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Tomographie sismique

En géophysique, la tomographie sismique est une méthode utilisant les enregistrements des tremblements de terre pour cartographier la structure interne de la terre et ses propriétés physiques et minéralogiques.

En comparant les temps d'arrivĂ©e des diffĂ©rentes ondes sismiques les unes relativement aux autres et Ă  diffĂ©rents endroits, on dĂ©duit comment les vitesses de propagation de ces ondes varient Ă  l’intĂ©rieur du globe terrestre. À partir de ces donnĂ©es expĂ©rimentales, on construit des modĂšles tridimensionnels de vitesses d'ondes [1]. Les variations de vitesse dans l'espace sont ensuite interprĂ©tĂ©es comme des variations de tempĂ©rature locale ou de composition des matĂ©riaux (chimique ou minĂ©ralogique).

La tomographie sismique sert notamment à cartographier les hétérogénéités du manteau terrestre. Ces cartes, utilisées dans la tectonique des plaques, expliquent les liens entre les déplacements lithosphériques et la convection mantellique.

Principe

Un sĂ©isme naturel ou provoquĂ© Ă©met des vibrations sismiques dans toutes les directions depuis son foyer ou hypocentre, qui se propagent dans les milieux environnants sous forme d'ondes. Celles-ci sont de diffĂ©rentes natures et de vitesses diffĂ©rentes : ondes de volume de type P (compression) ou S (cisaillement), ondes de surface le long des interfaces entre rĂ©gions ayant un contraste suffisant de propriĂ©tĂ©s physico-mĂ©caniques. Ces propriĂ©tĂ©s des milieux traversĂ©s, notamment les modules d’élasticitĂ© de LamĂ© ÎŒ et λ, et la densitĂ© ρ, conditionnent les vitesses de ces ondes et le chemin qu’elles parcourent.

Dans le cas des ondes de volume, la vitesse d’une onde P en un point est donnĂ©e par et celle d’une onde S par : .

Avec la profondeur, la pression augmente ainsi que la densité des roches et les coefficients élastiques. Ces derniers croissent plus vite que la densité, ainsi la vitesse des ondes augmente en profondeur. Les ondes sismiques suivent une trajectoire courbe.

Une onde arrive Ă  une station sismique en un certain temps, et il est possible de dĂ©terminer une grandeur physique nommĂ©e « temps de parcours » d’une onde dans le manteau. Ce temps est fonction de la distance angulaire entre les deux stations et de la profondeur du sĂ©isme.

Si l’onde sismique traverse une anomalie lithologique dans le manteau, typiquement une lithosphĂšre plongeante, son temps de parcours rĂ©el va ĂȘtre diffĂ©rent du thĂ©orique (qui considĂšre le manteau homogĂšne), du fait de la modification locale de densitĂ© et de modules d’élasticitĂ©. L’anomalie de vitesse mesurĂ©e expĂ©rimentalement est globalement de l’ordre du milliĂšme du temps de parcours, ce qui contraint les mesures Ă  ĂȘtre prĂ©cises.

En recoupant les donnĂ©es d’anomalies de vitesse d’un trĂšs grand nombre de chemins d’ondes, il est possible de cartographier les hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s et de crĂ©er un modĂšle numĂ©rique tridimensionnel de ces anomalies de vitesse dans le manteau terrestre. En pratique, on les reprĂ©sente en cartes du manteau Ă  une profondeur donnĂ©e, ou bien selon des coupes verticales sur un plan radial (contenant le centre de la Terre).

Nomenclature des ondes sismiques utilisées en tomographie

La vitesse des deux types d’ondes P et S varie en fonction du matĂ©riau traversĂ©. Ces ondes se rĂ©fractent et se rĂ©flĂ©chissent suivant les lois de Snell-Descartes. Lorsqu’une onde P arrive obliquement sur une transition entre deux matĂ©riaux (interface manteau-noyau par exemple), une petite partie de son Ă©nergie est alors convertie en une autre forme d’onde (une fraction de P devient alors S). L’interprĂ©tation des relevĂ©s sismographiques est donc ardue car s’y chevauchent les tracĂ©s de nombreux types d’ondes qu’il faut dĂ©mĂȘler et dont on doit expliquer l’origine. Pour s’y retrouver un peu mieux, on a dĂ©signĂ© toutes ces ondes par des lettres diffĂ©rentes qu’on peut ensuite combiner au fur et Ă  mesure de leur Ă©volution (voir tableau ci-dessous).

Onde P : manteau P ; noyau externe K ; noyau interne I

Onde S : manteau S ; noyau externe, pas d'onde S ; noyau interne J

Ainsi une onde PP est une onde P qui, aprĂšs avoir subi une rĂ©flexion sous la surface externe du globe terrestre, est restĂ©e dans le manteau avant de rĂ©apparaĂźtre en surface oĂč elle est dĂ©tectĂ©e. Une onde PKP sera une onde P qui ressort en surface aprĂšs avoir traversĂ© le noyau externe liquide (trajet = manteau / noyau ext. / manteau). On peut ainsi allonger l’appellation autant que nĂ©cessaire. Prenons un exemple assez complexe : une onde quasi verticale traversant le globe terrestre de part en part aprĂšs avoir rebondi Ă  la surface et ĂȘtre passĂ©e deux fois (Ă  l’aller et au retour) par le noyau et la graine rĂ©apparaĂźtra Ă  la surface affublĂ©e du gentil sobriquet, palindrome totalement imprononçable, de PKIKPPKIKP !

