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Psychologie humaniste

L'approche humaniste est un courant de la psychologie fondĂ© sur une vision positive de l'ĂȘtre humain. C'est Ă©galement un modĂšle de psychothĂ©rapie qui s'appuie sur la tendance innĂ©e de la personne Ă  vouloir se rĂ©aliser, c'est-Ă -dire Ă  mobiliser les forces de croissance psychologique et Ă  dĂ©velopper son potentiel. La psychologie humaniste (Humanistic Psychology) apparaĂźt Ă  partir des annĂ©es 1940 aux États-Unis, principalement sous l'impulsion d'Abraham Maslow[1]. Ce courant est parfois nommĂ© « troisiĂšme force » (Third Force Psychology), faisant suite aux deux autres grands mouvements que sont la psychanalyse et le comportementalisme (bĂ©haviorisme). Un quatriĂšme courant lui fait suite : la psychologie transpersonnelle. L'approche existentielle-humaniste est souvent associĂ©e au mouvement du potentiel humain.

Toutefois, une vision extrĂȘmement positive de l’ĂȘtre humain a eu des difficultĂ©s « Ă  ĂȘtre pensĂ©e » au sein de la culture europĂ©enne ravagĂ©e alors par les tragĂ©dies et l’horreur des deux guerres. En Europe, la tradition existentielle a accordĂ© une place prĂ©pondĂ©rante aux limitations de l’ĂȘtre humain et aux dimensions tragiques de l’existence (Santarpia, 2016 ; Lecomte & Drouin, 2007 ; Lecomte & Richard, 1999). De nombreux aspects de la philosophie humaniste amĂ©ricaine trouvaient toutefois un Ă©cho dans le cadre des rĂ©fĂ©rences existentielles europĂ©ennes sur lesquelles nous centrons ce chapitre : l’anti-dĂ©terminisme, l’importance accordĂ©e Ă  la libertĂ©, le choix, l’intention, les valeurs, la responsabilitĂ©, et l’orientation vers la prise en compte du monde expĂ©rientiel unique de chaque individu (Yalom, 2008).

Historique

« La psychologie humaniste trouve ses racines Ă©tymologiques dans le substantif latin humanitas qui dĂ©finit les qualitĂ©s spĂ©cifiques de la nature humaine. Plus prĂ©cisĂ©ment, l’humanitas cicĂ©ronienne porte en elle diffĂ©rentes perspectives : une facilitĂ© et une force des sentiments dans les rapports interpersonnels (civilitĂ©, politesse, affabilitĂ©, bon grĂ©), un sentiment d’attachement et de devoir, et une solidaritĂ© envers les autres membres de l’espĂšce. Il s’agit d’une conception de l’humain qui se caractĂ©rise par le goĂ»t de la science, de l’enseignement et de la culture, fondĂ©e sur l’esprit critique, la courtoisie, et l’élĂ©gance morale »[2].

Les prĂ©misses de cette vision de l'ĂȘtre humain et de la relation psychothĂ©rapeutique sont posĂ©es dĂšs 1923 par Jacob Levy Moreno, proche du philosophe Martin Buber. Le grand dessein de Moreno est de donner libre cours Ă  la crĂ©ativitĂ© spontanĂ©e de l'homme (Le thĂ©Ăątre improvisĂ©). Il inventa le psychodrame (1946) et le sociodrame.

En 1943, Abraham Maslow, humaniste en ce sens qu'il était intéressé par le développement de soi, met au point une théorie de la motivation et du besoin (connue sous le nom de pyramide des besoins de Maslow)[3].

L'un des premiers courants psychothĂ©rapeutiques appartenant Ă  l'approche humaniste a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Carl Rogers, crĂ©ateur de l'Approche centrĂ©e sur la personne, approche initialement fondĂ©e sur le principe de la non directivitĂ©. L'approche centrĂ©e sur la personne (ou ThĂ©rapie centrĂ©e sur le client) vise Ă  libĂ©rer les tendances positives naturelles de l'ĂȘtre humain pour relancer les puissantes forces de changement.

Une autre grande Ă©cole du courant humaniste-existentielle est la Gestalt-thĂ©rapie crĂ©Ă©e par Fritz Perls et Paul Goodman qui s'est dĂ©veloppĂ©e aux États-Unis Ă  partir de 1951 (Publication de Gestalt Therapy).

