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Reconnaissance de nullité du sacrement de mariage

La reconnaissance de nullitĂ© du sacrement de mariage est constatĂ©e aprĂšs qu'un mariage a eu lieu malgrĂ© le soin apportĂ© Ă  vĂ©rifier que toutes les conditions requises pour sa cĂ©lĂ©bration Ă©taient prĂ©sentes, et que malencontreusement au moins une Ă©tait en rĂ©alitĂ© incorrecte et, en Ă©chappant Ă  la vigilance de l’Église catholique, ce vice cachĂ© permit que soit cĂ©lĂ©brĂ© le mariage qui n'aurait pas dĂ» se tenir.

Pour qu'un mariage soit cĂ©lĂ©brĂ©, il doit requĂ©rir certaines conditions, et si on dĂ©couvre aprĂšs la cĂ©lĂ©bration, qu'une de ces conditions requises a Ă©tĂ© falsifiĂ©e volontairement ou involontairement, le mariage n'est pas valide et ne l'a jamais Ă©tĂ©, mĂȘme entre le temps du mariage et celui de la reconnaissance de nullitĂ©.

Le mariage catholique est constaté « nul » et non pas « annulé », tout comme on ne dit pas non plus « divorce » ou « annulation du mariage » car ces termes reconnaissent que le mariage était valide jusqu'à sa reconnaissance de nullité.

Ce n'est qu'aprĂšs une enquĂȘte minutieuse que le tribunal collĂ©gial de trois juges constate qu'il n'y a pas eu sacrement en raison de l'absence d'au moins une condition requise au mariage.

Si les deux personnes dĂ©sirent rester ensemble, en cas de disparition des causes de nullitĂ©, le mariage peut ĂȘtre convalidĂ©.

Il existe des procédures particuliÚres comme celle du PrivilÚge de la Foi, ou encore de la dissolution du lien.

En ce qui concerne les enfants issus du mariage, mĂȘme si le mariage est dĂ©clarĂ© nul, les enfants restent lĂ©gitimes.

Engagement à l'indissolubilité

La logique positive du caractÚre indissoluble du mariage est que si deux adultes psychologiquement matures décident de vivre un tel engagement, il n'y a pas de raison que le mariage échoue : l'engagement moral peut résister aux évÚnements de la vie et à l'évolution des conjoints, notamment grùce au secours de la grùce sacramentelle donnée par Dieu dans le sacrement du mariage.

L'autre face de la logique est d'assurer la permanence nécessaire au « don mutuel » de l'engagement initial. Si la contrainte devait disparaßtre dÚs qu'il n'y a plus accord de volonté, l'engagement initial serait vidé de son sens.

Dans le cas oĂč un couple pense sincĂšrement prendre un engagement permanent et que la vie commune se rĂ©vĂšle un Ă©chec, l'important est non pas non de sauver une relation dans l'impasse, mais de ne pas dĂ©naturer le mariage.

Le dogme exprime ceci en disant que le mariage est un sacrement permanent « qui vient consacrer un engagement préexistant » .

Le mariage est valide dĂšs sa consommation charnelle, et n'est rompu que par la mort d'une ou des deux personnes (CatĂ©chisme de l’Église catholique, paragraphe 1640).

Motifs de nullité

Pour ĂȘtre valide, un mariage est prĂ©alablement prĂ©parĂ© pour notamment constater qu’il n’y a pas le risque d’un empĂȘchement (il existe douze motifs invocables) et Ă©viter une « union illĂ©gitime » comme le dit Matthieu 5,32[1] et 19,9[2] - [3] :

