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Rang cyclique (graphe orienté)

En thĂ©orie des graphes, le rang cyclique d'un graphe orientĂ© est une mesure de la connexitĂ© introduite par Eggan et BĂŒchi en 1963[1]. Intuitivement, cette valeur mesure Ă  quel point un graphe est presque acyclique : un graphe orientĂ© acyclique a un rang cyclique de zĂ©ro, tandis qu'un digraphe complet d'ordre n (avec une boucle Ă  chaque sommet) a un rang cyclique n. Le rang cyclique d'un graphe orientĂ© est proche de la hauteur d'Ă©toile des langages rationnels.

DĂ©finition

Le rang cyclique r(G) d'un graphe orienté G = (V, E) est défini par induction sur le nombre de sommets dans G :

  • Si G est acyclique, alors r(G) = 0.
  • Si G est fortement connexe et E non vide, alors
oĂč est le graphe orientĂ© obtenu en supprimant le sommet v et toutes les arĂȘtes qui commencent ou terminent au sommet v.
  • Si G n'est pas fortement connexe, alors r(G) est Ă©gal au maximum des rangs cycliques des composantes fortement connexes de G.

Histoire

Le rang cyclique a été introduit par Eggan[1] pour résoudre le problÚme de la hauteur d'étoile des langages rationnels. Il a été ensuite redécouvert par Eisenstat et Liu[2] par généralisation de la notion de profondeur d'arbre pour les graphes non orientés, qui a été développée et appliquée aux calculs de matrices creuses dans les années 80[3].

Exemples

Le rang cyclique d'un graphe orientĂ© acyclique est 0, et un graphe complet Ă  n sommets (avec, en plus une arĂȘte allant de chaque sommet Ă  lui-mĂȘme) a un rang cyclique de n. Le rang cyclique de quelques autres graphes est connu :

  • Le chemin de n sommets Ă  double sens a un rang cyclique de [4] .
  • Le produit cartĂ©sien du cycle Ă  n sommets et du cycle Ă  m sommets (c’est-Ă -dire le tore Ă  m lignes et n colonnes) est n si m ≠ n et si m ≠ n[1] - [5].

Calculer le rang cyclique

Le calcul du rang cyclique est un problĂšme algorithmique complexe. Le problĂšme de dĂ©cision est NP-complet, mĂȘme pour des graphes orientĂ©s de degrĂ© 2[6]. On peut trouver une solution en temps en sur des graphes orientĂ©s de degrĂ© au plus 2, et en temps en en gĂ©nĂ©ral. Il existe un algorithme d'approximation de ratio en .

Applications

La hauteur d'Ă©toile des langages rationnels

La premiĂšre application du rang cyclique fut en thĂ©orie des langages formels, afin d'Ă©tudier la hauteur d'Ă©toile des langages rationnels. Eggan (1963) Ă©tablit une relation entre la thĂ©orie des expressions rĂ©guliĂšres, des automates finis et des graphes orientĂ©s. Dans les annĂ©es qui suivirent, cette relation devint connue sous le nom du ThĂ©orĂšme d'Eggan, cf. Sakarovitch (2009). Dans la thĂ©orie des automates, un automate fini non-dĂ©terministe avec Δ-transitions (Δ-AFN) est dĂ©fini par un 5-uplet (Q, ÎŁ, ÎŽ, q0, F) oĂč

  • Q est un ensemble fini d'Ă©tats
  • ÎŁ est un ensemble fini de lettres
  • ÎŽ est un ensemble d'arcs orientĂ©s Ă©tiquetĂ©s par des lettres, reprĂ©sentĂ© par une partie de Q × (ÎŁâˆȘ{Δ}) × Q oĂč Δ reprĂ©sente le mot vide
  • q0 ∈ Q est l'Ă©tat initial
  • F ⊆ Q est l'ensemble des Ă©tats finaux ou Ă©tats acceptants

Un mot m ∈ ÎŁ* est acceptĂ© par l'Δ-AFN si, et seulement si, il existe un chemin de l'Ă©tat initial q0 Ă  un Ă©tat final de F n'utilisant que des arcs de ÎŽ et de sorte que la concatĂ©nation de toutes les Ă©tiquettes visitĂ©es au long du chemin forme le mot m. L'ensemble des mots de ÎŁ* acceptĂ©s par l'automate est le langage acceptĂ© par l'automate. Un automate fini non-dĂ©terministe peut ĂȘtre vu comme un graphe orientĂ© dont les sommets sont les Ă©tats Q et dont les arcs sont les transitions de ÎŽ.

Ainsi s'énonce le théorÚme :

ThéorÚme d'Eggan : La hauteur d'étoile d'un langage rationnel L est égale au rang cyclique minimum parmi tous les automates finis non-déterministes avec Δ-transitions acceptant L.

La preuve de ce théorÚme est donnée dans Eggan (1963)[7], et plus récemment dans Sakarovitch (2009)[8].

Factorisation de Cholesky dans le calcul des matrices creuses

Une autre application de ce concept appartient au domaine du calcul des matrices creuses, plus prĂ©cisĂ©ment pour utiliser la dissection imbriquĂ©e pour calculer la factorisation de Cholesky d'une matrice (symĂ©trique) en parallĂšle. Une matrice M creuse carrĂ©e de taille n peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme la matrice d'adjacence d'un graphe orientĂ© G symĂ©trique ayant n sommets, de sorte que les coefficients non-nuls de la matrice correspondent exactement aux arcs de G. Si le rang cyclique du graphe orientĂ© G est au plus k, alors la factorisation de Cholesky de M peut ĂȘtre calculĂ©e en au plus k Ă©tapes sur un ordinateur parallĂšle disposant de processeurs (Dereniowski & Kubale 2004[9]).

Notes et références

  1. (en) Eggan, Lawrence C., « Transition graphs and the star-height of regular events », Michigan Mathematical Journal,‎ , p. 385–397
  2. (en) Eisenstat, Stanley C et Liu, Joseph W. H., « The theory of elimination trees for sparse unsymmetric matrices », The theory of elimination trees for sparse unsymmetric matrices,‎ , p. 686-705
  3. (en) Schreiber, Robert, « A new implementation of sparse Gaussian elimination », ACM Transactions on Mathematical Software,‎ , p. 256-276 (lire en ligne)
  4. (en) McNaughton, Robert, « The loop complexity of regular events », Information Sciences,‎ , p. 305-328
  5. (en) Gruber, Hermann et Holzer, Markus, « Finite automata, digraph connectivity, and regular expression size », International Colloquium on Automata, Languages and Programming,‎ , p. 39-50
  6. (en) Gruber, Hermann, « Digraph Complexity Measures and Applications in Formal Language Theory », Discrete Mathematics & Theoretical Computer Science,‎ , p. 189-204 (lire en ligne)
  7. (en) Eggan, Lawrence C., « Transition graphs and the star-height of regular events », Michigan Mathematical Journal,‎ , p. 385–397 (lire en ligne)
  8. (en) Sakarovitch, Jacques, Elements of Automata Theory, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-84425-8)
  9. (en) Dereniowski, Dariusz et Kubale, Marek, « Cholesky Factorization of Matrices in Parallel and Ranking of Graphs », Lecture Notes on Computer Science,‎ , p. 985–992 (lire en ligne)
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