Pronunciamiento de MartĂnez Campos
Le pronunciamiento de MartĂnez Campos ou pronunciamiento de Sagonte est un pronunciamiento menĂ© par le gĂ©nĂ©ral Arsenio MartĂnez Campos le 29 dĂ©cembre 1874 aux environs de Sagonte dans la province de Valence, qui met fin Ă la Première RĂ©publique espagnole et marque le dĂ©but de la Restauration de la Monarchie en proclamant le jeune Alphonse XII, fils d’Isabelle II, nouveau roi d’Espagne[1] - [2] - [3].
Contexte
En août 1873, l’ancien membre de l’Union libérale et ministre d’Isabelle II Antonio Cánovas del Castillo est chargé par l’ancienne reine — qui a formellement abdiqué en 1870 — de travailler à un projet de restauration des Bourbons via l’intronisation son fils Alphonse. Dès lors, il réfléchit à la possibilité de proclamer le nouveau régime via un pronunciamiento, bien qu'il soit réticent à l’idée de recourir à une intervention militaire comme méthode d’instauration de ce dernier, alors que le régime proposé affiche explicitement dans ses objectifs de mettre un terme à ce genre de pratiques, propices à l'instabilité institutionnelle. Il devra néanmoins s’y résoudre par pragmatisme politique[4].
Ă€ la veille de la Restauration, la RĂ©publique suscite un mĂ©contement gĂ©nĂ©ralisĂ© et de nombreux groupes se montrent enclins Ă dĂ©fendre l’instauration d’un nouveau rĂ©gime : militaires, hommes d’affaires, carlistes et rĂ©publicains insatisfaits, entre autres[5]. Cánovas redoute d'ĂŞtre devancĂ© par les cercles les plus rĂ©actionnaires et cherche Ă Ă©tablir quels sont ses appuis potentiels au sein de l’institution militaire[4]. Il se rapproche de chefs militaires, parmi lesquels JoaquĂn Jovellar — gĂ©nĂ©ral Ă la tĂŞte de l'ArmĂ©e du Centre (es) —, Fernando Primo de Rivera — capitaine gĂ©nĂ©ral de Catalogne —[5]et le gĂ©nĂ©ral de brigade Luis Dabán.
Antécédents
Un premier projet de restauration par un coup militaire commence à être élaboré à Cuba à partir de l’été 1874, soutenu par les capitalistes participant au commerce des colonies et des militaires en poste sur l’île. Cette idée est ensuite mieux élaborée à Madrid et rencontre l'appui de la bourgeoisie et de certains hauts militaires catalans. Le prestigieux général José Gutiérrez de la Concha prévoit de prendre la principale position de la rébellion carliste d’Estella puis de lancer dans la foulée un pronunciamiento afin de proclamer le nouveau roi, mais il meurt dans la bataille et la ville résiste[3] - [2].
C’est finalement le gĂ©nĂ©ral MartĂnez Campos, qui jouit d’un grand prestige car il vient de vaincre la rĂ©volution cantonale, qui est mis Ă la tĂŞte des opĂ©rations[6].
Début décembre 1874, le mouvement favorable au prince Alphonse a le soutien de plus de 20 généraux et brigadiers, et des garnisons les plus importantes du pays[5].
Le 1er décembre, le futur roi proclame le manifeste de Sandhurst, essentiellement élaboré par Cánovas, qui présente le programme politique du régime proposé et cherche à créer une opinion favorable au pronunciamiento en gestation[7] - [3].
Préparation
La ville de Valence est choisie comme centre de prĂ©paration du soulèvement car elle prĂ©sente une conjonction d’élĂ©ments favorables : c’est lĂ que se trouve l’État major de l’ArmĂ©e du Centre de Jovellar et les cercles alphonsins sont influents parmi les milieux capitalistes de la rĂ©gion. Cirilo AmorĂłs, ancien gouverneur civil de la ville au cours du règne d’Isabelle II, est dĂ©crit par MartĂnez Campos comme le stratège politique du pronunciamiento[5]. JosĂ© Campo PĂ©rez, ancien maire de Valence et l’un des principaux entrepreneurs coloniaux du pays, apporte un soutien financier aux prĂ©paratifs[5].
