René Marcq
René Marcq, né le à Carnières et mort le à Bruxelles, est un juriste, avocat, professeur à l'Université libre de Bruxelles et bâtonnier de cassation belge.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
René Alexandre Jules Marie Dieudonné Marcq |
Nationalité | |
Formation |
Athénées de Charleroi et de Thuin, Université libre de Bruxelles |
Activité |
Il est également l'un des représentants de l'École de Bruxelles.
Éléments biographiques
Fils d’un médecin de campagne[1], René Marcq nait le à Carnières, dans la province du Hainaut. Après de brillantes études à l’école primaire de Carnières, aux athénées de Thuin, puis de Charleroi, Marcq semble être fait pour les études[2] . Inscrit à l’Université libre de Bruxelles, il y conquiert, en , un diplôme de docteur en droit, avec la plus grande distinction[3] . Parallèlement, il y poursuit des études d’économie politique et obtient, en juillet de l’année suivante, le diplôme de licencié en sciences économiques avec la plus grande distinction[4] . Sorti de l’université, il complète sa formation en suivant des cours à l’Université de Berlin, puis à l’École de droit de Paris[5].
Le , il se marie à Marie Marguerite Dubois[6] Parmi les témoins de l’époux se trouve Eugène Hanssens, son professeur, patron et ami intime[6] . Le naît sa fille, Andrée Marcq, et le , son fils, Georges Marcq[7] .
Très affecté par la nouvelle de la mort de son fils au camp de concentration d’Elrich-Dora[8], il meurt de chagrin le [9].
Carrière professionnelle
Le , il est présenté au serment d’avocat par Me Eugène Hanssens[10] et devient ainsi stagiaire de l’un des avocats les plus illustres près la Cour de cassation de son temps[11]. Eugène Hanssens, qui avait été son professeur à l’université[4], l’avait, en effet, déjà repéré. Il ne s’y était pas trompé, rapidement, René Marcq devint son principal collaborateur et un ami intime[5]
En 1907, il publie ses Notes sur les principes généraux de la législation coloniale française[5] . Celles-ci, faisant partie d’un travail collectif de droit comparé, étaient destinées à préparer l’élaboration de la Charte coloniale belge du [12]. La même année, il publia une étude de droit comparé sur La personnification des associations en Allemagne.
En 1918, il devient membre permanent du Conseil de législation et, un an plus tard, de la Commission d’enquête sur la violation du droit des gens, ainsi que Conseil juridique permanent des affaires étrangères.
Le , Hanssens est victime d’un stupide accident de tramway[4]. Son cabinet, témoignant de son caractère illustre, regorgeait alors d’affaires importantes. Désemparés par la disparition de leur avocat, les clients se tournèrent alors vers celui qui était son plus proche collaborateur, René Marcq[13].
Afin de réduire autant que faire se peut les répercussions que ce décès ne pouvait manquer d’occasionner au cabinet, Marcq sacrifia tout, ne comptant pas ses heures. La clientèle se convainc alors rapidement de sa valeur, lui laissant plaider les dossiers en cours, lui en apportant de nouveaux[14] .
En peu de temps, il parvint à développer le cabinet de feu son maître et à attirer à ses côtés une pépinière de collaborateurs de renom, faisant de ce dernier l’un des plus importants du moment : Pierre Anciaux, Lucien Campion, Maurice Cornil (fils de Léon Cornil), Gaëtan Delacroix, Jean Faurès, William Hanssens (fils d’Heugène), Robert Henrion, Georges Janssens, Victor Motte, Robert Pirson, Edmond Préaux, Henri Rolin, Henri Simont, Paul-Henri Spaak et Jean Van Ryn[4] - [15].
Tous ces éléments furent de nature à convaincre la Cour de cassation, qui, se désolant d’avoir perdu Eugène Hanssens mais voyant en René Marcq son digne successeur ; elle l’appela avant même la fin de l’année à son barreau (le )[16].
En 1936, il fut élevé par ses pairs au bâtonnat et demeura à la tête du Barreau de cassation pendant les années judiciaires 1936-1937 et 1937-1938[17].
De ses années à la Cour de cassation, seules quelques plaidoiries demeurent pour la postérité. La plus importante est sans conteste celle qu’il fit, et gagna, devant la Cour permanente de justice internationale de La Haye en 1937, dans le cadre du procès Des prises d’eau de la Meuse[18].
