Raja undulata
La raie brunette (Raja undulata) est une espĂšce de raies appartenant Ă la famille des Rajidae. Ce poisson cartilagineux vit en Mer MĂ©diterranĂ©e et en Atlantique-Est (du sud de l'Irlande et de l'Angleterre Ă l'Afrique (Golfe de GuinĂ©e)[1]. Il se nourrit sur le fond marin vaseux ou sableux/graveleux. On l'a trouvĂ© jusqu'Ă 200 m (660 pieds) de profondeur, mais il prĂ©fĂšre les eaux moins profondes[1]. L'espĂšce est classĂ©e "en danger" et considĂ©rĂ©e comme menacĂ©e par la surpĂȘche[1] mais elle tend Ă reconstituer ses effectifs dans les annĂ©es 2000 2010 grĂące aux quotas de pĂȘche.
RĂšgne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Chondrichthyes |
Sous-classe | Elasmobranchii |
Super-ordre | Euselachii |
Ordre | Rajiformes |
Famille | Rajidae |
Genre | Raja |
EN A2bd+3d+4bd : En danger
Description
Le corps est discoïde et triangulaire à l'avant et presque circulaire à l'arriÚre, porteur de denticules cutanés pour certaines développés comme épines protectrices. Les épines médianes sont dispersées chez les adultes, et réguliÚres chez les jeunes. Les mùles en ont une rangée latérale (de chaque cÎté), alors que les femelles en portent trois[2].
Les yeux sont de taille moyenne et suivis de spiracles.
Comme chez les autres raies, la bouche est située sur la surface ventrale et est légÚrement arquée. Elle est suivie de cinq paires de petites fentes branchiales.
La queue, aussi longue que le corps, est dotée de deux nageoires dorsales bien séparées prÚs de son extrémité, avec généralement deux épines entre elles.
Robe et couleurs : Sur le dos elle varie selon les individus et l'environnement (capacité mimétique), du brun clair à la citrine ou au gris, avec des lignes et bandes ondulées plus foncées et de nombreuses petites taches blanches. Le museau et les marges sont souvent plus clairs, avec des taches sombres[3]. Le dessous du corps est blanc crÚme avec une marge grisùtre.
Poids (adulte) : environ 4,5 kg (10 lb) et exceptionnellement jusqu'Ă 10,04 kg (22,13 lb)
Taille (adulte) : environ 1 m de long (39 po)[4] avec des spécimens signalés à 1,14 m et 1,20 m [5] - [6].
Distribution
Cette espĂšce a une distribution inĂ©gale et discontinue dans le nord-est de l'Atlantique (peut-ĂȘtre en partie en raison de sa surpĂȘche).
On la trouve depuis le sud de l'Irlande et l'Angleterre jusquâau SĂ©nĂ©gal et en MĂ©diterranĂ©e occidentale (et trĂšs exceptionnellement cĂŽtĂ© oriental).
Cette raie est gĂ©nĂ©ralement rare, mais peut ĂȘtre localement abondante, notamment au nord-ouest de l'Irlande, et en Manche orientale ou aux abords de la cĂŽte sud du Portugal[7].
Habitats
Comme d'autres raies on la trouve gĂ©nĂ©ralement sur les fonds sableux, boueux ou dĂ©tritiques, Ă des profondeurs de 50 Ă 200 m des rĂ©gions cĂŽtiĂšres jusqu'au talus continental supĂ©rieur, mĂȘme s'il est parfois possible de le trouver dans des eaux moins profondes[8].
Biologie
En raison de sa raretĂ© et de la profondeur oĂč elle vit, il existe encore peu de donnĂ©es sur la biologie de cette espĂšce.
En utilisant les vertÚbres comme marqueurs de croissance, sa durée de vie maximale a été estimée à 21-23 ans[9]. Sa maturité sexuelle est tardive. Les parents ne s'occupent pas des alevins.
Ce poisson est cartilagineux.
La raie brunette est ovipare. Les femelles pondent leurs Ćufs de mars Ă septembre[10]. Comme chez les autres raies et chez les requins, chaque Ćuf est noir et protĂ©gĂ© par une coque coriace avec des coins cornĂ©s (dite « bourse de sirĂšne »). Ces Ćufs mesurent gĂ©nĂ©ralement de 72 Ă 90 mm de long, pour une largeur de 42 Ă 52 mm. Ils sont parfois retrouvĂ©s sur les plages aprĂšs les tempĂȘtes, mais gĂ©nĂ©ralement vides[11].
Ses conditions de reproduction sont mal connues, mais on alors que les adultes sont trouvés au large, les juvéniles sont trouvés dans des baies et des eaux intérieures tels que lagons cÎtiers, rias, sorties d'estuaires, ce qui laisse penser que R. undulata a besoin d'eaux moins salées pour son début de cycle de vie[8], or ces eaux sont souvent plus polluées que les eaux du grand large.
Alimentation
La raie brunette mange de petits poissons, des crustacés, des mollusques et d'autres organismes macrobenthiques[2].
