Psylles
Les Psylles (en latin : Psylli, en grec ancien : Ψύλλοι) sont une tribu berbère qui vivait à l'est de la Libye antique[1]. Ils sont les voisins orientaux des Nasamons et des Garamantes, au sud du golfe de Syrte, dont ils étaient séparés par la bande côtière sous contrôle romain.
Psylles | |
Carte de l'Empire romain sous le règne de l'empereur Hadrien, montrant l'emplacement des Psylles, au Sud du golfe Syrtis Maior. | |
Période | Antiquité |
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Ethnie | Berbères |
Langue(s) | Berbère |
Religion | Croyances berbères |
Région d'origine | Libye antique |
Région actuelle | Afrique du Nord, désert libyen |
Frontière | Romains au Nord, désert au Sud, Nasamons à l'Ouest et Égypte antique à l'Est |
Les Psylles avaient la réputation d'être invulnérables aux morsures de serpents, et d'avoir des dons de guérisseurs. On ignore néanmoins leur véritable situation.
Références historiques
Pline l'Ancien (Histoire Naturelle, VII. 14) localise les Psylles sur la côte de Syrte, au dessus des Garamantes, et donne Psylleskos kolpos (« golfe psyllique ») comme le premier nom du golfe de Syrte.
D'après John C. Murphy, « les Psylles étaient les restes déplacés de l'ancienne tribu libyenne du golfe de Syrte. Conquis par les nomades Nasamons, les Psylles devinrent une secte de charmeurs de serpents de grande renommée »[2].
Hérodote décrit les Psylles comme « une tribu qui s'est éteinte » après que le vent du désert ait asséché les trous d'eau (IV. 173). Pline l'Ancien a dit qu'ils étaient « presque exterminés » dans une guerre contre leurs voisins, les Nasamons, mais les descendants de ceux qui se sont échappés « survivent aujourd'hui dans quelques endroits » (VII. 2.14). Strabon ne mentionne pas une guerre infructueuse contre le vent du désert, ou les Nasamons mais seulement que les Psylles existaient encore, occupant « une région stérile et aride » (XVII. 3.23) en dessous des Nasamons. Les écrivains postérieurs, en particulier les poètes, ont conféré aux Psylles une réputation de grands charmeurs de serpents.
Dans son livre Histoire Romaine, Dion Cassius fait référence au Psylles comme étant recherchés par Auguste pour extraire le venin de serpent avec lequel Cléopâtre s'était empoisonnée (LI. 14). Selon Dion, les Psylles étaient complètement immunisés contre les morsures de serpents, et étaient tous des Hommes (LI. 14).
Un historien du début du IIIe siècle av. J.C., Callias de Syracuse, décrit la manière dont les Psylles procédaient pour soigner les victimes des morsures de serpents[3] : ils crachent sur la morsure et leur salive ensorcelée suffit à calmer la douleur. Si le cas est plus grave, ils se rincent la bouche avec de l'eau, puis la recrachent dans une tasse et donnent le tout à boire au malade. Enfin, dans les cas les plus extrêmes, ils se couchent nu à côté du malade, également nu, et se frotte à lui, et libère ainsi le malade par le pouvoir naturel de sa peau.
Lucain (Pharsale; IX. 891), parlant des Psylles, dont la propriété particulière devait d'être indemne contre les morsures des serpents, dont leur pays abondait, écrit :
« Un seul peuple habite ces contrées sans avoir à craindre la cruelle morsure des serpents : ce sont les Psylles de la Marmarique. Leurs paroles ont la même vertu que les herbes ; leur sang est invulnérable et réfractaire au venin, même sans l'aide des enchantements. Leur climat, en les faisant vivre parmi les serpents, leur a conféré l'immunité ; ils ont gagné à s'être établis au milieu des poisons. Ils vivent en paix avec la mort. »
Selon Lucain, ce furent les Psylles qui sauvèrent l'armée de Caton de serpents venimeux, grâce à leurs dons guérisseurs :
Ce fut elle qui sauva l'armée de Caton. Ce peuple suivait sa marche, et lorsque le chef ordonnait de dresser les tentes, les Psylles prenaient soin de purifier le camp par des chants magiques qui mettaient en fuite les serpents. Ils brûlent à l'entour des herbes odorantes. Dans cette flamme pétille l'hybèble, suinte le galbanum exotique, le tamarin au triste feuillage, le costus oriental, la souveraine panacée, la centaurée thessalienne, le peucedanum, le thapson d'Erix, le mélèze et l'abrotonum, dont la fumée tue le reptile, et la corne du cerf né loin d'ici.
Ainsi le soldat passait des nuits tranquilles, mais si durant le jour, l'un d'eux reçoit une atteinte mortelle, c'est alors que le Psylle use des charmes les plus forts. Alors commence la lutte du Psylle et du poison qu'il arrête. D'abord sur le membre atteint, il fait une trace avec sa salive qui retient le virus et refoule le mal dans la plaie. Puis, avec un continuel murmure, il marmotte dans sa bouche écumante mille chants magiques ; l'activité du poison l'empêche de reprendre haleine ; la mort prête à venir ne souffre pas qu'il se taise une minute. Souvent le mal qui a pénétré jusque dans la moelle, fuit devant les paroles enchantées. Mais s'il tarde à les entendre et refuse de sortir aux ordres du Psylle, celui-ci se penche sur le blessé, suce sa plaie livide, aspire le venin, l'exprime avec ses dents, crache la mort, et reconnaît au goût le serpent qu'il a vaincu[4]. |
Coutume
On prétend que les Psylles pratiquaient des tests au venin de serpent pour déterminer si leur progéniture était légitime et si leurs épouses étaient fidèles. Les nourrissons psylles étaient soumis à des piqûres de venin : si l'enfant mourait de la morsure, cela marquait son illégitimité.
Références
- (en) Serpent-worship, Classic Encyclopedia (lire en ligne)
- (en) John C. Murphy, Secrets of the Snake Charmer : Snakes in the 21st Century, iUniversity, , 420 p. (ISBN 978-1-4502-2126-9 et 1-4502-2126-2), p. 8
- Callias de Syracuse, BNJ 564 F3 = Elien, De la personnalité des animaux, XVI.28.
- Lucain (trad. Marmontel, M. H. Durand), La Pharsale, Paris (1re éd. 1865) (lire en ligne), chap. IX, p. IX
Lire aussi
- Richard L. Smith, « What Happened to the Ancient Libyans? », Journal of World History, vol. 14, no 4, , p. 459-500 (DOI 10.1353/jwh.2003.0060)