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RĂ©seau complexe

En thĂ©orie des graphes, un rĂ©seau complexe est un rĂ©seau possĂ©dant une architecture et une topologie complexe et irrĂ©guliĂšre. Comme tous les rĂ©seaux, ils sont composĂ©s de nƓuds (ou sommets ou points) reprĂ©sentant des objets, interconnectĂ©s par des liens (ou arĂȘtes ou lignes). Ces rĂ©seaux sont des reprĂ©sentations abstraites des relations principalement prĂ©sentes dans la vie rĂ©elle dans une grande diversitĂ© de systĂšmes biologiques et technologiques.

L’étude des rĂ©seaux complexes Ă  fait l’objet d’une grande attention de la part de la communautĂ© scientifique depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000[1], et s’est montrĂ©e utile dans de nombreux domaines tels que la physique, la biologie, les tĂ©lĂ©communications, l’informatique, la sociologie, l'Ă©pidĂ©miologie entre autres.

Les réseaux complexe dans la vie réelle

Les rĂ©seaux complexes sont omniprĂ©sents autour de nous et ont de nombreuses applications dans la vie courante. Pour n’en nommer que quelques-uns, nous pouvons citer le World Wide Web, Internet, les rĂ©seaux trophiques (ou chaĂźne alimentaire) ou encore les rĂ©seaux mĂ©taboliques. Cette grande diversitĂ© de rĂ©seaux complexes rend leur classification selon leurs propriĂ©tĂ©s communes difficiles, mais nous pouvons retenir quatre groupes principaux[2] : les rĂ©seaux sociaux, les rĂ©seaux d’informations, les rĂ©seaux technologiques, et les rĂ©seaux biologiques.

Les réseaux sociaux

Un graphe de rĂ©seau social est un graphe permettant de reprĂ©senter les interactions spĂ©cifiques entre diffĂ©rents groupes de personnes, reprĂ©sentĂ© respectivement par les liens et les nƓuds du graphe. Ces interactions peuvent ĂȘtre trĂšs variĂ©es, comme des liens d'amitiĂ© ou de parentĂ©, des activitĂ©s professionnelles ou personnelles communes, ou encore partager les mĂȘmes opinions[3]. Les rĂ©seaux sociaux en ligne en sont un bon exemple, oĂč Facebook peut ĂȘtre vu comme un graphe non orientĂ©, puisque les “amitiĂ©s” sont bidirectionnelles, et Twitter quant Ă  lui est un graphe orientĂ©, puisque les "abonnements" sont Ă  sens unique[4].

Les rĂ©seaux d’information

Les rĂ©seaux d’information sont une autre catĂ©gorie de rĂ©seaux. Un exemple typique de ce type de rĂ©seau est le World Wide Web[5], oĂč les nƓuds correspondent aux pages web contenant de l’information, et les liens sont les hyperliens permettant de naviguer d’une page Ă  l'autre. Ce rĂ©seau de plusieurs milliards de nƓuds est un graphe dirigĂ©, mais qui ne contient malgrĂ© tout pas de boucles fermĂ©es, puisqu’il n’y a pas de contraintes dans le classement des sites internet.

Les rĂ©seaux de citations des articles acadĂ©miques sont Ă©galement un bon exemple de rĂ©seau d’information[6]. Ces rĂ©seaux sont acycliques, puisque des articles ne peuvent citer que des travaux dĂ©jĂ  publiĂ©s.

Les réseaux technologiques

Nous pouvons Ă©galement identifier les rĂ©seaux technologiques. Ce sont gĂ©nĂ©ralement des rĂ©seaux crĂ©Ă©s par l’Homme, comme les rĂ©seaux Ă©lectriques[7], les rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications, les rĂ©seaux aĂ©riens[7], les rĂ©seaux routiers[8] ou ferrĂ©s[9]. Mais, le rĂ©seau technologique le plus Ă©tudiĂ© est actuellement Internet[10], le rĂ©seau informatique mondial. Dans ce rĂ©seau, les ordinateurs et les routeurs sont les nƓuds du rĂ©seau, et ces derniers sont connectĂ©s par des liens physiques comme la fibre optique modĂ©lisant les liens de ce rĂ©seau complexe.

