyen Age, Paris (France), Picard, , « Les Fonts de Liège et Renier de Huy. Fontes arte vix comparabili ».