En décembre 1874, les conspirateurs parviennent à distraire l’attention de deux brigades pendant plusieurs semaines, mais par crainte d’éveiller des soupçons et de voir les forces favorables au soulèvement se disperser, les opérations sont accélérées[8].
Le 22 dĂ©cembre, MartĂnez Campos reçoit un courrier de Dabán le pressant de lancer le pronunciamiento avant la fin du mois[9].
DĂ©roulement
Le 26 dĂ©cembre, MartĂnez Campos se rend Ă Valence. Ă€ la tĂŞte des troupes de Dabán, il prend la ville de Sagonte le 28, puis lance dans les environs le pronunciamiento qui proclame Alphonse nouveau roi d’Espagne le jour suivant. Jovellar lève ensuite son armĂ©e en soutien et prend la tĂŞte du mouvement. Il est suivi de Primo de Rivera — après un temps d’hĂ©sitation, car ce dernier pense comme Cánovas que le nouveau rĂ©gime serait plus lĂ©gitime s’il Ă©tait issu d’un processus civil —[3], qui prend le contrĂ´le de Madrid, et des principales garnisons de province et de l’ArmĂ©e du Nord[9] - [6] - [3].
Le président Serrano se rend rapidement — une heure après avoir reçu le télégramme de Primo de Rivera l’informant de sa participation au soulèvement[3] — sans opposer de résistance[9].
Primo de Rivera confie le pouvoir à Cánovas[10], qui se met en devoir de former un nouveau gouvernement. Celui-ci se montre d’abord peu satisfait d’une participation qu’il juge excessive des modérés de l’ancien régime absolutiste dans le coup. De plus, il insiste dans ses déclarations sur le fait qu’il aurait préféré une instauration pacifique du régime et tâche de minorer le rôle joué par les militaires dans l’opinion[9].
Notes et références
- Fontana 2009, p. 9
- Fernández López 2003, p. 69-70
- Cepeda GĂłmez 2003, p. 88-90
- Elizalde PĂ©rez-Grueso 2011, p. 377
- Elizalde PĂ©rez-Grueso 2011, p. 378
- Fernández López 2003, p. 69
- Elizalde PĂ©rez-Grueso 2011, p. 374, 377-378
- Elizalde PĂ©rez-Grueso 2011, p. 377-378.
- Elizalde PĂ©rez-Grueso et Buldain Jaca 2011, p. 379
- Varela Ortega 2001, p. 117.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- (es) José Cepeda Gómez, Los pronunciamientos en la España del siglo XIX, Madrid, Arco Libros S. L., , 92 p. (ISBN 84-7635-376-6)
- [Elizalde PĂ©rez-Grueso 2011] (es) MarĂa D. Elizalde PĂ©rez-Grueso, MarĂa Dolores Buldain Jaca (dir.) et al., « La RestauraciĂłn, 1875-1902 », dans Historia contemporánea de España (1808-1923), Madrid, Akal, (ISBN 978-84-460-3104-8), p. 371-521
- (es) Javier Fernández López, Militares contra el Estado : España siglos XIX y XX, Madrid, Taurus, , 1re éd., 303 p. (ISBN 84-306-0495-2)
- (es) Josep Fontana (dir.), Javier Moreno LuzĂłn et RamĂłn Villares (dir.), Historia de España, vol. 7 : RestauraciĂłn y Dictadura, Barcelone, CrĂtica / Marcial Pons, coll. « Historia de España », , 1re Ă©d. (1re Ă©d. 2009), 760 p., reliĂ© (ISBN 978-84-7423-921-8, OCLC 180188063)
- (es) JosĂ© Varela Ortega (prĂ©f. Raymond Carr), Los amigos polĂticos : Partidos, elecciones y caciquismo en la restauraciĂłn (1875-1900), Madrid, Marcial Pons / Junta de Castilla-LeĂłn, coll. « Historia Estudios », , 557 p. (ISBN 84-7846-993-1), p. 30-121