Les réseaux biologiques

Les réseaux complexes permettent également de représenter la majorité des systÚmes biologiques. Ils sont de ce fait trÚs étudiés en biologie des réseaux et en bio-informatique.

Les organismes vivants étant trÚs complexes, le nombre de réseaux biologiques présents dans une cellule vivante est énorme. Ces réseaux complexes possÚdent des fonctions spécifiques souvent indispensables au bon fonctionnement cellulaire. De plus, ces réseaux sont fortement interconnectés et fonctionnent de façon coordonnée et synchronisée avec une grande précision, puisque le moindre dysfonctionnement peut entraßner une maladie.

Parmi ces nombreux rĂ©seaux, nous pouvons citer les rĂ©seaux d’interaction protĂ©ine-protĂ©ine[11], les rĂ©seaux de rĂ©gulation des gĂšnes[12], les rĂ©seaux de signalisation ou encore les rĂ©seaux mĂ©taboliques[13]. Les rĂ©seaux mĂ©taboliques (ou voies mĂ©taboliques) sont un exemple typique de rĂ©seau biologique. Ils reprĂ©sentent l’ensemble des rĂ©actions biochimiques permettant de convertir un composĂ© en un autre dans les cellules. Dans un tel rĂ©seau, les nƓuds seront les molĂ©cules biochimiques et les liens les rĂ©actions ayant permis de les obtenir.

En plus de permettre de mieux comprendre le fonctionnement cellulaire complexe, l'analyse de ces rĂ©seaux permet d’identifier plus prĂ©cisĂ©ment les causes de diffĂ©rentes maladies, et ainsi de dĂ©velopper de nouveaux traitements, ce qui a mĂȘme menĂ© Ă  la crĂ©ation d’une nouvelle discipline : la mĂ©decine des rĂ©seaux[14].

Propriétés des réseaux complexes

Une des caractĂ©ristiques principales des rĂ©seaux complexes est qu'ils possĂšdent gĂ©nĂ©ralement un trĂšs grand nombre de nƓuds reliĂ©s entre eux sans organisation Ă©vidente, si bien qu’ils peuvent faire penser Ă  des rĂ©seaux alĂ©atoires. Mais comme nous l’avons vu dans les exemples prĂ©cĂ©dents, les rĂ©seaux complexes sont tout sauf alĂ©atoire. DiffĂ©rentes mesures simplifiĂ©es ont donc Ă©tĂ© dĂ©finies afin de caractĂ©riser les propriĂ©tĂ©s des rĂ©seaux complexes. Les trois principaux concepts sont la distribution des degrĂ©s, la longueur moyenne des chemins, et le coefficient de clustering.

Distribution des degrés

Graphiques de la distribution des degrés selon le type de réseau.
Figure 1 : Graphiques de la distribution des degrĂ©s selon le type de rĂ©seau[15]. A gauche, distribution des degrĂ©s pour un rĂ©seau alĂ©atoire. A droite, distribution des degrĂ©s des nƓuds pour un rĂ©seau rĂ©el.

Le degrĂ© des nƓuds d’un rĂ©seau est une des caractĂ©ristiques les plus importantes pour dĂ©finir les rĂ©seaux complexes[16]. Le degrĂ© d'un nƓud correspond au nombre de connexions qu’il possĂšde avec les autres nƓuds du rĂ©seau. Ainsi, plus le degrĂ© d'un nƓud est Ă©levĂ©, plus le nƓud d'un rĂ©seau est connectĂ© et est important. Pour reprendre un exemple prĂ©cĂ©dent, dans un rĂ©seau social, le nƓud d'une personne avec 100 amitiĂ©s possĂšde un degrĂ© de 100.

