République libre de Wendland
La République libre de Wendland est une micronation protestataire, créée en mai 1980 par des militants écologistes et antinucléaires allemands dans la région de Gorleben, dans le land de Basse-Saxe.
République libre de Wendland (Du 3 mai au 4 juin 1980) Republik Freies Wendland (de) | |
Carte d'identité du Wendland (1980). | |
Administration | |
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Pays | Allemagne |
Territoire revendiqué | Un site de stockage de déchets nucléaires dans la région de Gorleben |
Statut politique | Micronation |
Capitale | Le site de forage 1004 |
Gouvernement | République, Démocratie populaire |
Démographie | |
Gentilé | Wendlandais(e) |
Population | 5 000 hab. (Mai-juin 1980) |
Densité | 313 hab./km2 |
Langue(s) | Allemand |
Géographie | |
Coordonnées | 53° 01′ nord, 11° 20′ est |
Superficie | 16 km2 |
Histoire
Origine
Au début de 1977, le gouvernement de l'État de Basse-Saxe, sous la direction du Premier ministre Ernst Albrecht, décide que Gorleben serait un site d'enfouissement de déchets nucléaires. En , les militants antinucléaire organisent alors un rassemblement à grande échelle, sur le futur chantier, avec environ 20 000 participants. Suivent des occupations à l'été 1977 et en 1979, ainsi qu'une marche entre Gorleben et Hanovre, le Trek de Gorleben (de), réunissant 100 000 participants[1].
À partir de 1979, la Physikalisch-Technische Bundesanstalt fore des puits profonds pour valider le site de Gorleben. Le premier forage vraiment profond est réalisé au puits 1003, le . Les militants antinucléaires essayent en vain d'occuper et bloquer les sites des forages 1002 et 1003.
Au début de 1980, ils décident d'une occupation plus importante avec « plusieurs centaines ou milliers de personnes ». La cible est le nouveau site de forage en profondeur 1004, qui devait être initié en [2].
Occupation
Environ 5 000 militants antinucléaires s'installent sur le site de forage 1004, entre les villages de Gorleben et Trebel. Pendant l'occupation, le Bureau souterrain de Gorleben-Soll-Leden (Untergrundamt Gorleben-Soll-leben), par l'intermédiaire de sa porte-parole Rebecca Harms[3], déclare la zone occupée en tant que nation indépendante, la nommant République libre de Wendland. Le ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe Egbert Möcklinghoff déclare alors que cette proclamation est une haute trahison[4].
Le site 1004 se situe sur une zone sablonneuse d'environ 16 km2. La végétation y a été détruite lors de l'incendie criminel de la lande de Lunebourg (en) en 1975. À cet endroit, les manifestants construisent un village d'environ 110 cabanes en bois et argile, style typique de protestation des militants antinucléaires à l'époque[5]. Parmi les bâtiments construits, on trouve alors de nombreuses installations communautaires, telles que la Maison de l'Amitié d'une capacité de 400 personnes, des serres, une infirmerie, un salon de coiffure et un espace pour l'élimination des déchets. Il y avait aussi un sauna et des installations de baignade. L'eau était acheminée par un puits éolien et chauffée à l'énergie solaire.
À l'approche de la "république", un poste de contrôle frontalier est construit, sur lequel les drapeaux du Wendland et celui du Soleil antinucléaire ont été hissés[6]. Dans le centre d'information voisin, un passeport wendlandais (le Wendenpass) est délivré, ainsi qu'un timbre d'entrée, pour 10 Deutsche Marks[7]. Selon les Wendlandais, le passeport était valable « pour tout l'univers [...] tant que son propriétaire pouvait encore rire »[8].
Vie communautaire
Les 500 à 1 000 occupants permanents organisent la vie communautaire au cours des 33 jours d'occupation autour d'un modèle de démocratie populaire. Ils créent un conseil des porte-paroles et prennent leurs décisions lors de réunions collectives régulières[9]. Concernant leur possible expulsion par la police, le consensus largement répandu est celui de la résistance passive, bien que quelques occupants militants se prononcent contre cette voie[10]. Le week-end, plusieurs milliers de sympathisants et de visiteurs se rendent sur le site occupé, parmi lesquels des personnalités, comme Gerhard Schröder, alors président fédéral de la Communauté de travail des jeunes socialistes au sein du SPD. Parmi les autres visiteurs et résidents bien connus figuraient le résistant Heinz Brandt (de), les musiciens Walter Mossmann (de) et Wolf Biermann, le photographe Günter Zint (de), l'avocat et politicien membre du SPD Jo Leinen, ainsi que l'écrivain Klaus Schlesinger. Le site accueille des conférences, des discussions, des lectures, des concerts de rock et des spectacles de marionnettes. Les habitants de la région soutiennent l'occupation en fournissant nourriture et du bois [4]. Le , la Radio Freies Wendland (de) émet sa première émission pirate depuis une tour sur le site d'occupation[11].
