RĂ©servoir magmatique
Un réservoir magmatique est, comme une chambre magmatique, une cavité souterraine emplie de magma, c'est-à -dire de roches partiellement ou totalement fondues (ou, plus exactement, d'un liquide partiellement ou non cristallisé).
Processus de différenciation magmatique dans des réservoirs.
Les deux termes sont souvent considérés comme synonymes, mais les spécialistes distinguent[1] :
- les chambres magmatiques sensu stricto, emplies d'un matĂ©riau capable de couler (fraction cristallisĂ©e Ï < Ïp = 50-60 %[alpha 1] - [2]) et donc d'engendrer une Ă©ruption ;
- les mushs cristallins (en) (mush est un mot anglais signifiant « bouillie »), constituĂ©s d'un matĂ©riau rigide (Ï > Ïp) et ne pouvant donc engendrer une Ă©ruption qu'aprĂšs une rĂ©activation ;
- les réservoirs magmatiques, qui regroupent les chambres magmatiques et les mushs cristallins.
Preuves d'existence
L'existence des réservoirs magmatiques, actuelle ou passée, est attestée par :
- des observations indirectes, essentiellement par des mĂ©thodes gĂ©ophysiques comme la tomographie sismique. Exemple : le rĂ©servoir magmatique du Yellowstone, au Wyoming (Ătats-Unis)[3] ;
- la prĂ©sence Ă l'affleurement, Ă la suite de mouvements tectoniques et de l'Ă©rosion, de grands plutons dont on peut montrer qu'ils rĂ©sultent de la cristallisation d'un magma Ă des profondeurs de l'ordre de 5 Ă 15 km. Exemple : le pluton de Searchlight (Eldorado Mountains (en)), au Nevada (Ătats-Unis)[4] ;
- les roches et tĂ©phras Ă©mis par les superĂ©ruptions, ainsi que les gigantesques caldeiras qu'elles ont laissĂ©es derriĂšre elles. Exemples : la caldeira de Creede, au Colorado (Ătats-Unis)[5], ou la caldeira du lac Toba, Ă Sumatra (IndonĂ©sie).
Profondeur, taille et forme
La profondeur du toit d'un rĂ©servoir, son Ă©paisseur et â dans une certaine mesure â sa forme peuvent ĂȘtre estimĂ©es, dans des cas favorables :
- pour les réservoirs actuels, par des méthodes sismologiques, via la localisation des hypocentres des séismes volcaniques (en creux, aucun séisme ne se produisant à l'intérieur du réservoir) ou la tomographie sismique (les matériaux du réservoir étant caractérisés par une vitesse des ondes sismiques plus faible et une atténuation (en) plus forte que ceux de l'encaissant). Ces méthodes ont notamment été appliquées à la caldeira de Yellowstone et aux réservoirs du Kīlauea ;
- pour les rĂ©servoirs anciens, la profondeur et l'Ă©paisseur du rĂ©servoir peuvent ĂȘtre estimĂ©s Ă partir de la composition chimique des minĂ©raux des roches. Notamment, le partage de l'aluminium entre l'amphibole et le plagioclase ou la biotite fournit un gĂ©obaromĂštre applicable aux grands rĂ©servoirs siliceux, permettant d'estimer la profondeur et l'Ă©paisseur avec une incertitude de l'ordre de 2,7 et 0,8 km, respectivement[6].
Notes et références
Notes
- Le seuil de percolation Ïp dĂ©pend de la forme des cristaux.
Références
- (en) Olivier Bachmann et George Bergantz, « The Magma Reservoirs That Feed Supereruptions », Elements, vol. 4, no 1,â , p. 17-21 (DOI 10.2113/GSELEMENTS.4.1.17).
- (en) B. D. Marsh, « On the crystallinity, probability of occurrence, and rheology of lava and magma », Contributions to Mineralogy and Petrology, vol. 78, no 1,â , p. 85-98 (DOI 10.1007/BF00371146).
- (en) Douglas S. Miller et Robert B. Smith, « P and S velocity structure of the Yellowstone volcanic field from local earthquake and controlledâsource tomography », JGR Solid Earth, vol. 104, no B7,â , p. 15105-15121 (DOI 10.1029/1998JB900095).
- (en) Calvin F. Miller et Jonathan S. Miller, « Contrasting stratified plutons exposed in tilt blocks, Eldorado Mountains, Colorado River Rift, NV, USA », Lithos, vol. 61, nos 3â4,â , p. 209-224 (DOI 10.1016/S0024-4937(02)00080-4).
- (en) Peter W. Lipman, « Incremental assembly and prolonged consolidation of Cordilleran magma chambers: Evidence from the Southern Rocky Mountain volcanic field », Geosphere (en), vol. 3, no 1,â , p. 42-70 (DOI 10.1130/GES00061.1).
- (en) Etienne MĂ©dard et Jean-Luc Le Pennec, « Petrologic imaging of the magma reservoirs that feed large silicic eruptions », Lithos, vol. 428-429,â , article no 106812 (DOI 10.1016/j.lithos.2022.106812).
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