Nous pouvons ensuite Ă©tudier la distribution de ces degrĂ©s pour caractĂ©riser la structure d’un rĂ©seau. Cette fonction de distribution est dĂ©finie comme la probabilitĂ© qu'un nƓud sĂ©lectionnĂ© alĂ©atoirement ait exactement k arĂȘtes. Un rĂ©seau rĂ©gulier Ă  un degrĂ© simple, car chaque nƓud est connectĂ© Ă  un nombre Ă©gal d'autres nƓuds. On n'observe donc qu'un seul pic dans un graphique reprĂ©sentant la distribution des degrĂ©s. Pour un graphe alĂ©atoire, les degrĂ© de distribution obĂ©issent Ă  un distribution de Poisson (Fig. 1, Ă  gauche). Et, pour un rĂ©seau complexe, la distribution des degrĂ©s suit gĂ©nĂ©ralement une loi exponentielle et permet de caractĂ©riser de façon prĂ©cise le type de rĂ©seau complexe d’un systĂšme (Fig. 1, Ă  droite).

La longueur moyenne des chemins

La longueur moyenne des (plus courts) chemins est une autre mesure robuste de la topologie d’un rĂ©seau. En choisissant deux nƓuds quelconques dans un graphe, la distance entre ces nƓuds correspond au nombre d'arĂȘtes du plus petit chemin reliant ces deux nƓuds. La longueur moyenne des chemins d'un rĂ©seau est donc dĂ©finie comme la distance moyenne entre deux nƓuds, moyennĂ©e sur tous les chemins disponibles entre ces nƓuds[16].

L’analyse de cette propriĂ©tĂ© est trĂšs utile. Dans un rĂ©seau comme Internet, avoir une courte longueur moyenne des chemins permettra un transfert rapide des informations et de ce fait rĂ©duire les coĂ»ts de calculs. Et, dans un rĂ©seau Ă©lectrique, minimiser cette longueur moyenne des plus courts chemins permet de rĂ©duire les dĂ©perditions d’énergie.

La plupart des rĂ©seaux rĂ©els ont une longueur de chemin moyenne trĂšs courte conduisant au concept d'un rĂ©seau « petit monde » oĂč beaucoup des nƓuds sont interconnectĂ©s par des chemins trĂšs courts.

Le coefficient de clustering

Le coefficient de clustering, (aussi appelĂ© coefficient d'agglomĂ©ration, de connexion, de regroupement, d'agrĂ©gation ou de transitivitĂ©) est la probabilitĂ© que deux nƓuds soient connectĂ©s sachant qu'ils ont un voisin commun[16].

Dans un rĂ©seau complexe, ce coefficient sera gĂ©nĂ©ralement Ă©levĂ©, puisqu’il est probable que des voisins d’un nƓud soient Ă©galement liĂ©s l’un de l’autre.

Exemple de réseaux avec différents coefficient de clustering.
Figure 2 : Exemple de réseaux avec différents coefficient de clustering[17].

Dans l’image ci-contre (Fig. 2), nous pouvons voir sur le rĂ©seau de gauche que les 3 nƓuds bleu sont reliĂ©s au nƓud rouge, mais qu’ils ne forment pas de liaison entre eux. Dans le rĂ©seau Ă  droite, tous les nƓuds voisins du nƓud rouge sont reliĂ©s entre eux. Ce dernier rĂ©seau Ă  donc un coefficient de regroupement plus important.

Comme observĂ© sur le graphique prĂ©cĂ©dent, chaque voisin du nƓud rouge () est connectĂ© Ă  chaque autre voisin du nƓud rouge (), alors au maximum il peut exister arĂȘtes.

Ainsi, le coefficient de clustering du nƓud (rouge) est dĂ©fini comme :

oĂč est le rapport entre le nombre de ponts qui existent parmi ces nƓuds et le nombre total de ponts . Pour le rĂ©seau le plus connectĂ© Ă  droite on obtient donc le calcul :

Méthodes d'analyse des réseaux complexes

Il existe nombre de façons pour analyser un réseau, mais toutes les méthodes ne sont pas forcément applicables aux réseaux complexes.

Une premiĂšre maniĂšre de procĂ©der est d’utiliser des mesures statistiques pour identifier de façon quantitative les caractĂ©ristiques du rĂ©seau, comme l’étude du degrĂ© des nƓuds[16], ou la distribution des degrĂ©s.