Les ondes réfléchies sur le noyau externe (interface noyau-manteau) sont notées : PcP, PcS, ScP... Les ondes réfléchies sur le noyau interne (enveloppe de la graine) sont notées : PKiKP, PKiKS, etc.

(Fig : Nomenclature des ondes sismiques)

Historique des découvertes dues à la tomographie sismique

Au cours du XXe siÚcle, plusieurs découvertes essentielles ont été faites grùce à la tomographie sismique.

Dans le mĂȘme temps, de 1923 Ă  1952, d’autres gĂ©ophysiciens (Adams, Williamson, Bullen, Birch
) travaillent sur des Ă©quations permettant de dĂ©terminer la variation de la densitĂ© avec l’augmentation de pression en profondeur. DĂ©sormais, l’essentiel de la structure de notre globe est posĂ©. Reste Ă  en amĂ©liorer la comprĂ©hension dynamique interne pour mieux comprendre son Ă©volution, ses soubresauts, les variations du champ magnĂ©tique, etc.

Tomographie de la lithosphĂšre

La tomographie haute rĂ©solution Ă  faible profondeur permet de visualiser l’augmentation progressive de densitĂ© des plaques ocĂ©aniques, qui se refroidissent en s’éloignant des dorsales ocĂ©aniques. À l’inverse, les boucliers archĂ©ens continentaux ont des vitesses sismiques anormalement Ă©levĂ©es, ce qui signifie qu’ils sont denses et donc froids. Ceci est dĂ» Ă  leur mauvaise conduction thermique et Ă  leur forte Ă©paisseur, que la tomographie estime parfois Ă  300 km.

La rĂ©gion des Afars possĂšde une particularitĂ© intĂ©ressante : la tomographie rĂ©vĂšle qu’elle est anormalement trĂšs chaude, ce qui signifie que l’asthĂ©nosphĂšre profonde et chaude remonte sous la croĂ»te continentale, et risque trĂšs probablement de provoquer l’ouverture d’un ocĂ©an.

Tomographie du manteau supérieur

Observations

Les modĂšles obtenus par tomographie sismique rĂ©gionale mettent en Ă©vidence des bandes inclinĂ©es Ă  vitesse sismique anormalement Ă©levĂ©e plongeant dans le manteau. Les donnĂ©es sismiques indiquent qu’il s’agit de plaques lithosphĂ©riques en subduction, plongeant au minimum jusqu’à l’interface manteau supĂ©rieur – manteau infĂ©rieur. Ces structures sont classiquement observĂ©es sous la mer ÉgĂ©e, oĂč la plaque Afrique plonge sous la CrĂšte.

On ne sait pas exactement jusqu’oĂč peut plonger une plaque. Les situations observĂ©es sont diverses : dans le cas de la subduction Pacifique de la rĂ©gion des Mariannes, la plaque plongeante rentre clairement dans le manteau infĂ©rieur, alors qu'au niveau du Japon, elle semble stagner et s’aplatir Ă  la limite manteau supĂ©rieur – manteau infĂ©rieur.

Rîle des phases de l’olivine

Ce phĂ©nomĂšne serait dĂ» aux transitions de phase de l’olivine. A 410 km de profondeur se produit la transition olivine ÎČ â€“ spinelle, qui est exothermique. Comme la plaque plongeante est plus froide que le manteau avoisinant et abaisse les isothermes Ă  sa proximitĂ©, cette transition se produit moins profondĂ©ment que dans des conditions normales, et la force d’ArchimĂšde est augmentĂ©e. Au contraire, la transition entre spinelle et perovskite Ă  660 km de profondeur – marquant la limite entre manteau supĂ©rieur et manteau infĂ©rieur, est endothermique, et se produit donc Ă  une profondeur anormalement Ă©levĂ©e, ce qui a pour consĂ©quence de rĂ©duire la force d’ArchimĂšde, voire de l’annuler, ce qui implique une stagnation possible de la plaque Ă  cette limite. Cependant, le manque d’informations Ă  ce sujet laisse en suspens bien des questions, par exemple le rĂŽle des transitions de phase des minĂ©raux « mineurs » du manteau dans la dynamique de plongement des plaques.

Tomographie du manteau inférieur

La tomographie sismique rĂ©vĂšle que le manteau infĂ©rieur est moins hĂ©tĂ©rogĂšne que le manteau supĂ©rieur, et les anomalies observĂ©es n’ont pas de lien avec la tectonique lithosphĂ©rique actuelle. On observe cependant des zones anormalement froides, qui correspondraient aux zones oĂč de la lithosphĂšre ocĂ©anique a Ă©tĂ© subduite dans le passĂ©.

Notes et références

  1. (ou d'anomalies de vitesse par rapport au modĂšle radial de 1er ordre, modĂšle PREM)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Cote, P., & Lagabrielle, R. (1986). La tomographie sismique comme mĂ©thode de reconnaissance dĂ©taillĂ©e du sous-sol. Exemple d'application au contrĂŽle des injections Rev Fr Geotech, (36)
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