Autour du puits 1004 (). Le village ().
Expulsion
Le , l'écologiste Walther Soyka (de) et 15 autres citoyens demandent que le village créé par les squatters, soit considéré comme "monument culturel vivant" pour empêcher l'évacuation. Le tribunal administratif de Braunschweig et le tribunal administratif supérieur de Lunebourg refusent le classement en absence de tout monument historique sur le site[12].
Au matin du , la zone est évacuée par la police. Environ 3 500 policiers participent à l'opération[13]. Il y avait près de 2 500 squatters, au moment de l'évacuation, rassemblés et accroupies sur la place du village. Après l'évacuation, la police a remercié les manifestants pour leur non-violence[14].
Notes et références
- « 1977 | Gorleben Archiv », sur gorleben-archiv.de (consulté le )
- (de) NDR, « Vor 40 Jahren: Erste Probebohrung in Gorleben », sur www.ndr.de (consulté le )
- (de) NDR, « Rebecca Harms zieht sich aus Europapolitik zurück », sur www.ndr.de (consulté le )
- Fünftausend bauten ihr Dorf auf dem Tiefbohrplatz 1004 (Cinq mille personnes ont construit leur village sur le site 1004) dans le journal Elbe-Jeetzel (de) du 5 mai 1980
- Photo du village en 1980
- « Dorfgeschichte », sur www.gorleben-archiv.de, (version du 5 octobre 2015 sur Internet Archive)
- (en) « The Anti-Nuclear « Free Republic of Wendland », German History Docs (consulté le )
- (de) « - Kernkraftgegner rufen im niedersächsischen Gorleben die "Freie Republik Wendland" aus », sur Deutschlandfunk Kultur (consulté le )
- (de) Stefanie Maeck, DER SPIEGEL, « Republik Freies Wendland: Protest gegen Atommülllager Gorleben - DER SPIEGEL - Geschichte », sur www.spiegel.de (consulté le )
- Kein Kulturdenkmal (Les squatters du 1004 ne veulent offrir qu'une résistance passive) dans le journal Elbe-Jeetzel (de) du 2 juin 1980
- (de) NDR, « 4. Juni 1980: Räumung der "Republik Freies Wendland" », sur www.ndr.de (consulté le )
- Kein Kulturdenkmal (Pas de monument culturel) dans le journal Elbe-Jeetzel (de) du 14 juin 1980
- « „Venceremos, tschüß“ - DER SPIEGEL 29/1980 », sur www.spiegel.de (consulté le )
- « Die Verteidigung der "Republik Freies Wendland" (1980) / Aktionen / Zivilcourage / Themen / Home - Institut für Friedenspädagogik Tübingen e.V. », sur www.friedenspaedagogik.de, (version du 3 juillet 2011 sur Internet Archive)
Voir aussi
Bibliographie
- Günter Zint, Caroline Fetscher: Republik Freies Wendland. Eine Dokumentation. Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1980.
- Dieter Halbach, Gerd Panzer: Zwischen Gorleben und Stadtleben. Erfahrungen aus 3 Jahren Widerstand im Wendland und in dezentralen Aktionen. AHDE-Verlag, Berlin 1980, (ISBN 3-8136-0021-1)
- 101 UKW: Radio Freies Wendland, hrsg. Network Medien-Cooperative, Frankfurt/Main, 1983 (Enregistrements audio de la radio-libre Radio Freies Wendland)
- Widerstandsbericht Wendland, Teil 1, Januar 1983 – Juni 1985, 1985 (sur Google books)
- Atommüll-Streit im Wendland: Guter Castor, böser Castor (Conflit sur les déchets nucléaires à Wendland : Bon castor, mauvais castor), Maria Marquart, , Der Spiegel
- 33 Tage Besetzung auf 1004, Bürgerinitiative Umweltschutz Unterelbe/Hamburg, 1980 - 46 pages (sur Google books)
Articles connexes
Liens externes
- L'anarchisme de langue allemande des origines à nos jours sur le site du CIRA