Une autre approche est de reprĂ©senter graphiquement le rĂ©seau afin de permettre Ă  l'Homme de l'analyser et de l’interprĂ©ter. Cette visualisation permet aux experts du domaine d’extraire des motifs intĂ©ressants des donnĂ©es, et de dĂ©couvrir des informations qui n’auraient pas Ă©tĂ© identifiĂ©es en utilisant simplement des mesures statistiques.

Mais, les rĂ©seaux complexes Ă©tant bien souvent difficiles Ă  visualiser dans leur ensemble et Ă  Ă©tudier de maniĂšre statistique, du fait de leur taille pouvant ĂȘtre trĂšs importante, il devient pertinent de dĂ©composer le rĂ©seau en plusieurs composantes. En d’autres termes, il est possible de diviser les nƓuds du rĂ©seau en plusieurs sous-groupes basĂ©s sur diffĂ©rents critĂšres, comme la nature des donnĂ©es du rĂ©seau ou le type de relations que l’on souhaite identifier. Cette dĂ©composition permettra par la suite d’appliquer les approches prĂ©cĂ©demment dĂ©crites[16].

Décomposition de réseau

Il existe différentes méthodes pour décomposer un réseau en sous-graphes de sommets.

Il est dans un premier temps possible de rĂ©aliser une dĂ©composition basĂ©e sur les k-cores. Les k-cores sont des sous-graphes oĂč chaque sommet possĂšde au moins k voisins, avec k une valeur limite choisie par l’analyste et dĂ©pendante du graphe Ă©tudiĂ©. Cela a notamment permis d’étudier les clusters des rĂ©seaux sociaux ou dĂ©crire l'Ă©volution des rĂ©seaux alĂ©atoires et est frĂ©quemment utilisĂ© en bio-informatique pour visualiser les rĂ©seaux complexes[16] - [18].

Une autre mĂ©thode est la dĂ©composition par k-truss. Les k-truss sont des sous graphes oĂč chaque sommet est reliĂ© Ă  au moins k-2 autres sommets. En d’autre termes, chaque sommet du k-truss fait partie de k-2 triangles formĂ©s Ă  partir de nƓuds de ce k-truss[19].

Il existe également des méthodes hybrides combinant la décomposition par k-core et la décomposition par k-truss comme la décomposition par noyaux. Technique qui emploie un ordre hiérarchique plus important que les deux méthodes séparées et pouvant révéler des groupes non détectés avec les méthodes précédentes[20].

Enfin, la dĂ©composition topologique, dans laquelle le rĂ©seau est dĂ©composĂ© selon la distribution des degrĂ©s et la densitĂ© des noyaux. Cette approche permet de rĂ©vĂ©ler la prĂ©sence de groupes de nƓuds partageant des densitĂ©s similaires.

Analyse

Ces groupes de fortes connectivitĂ© permettent d’identifier les nƓuds centraux du rĂ©seau, qui possĂšdent potentiellement une fonction commune. Un bon exemple de ce procĂ©dĂ© est l’étude des rĂ©seaux biologiques, en identifiant par exemple un groupe de protĂ©ines impliquĂ©es dans un symptĂŽme important d’une maladie[21].

Une fois que le nombre de nƓud du rĂ©seau Ă  diminuĂ©, il est tout Ă  fait possible d’appliquer les diffĂ©rentes mĂ©triques classique d’analyse de rĂ©seau, comme la connectivitĂ© du rĂ©seau (distribution des degrĂ©s), la distance du rĂ©seau et de ses composants (Exemple : RĂ©seau « petit monde »), la centralitĂ© intermĂ©diaire des nƓuds, ou encore des mĂ©triques de similaritĂ© des nƓuds. Il sera Ă©galement possible d’utiliser des algorithmes de partitionnement des donnĂ©es, comme les mĂ©thodes de K-means ou de clustering hiĂ©rarchique[22].

