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Provinces de l'Union

Les Provinces de l'Union (1573-1589), également appelées Provinces-Unies du Midi par certains historiens, sont une structure confédérale de communautés locales protestantes durant les guerres de religion dans le sud de la France au XVIe siècle. L'Union rassemble les provinces du Poitou, du Languedoc, de la Provence, du Dauphiné et du Massif central[1]. Les Provinces de l'Union perdent leur raison d'exister après l'accession au trône de France de leur protecteur Henri IV en 1589.

Territoires contrôlés par les protestants lors des guerres de Religion (1562-1598) sur les frontières en 1685.
  • huguenots (calvinistes/rĂ©formĂ©s)
  • zone contestĂ©e
  • catholiques
  • luthĂ©riens (Alsace et Moselle)

Histoire

Contexte

Après le massacre de la Saint-Barthélemy de 1572, la France plonge dans la quatrième guerre de religion. Le massacre de la Saint-Barthélemy a creusé un fossé entre le pouvoir royal et les protestants. Le parti protestant qui n'a plus foi dans le roi s'organise encore plus fortement que par le passé.

En , une assemblĂ©e politique de huguenots se tient Ă  Millau et Ă©labore un « règlement Â», « sorte de constitution prĂ©voyant pour les rĂ©formĂ©s une structure confĂ©dĂ©rale Â»[2]. En , l'AssemblĂ©e de Millau choisit le prince protestant Henri de CondĂ© comme « gouverneur gĂ©nĂ©ral et protecteur Â», puis le gouverneur du Languedoc et futur Duc de Montmorency Henri de Montmorency-Damville jusqu’à son ralliement au roi Henri III en 1577, et enfin Henri de Navarre, qui hĂ©rite du trĂ´ne de France en 1589 sous le nom de Henri IV[1].

Institutions créées

Les Provinces de l'Union se présentent sous la forme d'une structure confédérale basée sur trois niveaux : les villes, les provinces et l'Union des provinces. Les institutions créées sont pour chaque niveau :

  • Dans chaque ville : un « majeur Â» Ă©lu et deux assemblĂ©es (Conseil des vingt-quatre et AssemblĂ©e des soixante-quinze)
  • Dans chaque province : une AssemblĂ©e provinciale rĂ©unie tous les trois mois, Ă©lue par les villes et les villages
  • Au niveau de l'Union : une AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale rĂ©unie tous les six mois, qui fait la loi, dĂ©cide de la guerre et de la paix et vote les impĂ´ts

Ces institutions trahissent une hostilité au pouvoir absolu incarné par Charles IX et montrent une préférence pour l'autonomie des pouvoirs locaux selon le principe de subsidiarité.

DĂ©bats historiographiques

Provinces-Unies ou Provinces de l'Union

L'expression « Provinces-Unies du Midi Â» est utilisĂ©e pour la première fois par l'historien Jean Delumeau en 1965[3], par analogie avec la situation nĂ©erlandaise qui donna naissance aux Provinces-Unies. L'expression fut reprise et popularisĂ©e par Janine Garrisson en 1980[4].

Arlette Jouanna rĂ©cuse cette appellation et prĂ´ne celle de Provinces de l'Union « pour deux raisons : d'abord parce que c'est le nom utilisĂ© par les artisans de cette structure ; ensuite parce que l'expression « Provinces-Unies du Midi Â» risque de faire naĂ®tre une confusion, analogie avec les Provinces-Unies du Nord : faire croire qu'il s'agit d'une sĂ©cession et d'une rĂ©publique. Or ce n'est ni l'un, ni l'autre Â»[2].

Une tentative sécessionniste ?

Les Provinces de l'Union ont parfois été décrites comme une tentative de constituer en France un État huguenot, une république indépendante du Royaume de France à la manière de ce que les Néerlandais ont fait par la suite en 1581 en se séparant des Pays-Bas espagnols.

Or, la lecture du règlement de 1573 fait apparaĂ®tre que l'assemblĂ©e n'avait « d'autre but que la gloire de Dieu, l'avancement du règne du Christ, le bien et le service de cette couronne et le commun repos du royaume Â». En 1574, l'assemblĂ©e ajoute : « jamais ne leur est entrĂ© au cĹ“ur de [...] se soustraire, licencier ou dĂ©livrer indignement de l'obĂ©issance qu'ils doivent comme vrais et naturels sujets de cette couronne Ă  leur vrai et naturel roi Â». Arlette Jouanna conclut donc que cela « tĂ©moigne peut-ĂŞtre de l'existence d'une tentation antĂ©rieure de sĂ©cession, contemporaine du siège de La Rochelle ; mais cette tentation, si elle a existĂ©, a Ă©tĂ© Ă©phĂ©mère Â»[2].

Notes et références

  1. Musée virtuel du protestantisme, L’Union des provinces ou l’État huguenot (1573-1589)
  2. Arlette Jouanna, La France du XVIe siècle 1483-1598, PUF, 1996, p. 506.
  3. Jean Delumeau, Naissance et affirmation de la RĂ©forme, PUF, p. 181
  4. Janine Garrisson, Protestants du Midi, p. 185

Lien externe

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