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Ragenold de Nantes

Ragenold de Nantes (vieux norrois Rögnvaldr ou Rǫgnvaldr), était un chef viking qui constitua une petite principauté scandinave à Nantes (Nancsaborg ou Namsborg[1] - [Note 1]) et dans sa région. Il fut roi viking de Nantes de 919 à sa mort en 930[2] - [3].

Ragenold de Nantes
Titre de noblesse
Duc
Biographie
DĂ©cĂšs
Vers
Nantes
Activité

Biographie

Selon Jean Renaud, un chef viking d’origine norvĂ©gienne, Rögnvaldr, que l’annaliste franc Flodoard nomme Ragenold, s’engage en 919 sur la Loire ; il prend le contrĂŽle de l’estuaire et s’empare de Nantes. Le comte Foulque Ier d'Anjou qui revendiquait le titre de comte de Nantes est incapable de dĂ©fendre la rĂ©gion[4] - [5].

Le comte Robert de France doit intervenir en 921. Il assiĂšge les Vikings pendant cinq mois, et reçoit d’eux des otages. Il leur concĂšde Nantes et la Bretagne[6] qu’ils avaient dĂ©vastĂ©e contre une vague promesse de conversion au christianisme[7].

Le roi Charles le Simple, dĂ©chu par les grands du royaume en 922, invoque l’appui des chefs scandinaves, Rollon et Ragenold qui dĂ©vastent la Francie au-delĂ  de l’Oise en 923[8]. Le nouveau roi Raoul de France les arrĂȘte puis les poursuit jusqu’en Normandie. Les nĂ©gociations qui s’engagent tournent Ă  l’avantage de Rollon qui reçoit en plus de Rouen, qu’il contrĂŽlait dĂ©jĂ , l’HiĂ©mois et le Bessin. En revanche, Ragenold, qui n’avait pas encore « reçu de terres dans les Gaules », ravage les possessions entre Seine et Loire du duc Hugues qui comme Guillaume II le Jeune Duc d’Aquitaine[9] doit traiter avec lui pour qu'il rentre en Bretagne[10].

L’annĂ©e suivante, Ragenold et les siens ravagent la Bourgogne[11]. Mais les comtes Garnier de Sens, ManassĂšs II de Dijon et les Ă©vĂȘques Josselin de Langres et Ansegise de Troyes lui infligent une sĂ©vĂšre dĂ©faite, le Ă  Calaus mons (qui est peut-ĂȘtre Chalmont, entre Milly-la-ForĂȘt et Barbizon[Note 2], ou Chalaux, sur la riviĂšre du mĂȘme nom, dans la NiĂšvre, ou encore Ă  l'embouchure de l'Arconce prĂšs du lieu-dit Caro, devenu depuis Carrouges[12]).

En 927, les Francs, maintenant en paix avec Guillaume Longue ÉpĂ©e, le fils et successeur de Rollon, entreprennent une nouvelle campagne contre Nantes. Le duc des Francs Hugues et le comte Herbert II de Vermandois assiĂšgent la ville pendant cinq semaines, donnent et reçoivent des otages. Les Scandinaves conservent le Nantais en toute propriĂ©tĂ©[13].

Ragenold y rĂšgne jusqu’à sa disparition. On ignore les rapports qu’il entretenait avec les autres bandes vikings qui s’étaient Ă©tablies dans le sud de la Bretagne dans le Morbihan et en Cornouaille comme dans le nord ; dans le LĂ©on en TrĂ©gor et dans la rĂ©gion de Dol.

Aimon, le rĂ©dacteur du second livre des Miracles de St Benoit indique qu’il serait mort aprĂšs une tentative de pillage de l’abbaye de Saint-BenoĂźt-sur-Loire Ă  la suite d’une intervention du saint qui lui aurait reprochĂ© ses pillages et ordonnĂ© de quitter les lieux.

Ragenold mourut, sans doute de maladie, Ă  Nantes vers 930 ; Incon (HĂĄkon ou Inge) lui succĂ©da Ă  la tĂȘte de la petite principautĂ© viking qu'il avait constituĂ©e.

Notes et références

Notes

  1. Si le nom de la Loire, Leira, s'est perpĂ©tuĂ© en islandais moderne (descendant direct du vieux norrois ou vieil islandais), en revanche l'adaptation scandinave du nom de Nantes a disparu et ce, contrairement Ă  celle de Rouen qui se perpĂ©tue toujours en islandais moderne sous les formes RĂșĂ°uborg ou RĂșĂ°a, la Seine se disant Signa
  2. Philippe Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936), (lire en ligne) : « Tandis que Roegnvald pĂ©nĂ©trait dans la Bourgogne, pillant tout sur son passage, les comtes Garnier de Sens, Manasses II de Dijon, avec les Ă©vĂȘques Josselin de Langres et Anseis de Troyes, prĂ©venus peut-ĂȘtre sous main par le marquis Hugues, avaient rassemblĂ© leurs vassaux. Ces seigneurs se portĂšrent Ă  la rencontre des Scandinaves qui se retiraient vers la France du nord, chargĂ©s de butin. Le choc eut lieu sur les confins du GĂątinais, Ă  Chalmont, le . La lutte fut acharnĂ©e. Il s'agissait pour les vikings d'assurer leur retraite, et les Bourguignons Ă©taient dĂ©cidĂ©s Ă  leur faire expier les ravages qu'ils avaient faits chez eux. Huit cents Homme du Nord restĂšrent, dit-on, sur la place. Du cĂŽtĂ© bourguignon, le comte Garnier ayant eu son cheval tuĂ© sous lui fut pris et mis Ă  mort ».

Références

  1. Malo Adeux, The Place Names in the Breton Lays A Research on a Literary Mental Universe, Viking and Medieval Norse Studies, HÁSKÓLI ÍSLANDS, Hugvísindasvið, p. 32-38 The Place Names in the Lays (lire en ligne)
  2. Abel Hugo, Histoire générale de la France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Delloye, 1857, p. 415-416.
  3. (en) John Haywood, Northmen, Head of Zeus, , 400 p. (ISBN 978-1-78185-522-5, lire en ligne), p. 122
  4. Renaud 1992, p. 133.
  5. Chroniques de Flodoard, AD 919.
  6. Renaud 1992, p. 134-135.
  7. Chroniques de Flodoard, AD 921.
  8. Chroniques de Flodoard, AD 923.
  9. Renaud 1992, p. 135.
  10. Chroniques de Flodoard, AD 924.
  11. Chroniques de Flodoard, AD 925.
  12. En Charolais tel que les Grandes Chroniques de France l'Ă©crivent
  13. Chroniques de Flodoard, AD 927.

Sources

  • Jean Renaud, Les Vikings et les Celtes, Rennes, Ouest-France UniversitĂ©, , 277 p. (ISBN 2-7373-0901-8), p. 132-138 L'interrĂšgne scandinave
  • Flodoard (trad. du latin), Chroniques fĂ©odales 918-978, Clermont-Ferrand, Paleo, coll. « Sources de l'Histoire de France », , 179 p. (ISBN 2-913944-65-5).
  • Bruno Renoult, Les Vikings en Bretagne, Barcelone, Nothung, coll. « Bretland », (ISBN 84-7633-005-7).
  • NoĂ«l-Yves Tonnerre, Naissance de la Bretagne : GĂ©ographie historique et structures sociales de la Bretagne mĂ©ridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe Ă  la fin du XIIe siĂšcle, Angers, Presses de l'UniversitĂ© d'Angers, , 625 p. (ISBN 978-2-903075-58-3), p. 273-281.
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