  • L’empĂȘchement dirimant (cf. canons 1083 Ă  1094) :
    • EmpĂȘchements de droit naturel :
      • Le refus de procrĂ©er[4] ou l'impossibilitĂ© physique ou psychologique d'une union charnelle. Si l'une des parties a refusĂ© d'avoir des relations sexuelles, ou qu'elle est sexuellement impuissante et qu'elle l'a cachĂ© Ă  son futur conjoint, le mariage n'est pas valide et est reconnu comme nul;
      • L'Ăąge minimum : 16 ans pour l'homme, 14 pour la femme (cf. Canon 1083);
      • Les liens de parentĂ© (consanguine, par alliance ou adoption);
    • EmpĂȘchements de droit divin positif :
      • Le lien d’un mariage antĂ©rieur;
      • Crime de conjugicide (si l'on a assassinĂ© son Ă©poux/son Ă©pouse, pour Ă©pouser quelqu'un d'autre)
      • Ordre sacrĂ© (un prĂȘtre ne peut plus se marier);
      • Le vƓu perpĂ©tuel de chastetĂ©;
      • La disparitĂ© de culte avec une personne non baptisĂ©e (peut faire l'objet d'une dĂ©rogation appelĂ©e « dispense »);
  • Le dĂ©faut de consentement (cf. canon 1095 Ă  1107) :
    • Par contrainte, violence, force ou crainte;
    • Les troubles mentaux empĂȘchant la luciditĂ© du consentement (les raisons psychologiques reposent en particulier souvent sur l'article 1095[5] du code de droit canon);
    • Une grave immaturitĂ©;
    • La simulation du mariage, lorsqu'une personne a menti sur ses rĂ©elles intentions (par ex., un mariage blanc);
    • DĂ©sir de quitter ses parents;
    • L'occultation volontaire d'un aspect important de sa personnalitĂ© (erreur sur les qualitĂ©s essentielles de la personne) conduisant Ă  une incapacitĂ© d’assumer les obligations essentielles du mariage dont l’éducation des enfants;
    • L'occultation volontaire d'un aspect physique, une stĂ©rilitĂ© ou d'une maladie;
  • Le dĂ©faut de forme canonique (cf. canons 1108 Ă  1123) :
    • par ex. si le ministre du culte qui reçoit les consentements des Ă©poux n'a pas reçu de l'ordinaire du lieu la juridiction nĂ©cessaire;

Le CPTL (Conseil pontifical pour les textes législatifs) a publié l'instruction Dignitas Connubii, datée du , sur ce sujet[6].

Mariage nul puis convalidé

Le mariage Ă©tant permanent par nature, le clergĂ© examinera si l'Ă©chec de facto du mariage s'explique par une cause de nullitĂ© initiale de l'alliance — causes qui sont interprĂ©tĂ©es beaucoup plus largement en droit canon qu'en droit civil : l'Église suppose que le mariage est prĂ©existant en tant qu'engagement librement pris des Ă©poux, mais n'a bien sĂ»r pas la possibilitĂ© d'en ĂȘtre certaine au moment du mariage.

L'Église accepte donc l'idĂ©e que des relations qui ne sont en fait pas des mariages authentiques (des mariages putatifs) peuvent avoir Ă©tĂ© bĂ©nies et Ă©ventuellement ĂȘtre devenues des mariages authentiques par la suite.

Mais pour pouvoir ĂȘtre annulĂ©, la preuve d'une invaliditĂ© doit ĂȘtre apportĂ©e :

Can. 1060 - Le mariage jouit de la faveur du droit ; c'est pourquoi, en cas de doute, il faut tenir le mariage pour valide, jusqu'Ă  preuve du contraire.

Un mariage qui pourrait ĂȘtre annulĂ©, est malgrĂ© tout encouragĂ© par l'Église Ă  ĂȘtre maintenu en le « purgeant » des vices dont il pourrait ĂȘtre atteint.

Si les deux personnes dĂ©sirent rester ensemble, la cause de nullitĂ© n'est pas reconnue par un procĂšs mais elle est supprimĂ©e par une dispense (exemption) spĂ©ciale de l’empĂȘchement en question : la convalidation du mariage. Il en existe deux types, la premiĂšre appelĂ©e « convalidation simple », comprenant un renouvellement du consentement, et une seconde « convalidation sanatio in radice », sans renouvellement.

