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Profilage criminel

Le profilage criminel, fondé sur l’analyse comportementale, est une méthode permettant à des enquêteurs de déterminer le profil psychologique d'un criminel.

Le docteur Thomas Bond connu pour ĂŞtre le premier profileur dans l'histoire[1].

Un « profileur » est une personne chargée de réaliser une ébauche du type de portrait psychologique d'une personne recherchée. Les termes « profiler » et « profilage » ne se réfèrent néanmoins à aucune réalité de profession et/ou d'analyse psychologique et/ou policière, mais a été inventé de toutes pièces et introduit par la télévision. Bien que ces termes tendent de ce fait plutôt à s'étendre, on parlera majoritairement en milieu concerné d'« analyste comportemental », de psycho(logue)-criminologue. Les intéressés préfèrent même parfois se présenter simplement comme gendarme, en France, ou agent du FBI, aux États-Unis[2].

Les « profileurs » sont des agents de police ou de l'armée formés, dans les pays anglo-saxons, en droit, psychologie et sociologie, discipline dont relève, par exemple, la criminologie et la victimologie.

Description

Le profilage criminel est une méthode permettant à des enquêteurs spécialistes de la psychologie de déterminer le profil psychologique d'un individu a posteriori (c'est-à-dire après que des faits ont été commis). Il peut s'agir d'un criminel ou d'une victime (fugue, accidenté, etc.).

En criminologie moderne, on considère en général qu'elle est la troisième étape des investigations policières : la première étant l'analyse d'indices, voie ouverte par Scotland Yard au XIXe siècle, et la seconde l'étude du crime en lui-même. La troisième étape, souvent optionnelle consistant à analyser la psyché de l'individu recherché.

On distingue souvent le profilage criminel de l'analyse criminelle : le premier consiste à déterminer un profil psychologique d'après les éléments en évidence dans les délits commis, et est généralement pratiqué par des psychologues ou des psychiatres, qui font donc ici fonction de « profileurs ». L'analyse criminelle, elle, est une utilisation de l'outil informatique pour aider les enquêteurs (rapprochement de données de fichiers judiciaires, cartographies, etc.).

Le profilage criminel, tel qu'on l'utilise actuellement dans les services de police, est né aux États-Unis, où il fut consacré dans les années 1950 : le psychiatre James A. Brussel fut sollicité par les services de police pour les aider à résoudre une série d'attentats à la bombe qui frappèrent notamment les salles de cinéma de New York entre 1940 et 1956. C'est la précision du profil qu'il établit qui permit d'arrêter le criminel.

Aspect juridique

Depuis une dizaine d'années, aux États-Unis comme en France, se pose la question de la sécurité juridique de cette pratique. En effet, il n'existe pas de définition rigoureuse du profilage criminel et de ceux qui le pratiquent, ce qui peut conduire à des débordements (utilisation de l'hypnose, incertitude sur les compétences du profileur, etc.).

En France

Dominique Perben a constitué en 2003 un groupe de travail chargé d'étudier ce problème, et qui a notamment conclu à la nécessité de faire des profileurs des officiers de police judiciaire.

Au sein de la Gendarmerie nationale a été créé en 2001 une unité spécialisée, le Groupe d’analyse comportementale (GAC), rebaptisé en 2006 Département des Sciences du comportement (DSC), anciennement basé à Rosny-sous-Bois[3], et depuis au pôle judiciaire de la Gendarmerie Nationale, à Cergy-Pontoise. Le service regroupe quatre analystes (qui enquêtent sous l'angle comportemental) et trois référents judiciaires (qui constituent les dossiers exploitables par les analystes). Le DSC travaille sur une cinquantaine d'affaires par an au titre de trois activités : établissement de profil d'auteur de crime inconnu, assistance à conduite d'audition en garde à vue, analyse comparative de crimes pour rechercher une éventuelle sérialité[4]. Le DSC utilise notamment le logiciel SALVAC, développé au Canada.

  • Le profil d'auteur dresse le portait socio-psychopathologique de l'auteur des faits afin d'aider Ă  son identification. Il dĂ©crit les traits de personnalitĂ©s de la personne potentiellement capable de commettre le crime ainsi que les Ă©lĂ©ments relatifs Ă  son mode de vie comme Ă  son comportement.
  • La stratĂ©gie de garde Ă  vue consiste pour les professionnels du DSC Ă  accompagner les enquĂŞteurs ayant Ă  mener, sous le rĂ©gime d'une garde Ă  vue, une audition d'un suspect prĂ©sentant une personnalitĂ© complexe ou lorsque les faits eux-mĂŞmes sont de nature particulière.
  • L'analyse comparative de cas consiste pour le DSC Ă  Ă©tudier si un auteur interpellĂ© a pu commettre d'autres crimes ou si plusieurs affaires non rĂ©solues prĂ©sentant des caractĂ©ristiques similaires pourraient ĂŞtre l’œuvre d'un mĂŞme agresseur[5].