Interactions avec l'Homme
Cet animal, comme d'autres espĂšces benthoniques de taille similaire est capturĂ© accidentellement ou intentionnellement par les pĂȘcheries commerciales utilisant des chaluts, des filets maillants et des engins linĂ©aires[7].
C'est aussi un hÎte commun et apprécié dans les aquariums publics.
Mesures de protection et restauration
En raison de sa maturitĂ© sexuelle tardive et de son faible taux de croissance dĂ©mographique, la raie brunette est jugĂ©e extrĂȘmement vulnĂ©rable Ă l'exploitation par les pĂȘcheries[12].
En Atlantique-Nord, le nombre d'individus de cette espĂšce avait fortement diminuĂ©, dans la zone irlandaise notamment et l'espĂšce semblait avoir disparu d'une grande partie de la Manche Ă la fin du XXe siĂšcle. C'est pourquoi dans le contexte d'une pĂȘche europĂ©enne se voulant plus durable, depuis 2009 il est thĂ©oriquement interdit dans toutes les eaux europĂ©ennes de conserver Ă bord et ramener terre les raies brunettes pĂȘchĂ©es en mer, en raison des prĂ©occupations liĂ©es Ă la taille dĂ©croissante des stocks. Ces raies doivent ĂȘtre remis Ă l'eau (indemne tant que possible)[13]. Depuis la mise en place de cette mesure de protection (mal acceptĂ©e dans les zones oĂč l'espĂšce Ă©tait encore relativement abondante[8]), les pĂȘcheurs et les biologistes marins constatent un certain retour de l'espĂšce[14]. En , le CIEM (Conseil international pour l'exploration de la mer) a conclu des statistiques disponibles que l'indice de biomasse de l'espĂšce a augmentĂ© de 58 % entre la pĂ©riode 2011-2015 et 2016-2017 (mais Ă partir d'un stock trĂšs bas). Ce stock est classĂ© en catĂ©gorie 3 (sans rĂ©fĂ©rence de rendement maximal durable), ce qui implique une hausse du plafonnement du prĂ©lĂšvement plafonnĂ© (par le Cie) Ă 20 %, afin de sâaffranchir des incertitudes et fluctuations interannuelles[15].
Menaces, Ă©tat des populations et mesures pour une pĂȘche durable
La principale menace pour l'espĂšce est a priori la surpĂȘche ; En 2014, 300 tonnes de cette espĂšce auraient Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©es par les pĂȘcheurs professionnels, tombĂ© Ă 139 tonnes en 2017[15].
Par ailleurs comme tous les poissons se nourrissant sur le fond marin, cette espÚce est vulnérable à la destruction de ces fonds par le chalutage, et à certaines pollutions (métaux lourds, munitions immergées...), qui peuvent aussi la rendre plus vulnérable au parasitisme (notamment étudié en Espagne[16] ; une nouvelle espÚce de vers parasite a été découverte chez cette raie[17]).
En 2018 l'Ă©tat et l'Ă©volution dĂ©mographique des populations est encore difficile Ă Ă©valuer car avant la mise en place du moratoire, les quantitĂ©s dĂ©barquĂ©es n'Ă©taient pas dĂ©clarĂ©es avec prĂ©cision (cette espĂšce - par ailleurs assez facilement confondues avec des espĂšces proches - Ă©tait en effet comptabilisĂ©e parmi toutes les raies dĂ©barquĂ©es, avant d'ĂȘtre interdite de pĂȘche, puis de faire l'objet d'une « pĂȘche accessoire limitĂ©e » (depuis 2015, Ă la suite d'Ă©tudes scientifiques associant des pĂȘcheurs et ayant montrĂ© un relatif retour de l'espĂšce[18] et Ă la suite de l'avis du CSTEP (ComitĂ© scientifique, technique et Ă©conomique de la pĂȘche (organisme consultatif) adressĂ© Ă la Commission europĂ©enne le , pour la Manche et le golfe de Gascogne[19]. Sur une partie de son aire de rĂ©partition on manque de donnĂ©es pour le calcul de l'indice d'abondance (dont dans le golfe de Gascogne) ; le CIEM applique pour la pĂȘche un -20 % de prĂ©caution[15].
Le niveau de prélÚvement historique ou soutenable est inconnu.
Le CIEM s'est donc basé sur les captures comptabilisées en 2011-2017 (environ 1 773 tonnes/an en moyenne pour les débarquements + rejets en mer). Il applique +20 % à cette quantité (2 127 t/an) ; si le taux de rejet reste de 95 %, le CIEM recommande pour 2018, 2019 et 2020, de ne pas débarquer plus de 115 tonnes/an.
C'est une forte hausse (+ 77%) comparĂ©e Ă lâavis prĂ©cĂ©dent du CIEM (pas plus de 65 t/an pour 2017 et 2018, la hausse serait de 77 %... mais comparĂ© au Tac de 180 t/an retenu en 2017, ou mĂȘle aux 139 tonnes dĂ©barquĂ©es, cet avis correspond Ă une diminution[15].
Les calculs du Ciem supposent que la survie de la raie brunette relùchée aprÚs capture est de 100 %, ce qui n'est certainement pas le cas en réalité[15].