Convalidation simple

La convalidation simple (c. 1156 Ă  1160), suppose un empĂȘchement dirimant : s'il cesse ou s'il est dispensĂ©, les Ă©poux peuvent renouveler leur consentement selon que[7]:

Le dĂ©faut de consentement ou l'empĂȘchement dirimant est Le renouvellement du consentement se fera
Connu de tous En public et par les deux personnes
Connu par les deux personnes En privé et par les deux personnes
Connu uniquement par la personne mise en cause En privé et uniquement par la personne mise en cause

En cas de renouvellement du consentement Ă  la suite d'un dĂ©faut de forme, si on n’a pas besoin de sauvegarder la dignitĂ© du mariage, on aura recours au mariage privĂ©.

Convalidation sanatio in radice

La convalidation sanatio in radice (sanation radicale), ne s'applique pas en cas de dĂ©faut de consentement, puisque celui-ci existe dĂ©jĂ . Elle s’applique en cas d’empĂȘchement dirimant ou pour dĂ©faut de forme canonique.

Cette « convalidation sans renouvellement du consentement » à effet rétroactif (depuis la célébration du mariage) a lieu dÚs que la cause de nullité est :

  • levĂ© d'elle-mĂȘme;
  • supprimĂ©e par une dispense concĂ©dĂ©e par le SiĂšge Apostolique (par ex. en cas de crime conjugicide) ou l’évĂȘque (c. 1161 Ă  1165).

Procédure de reconnaissance de nullité

En droit civil français

En droit civil français, il existe aussi une annulation de mariage, qui se distingue de la rupture du divorce, puisque lĂ  aussi l'existence mĂȘme du mariage est niĂ©e contrairement au divorce.

Toutefois, l'annulation au civil comme Ă  l'Église, est dans les deux cas difficile Ă  obtenir, et il existe mĂȘme des arguments pouvant donner accĂšs Ă  la nullitĂ© du sacrement Ă  l'Église, mais pas Ă  celle de la dĂ©marche civile : l'immaturitĂ© lors du consentement n'est par exemple pas recevable devant les tribunaux civils pour une personne qui Ă©tait majeure au moment de son mariage.

Il est donc possible de combiner le divorce civil avec une demande de nullitĂ© devant les tribunaux ecclĂ©siastiques (un cas cĂ©lĂšbre, et qui a mĂȘme contribuĂ© Ă  rappeler au public l'existence de la dĂ©marche de nullitĂ©, est celui de Caroline de Monaco).

Détail de la procédure

En pratique, vous prenez d'abord rendez-vous avec un prĂȘtre pour recevoir un formulaire de demande prĂ©liminaire, d'environ 4 pages, Ă  envoyer Ă  votre diocĂšse.

Un Ă  deux mois plus tard, (si la demande est jugĂ©e raisonnable) vous recevez un formulaire complet d'une douzaine de pages, comprenant un questionnaire approfondi sur les circonstances des premiers contacts, des fiançailles, du mariage et du divorce. Vous devez y joindre des documents administratifs (certificat de baptĂȘme par exemple), ainsi que les noms de deux personnes pouvant apporter leur tĂ©moignage. Ces deux personnes seront contactĂ©es par le diocĂšse, qui leur demandera de remplir un dossier de quelques pages donnant leur perspective sur les circonstances du mariage, sur le couple et sur chacun des deux Ă©poux.

Environ deux mois aprĂšs que ces formulaires et documents aient Ă©tĂ© retournĂ©s au diocĂšse, votre ex-Ă©poux et vous recevez une lettre du diocĂšse vous informant (si le dossier est jugĂ© raisonnable) d'une raison plausible qu'ils vont Ă©tudier pour envisager la dĂ©claration de nullitĂ©. À ce stade, votre ex-Ă©poux a l'occasion de remplir un dossier donnant son point de vue et de proposer ses propres tĂ©moins.