Une autre approche représentative des valeurs et des principes de la psychologie humaniste est la logothérapie de Viktor Frankl.

On a parfois confondu la psychologie humaniste avec la psychologie transpersonnelle alors qu'il s'agit de deux orientations bien distinctes, mĂȘme si elles partagent certaines idĂ©es sur la nature humaine comme le note Stanislav Grof : « Les psychothĂ©rapies humanistes se fondent sur l'hypothĂšse que l'humanitĂ© est aujourd'hui trop intellectuelle, dĂ©pendante de la technologie et qu'elle s'est coupĂ©e des sentiments et des Ă©motions
 Elles visent la croissance individuelle ou l'auto-actualisation plutĂŽt que l'ajustement
 Les approches humanistes reprĂ©sentent un pas important vers une comprĂ©hension holistique de la nature humaine
 Un aspect important de la psychothĂ©rapie humaniste est le dĂ©placement de l'orientation ‘intraphysique’ ou ‘intraorganique’ vers la reconnaissance des relations interpersonnelles, de l'interaction familiale, des rĂ©seaux sociaux et des influences socioculturelles et vers l'introduction de considĂ©rations Ă©conomiques, Ă©cologiques et politiques. » (Psychologie transpersonnelle (Beyond the Brain), 1983, trad., Rocher, 1984, p. 110).

Principe

La psychologie humaniste s'appuie sur l'expérience consciente du patient et introduit le postulat de l'autodétermination : il s'agit de développer chez la personne qui consulte la capacité de faire des choix personnels.

Pour Carl Rogers et les autres thĂ©oriciens de l'approche humaniste, l'ĂȘtre humain est fondamentalement bon, dans le sens oĂč il Ă©voluera toujours positivement s'il suit sa propre expĂ©rience et se dĂ©barrasse des conditionnements qui limitent sa libertĂ©. La violence et la prĂ©dation ne sont que les fruits de la dĂ©sespĂ©rance et en aucun cas un choix de comportement dictĂ© par la rentabilitĂ©, la facilitĂ© ou le principe du plaisir : en cela, la psychologie humaniste rejoint la sociologie humaniste.

Caractéristiques

Si ce courant n'est pas homogÚne, on peut citer certaines caractéristiques communes.

Tout d'abord, une conception de l'ĂȘtre humain qui s'exprime par les notions de respect de la personne, de responsabilitĂ©, de libertĂ©, d'authenticitĂ©, d'expĂ©rience, de rencontre ou relation existentielle ou alliance thĂ©rapeutique (c'est-Ă -dire, une relation de personne Ă  personne et non de thĂ©rapeute Ă  patient).

Ensuite, nous retrouvons souvent les caractéristiques suivantes :

  • Vision positive de l'ĂȘtre humain ;
  • Tendance actualisante ;
  • Absence de diagnostic ;
  • Confiance dans la capacitĂ© de croissance de l'ĂȘtre humain ;
  • principe de la non directivitĂ© ;
  • accent mis sur l'expĂ©rience prĂ©sente (Ici et maintenant) ;
  • suppression ou attĂ©nuation de la dichotomie entre maladie et santĂ© ;
  • objectifs de dĂ©veloppement, de croissance, d'Ă©panouissement personnel ;
  • importance de l'expression Ă©motionnelle et de la communication non verbale.

Certaines thérapies de conscience psychocorporelles utilisant la relaxation et l'amélioration ou restructuration du schéma corporel adhÚrent à ces principes et se considÚrent donc partie prenante de l'approche humaniste.

« Le style du thĂ©rapeute est essentiel dans cette approche. Sa capacitĂ© d’ĂȘtre en contact avec les potentialitĂ©s crĂ©atives du patient sont les conditions nĂ©cessaires d’un parcours en psychothĂ©rapie qui amĂ©liore la qualitĂ© de vie de l’ĂȘtre en souffrance. La prĂ©sence chaleureuse du thĂ©rapeute et sa flexibilitĂ© interprĂ©tative devant la nuditĂ© ou l’indicibilitĂ© de nos souffrances semblent aujourd’hui les Ă©lĂ©ments essentiels d’une rencontre significative et efficiente »[4].

