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Programme de Belleville

Le programme de Belleville est un discours prononcé à Paris par Léon Gambetta dans le quartier de Belleville, alors qu'il était candidat aux élections législatives en 1869. Ce discours fut publié dans le journal L'Avenir national le .

En 1869, des électeurs de Belleville appellent Gambetta à déposer sa candidature aux élections législatives. Un comité électoral se constitue et publie le programme de Belleville, que Gambetta reprendra dans son discours.

Gambetta se montre favorable à des mesures radicales, que reprendra par la suite la gauche républicaine. Il milite pour la liberté complète de la presse et la séparation de l’Église et de l’État. Il souhaite l’instauration de l’impôt sur le revenu et l’élection des fonctionnaires, se déclarant également prêt à la suppression des armées permanentes.

Ce discours pose les grandes lignes de bataille de l'opposition républicaine face aux candidats officiels de Napoléon III, puis face aux monarchistes des années 1870. Il sera le principal texte inspirant la ligne politique du Parti radical jusqu'au début du XXe siècle.

Le texte du programme

Citoyens,
Au nom du suffrage universel, base de toute organisation politique et sociale, donnons mandat à notre député d'affirmer les principes de la démocratie radicale et de revendiquer énergiquement :
  • l'application la plus radicale du suffrage universel tant pour l'Ă©lection des maires et des conseillers municipaux, sans distinction de localitĂ©, que pour l'Ă©lection des dĂ©putĂ©s ;
  • la rĂ©partition des circonscriptions effectuĂ©e sur le nombre rĂ©el des Ă©lecteurs de droit, et non sur le nombre des Ă©lecteurs inscrits ;
  • la libertĂ© individuelle dĂ©sormais placĂ©e sous l'Ă©gide des lois et non soumise au bon plaisir et Ă  l'arbitraire administratifs ;
  • l'abrogation de la loi de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale[Note 1] ;
  • la suppression de l'article 75 de la Constitution de l'an VIII[Note 2] et la responsabilitĂ© directe de tous les fonctionnaires ;
  • les dĂ©lits politiques de tout ordre dĂ©fĂ©rĂ©s au jury ;
  • la libertĂ© de la presse dans toute sa plĂ©nitude, dĂ©barrassĂ©e du timbre de cautionnement ;
  • la suppression des brevets d'imprimerie et de librairie ;
  • la libertĂ© de rĂ©union sans entraves et sans pièges avec la facultĂ© de discuter toute matière religieuse, philosophique, politique ou sociale ;
  • l'abrogation de l'article 291 du Code pĂ©nal[Note 3] ;
  • la libertĂ© d'association pleine et entière ;
  • la suppression du budget des cultes et la sĂ©paration de l'Église et de l'État[Note 4] ;
  • l'instruction primaire laĂŻque, gratuite et obligatoire avec concours entre les intelligences d'Ă©lite, pour l'admission aux cours supĂ©rieurs, Ă©galement gratuits ;
  • la suppression des octrois, la suppression des gros traitements et des cumuls et la modification de notre système d'impĂ´ts ;
  • la nomination de tous les fonctionnaires publics par l'Ă©lection ;
  • la suppression des armĂ©es permanentes cause de ruine pour les finances et les affaires de la nation, source de haine entre les peuples et de dĂ©fiance Ă  l'intĂ©rieur ;
  • l'abolition des privilèges et monopoles, que nous dĂ©finissons par ces mots : primes Ă  l'oisivetĂ© ;
  • les rĂ©formes Ă©conomiques, qui touchent au problème social dont la solution, quoique subordonnĂ©e Ă  la transformation politique, doit ĂŞtre constamment Ă©tudiĂ©e et recherchĂ©e au nom du principe de justice et d'Ă©galitĂ© sociale. Ce principe gĂ©nĂ©ralisĂ© et appliquĂ© peut seul, en effet, faire disparaĂ®tre l'antagonisme social et rĂ©aliser complètement notre formule :
LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE
Le comité électoral de Belleville

Notes et références

Notes

  1. La loi de sûreté générale est une loi du qui permet de punir de prison toute tentative d'opposition et autorise l'arrestation et la déportation sans jugement d'un individu condamné pour délits politique depuis 1848. Ce projet de loi prévoit enfin des peines d'amendes ou de prisons contre ceux qui se seraient concertés en vue d'agir à l'encontre du gouvernement. Cette loi de sûreté générale est promulguée le . Cependant elle ne fut plus que très rarement appliquée dès le mois de mars 1858, elle ne permit de transporter en Algérie que 430 opposants républicains.
  2. Cet article 75 est un article de la constitution de 1799. Il dispose : « Les agents du gouvernement, autres que les ministres, ne peuvent être poursuivis pour des faits relatifs à leurs fonctions, qu'en vertu d'une décision du Conseil d'État : en ce cas, la poursuite a lieu dans les tribunaux ordinaires. »
  3. Le code pénal est celui de 1810. L'article 291 dispose : « Nulle association de plus de 20 personnes, dont le but sera de se réunir tous les jours à certains jours marqués pour s'occuper d'objets religieux, littéraires et politiques ou autres, ne pourra se former qu'avec l'agrément du gouvernement, et sous les conditions qu'il plaira à l'autorité publique d'imposer à la société ». Ce texte sera abrogé en 1901, par la loi dite de 1901.
  4. La séparation de l'Église et de l'État ne se fera qu'en 1905.

Références

    Pour en savoir plus

    Bibliographie

    • GARRIGUES Jean, LA FRANCE DE 1848 Ă  1914, Ă©dition seuil, 1997
    • GARRIGUES Jean, LA FRANCE DE 1848 Ă  1870, Ă©dition Armand Collin, 2003

    Webographie

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