S'il ne le fait pas, la procédure continue sans lui et la décision vous est communiquée environ quatre mois plus tard.

Ce n'est qu'aprĂšs cette enquĂȘte minutieuse qu'un dĂ©fenseur du lien du mariage plaide pour le maintien du mariage, affirmation toutefois Ă  nuancer, le dĂ©fenseur du lien, qui comme tous les autres membres du tribunal ecclĂ©siastique, appelĂ© aussi OfficialitĂ©, est attachĂ© Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©, ne s'acharne pas Ă  dĂ©fendre un consentement qui de toute Ă©vidence est viciĂ©.

Le tribunal collégial de trois juges constate s'il y a eu ou non absence d'au moins une condition requise au mariage et dans ce cas, qu'il n'y a pas eu sacrement.

Sauf imprévu, la décision ou le jugement du tribunal de premiÚre instance est confirmée un peu plus tard par une seconde instance, qui est une Officialité d'appel. Dans les diocÚses disposant de suffisamment de personnel qualifié (spécialistes en droit canon, psychologues, etc.), la procédure prend un peu moins d'un an.

Le , le Pape François a publiĂ© deux « Motu proprio » (dĂ©crets d’application) qui allĂšgent la procĂ©dure de reconnaissance des nullitĂ©s de mariage. La mesure essentielle est la suppression des deux jugements conformes - par deux juges diffĂ©rents - requis jusque-lĂ  pour que la nullitĂ© du lien soit dĂ©clarĂ©e. Il n'y a plus qu'un seul jugement.

Le pape ouvre aussi la possibilitĂ©, pour des cas Ă©vidents, d'un processus d'annulation abrĂ©gĂ©, sous la responsabilitĂ© de l'Ă©vĂȘque.

La réforme du Pape François rend également la procédure gratuite[8].

Déclaration de nullité

La dĂ©claration de nullitĂ© du mariage n'est pas un divorce, dans la mesure oĂč un mariage nul n'a jamais existĂ©[9]. La reconnaissance de nullitĂ© par l'Église affirme que les deux personnes n'ont jamais Ă©tĂ© mariĂ©es et qu'on a cru Ă  tort qu'elles l'Ă©taient[10]. Les deux personnes n'ont donc pas Ă©tĂ© mariĂ©es puis cessĂ© d'ĂȘtre mariĂ©es comme pour un divorce.

Chaque annĂ©e prĂšs de 55 000 demandes de causes en nullitĂ© sont introduites auprĂšs des tribunaux ecclĂ©siastiques (environ 500 en France). Elles aboutissent Ă  une dĂ©claration de nullitĂ© dans plus de 90 % des cas[11]. Aux États-Unis, environ la moitiĂ© des demandes prĂ©liminaires aboutissent Ă  un dĂ©cret de nullitĂ©.

Tant que la ou les causes ayant causĂ© la nullitĂ© du mariage ne sont pas levĂ©es, l’une ou les deux personnes ne peuvent toujours pas se marier Ă  l’Église. Ce n'est qu'une fois que les causes de nullitĂ© sont levĂ©s, que la ou les personnes pourront se marier[12].

Dissolution du mariage

L'Église catholique considĂšre que le mariage civil conclu par deux non-baptisĂ©s ou un non-baptisĂ© avec un baptisĂ© est indissoluble, mais qui cependant peut ĂȘtre dissous par deux procĂ©dures particuliĂšres, celle du PrivilĂšge de la Foi et celle de la dissolution du lien[13] :

  • Un mariage entre un conjoint baptisĂ© et un conjoint non baptisĂ© peut ĂȘtre dissous par le Pape (c’est le « privilĂšge pĂ©trinien »)[12] si le conjoint non baptisĂ© met en danger la foi du conjoint baptisĂ© qui dĂ©sire avoir un conjoint baptisĂ©[14] ;
  • Un mariage cĂ©lĂ©brĂ© entre deux non-baptisĂ©s peut ĂȘtre dissous par un Ă©vĂȘque si l’un des conjoints accĂšde au baptĂȘme et que l'autre le refuse (c’est le « privilĂšge paulin », fondĂ© sur 1 Corinthiens 7, 11)[12].