Ce procès était capital pour la Belgique, tant du point de vue de son honneur que de son économie. Aussi, lorsqu’il rentra victorieux au pays, c’est en véritable « héros de sa patrie » qu’il fut accueilli et fût fait, quelque temps plus tard, citoyen d’honneur de la ville d’Anvers[19]
En 1937 toujours, le , l’Académie royale de Belgique l’appela dans sa Classe des Lettres et des Sciences Morales et Politiques. Il y collabora, avec Henri Rolin et Louis Wodon, à un rapport sur le statut juridique de cette compagnie[17].
La même année, il accepta de présider les travaux du Centre d’études pour la réforme de l’État, qui, de 1937 à 1940, publia sous sa direction et grâce aux collaborations qu’il parvint à s’assurer, non moins de quatre volumes d’études, d’observations et de projets, dont la plupart aboutirent[20].
En 1945, il fonda l’Association des Anciens Étudiants de la Faculté de droit, de l’Université libre de Bruxelles (A.D.Br.), qu’il présida jusqu’à son décès, où il fut remplacé par Léon Cornil[21].
En 1945 encore, le gouvernement devait lui confier la présidence de la Commission pour la réforme de l’enseignement. Hélas, le temps que celle-ci se mette en place, sa santé s’était déjà fortement dégradée et ne lui permit pas d’accomplir cette ultime mission[22].
Sa dernière contribution notable fut d’accepter, en 1946, la direction de la Commission d’information instituée par le roi Léopold III, pour faire rapport sur les faits où il fut mêlé.
Carrière académique
En 1911, il présenta sa thèse de doctorat à la faculté de droit de l’Université libre de Bruxelles. La responsabilité de la puissance publique ne lui valut pas seulement les lauriers universitaires, elle eut également un retentissement du meilleur aloi[23], tant et si bien que l’ULB lui confia aussitôt la chaire d’Institutions civiles comparées, à l’École des Sciences Politiques et Sociales[24].
Lorsqu’en 1918, l’université reprit ses activités, il fut chargé (le ) de l’enseignement des successions, des donations et des testaments[25]. Le suivant, il fut promu professeur ordinaire[26].
Le , il fut associé à l’administration de son Alma mater par son entrée au Conseil d’administration[2] , en tant que membre permanent[27]. Cinq mois plus tard, il en devint vice-président et le , président, après le départ du Procureur Général Jean Servais[2].
Cependant, les tâches que cette fonction incombe s’ajoutant à toutes celles requérant déjà son attention, René Marcq se rendit compte de la limite de ses forces et décida d’abandonner la présidence au bout d’un an. Elle sera confiée à Paul Hymans[27]. Néanmoins, désigné président honoraire du Conseil d’administration le , il continua à assister jusqu’à son décès aux réunions du bureau[26].
Ce fut d’ailleurs à ce titre qu’il rédigea la résolution du , par laquelle, face aux pressions allemandes croissantes, la décision de suspendre les cours fut actée[28] .
En 1945, il fonda l’Association des Anciens Étudiants de la Faculté de droit, de l’Université libre de Bruxelles (A.D.Br.), qu’il présida jusqu’à son décès, où il fut remplacé par Léon Cornil[21]. En 1946, il fonda et présida le Centre d’étude de la Faculté de droit, auquel on a depuis donné son nom[29].
Les deux Guerres mondiales
La première Guerre Mondiale interrompit ses travaux. Il servait dans la garde civique et lorsque celle-ci fut licenciée, il rejoignit, en France , le professeur Émile Waxweiler et l’aida dans l’élaboration de La Belgique neutre et loyale.
« Rentré à Bruxelles, il prit place dans le groupe qui, autour de son patron Eugène Hanssens et du Conseiller Eudoxe , entretenait la flamme du patriotisme et préparait le droit de la Belgique libérée »[30]
, la rentrée académique se profile. L’occupant soumet la réouverture de l’Université à la condition que le Recteur et l’administrateur soient « assistés » de commissaires allemands. Préférant lutter de l’intérieur contre l’envahisseur plutôt que de lui donner l’occasion d’instituer son propre enseignement dans la capitale, la décision est prise d’accepter et de rouvrir l’université. Néanmoins, les pressions finirent par devenir trop fortes et préférant ne pas accueillir de traitres en son sein (un an plus tard en effet, l’occupant prétendit introduire certains de ses propres professeurs dans le corps enseignant), la lourde décision de fermer l’université fut prise[28] . Cette décision fut officiellement actée, le , par une résolution dont la rédaction revint, en tant que président honoraire, à René Marcq.
Aussi, lorsque les allemands prirent des sanctions à l’encontre du Conseil, Marcq était en vedette et fut avec sept autres membres, emprisonné à la forteresse de Huy, du début de à la fin de [8].
