Prosper Morey
Matthieu-Prosper Morey est un architecte français né le à Nancy et mort dans cette même ville le .
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 80 ans) Nancy |
SĂ©pulture | |
Nationalité | |
Formation | |
Activité |
Membre de | |
---|---|
Distinctions |
Origines et formation
Prosper Morey est né à Nancy rue des Quatre-Églises où son père était plâtrier[1]. Sa formation initiale n'est pas connue, peut-être a-t-il commencé comme apprenti dans les métiers du bâtiment. Contrairement à de nombreux architectes de son époque, il appartient à une classe sociale inférieure[2]. Élève à l'École nationale supérieure des beaux-arts, il suit notamment les cours d'Achille Leclère, dans l'atelier duquel il rencontre pour la première fois Eugène Viollet-le-Duc faisant un bref passage[3].
Il entre à l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1827. On dispose de plusieurs témoignages de son passage sous forme d'exercices de dessin : un escalier, une bibliothèque, des copies d'une maison de Baldassare Pedruzzi et d'un temple romain... Son parcours scolaire est brillant : il remporte le Grand Prix de Rome en 1831 pour un projet d' Établissement d'eaux thermales.
Lauréat du Grand Prix de Rome, il séjourne à la Villa Médicis de 1832 à 1837. En 1838, il est attaché comme architecte à la mission archéologique en Grèce et Asie Mineure conduite sous la direction de Raoul Rochette. Il participe en 1846 à la création de l'École française d'Athènes.
Séjours en Italie et en Grèce
Prosper Morey part à Rome en 1832 pour un séjour de quatre années. Il y remplit scrupuleusement ses devoirs, et même au-delà , ce qui lui vaut les compliments réguliers de l'Académie des beaux-arts, juge des envois annuels des élèves[4]. À la Villa Médicis dirigée par Horace Vernet puis Ingres, il a notamment pour compagnons de travail Léon Vaudoyer, Victor Baltard ainsi qu'Hector Berlioz.
Il effectue de nombreux relevés archéologiques et architecturaux, d'après ses propres voyages mais aussi les croquis esquissés par ses confrères, la copie étant l'un des vecteurs principaux de l'apprentissage du métier d'architecte. Pour ses travaux sur le temple de Mars Vengeur, il sollicite des autorités romaines l'autorisation de procéder à des fouilles archéologiques[5].
Envois de Rome
Les envois constituent les devoirs des pensionnaires de la Villa Médicis. Terminés début janvier, ils sont brièvement exposés à Rome avant de prendre le bateau en direction de Paris où l'Académie des beaux-arts les juge. Les délais de jury et postaux font que l'appréciation ne parvient souvent aux élèves qu'en novembre ou décembre, soit quelques semaines avant de rendre une phase plus aboutie de leurs travaux.
- Envoi de première année : Temple de Mars Vengeur et restauration du Forum d'Auguste ;
- Envoi de deuxième année : Étude de détails pour le Panthéon d'Agrippa, le Forum triangulaire à Pompéi et le temple de la Paix à Paestum ;
- Envoi de troisième année : Arcs de Titus, Constantin et Septime Sévère, le Temple de Vesta (Tivoli), temple d'Hercule à Cori ;
- Envoi de quatrième année : Projet de restauration du Forum de Trajan ;
- Envoi de cinquième année : Projet de Panthéon.
Les envois de Morey ne brillent pas particulièrement par leur originalité mais sont très appréciés des juges. En tous points, il se montre un pensionnaire modèle et zélé.
Morey à Pompéi
Prosper Morey fait partie des premiers à visiter et relever les ruines de Pompéi. Bien que ses dessins et gouaches ne démontrent pas de découvertes, il est néanmoins doué d'un grand talent pour l'observation et le rendu des architectures et des décors. À cette époque, seulement un quart de la surface de la ville a été fouillé. Morey donne des visions saisissantes et fraîches des fresques de nombreuses villas pompéiennes.
Autres voyages
Les élèves sont encouragés à voyager en Italie afin de former leur goût avec des modèles antiques parfaits, mais ils s'intéressent également à l'architecture médiévale et renaissante. Morey séjourne en Sicile en compagnie de Victor Baltard[6]. Il y retrouve notamment Viollet-le-Duc ; Palerme et surtout la cathédrale de Messine[7] font l'objet de toute son attention. On le voit également à Naples et à Venise, avec des élévations et détails du palais des Doges.
En 1838, il est attaché comme architecte à la mission archéologique en Grèce et Asie Mineure conduite sous la direction de Raoul Rochette[8]. Il participe en 1846 à la création de l'École française d'Athènes.
Carrière
À son retour en France vers 1840, il s'installe à Paris rue Saint-Georges[9] et se marie le à Paris à Louise-Arsène-Eugénie Klein, petite-fille du général Klein. Le couple a une fille, Reine Mathilde, épouse Phulpin, qui est à l'origine du don de l'ensemble de la collection Morey à la ville de Nancy. Il est nommé inspecteur des travaux publics et architecte expert auprès des tribunaux. Il participe notamment à la restauration de l'abbaye de Saint-Omer et de la Colonne de la Grande Armée à Boulogne. Il sollicite différents postes officiels au Ministère des Affaires étrangères, aux Tuileries, à Fontainebleau et au Louvre sans les obtenir[10].
C'est en 1850 qu'il retourne à Nancy où il est bientôt nommé architecte en chef de la ville et architecte des monuments historiques du département de la Meurthe. Auteur de plusieurs publications sur l'histoire de l'architecture en Lorraine, il devient membre de l'Académie de Stanislas[11] dès 1850 puis correspondant de l'Académie des beaux-arts en 1869.