L'Église catholique et la sĂ©paration ou le divorce civil

Le mariage Ă©tant indissoluble, l'Église catholique ne prĂ©voit aucune procĂ©dure de divorce, ni de remariage, et ne reconnaĂźt pas le divorce ni le remariage civil. Les divorcĂ©s non remariĂ©s ou remariĂ©s au civil sont toujours considĂ©rĂ©s par l'Église catholique comme mariĂ©s. L'Église catholique fait la distinction entre deux Ă©tats de vies, la sĂ©paration ou le divorce sans remariage, et le divorce avec remariage.

SĂ©paration ou divorce sans remariage

Le paragraphe 2383 du catĂ©chisme de l'Église catholique stipule que « la sĂ©paration des Ă©poux avec maintien du lien matrimonial peut ĂȘtre lĂ©gitime en certains cas prĂ©vus par le Droit canonique (cf. Code de droit canonique, canons 1151-1155). Si le divorce civil reste la seule maniĂšre possible d’assurer certains droits lĂ©gitimes, le soin des enfants ou la dĂ©fense du patrimoine, il peut ĂȘtre tolĂ©rĂ© sans constituer une faute morale.»[15].

Ainsi, une personne sĂ©parĂ©e ou divorcĂ©e non remariĂ©e ou ne vivant pas en concubinage n'est pas en Ă©tat de « faute morale » ou de pĂ©chĂ©[16] - [17] et a donc le droit d'accĂšs Ă  tous les sacrements de l'Église dont la communion, le sacrement de pĂ©nitence et l’onction des malades.

Divorce avec remariage

Parmi les divorcĂ©s, l'Église catholique fait la distinction entre deux Ă©tats de vies : le remariage avec continence et le remariage sans continence (sexuelle).

Remariage avec continence

La dĂ©claration du conseil pontifical pour les textes lĂ©gislatifs du stipule que « les divorcĂ©s remariĂ©s qui, pour des raisons sĂ©rieuses, comme l’éducation des enfants, ne peuvent satisfaire Ă  l’obligation de la sĂ©paration, et s’engagent Ă  vivre en pleine continence, c’est-Ă -dire Ă  s’abstenir des actes propres des conjoints, ne sont pas en situation de pĂ©chĂ© grave habituel (Familiaris consortio, numĂ©ro 84), et qui sur la base d’une telle rĂ©solution ont reçu le sacrement de la pĂ©nitence. Puisque le fait que ces fidĂšles ne vivent pas more uxorio est en soi occulte, tandis que leur condition de divorcĂ©s remariĂ©s est en elle-mĂȘme manifeste, ils ne pourront s’approcher de la communion eucharistique que remoto scandalo.»[18].

En 1981, au § 84 de l'exhortation apostolique Familiaris consortio, le pape Jean-Paul II stipule que « si l’on admettait ces [divorcĂ©s remariĂ©s incontinents] Ă  l’eucharistie, les fidĂšles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine concernant l’indissolubilitĂ© du mariage. Les divorcĂ©s remariĂ©s ont accĂšs aux sacrements Ă  condition de se sĂ©parer de leur nouveau conjoint ou de vivre avec lui « en complĂšte continence ».

Ainsi, si des personnes remariĂ©es ou vivant en concubinage s'engagent Ă  « vivre comme frĂšre et sƓur » (c'est-Ă -dire sans relations sexuelles), et s'il y a une cause sĂ©rieuse (par exemple l'Ă©ducation des enfants dĂ©jĂ  nĂ©s de cette nouvelle union), alors ces personnes peuvent communier Ă  l'Église mais de maniĂšre « remoto scandalo » (rĂ©duction du scandale) pour Ă©viter de pousser « les autres fidĂšles vers le mal » et pour dĂ©fendre la moralitĂ© chrĂ©tienne en recevant la communion en privĂ© (et non en public) ou en public mais dans des endroits oĂč l’on n’est pas connu en tant que divorcĂ© remariĂ© ou concubin[19].