Mais l’inimitié des allemands à son égard n’était pas le seul fruit de son rôle actif dans la fermeture de l’ULB, ils tenaient, en effet, aussi son cabinet pour un haut lieu de la résistance. Ils ne s’y trompaient d’ailleurs pas ; là était dictée à des industriels, à de hauts fonctionnaires, à des dirigeants de divers organismes, la conduite à tenir[31]. Aussi, fût-il une seconde fois incarcéré (comme otage cette fois) au mois de décembre de la même année[8].
Distinctions honorifiques
L’Université a nommé l’auditoire dans lequel il enseignait de son nom et le Centre d’étude qu’il avait créé. Un médaillon d’Alfred Courtens, réalisé à son effigie, orne les couloirs de ce qui fut autrefois la Faculté de droit[32].
Ses amis et admirateurs ont constitué un Fonds René Marcq, destiné à aider les jeunes juristes connaissant des difficultés financières[33]
À la suite de sa victoire dans le procès Des prises d’eau de la Meuse, la ville d’Anvers organisa, le , une réception lors de laquelle il fut sacré citoyen d’honneur[18].
À l’automne 1945, « Les amis du Hainaut » lui décernèrent un de leurs prix quinquennaux. Sa commune natale, Carnières, en profita alors pour lui rendre hommage en donnant son nom à la rue dans laquelle il est né[33].
La Cour de cassation rendît, le , un émouvant hommage à la mémoire de Me René Marcq [alpha 1]
La , fut inauguré à la Cour de cassation, un buste à son effigie, sculpté par Alfred Courtens. Témoignage de la figure qu’il fut, l’inauguration eut lieu en présence d’un représentant du roi et de la famille royale[34].
En 1946, il est fait par le régent Charles de Belgique Grand officier de l’Ordre de Léopold[35].
Notes
- L’audience était présidée par Me Soenens, Premier Président, entouré des Membres de la Cour. Le siège du Ministère public était occupé par Me Cornil, procureur général et ami de la victime, derrière qui siégeaient les membres du Parquet général près la Cour. À la barre, se trouvaient les avocats de la Cour de Cassation conduit par leur bâtonnier Me Gaëtan Delacroix, un de ses anciens collaborateurs. Se trouvait également présent, Paul Struye, Ministre de la Justice de l’époque.
Références
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- Simont 1950, p. 132-135.
- Dieux 1998, p. 8.
- Simont 1950, p. 132.
- https://search.arch.be/fr/rechercher-des-personnes/resultats/q/persoon_achternaam_t_0/Marcq/q/persoon_voornaam_t_0/Ren%C3%A9/q/zoekwijze/s?M=0&V=0&O=0&persoon_0_periode_geen=0
- https://gw.geneanet.org/bloiseau?lang=fr&n=marcq&oc=0&p=rene&type=timeline
- Cornil 1948, p. 11.
- Cornil 1952, p. 111.
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- P. GÉRARD, « Les deuils judiciaires – Jean Van Ryn », J.T., 2002, p. 717.
- Cornil 1948, p. 3.
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- Dieux 1998, p. 9.
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- Dieux 1998, p. 14.
- Journal des tribunaux, 14 décembre 1947, page 613.
- Cornil 1952, p. 116.
- Cornil 1948, p. 4.
- Cornil 1952, p. 126.
- Simont 1950, p. 133..
- Cornil 1952, p. 135.
- Dekkers 1966, p. 478.
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- Cornil 1952, p. 145.
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Bibliographie
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- L. Cornil, « Notice sur René Marcq », dans Annuaires, Bruxelles, Académie royale de Belgique, .
- w. De Vriendt, « Devant une tombe qui vient de se fermer », L'Avenir belge,‎ .
- R Dekkers, « Marcq (René-Alexandre-Jules) », dans Biographie nationale, Bruxelles, Académie royale de Belgique, .
- Delacroix, (G.), « In memoriam René Marcq », R.D.I.C., 1949, p. 20 à 24.
- X. Dieux, Hommage à René Marcq, Bruxelles, archive ULB, .
- Gérard, (P.), « Les deuils judiciaires – Jean Van Ryn », J.T., 2002, p. 717 à 718.
- Hauchamps, (C.), « René Marcq », Ann. Not., 1948.
- H. Simont, « Notice sur la vie et les travaux de René Marcq », Revue de l’Université libre de Bruxelles,‎ , p.132-135.
- Soenens, (M.), « Discours prononcé à l’audience de la Première chambre de la Cour », J.T., 1947.
- Struye, (P.), « Inauguration du buste du bâtonnier René Marcq », J.T., 1958.