Croyances populaires

La croyance populaire véhicule l'idée selon laquelle les enquêteurs font généralement appel aux profileurs pour résoudre des crimes non élucidés, que les méthodes classiques d'investigation ne suffisent pas à éclairer. Cette vision amène le grand public à penser que les profileurs se consacrent exclusivement à des meurtres en série.

Une deuxième croyance spéculative tend vers l'idée que les profileurs peuvent arrêter des assassins par le simple fait d'étudier l'appartement d'une victime ou son mode de vie. Cette théorie (très relayée par la télévision) n'a jamais été une pratique d'intervention utilisée.

Dans la fiction

Le métier de profileur a fait l'objet de plusieurs films ou séries, centrés autour du personnage du profileur. Toutefois, les films sont souvent enrobés d'une certaine vision ne correspondant pas à la pratique de terrain.

Cinéma

Télévision

  • Dans la sĂ©rie Profiler (1996-2000).
  • Dans la sĂ©rie Esprits criminels, mettant en scène des profileurs de diffĂ©rents domaines afin d'Ă©lucider les meurtres les plus complexes.
  • Dans la sĂ©rie Millenium (1996), mettant en scène Frank Black, un homme qui possède le don de deviner les motivations des tueurs en sĂ©rie.
  • Dans la sĂ©rie Hannibal, mettant en scène Will Graham (interprĂ©tĂ© par Hugh Dancy) un profiler travaillant au dĂ©partement des sciences comportementales du FBI.
  • Dans la sĂ©rie Profilage, mettant en scène une jeune profileuse nommĂ©e ChloĂ© St Laurent puis Adèle Delettre.
  • Dans la sĂ©rie Fortier, mettant en scène le docteur Anne Fortier, psychologue et profileuse au SAS (Service Anti-Sociopathe).
  • Dans la sĂ©rie Prison Break, mettant en scène Alexander Mahone du FBI, profiler chargĂ© de retrouver les huit Ă©vadĂ©s de la prison de Fox River au cours de la saison 2.
  • Dans la sĂ©rie The Blacklist, mettant en scène la profileuse du FBI Elizabeth Keen qui se voit obligĂ©e de travailler avec un criminel influent.
  • Dans la sĂ©rie Dexter, mettant en scène Franck Lundy, un profiler du FBI travaillant sur l'histoire du Tueur de la TrinitĂ©.
  • Dans la sĂ©rie Mindhunter, mettant en scène Holden Ford, un agent spĂ©cial du FBI qui dĂ©finit le concept de tueur en sĂ©rie et met progressivement au point les bases du profilage amĂ©ricain dans les annĂ©es 1970.
  • Dans la sĂ©rie Criminal Minds (en), mettant en scène des agents du NCI, unitĂ© des enquĂŞtes criminelles nationale, composĂ© de profileurs.
  • Dans la sĂ©rie Manhunt: Unabomber, qui raconte l'enquĂŞte sur Theodore Kaczynski (Unabomber).
  • Dans la sĂ©rie Prodigal Son.

Jeu vidéo

  • Dans le jeu vidĂ©o Heavy Rain, l'un des quatre personnages qu'incarne le joueur est un profileur du FBI, Norman Jayden.

Notes et références

  1. (en) Tim Newburn, Handbook of Criminal Investigation, Willan Publishing, , 701 p. (ISBN 978-1-84392-187-5 et 1-84392-187-1), p. 493.
  2. Stéphane Bourgoin, émission L'heure du crime, RTL, .
  3. Entrevue de Stéphane Bourgoin.
  4. Émission PJ de LCI radio du 09/03/10.
  5. Chaignon, Vuidard, « L'analyse comportementale et l'enquêteur: un partenariat de confiance », Revue française de criminologie et de droit pénal, vol. 2,‎ (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

  • StĂ©phane Bourgoin, Le Livre Noir des Serial Killers : Dans la tĂŞte des tueurs en sĂ©rie, rĂ©Ă©dition 2010.(imposture admise en .)
  • Ann Wolbert Burgess, Allen G. Burgess, John E. Douglas et Robert Ressler, Crime Classification Manual, 1995.
  • Patricia Cornwell, Portrait d'un tueur : Jack l'Éventreur affaire classĂ©e.
  • John E. Douglas, Agent SpĂ©cial du FBI : J'ai TraquĂ© des serial killers, 1997.
  • John E. Douglas, Agent SpĂ©cial du FBI : EnquĂŞtes sur les serial killers, 1999.
  • John E. Douglas, Agent SpĂ©cial du FBI : PrĂ©dateurs et Victimes, 2005.

Articles connexes

Liens externes

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