De la mĂȘme maniĂšre, ils ont le droit d'accĂšs Ă  tous les sacrement de l'Église dont le sacrement de pĂ©nitence et l’onction des malades.

Remariage sans continence

Le paragraphe 1395 du catĂ©chisme de l'Église catholique stipule que « l’Eucharistie n’est pas ordonnĂ©e au pardon des pĂ©chĂ©s mortels. Ceci est propre au sacrement de la RĂ©conciliation. Le propre de l’Eucharistie est d’ĂȘtre le sacrement de ceux qui sont dans la pleine communion de l’Église.»[20].

Le paragraphe 915 du Code de droit canonique Ă©tablit que « les excommuniĂ©s et les interdits, aprĂšs l’infliction ou la dĂ©claration de la peine, et ceux qui persistent avec obstination dans un pĂ©chĂ© grave et manifeste, ne seront pas admis Ă  la sainte communion»[21].

Ainsi, toute personne en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel, dont l'adultĂšre, ne peut communier Ă  l'Ă©glise[22]. Les personnes persistant dans l'adultĂšre, tels que les divorcĂ©s non continents remariĂ©s ou vivant en concubinage peuvent assister Ă  la messe sans toutefois prendre part Ă  la communion[23]. Ils n’ont pas non plus accĂšs au sacrement de pĂ©nitence (sauf s'ils dĂ©cident d'ĂȘtre continents)[24] ni Ă  l’onction des malades[25].

L'interdit de communion a été rappelé trois fois :

Cependant, Ă  la suite de son exhortation apostolique Laetitia Amoris[27] publiĂ©e le , le Pape François a approuvĂ© une lettre publiĂ©e en , par un groupe d’évĂȘques de Buenos Aires soulignant que quand elle est possible, la continence devra ĂȘtre proposĂ©e aux couples divorcĂ©s-remariĂ©s, mais « si l’on en vient Ă  reconnaĂźtre que, dans un cas concret, il y a des limitations qui attĂ©nuent la responsabilitĂ© et la faute, particuliĂšrement quand une personne considĂšre qu’elle tomberait dans un manquement ultĂ©rieur en provoquant des dommages aux enfants de la nouvelle union, Laetitia Amoris ouvre Ă  la possibilitĂ© d’accĂ©der aux sacrements de la rĂ©conciliation et de l’Eucharistie »[28].