RĂ©seau "petit monde"

Le principe mathĂ©matique du rĂ©seau « petit monde », Ă©tabli par Watts et Strongatz[23] sur l’hypothĂšse du phĂ©nomĂšne de petit monde[24] dĂ©crit par Stanley Milgram dit qu’il est possible de crĂ©er une relation entre deux individus avec un maximum de 6 degrĂ©s de sĂ©paration. De nombreux systĂšmes sont formĂ©s sur le principe de rĂ©seau « petit monde », mais ceux qui les reprĂ©sentent le mieux sont Internet, les rĂ©seaux sociaux et les rĂ©seaux mĂ©taboliques[25].

Propriétés d'un réseau petit monde

La classification d’un graphe repose gĂ©nĂ©ralement sur plusieurs paramĂštres dĂ©finit prĂ©cisĂ©ment, comme le coefficient de clustering et la longueur de chemin . Classiquement, un rĂ©seau est considĂ©rĂ© comme Ă©tant de type « petit monde » si le plus court chemin entre deux nƓuds choisis alĂ©atoirement croĂźt de façon logarithmique en fonction du nombre de nƓuds du rĂ©seau. Mais, il existe Ă©galement plusieurs mĂ©triques spĂ©cifiques ayant pour but de dĂ©terminer si un rĂ©seau est un rĂ©seau « petit monde » ou non. L'une d'entre elles est le ratio entre le rĂ©seau supposĂ© « petit monde » et un rĂ©seau alĂ©atoire. Cette mĂ©trique ()[26] indiquera donc dans quelle mesure un rĂ©seau est de type « petit monde ». Si > 1 alors celui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un rĂ©seau « petit monde ».

Ce ratio σ est grandement influencĂ© par la taille du rĂ©seau, ce qui rend son apprĂ©ciation difficile. Pour pouvoir mesurer la capacitĂ© d’un rĂ©seau Ă  ĂȘtre de type « petit monde », il est Ă©galement possible d’utiliser la diffĂ©rence du ratio entre un rĂ©seau alĂ©atoire et un rĂ©seau voulu.

et correspondent respectivement aux valeurs de longueur de chemin et du coefficient de clustering d’un rĂ©seau alĂ©atoire, tandis que correspond Ă  un rĂ©seau Ă©quivalent. [26] va varier entre -1 et 1 quelle que soit la taille du rĂ©seau. Plus la valeur de ω est proche de zĂ©ro plus le rĂ©seau est considĂ©rĂ© comme « petit monde ». Des valeurs positives indiquent un caractĂšre alĂ©atoire dans le rĂ©seau. Des valeurs nĂ©gatives indiquent un caractĂšre plus rĂ©gulier dans la composition du rĂ©seau. Le modĂšle de rĂ©seau « petit monde », Watts et Strogatz dĂ©finissent les paramĂštres d’un rĂ©seau avec une petite valeur de qui est reprĂ©sentatif des graphes dit "alĂ©atoires" et une valeur de clustering trĂšs Ă©levĂ© reprĂ©sentatif des graphes plus rĂ©guliers.

Applications

Les domaines d’application d’un rĂ©seau « petit monde » sont variĂ©s. On les retrouve en sociologie, avec les rĂ©seaux sociaux. Dans ces rĂ©seaux, il est question de la capacitĂ© d’une information Ă  se transmettre Ă  travers l’ensemble d’un rĂ©seau par les individus et comment l’affinitĂ© des membres peut influer sur cette mĂȘme capacitĂ© de transmission.

Dans une application plus concrĂšte comme la gestion des fermetures des aĂ©roports. GrĂące Ă  l’application du rĂ©seau « petit monde », il est possible d’expliquer pourquoi la fermeture de certains aĂ©roports ou lieux de transit obligerait les voyageurs Ă  faire escale plus souvent que la normale.

On les retrouve Ă©galement en informatique[27], ou l’étude des rĂ©seaux « petit monde », a permis de mieux comprendre comment stocker et gĂ©rer les informations dans un base de donnĂ©es pour rendre accessible le plus rapidement possible dans le futur une information pour l’utilisateur.

