RĂ©volution de 1858 en Uruguay
La rĂ©volution de 1858 est un soulèvement organisĂ© par des dissidents du Parti colorado contre le gouvernement lĂ©gal de l'Uruguay. L'Ă©pisode se solda par la dĂ©faite des rĂ©volutionnaires et l'exĂ©cution de leurs chefs (notamment le gĂ©nĂ©ral CĂ©sar DĂaz).
Contexte
Au lendemain de la Grande Guerre (1839-1851), l'Uruguay était un pays ravagé, exsangue et sous tutelle brésilienne alors que la population, épuisée par plus de dix ans de conflit, aspirait à une paix durable. Les intellectuels des deux partis de l'époque - les doctores - proposèrent alors de créer une nouvelle formation politique pour rassembler les Uruguayens et oublier les haines du passé. C'était le moyen, selon eux, d'en finir avec les causes des guerres civiles : les caudillos et les divisions entre les blancos et les colorados. Mais cette approche, dite « politique de fusion », ne fit pas l'unanimité. Les caudillos, blancos comme colorados, défendirent une autre vision, basée plutôt sur la négociation entre les partis traditionnels : la « politique de pactes ».
Le premier prĂ©sident de l'après-guerre, le blanco Juan Francisco GirĂł, mena une « politique de fusion » et intĂ©gra des figures du mouvement colorado dans son gouvernement : CĂ©sar DĂaz, au ministère de la Guerre, et Venancio Flores, Ă la prĂ©fecture de police de Montevideo. Mais les vieilles divisions, profondĂ©ment ancrĂ©es dans les mentalitĂ©s, ne disparurent pas ; au contraire, elles s'accentuèrent et une mutinerie - menĂ©e par des militaires colorados - obligea le prĂ©sident Ă dĂ©missionner le .
À partir de 1856, le président Gabriel Antonio Pereira conduisit à nouveau une « politique de fusion », mais dut affronter une vive opposition de la part du Parti conservateur (composé de colorados dissidents, profondément attachés aux valeurs du gouvernement de la Défense). Ces derniers menèrent une virulente campagne de presse pour dénoncer la nouvelle politique, et un gouvernement, selon eux, passé sous le contrôle des blancos. La situation empira rapidement : le président décida d'empêcher toute propagande des partis et interdit une réunion des colorados conservateurs, qui organisèrent alors une conspiration (dont les principaux organisateurs furent expulsés vers Buenos Aires) et qui refusèrent de participer aux élections de . L’affrontement était inévitable. Les révolutionnaires se préparèrent avec l'aide des unitaires argentins, tandis que Gabriel A. Pereira se rapprocha du Brésil et du fédéraliste Justo José de Urquiza. La rapidité des événements empêcha cependant toute internationalisation des hostilités.
Soulèvement et « massacre de Quinteros »
En , les rĂ©volutionnaires se soulevèrent dans divers endroits du pays. Le de l'annĂ©e suivante, CĂ©sar DĂaz dĂ©barqua Ă Montevideo et tenta de prendre la ville, mais sans succès. Il se dirigea ensuite vers l'intĂ©rieur du pays oĂą, sans le soutien des caudillos colorados, il essuya deux dĂ©faites : la première, le , sur la rivière Cagancha face au colonel Lucas Moreno ; la seconde, le , au lieu-dit Paso de Quinteros - sur le RĂo Negro - face au gĂ©nĂ©ral Anacleto Medina (qui garantit la vie des chefs rebelles en Ă©change de la reddition, alors que le gouvernement les avait dĂ©jĂ condamnĂ©s Ă mort). Mais le prĂ©sident Gabriel A. Pereira, inflexible, refusa toute clĂ©mence et ordonna leur exĂ©cution.
A. Medina accomplit sa mission Ă partir du 1er fĂ©vrier : les gĂ©nĂ©raux CĂ©sar DĂaz et Manuel Freyre (l'un des Trente-trois Orientaux), ainsi que de nombreux colonels et officiers – soit cent cinquante-deux personnes d'après certaines sources – furent Ă©liminĂ©s. Cet acte, qui mit fin Ă la rĂ©volution de 1858, consterna la population et passa Ă l'histoire sous le nom de "Massacre de Quinteros" ou d'"HĂ©catombe de Quinteros". Le Parti colorado prĂ©senta les exĂ©cutions comme d'ignobles crimes perpĂ©trĂ©s par un gouvernement blanco et l'Ă©pisode devint, pour longtemps, une rĂ©fĂ©rence incontournable de la geste et du martyrologe colorados.
La défaite des révolutionnaires, ainsi que la mort de Manuel Oribe en et l'éloignement de Venancio Flores, permirent au président Gabriel A. Pereira de terminer son mandat dans un climat de relative tranquillité. Pourtant, l'épisode de Quinteros raviva les haines entre les partis traditionnels et contribua, par la suite, à l'échec de la « politique de fusion » dans le pays.
Source
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Revolución de 1858 » (voir la liste des auteurs).