Voir aussi

Notes et références

  1. « Évangile selon Saint-Matthieu, chapitre 5 », sur aelf.org (consultĂ© le ) : « Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illĂ©gitime, la pousse Ă  l’adultĂšre ; »
  2. « Évangile selon Saint-Matthieu, chapitre 19 », sur aelf.org (consultĂ© le ) : « Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illĂ©gitime – et qu’il en Ă©pouse une autre, il est adultĂšre. » »
  3. « Chapitre 5. Il existe des empĂȘchements au mariage », sur catholique.bf (consultĂ© le )
  4. Les divorcés remariés, Déclaration de nullité de mariage
  5. « Instruction Dignitas Connubii », sur vatican.va (consulté le ).
  6. « Chapitre 6. Procédures pour valider un mariage nul », sur catholique.bf (consulté le )
  7. La Croix, 9-09-2015, « Le pape simplifie la procédure des nullités de mariage »
  8. mais certains effets de ce mariage n'ayant jamais existé demeurent, tel le caractÚre légitime des enfants nés du couple plus de 9 mois aprÚs la célébration du mariage et jusqu'à 9 mois aprÚs la date de prononciation de la reconnaissance de nullité
  9. Peut-on annuler un mariage ? Et une ordination ?
  10. Témoignage chrétien, 27 octobre 2005.
  11. « Un mariage peut-il ĂȘtre annulĂ© ? Les dĂ©clarations en nullitĂ© de mariage. », sur toulouse.catholique.fr, (consultĂ© le )
  12. Hebdomadaire « La Vie », 26-09-2014, « Le mariage de deux non baptisés est-il lui aussi indissoluble ? »
  13. « Il semble qu’il y a des situations oĂč un « vrai » mariage peut ĂȘtre dissout par l’Église. Quelles sont-elles ? », sur catholique.bf, (consultĂ© le )
  14. « CatĂ©chisme de l'Église Catholique TROISIEME PARTIE LA VIE DANS LE CHRIST DEUXIÈME SECTION LES DIX COMMANDEMENTS CHAPITRE DEUXIEME " TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MEME " Article 6 LE SIXIEME COMMANDEMENT IV. Les offenses Ă  la dignitĂ© du mariage », sur vatican.va (consultĂ© le )
  15. Commission thĂ©ologique internationale, La morale chrĂ©tienne et ses normes : A) Les neuf thĂšses de Hans Urs von Balthasar approuvĂ©es « in forma generica » par la Commission ThĂ©ologique Internationale B) Les quatre thĂšses de Heinz SchĂŒrmann approuvĂ©es « in forma generica » par la Commission ThĂ©ologique Internationale, (lire en ligne)
  16. Mgr Franc RODÉ, « DIEU ET L'HOMME EUROPEEN », sur vatican.va, (consultĂ© le )
  17. « DÉCLARATION DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES TEXTES LÉGISLATIFS », sur vatican.va, (consultĂ© le )
  18. « Instructions pour ne pas s’égarer dans le labyrinthe d’"Amoris lĂŠtitia" », sur chiesa.espresso.repubblica.it (consultĂ© le )
  19. « CatĂ©chisme de l'Église Catholique DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN DEUXIÈME SECTION LES SEPT SACREMENTS DE ÉGLISE CHAPITRE PREMIER LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE Article 3 LE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE VI. Le banquet pascal », sur vatican.va (consultĂ© le )
  20. « Code de Droit Canonique LIVRE IV LA FONCTION DE SANCTIFICATION DE L'ÉGLISE (Cann. 834 - 848) PREMIERE PARTIE LES SACREMENTS TITRE III LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE (Cann. 897 - 958) CHAPITRE I LA CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE Art. 2 LA PARTICIPATION À LA TRÈS SAINTE EUCHARISTIE », sur vatican.va (consultĂ© le )
  21. « Peut-on communier si des péchés véniels ont été commis ? », sur fr.aleteia.org, (consulté le )
  22. Communion eucharistique, divorcés remariés et communion
  23. Code de droit canonique, canon 987
  24. Sacrement pour les malades, pastorale et célébrations, Chalet-Tardy, Paris, 1995 no 64 bis, p. 56. Cité in B. Pinçon et Ph. Bordeyne (ed.), Synode sur la vocation et la mission de la famille, 26 théologiens répondent, Paris, Bayard, 2015, p. 278.
  25. « CatĂ©chisme de l'Église Catholique DEUXIEME PARTIE LA CELEBRATION DU MYSTERE CHRETIEN DEUXIÈME SECTION LES SEPT SACREMENTS DE ÉGLISE CHAPITRE TROISIEME LES SACREMENTS DU SERVICE DE LA COMMUNION Article 7 LE SACREMENT DU MARIAGE V. Les biens et les exigences de l’amour conjugal », sur vatican.va (consultĂ© le )
  26. Le Figaro, 8-4-2016 « Le pape François ouvre la porte de la communion à certains divorcés remariés »
  27. La Vie, 15-09-2016, « Du nouveau pour les divorcés remariés ? Vraiment ? »

voir aussi Anne Bamberg, ProcĂ©dures matrimoniales en droit canonique, Paris, Ellipses Édition, 2011, 127 p.

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