Enfin, ces rĂ©seaux sont prĂ©sents en sciences biologiques et plus particuliĂšrement dans les neurosciences[28]. Ici il est question de pouvoir adapter et comparer un rĂ©seau « petit monde » Ă  un rĂ©seau cĂ©rĂ©bral. La plupart des Ă©tudes se sont intĂ©ressĂ©es Ă  la comparaison sur l’anatomie et la structure des rĂ©seaux, l’aspect fonctionnel mais aussi les interactions entre nƓuds et arĂȘtes. Dans certains cas, il a Ă©tĂ© question d’utiliser ce genre de rĂ©seau pour mimer les AVC et les crises d'Ă©pilepsie[29]. Dans le cadre de la microbiologie par exemple, on Ă©tudiera la capacitĂ© de transmission des plasmides ou de l’information gĂ©nĂ©tique liĂ©s Ă  la rĂ©sistance bactĂ©rienne ou virale.

RĂ©seau spatial

Les systĂšmes complexes sont trĂšs souvent des rĂ©seaux oĂč les nƓuds et les arĂȘtes sont compris dans l'espace. Les rĂ©seaux de transport, Internet, les rĂ©seaux de tĂ©lĂ©phonie mobile, les rĂ©seaux Ă©lectriques, les rĂ©seaux sociaux et les rĂ©seaux de neurones sont tous des exemples oĂč la prise en compte de l’espace est pertinente puisque leur topologie seule ne contient pas toutes les informations disponible pour leur analyse. La caractĂ©risation et la comprĂ©hension de la structure et de l'Ă©volution des rĂ©seaux spatiaux sont donc cruciaux dans de nombreux domaines, comme l'urbanisme ou l'Ă©pidĂ©miologie.

La prise en compte de l'espace sur les rĂ©seaux est possible avec l’ajout d’un coĂ»t associĂ© Ă  la longueur des nƓuds. Ces contraintes spatiales affectent la structure topologique et les propriĂ©tĂ©s de ces rĂ©seaux.

Les rĂ©seaux spatiaux ont Ă©tĂ© dans un premier temps dĂ©veloppĂ©s en gĂ©ographie quantitative et font l'objet de nombreuses recherches comme l’étude des lieux, des activitĂ©s, des flux d'individus et de biens, qui sont des rĂ©seaux Ă©voluant dans le temps et dans l'espace. Ces premiĂšres recherches ont permis de dĂ©velopper des mĂ©thodes et outils pour caractĂ©riser les rĂ©seaux spatiaux. Cela a entre autres permis de rĂ©soudre de nombreux problĂšmes importants tels que la localisation des nƓuds d'un rĂ©seau, l'Ă©volution des rĂ©seaux de transport et leur interaction avec la population et la densitĂ© d'activitĂ©. Mais de nombreux points importants restent encore flous et bĂ©nĂ©ficieront certainement des connaissances actuelles sur les rĂ©seaux et les systĂšmes complexes.

Applications

Pour la plupart des applications pratiques, l'espace de ces rĂ©seaux est un espace bidimensionnel, et la valeur associĂ©e aux nƓuds est la distance euclidienne classique[30]. Cela implique en gĂ©nĂ©ral que la probabilitĂ© de trouver un lien entre deux nƓuds diminue avec la distance. Cependant, cela n'implique pas forcĂ©ment qu'un rĂ©seau spatial soit planaire. Par exemple, le rĂ©seau aĂ©rien reliant les aĂ©roports du monde entier n'est pas un rĂ©seau planaire, soit un rĂ©seau qui peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ© dans un plan de façon ou ses liens ne se croisent pas. Avec cette dĂ©finition d'un rĂ©seau spatial, les liens ne sont pas nĂ©cessairement dans l'espace : les rĂ©seaux sociaux par exemple relient les individus Ă  travers des relations d'amitiĂ©. Dans ce cas, l'espace intervient dans le fait que la probabilitĂ© de connexion entre deux individus diminue gĂ©nĂ©ralement avec la distance qui les sĂ©pare. Cependant, de nombreux rĂ©seaux d'infrastructure seront inĂ©vitablement planaires. En plus d’ĂȘtre des rĂ©seaux spatiaux, les routes, le rail et les autres rĂ©seaux de transport sont principalement des rĂ©seaux planaires.

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