Ĺ’uvres
Représentant du style néo-gothique, il construisit de nombreux édifices pour la ville et reste célèbre pour la reconstruction de la Basilique Saint-Epvre :
- le marché central en 1849,
- l'Ă©glise Saint-Vincent-Saint-Fiacre 1853-1855
- le Château de l'Asnée à Villers-lès-Nancy[12]
- le palais de l'Université de 1858 à 1870,
- l'extension de l'hĂ´tel de ville en 1862,
- la basilique Saint-Epvre de 1863 Ă 1875,
- la reconstruction (1866-1869) de l'abbatiale de Senones détruite en 1809 par un incendie.
- la maison du gardien du parc de la Pépinière (1867 - détruite par un incendie criminel)
- l'ancienne École de peinture et de dessins (désormais aile Nord du Musée Lorrain) 1871
- le kiosque à musique du Parc de la Pépinière (1874)
- l'Ă©glise Saint-Nicolas de Nancy 1874-1883
- l'extension du Lycée de Nancy 1877
- la façade monumentale de la place Vaudémont avec statues d'Eugène Laurent.
- l'hĂ´pital central en 1883.
En tant qu'architecte des monuments historiques, il contribua Ă de nombreuses restaurations telles :
- Projet initial pour Saint-Epvre (avec ancien clocher).
- Église Saint-Epvre de Nancy.
- DĂ©dicace Ă Morey.
- Projet de kiosque à musique pour le parc de la Pépinière
Parmi ses Ă©crits :
- Manuscrit numérisé des Bibliothèques de Nancy, Ms. 1810 : Morey, Prosper (1805-1886), L'archéologie des édifices religieux anciens de la Lorraine avec un exposé des églises de Nancy démolies, 1846/1886 (lire en ligne)
Distinctions
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur en 1860[13]
- Chevalier de l'Ordre de François-Joseph en 1867
- Croix de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand en 1870
- Palmes d'Officier d'Académie en 1872.
À Nancy, une rue proche de la gare, la rue Morey, porte son nom depuis 1889. Il repose au cimetière de Préville.
Notes et références
- Hubert Elie, p. 7
- Ses lettres à ses parents témoignent de son sentiment de n'être pas tout à fait à sa place dans l'atmosphère mondaine de l'Académie, v. Hubert Elie, p. 20, 26. Voir aussi Fabienne Doulat, « Guillaume Abel Blouet, du village de Passy aux côtes de Morée, exemplarité ou exception du parcours intellectuel et artistique d'un enfant du peuple », dans Livraisons d'histoire de l'architecture, vol. 5 no 1, 2003, p. 6-83. En ligne :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2003_num_5_1_932.
- Prosper Morey, architecte : de Nancy à Pompéi
- Jean-Michel Leniaud, dir., Procès-verbaux de l'Académie des Beaux-arts, t. 5 : 1830-1834, Paris : Droz, 2004, p. 386 et 396 et t. 6, 1835-1839, Paris : Droz, 2003, p. 390, 401, 432-433, 441-442.
- François Fossier, dir., Horace Vernet : 1829-1834, Saint-Haon-le-Vieux : le Puits aux livres, 2010, lettres no 331, 334, 335, 360, 370, 470, 473, 581. (Correspondance des directeurs de l'Académie de France à Rome, nouvelle série, xixe siècle)
- Pierre Pinon, Louis-Pierre et Victor Baltard, Paris, Monum : Ă©ditions du Patrimoine, 2005, p. 119.
- Henri Roux et Prosper Morey, Charpente de la cathédrale de Messine, Paris : typographie de Firmin-Didot Frères, 1841. 2 p., 7 pl.
- Georges Perrot, « Notice sur la vie et les travaux de Désiré Raoul-Rochette », dans Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 50 no 9, 1906, p. 638-701.
- François Fossier, dir., Horace Vernet : 1829-1834, Saint-Haon-le-Vieux : le Puits aux livres, 2010, p. 545. (Correspondance des directeurs de l'Académie de France à Rome, nouvelle série, xixe siècle)
- François Fossier, dir., Horace Vernet : 1829-1834, Saint-Haon-le-Vieux : le Puits aux livres, 2010, lettres p. 545. (Correspondance des directeurs de l'Académie de France à Rome, nouvelle série, xixe siècle)
- « MOREY Mathieu Prosper », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) (consulté le )
- les 7 châteaux de Villers-lès-Nancy
- « Cote LH/1936/26 », base Léonore, ministère français de la Culture
Voir aussi
Bibliographie
- Claire Haquet,« Prosper Morey », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, p. 228-229.
- Claire Haquet, « Les jeunes années d'un architecte : Prosper Morey (1827-1850) », Le Pays lorrain,‎ , p. 139-146.
- Voyages en Italie et en Grèce de Prosper Morey (1805-1886), architecte lorrain. Cahiers du Musée des beaux-arts de Nancy, 1990.
- Hubert Elie, Un architecte nancéien : Prosper Morey (1805-1886), Nancy, 1964.
- « Morey, Prosper », dans Répertoire des architectes nés ou actifs dans les Vosges : 1800-1940, Épinal, Archives départementales des Vosges, (ISBN 978-2-86088-052-7), p. 41
Liens externes
- Site consacré à l'architecte Prosper Morey avec de nombreux documents (hébergé par la Bibliothèque municipale de Nancy).
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Ressource relative aux militaires :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :