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RĂ©gis Franc

Régis Franc (né à Lézignan-Corbières le ) est un auteur de bande dessinée, cinéaste et écrivain français.

RĂ©gis Franc
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Distinction
Prix Mottart ()

Révélé par ses bandes dessinées au milieu des années 1970 dès ses premières publication dans Charlie Mensuel et Pilote, il acquiert une assez large audience à la fin des années 1970 avec le strip quotidien Le Café de la plage publié dans Le Matin de Paris.

Dans les années 1980, il fait les beaux jours d'(À suivre) avec des séries mettant en scène la vie politique des années Mitterrand. Il délaisse peu à peu la bande dessinée à partir du milieu des années 1990 pour se consacrer à l'écriture et au cinéma. Pour Patrick Gaumer, c'est un « conteur hors pair »[1].

Biographie

Des débuts rapides

Sachant dessiner dès son plus jeune âge, mais avant tout passionné par l'écriture, le cinéma et l'humour en général[2], Régis Franc s'oriente tout d'abord, après un baccalauréat technique[3], vers la publicité et dirige, de 1972 à 1975, une agence de communication parisienne[4]. Désireux de changer de milieu et, surtout, de moins travailler, il décide de se lancer dans la bande dessinée en 1975[5], en publiant une nouvelle dans Pilote puis des bandes dessinées dans cette revue ainsi que Charlie Mensuel.

L'originalité de son graphisme, très dépouillé et efficace, comme de sa narration, qui joue sur les lectures parallèles (plusieurs fils narratifs se suivent dans les cases) de sa mise en scène (les personnages, animaux anthropomorphiques, évoluent dans des décors fixes, comme au théâtre[6]) et de ses thèmes (il privilégie la critique sociale douce ou les « tranches de vie » montrant des personnages solitaires et désabusés à une époque où la majorité des jeunes auteurs présentent de la science-fiction ou des bandes dessinées post-soixante-huitardes sans originalité[7]), cette originalité, donc, le fait très rapidement remarquer et il devient, dès 1976, un auteur régulier du Pilote de Guy Vidal. Il est, en 1978, « une des révélations [des] deux dernières années »[8].

Lorsque Le Matin de Paris est lancé en 1977, ses dirigeants font appel à Régis Franc pour réaliser un « strip » quotidien ; celui-ci, désireux de toucher un public plus large que celui des gros lecteurs de bande dessinée, accepte sans hésiter[9]. Le Café de la plage, que l'auteur réalise tout en continuant à publier abondamment dans Pilote, lui permet de s'essayer à ce nouveau mode narratif – le « strip » –, tout en conservant les caractéristiques habituelles de ses travaux (malgré le format, les histoires offrent une double narration). Très à la mode tout à la fin des années 1970, Franc plaît au public parisien cultivé, voire « snob » par ses références ironiques à la littérature (Proust, Fitzgerald), son originalité narrative[10] et son ton distancié. Cette originalité tend cependant à décliner au fil du temps, et Franc va quitter l'expérimentation pour des formes narratives comme génériques plus balisées[11].

Les années 1980 : Régis Franc, pilier d'(À suivre)

Il rejoint en 1981 la revue (À suivre), où il crée, lors de la nationalisation du groupe industriel Marcel Dassault, Tonton Marcel au travers duquel il fustige les travers égomaniaques des grands dirigeants. D'une forme plus classique (gaufrier régulier, narration à un seul niveau, seul l'anthropomorphisme et le dépouillement persistent), cette série confirme la volonté de Franc de continuer à créer des bandes dessinées proches de l'actualité.

À la mort de Marcel Dassault en 1986, Franc, qui ne travaille plus pour Pilote depuis l'année précédente, se consacre dans (À suivre) à la bande dessinée politique : Cohabitation en 1986-1988, Le Journal de présidentielles en 1988, l'éphémère Succession en 1989. L'auteur abandonne tout travail formel recherché pour privilégier l'efficacité.

Diversification et éloignement de la bande dessinée

Dès le début des années 1980, Régis Franc, commence à diversifier ses activités. Passionné de cinéma, il co-scénarise deux films de Danièle Dubroux, puis en réalise lui-même un en 1989, présenté à Cannes en 1990 dans la sélection « Perspectives du cinéma français » sous le nom Toutes les femmes se ressemblent puis sorti en salle en janvier 1991 sous le nom Mauvaise fille. Sans être mauvaise, la critique n'est cependant pas conquise[12]. L'expérience est un échec relatif, et Franc revient à la bande dessinée, publiant dans (À suivre) de 1991 à 1993, Taty, Princesse de Neuilly, où la femme de Marcel et son neveu beatnik servent dorénavant de support à la critique sociale. De 1994 à la fin des années 1990, il publie ensuite ses bandes dessinées dans Elle.

Revenant en 2000 au cinéma pour le scénario de Trois Huit, il abandonne la bande dessinée et se consacre à l'écriture. Son premier roman, Du beau linge, paraît en 2001.

