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Quatre grands de la poésie chilienne

Les quatre grands de la poésie chilienne sont le groupe des poètes considérés comme les plus importants de la littérature chilienne du XXe siècle : Gabriela Mistral, Vicente Huidobro, Pablo de Rokha et Pablo Neruda.

Relations entre les poètes

Bien que l'appartenance au groupe soit basée sur leur œuvre propre, ces poètes ont été relativement proches au cours de leur vie.

Déjà connue comme poète, Gabriela Mistral était également directrice du Liceo de Niñas de Temuco. C'est lorsqu'elle occupait ces fonctions qu'un adolescent de la ville, intéressé par l'opinion de la poétesse, lui apporta quelques poèmes qu'il avait écrits pour qu'elle en fît la critique. Cet adolescent était Neftalí Reyes, qui, plus tard et sous le pseudonyme de Pablo Neruda, reçut le Prix national de littérature du Chili en 1945, la même année où Gabriela Mistral fut récompensée du Prix Nobel de littérature — le premier décerné à un Latino-Américain[1] —, que Neruda reçut lui aussi 26 ans plus tard.

Au contraire, la relation entre Vicente Huidobro, Pablo de Rokha et Pablo Neruda fut une lutte particulièrement longue et persistante, des plus notables dans la littérature chilienne : ils étaient tous les trois de la même génération et devinrent tous à un moment donné membres du Parti communiste[N 1]. La raison pour laquelle les trois poètes étaient engagés de cette manière reposait fondamentalement sur le besoin de se mettre en avant sur la scène qui a surgi avant la Seconde Guerre mondiale du fait de l'expansion totalitaire du nazisme et du fascisme en Europe. Cependant, ce fut plutôt sur des points personnels que politiques, que les trois écrivains matérialisèrent leur rivalité. Dans ce contexte, de Rokha devint l'ennemi juré de Neruda, qu'il considérait comme bourgeois et opportuniste dans ses actions politiques et sociales, et publia plusieurs opuscules allégoriques où il s'en prenait à Neruda. Il critiqua particulièrement l'un de ses recueils de poèmes autobiographique, Corona del archipiélago para Rubén Azócar, où Neruda le traitait de charlàtan sinalefo (« charlatan synalèphe ») et de pobre ladrón de gallinas vestido de negro (« pauvre voleur de poules vêtu de noir ») en y répliquant par un autre poème, Tercetos dantescos a Casiano Basualto (« Tercets dantesques à Casiano Basualto[N 2] »)[3] - [4].

Pour sa part, après s'être affilié au Parti communiste — beaucoup plus tôt que Neruda —, Vicente Huidobro prit ses distances du monde politique à son retour au Chili. Vers la fin de sa vie, il conserva une certaine distance avec Neruda, qu'il qualifiait ironiquement de poète romantique. Celui-ci n'esquivait pas non plus ce climat de rivalités et réagit aux invectives de ses collègues en écrivant un texte appelé Aquí estoy, publié à Paris en 1938, où il dénonçait les animosités et le mépris à son égard[4].

Neruda est considéré comme l'un des vingt-six auteurs charnières de la littérature occidentale de tous les temps[5] - [N 3].

Considérations et critiques

Nicanor Parra, également un grand poète chilien qui a par ailleurs parfois été inclus dans les « quatre grands »[6], était également un critique littéraire et à ce titre a fait le commentaire suivant :

« Les quatre grands poètes du Chili
Ils sont trois
Alfonso de Ercilla[N 4], et Rubén Darío »

— Nicanor Parra, selon Roberto Bolaño, également poète, dans le catalogue de l'exposition Artefactos Visuales de Parra, Madrid, 2001[7].

Notes et références

Notes

  1. À noter que Gabriela Mistral n'a elle au contraire jamais milité pour un quelconque parti politique et est toujours restée éloignée des régimes autoritaires.
  2. Casiano Basualto étant le nom par lequel de Rokha appelait Neruda depuis quelques années[2].
  3. Sont également cités dans cet ouvrage Shakespeare, Dante, Chaucer, Cervantes, Montaigne, Molière, Milton, Samuel Johnson, Goethe, Wordsworth, Jane Austen, Walt Whitman, Emily Dickinson, Charles Dickens, George Eliot, Tolstoï, Ibsen, Freud, Proust, James Joyce, Virginia Woolf, Franz Kafka, Borges, Fernando Pessoa et Samuel Beckett.
  4. Alonso de Ercilla est un poète espagnol du XVIe siècle qui a été au Chili et a participé à plusieurs batailles ; il fait de son témoignage à ces événements un poème épique célèbre : La Araucana, considéré comme le texte fondateur de la nation chilienne.

Références

  1. « Chile », dans Almanaque Mundial 1989, Panamá, Editorial América, , p. 262.
  2. (es) Julián Moreiro Prieto, Escritores a la greña : Envidias, enemistades y trifulcas literarias, EDAF, , 264 p. (ISBN 978-84-414-3508-7, lire en ligne).
  3. (es) David Schidlowskyn, Neruda y su tiempo : 1950-1973, vol. 2 : las furias y las penas, RIL Editores, (ISBN 978-956-284-629-5, lire en ligne), p. 1155.
  4. Zerán 1992.
  5. (en) Harold Bloom, The Western Canon: The Books and School of the Ages, New York, Harcourt Brace, .
  6. (es) Leonardo Sanhueza, « Los cuatro grandes », Las Ùltimas Noticias, , p. 42 (lire en ligne).
  7. (es) Manuel Toledo, « Nicanor Parra, los 100 años del legendario creador de la antipoesía », sur BBC, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (es) Faride Zerán, La guerrilla literaria : Huidobro, de Rokha, Neruda, Santiago, Ediciones Bat, , 223 p. (ISBN 978-956-7022-20-5, lire en ligne).
  • (es) Hernán Díaz Arrieta (es) (« Alone »), « Los cuatro grandes de la literatura chilena », Zig-Zag, Santiago de Chile, , p. 173-235 (lire en ligne).
  • (es) Leonardo Sanhueza, « Los cuatro grandes », Las Ùltimas Noticias, , p. 42 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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