Avec une survie de moins de 100 %, « il pourrait ĂȘtre possible, Ă mortalitĂ© par pĂȘche constante, dâaugmenter les dĂ©barquements en rejetant moins, Ă la condition que les captures totales diminuent », note l'ichtyologue Alain Biseau en aout 2018[15].
Notes et références
- Coelho R, Bertozzi M, Ungaro N & Ellis J (2009) "Raja undulata". The IUCN Red List of Threatened Species. IUCN : e.T161425A5420694. doi:10.2305/IUCN.UK.2009-2.RLTS.T161425A5420694.en. Consulté le 27 December 2017.
- Hurst, Richard (2015) "Undulate ray Raja undulata" (PDF). Shark Trust. Consulté le 04 janvier
- "Undulate ray (Raja undulata)". Marine Species Identification Portal. KeyToNature Project Consortium. Consulté le 04 janvier 2015
- "Undulate Ray (Raja undulata)". the European Federation Of Sea Anglers ; consulté le 4 janvier 2015.
- Wheeler A (1978) Key to the Fishes of Northern Europe. London: Warne.
- Banon R, Quinteiro R, GarcĂa M, Juncal L, Campelos J, Gancedo A, Lamas F, Morales C & LandĂn J (2008) Composicion, distribucion y abundancia de rayas (Elasmobranchii: Rajidae) en aguas costeras de Galicia. Foro dos Recursos Marinos e da Acuicultura das RĂas Galegas 10, 325â331
- "Raja undulata Undulate Ray". Encyclopedia of Life. Consulté le 04 janvier 2015.
- Ellis JR, McCully SR, Brown MJ (Avril 2012). "An overview of the biology and status of undulate ray Raja undulata in the north-east Atlantic Ocean". J Fish Biol. 80 (5): 1057â74. doi:10.1111/j.1095-8649.2011.03211.x. .
- Coelho R et al. (September 2002) Fisheries Biology of the Undulate Ray, Raja undulata , in the Algarve ( Southern Portugal) (PDF). Northwest Atlantic Fisheries Organization Scientific council meeting. Consulté le 04 Janviera 2015
- Pollerspöck, JĂŒrgen. "Raja undulata LACEPĂDE, 1802". www.shark-references.com. ConsultĂ© le 04 janvier 2015.
- "Skate and Ray Eggcase Identification Guide" (PDF). Marine Conservation Society. Consulté le 04 janvier 2015
- Coelho R, Erzini K (October 2006). "Reproductive aspects of the undulate ray, Raja undulata, from the south coast of Portugal". Fisheries Research. 81 (1): 80â85. doi:10.1016/j.fishres.2006.05.017
- Rossell, Robert "Raja undulata â undulate ray" | National Museums Northern Ireland | ConsultĂ© le 04 janvier 2015
- Raie brunette : le Ciem au frein malgré la hausse de biomasse, Journal Le Marin, publié le 24 juillet 2018 | Mis à jour le 25/07/2018 | La biomasse de la raie brunette augmente en Manche, reconnaissent enfin les scientifiques du Ciem
- Raie brunette : le Ciem au frein malgré la hausse de biomasse publié le 24 juillet 2018 par le journal Le Marin
- Sanmartın, M. L., Alvarez, M. F., Peris, D., Iglesias, R., & Leiro, J. (2000). Parasite community study of the undulate ray Raja undulata in the RıÌa of Muros (Galicia, northwest Spain). Aquaculture, 184(3-4), 189-201.
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- Une pĂȘche accessoire limitĂ©e de la raie brunette est autorisĂ©e PubliĂ© le 27/03/2015
- Raie brunette : câest en bonne voie pour obtenir sa pĂȘche accessoire Journal du Marin - 04/03/2015
Liens externes
- (en) Référence Kew Garden World Checklist : Raja undulata
- (fr) Référence DORIS : espÚce Raja undulata
- (fr+en) Référence FishBase :
- (fr+en) Référence ITIS : Raja undulata Lacepede, 1802
- (en) Référence World Register of Marine Species : espÚce Raja undulata LacepÚde, 1802
- (en) Référence Animal Diversity Web : Raja undulata
- (en) Référence NCBI : Raja undulata (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espÚce Raja undulata LacépÚde 1802 (consulté le )
Bibliographie
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- Coelho, R., & Erzini, K. (2002) Age and growth of the undulate ray, Raja undulata, in the Algarve (southern Portugal). Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 82(6), 987-990 ;
- Molist P, RodrĂguez-Moldes I & AnadĂłn R (1993) Organization of catecholaminergic systems in the hypothalamus of two elasmobranch species, Raja undulata and Scyliorhinus canicula. A histofluorescence and immunohistochemical study. Brain, behavior and evolution, 41(6), 290-302 (rĂ©sumĂ©) ;
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- Moura, T., Figueiredo, I., Farias, I., Serra-Pereira, B., Coelho, R., Erzini, K., ... & Gordo, L. S. (2007). The use of caudal thorns for ageing Raja undulata from the Portuguese continental shelf, with comments on its reproductive cycle. Marine and Freshwater Research, 58(11), 983-992.