RĂ©gis Franc, « chroniqueur d'une sociĂ©tĂ© immobile Â»

Les rĂ©cits de Franc publiĂ©s dans Pilote et Le Matin (1975-1985) se distinguent de la bande dessinĂ©e d'alors par une saturation de rĂ©fĂ©rences directes (personnages, textes des bulles) ou indirectes (multiplicitĂ© des points de vue empruntĂ©e au roman-fleuve de l'entre-deux-guerres) prises hors du champ de la bande dessinĂ©e (peinture, littĂ©rature, cinĂ©ma), et qui dĂ©passent la simple valeur humoristique de la parodie pour servir « Ă  des fins narratives extrĂŞmement Ă©laborĂ©es Â»[13] : comme chez Flaubert, la saturation de dĂ©tails fait oublier la structure globale du rĂ©cit et naĂ®tre une impression d'enlisement, de vanitĂ© profonde — la difficultĂ© d'ĂŞtre est mise au jour[14]. Cet Ă©crasement des personnages est marquĂ©, notamment, par l'absence de chute de ces histoires et par la profusion des phylactères, qui vont jusqu'Ă  envahir l'espace[13], ou par l'impossibilitĂ© de lire de manière satisfaisante des rĂ©cits oĂą diffĂ©rents niveaux narratifs sont prĂ©sents sans hiĂ©rarchisation Ă  l'intĂ©rieur de chaque case[11].

Ĺ’uvre

Dans des périodiques

  • Illustrations et nouvelles dans Pilote, 1975-1985[15]
  • 85 rĂ©cits courts dans Pilote, Dargaud, 1976-1985
  • RĂ©cits courts, gags et illustrations dans Charlie Mensuel, 1976-1980, 1984
  • Le Voyage, dans Charlie Mensuel, Éditions du Square, 1976
  • Trois rĂ©cits courts dans L'Écho des savanes, 1976 et 1980
  • 996 strips du CafĂ© de la plage, dans Le Matin de Paris, 1977-1980
  • Cinq rĂ©cits courts de Gontran et Julot, automobiliste, dans Pilote, 1978-1979
  • Cette nuit fut la plus douce, dans Pilote, 1980
  • 51 rĂ©cits courts de Tonton Marcel, dans (Ă€ suivre), 1981-1986[Note 1]
  • RĂ©cits courts et illustrations dans (Ă€ suivre), entre 1981 et 1992
  • Six rĂ©cits courts d’Eden-cinĂ©ma, dans Première, 1981-1982
  • 11 rĂ©cits courts de Cohabitation, dans (Ă€ suivre) 1986-1988
  • 5 rĂ©cits courts du Journal des prĂ©sidentielles, dans (Ă€ suivre), 1988
  • 22 rĂ©cits courts de Taty, Princesse de Neuilly, dans (Ă€ suivre), 1991-1993
  • RĂ©cits courts dans Elle Ă  partir de 1994.

Albums

  • Histoires immobiles et RĂ©cits inachevĂ©s, Dargaud, coll. « Pilote », 1977[16]
  • Le CafĂ© de la plage :
  1. Le Café de la plage, Le Matin de Paris, 1977
  2. Monroe stress, Le Matin, 1978
  3. Rose Ă  l'arĂŞte, Le Matin, 1979
  4. L'Arrivée, L'auteur, 1980
  5. L'Arrivée 2, L'auteur, 1981
  • Nouvelles histoires, Dargaud, coll. « Pilote », 1978
  • Souvenirs d'un menteur, Dargaud, 1979
  • Nuits de Chine, Dargaud, 1982
  • Sunset Corridor, 1983, Ă©dition Dargaud
  • Tonton Marcel, Casterman, coll. « Les Romans (Ă€ suivre) » :
  1. Tonton Marcel, capitaine d'industrie, 1983
  2. Tonton Marcel, génie du siècle, 1985
  3. Tonton Marcel, roi de l'opposition, 1986

Littérature

Cinéma

Musique

Prix

Notes et références

Notes

  1. Ainsi qu'une histoire en 1997 pour le dernier numéro. BDoubliées.

Références

  1. Gaumer (2004), p. 309.
  2. Franc (1978), p. 9.
  3. Franc (1984), p. 6.
  4. Sauf précisions, pour toute la biographie, la référence principale est Gaumer (2004)
  5. Franc (1978), p. 3.
  6. LĂ©turgie (1978), p. 5.
  7. Franc et LĂ©turgie (1978), p. 4-6.
  8. LĂ©turgie (1978), p. 3.
  9. Franc (1978), p. 4.
  10. Numa Sadoul, « Le Numa-Numa frappeur », dans Schtroumpfanzine no 16, janvier 1978, p. 15.
  11. Peeters (1984), p. 26.
  12. Jacques Siclier, « Mauvaise fille », dans Le Monde, 27 janvier 1991
  13. Dellisse (1984), p. 13.
  14. Dellisse (1984).
  15. Pour cette sous-partie : BDOubliees ; Groensteen, Marmonnier, Niffle et Van Cauwenbergh (1984).
  16. Francis Lambert, « Régis Franc : Histoire immobiles et Récits inachevés », (À suivre), no 1,‎ , p. 99-101.
  17. Thierry Groensteen et collectif, Primé à Angoulême : 30 ans de bande dessinée à travers le palmarès du festival, Angoulême, Éditions de l'An 2, , 103 p. (ISBN 2-84856-003-7).
  18. Voir sur academie-francaise.fr.

Annexes

Articles de revues, dictionnaires, collectifs

Dossiers

Interviews

  • RĂ©gis Franc (int. Jean LĂ©turgie), « RĂ©gis Franc », dans Schtroumpfanzine no 15, , p. 3-10
  • RĂ©gis Franc (int. Thierry Groensteen), « Entretien avec RĂ©gis Franc Â», dans Les Cahiers de la bande dessinĂ©e no 57, , p. 6-10

Bibliographies de ses ouvrages

Liens externes

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