Dans une vision narrative de l'approche humaniste (Santarpia, 2016) la psychothĂ©rapie est « une confrontation ou un Ă©change intersubjectif de systĂšmes d’interprĂ©tation entre plusieurs ou deux ĂȘtres interprĂ©tants (le professionnel et le/les patients) dans un contexte physique et culturel » (Santarpia, p. 168). Elle se configure ensuite comme un lieu de dĂ©centrement-rencostruction-inventivitĂ© (Santarpia, 2016). Plus prĂ©cisĂ©ment, le processus thĂ©rapeutique peut ĂȘtre organisĂ© en trois phases (Santarpia, 2016, p.169) :

  • Dans une premiĂšre phase le thĂ©rapeute facilite, encourage, participe (dans une modalitĂ© emphatique) ou suggĂšre clairement (souvent dans des pathologies lourdes) afin d’avoir une claire manifestation et une claire expression des systĂšmes d’interprĂ©tation du patient.
  • Dans une deuxiĂšme phase, l’échange clinique vise Ă  remettre en question, Ă  interroger et Ă  dĂ©construire-dĂ©cĂ©ntrer les systĂšmes interprĂ©tation et d’expĂ©rience sensorielle du patient.
  • Dans une troisiĂšme phase, l’échange clinique vise Ă  affaiblir les systĂšmes d’interprĂ©tation plus rigides et redondants (Salvatore & Valsinier, 2006 ; Samoilov & Goldfried, 2000) pour permettre l’émergence des systĂšmes d’interprĂ©tations plus innovantes et crĂ©atives pour le patient (Salvatore & Valsinier, 2006 ; Samoilov & Goldfried, 2000).

Les différents courants

Quelques représentants

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • (en) Abraham Maslow, Motivation and Personality (1954, rĂ©Ă©ditĂ© 1970). Trad. : Devenir le meilleur de soi-mĂȘme : besoins fondamentaux, motivation et personnalitĂ©, Eyrolles, coll. « Éditions d'Organisation », 2008, 383 p.
  • (en) Carl Rogers, On Becoming a Person: A Therapist's View of Psychotherapy (1961). Trad. : Le dĂ©veloppement de la personne, Dunod, 2005, 270 p.
  • (en) Thomas Gordon, Good Relationships: What Makes Them, What Breaks Them (en collaboration avec Noel Burch). Trad. : Relations efficaces : comment construire et maintenir de bonnes relations, Marabout, 2011, 224 p.
  • (en) Willard B. Frick, Humanistic psychology. Conversations with Abraham Maslow, Gardner Murphy, Carl Rogers, Bristol (Ind.), Wyndham Hall Press, 1989, XII-186 p.
  • La Relaxation thĂ©rapeutique chez l'enfant MĂ©thode BergĂšs (Marika BergĂšs Bounes, Christine Bonnet, GeneviĂšve Ginoux, Anne Marie Pecarelo, Corine Bernardeau, ed. Masson Elsevier, 2008)
  • Alfonso Santarpia, Introduction aux psychothĂ©rapies humanistes, Paris, Dunod, coll. « Psycho sup », , 238 p. (ISBN 978-2-10-074229-5) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Lecomte, C., & Drouin, M.-S. (2007). PsychothĂ©rapies humanistes. In S. Ionescu & A. Blanchet (Eds.), Psychologie Clinique, psychopathologie et psychothĂ©rapie (pp. 407–435). Paris : Puf. Lecomte, C., & Richard, A. (1999). La psychothĂ©rapie humaniste-existentielle d’hier Ă  demain : Ă©pilogue. Revue QuĂ©bĂ©coise de Psychologie, 20(2), 189–205.
  • Yalom, I. D. (2008). ThĂ©rapie Existentielle. Paris : Galaade Editions.
  • Salvatore, S., & Valsinier, J. (2006). “Am I really a Psychologist ?”. Making sense of a super-human social role. European Journal of School Psychology Special Issue, 4(2), 5–30.
  • Samoilov, A., & Goldfried, M. (2000). Role of emotion in cognitive–behavior therapy. Clinical Psychology : Science and Practice, 7, 373–385.
  • Michelle Larivey La puissance des Ă©motions (2002) Le dĂ©fi des relations (2004)

Notes et références

  1. (en)A. Maslow, Toward a psychology of being, New York, 2e Ă©d., 1968, p. III.
  2. Santarpia 2016, p. 7
  3. (en) Abraham Maslow, A theory of human motivation, Psychological Review, 50 (1943), p. 370-396.
  4. Santarpia 2016, p. 1
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