Accueil🇫🇷Chercher

Premier tunnel routier du Lioran

Le premier tunnel du Lioran est un tunnel routier français, situé dans les monts du Cantal, en Auvergne, dans le Massif central, permettant de relier l'est et l'ouest du département. Devenu trop étroit pour la circulation dense d'aujourd'hui, il fut remplacé en 2007 par le deuxième tunnel routier du Lioran.

Premier tunnel routier du Lioran
Image illustrative de l’article Premier tunnel routier du Lioran
Entrée du tunnel côté Laveissière.

Type Tunnel routier
Nom officiel Tunnel du Lioran
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Itinéraire Anciennement N 122
Traversée Puy de Massebœuf
Altitude 1 179 m
Caractéristiques techniques
Longueur du tunnel 1 414 m
Nombre de tubes 1 tube bidirectionnel
Nombre de voies par tube 2 voies
Construction
DĂ©but des travaux 1839
Fin des travaux 1843
Ouverture Ă  la circulation 1843
Fermeture 2007

Ce tunnel n'est pas le plus ancien tunnel routier en France (tunnel de la Traversette ou du « pertuis de Viso » construit vers 1450), ni l'un des plus longs (le plus long tunnel du monde Ă  l'Ă©poque du Lioran Ă©tait celui de Riqueval, sur le canal de Saint-Quentin, construit entre 1803 et 1810, long de plus de km) ni le plus haut tunnel du monde (tunnel de la Traversette Ă  2 900 m) ni le plus ancien tunnel routier en service.

Cependant, Ă  l'Ă©poque de sa construction, les tunnels routiers importants Ă©taient rares. MĂŞme s'il existait de nombreux canaux souterrains et tunnels ferroviaires plus importants, il s'agit de l'un des premiers grands tunnels routiers.

Raisons de sa construction

Au XIXe siècle, l'ouest et l'est du dĂ©partement ne sont reliĂ©s que par la route royale no 126 entre Montauban et Saint-Flour, construite en 1789. Celle-ci Ă©tait censĂ©e remplacer l'ancienne voie romaine de la via Celtica qui traversait les monts du Cantal par le col de la Tombe du Père au pied du Plomb du Cantal. Cependant, la route royale, essentiellement frĂ©quentĂ©e par les troupes royales, franchit le col de Font-de-Cère (1 296 m) recouvert en hiver par des congères de 3 Ă  4 mètres de neige et exposĂ© Ă  des vents violents, ce qui rend cet itinĂ©raire impraticable d'octobre Ă  mai. Infranchissable en hiver, il ne l'Ă©tait pas moins en Ă©tĂ©, mais pour d'autres raisons comme le brigandage excessif, les loups s'attaquant aux passant et la forĂŞt du Lioran alimentant les peurs. Le frĂ©quenter Ă©tait donc très dangereux comme le tĂ©moignaient de nombreuses croix en bois et en fer le long de la route en souvenirs de personnes agressĂ©es par les brigands ou les loups, ou bien surprises par les rigueurs de l'hiver. Par consĂ©quent, la route est dĂ©laissĂ©e des voyageurs prĂ©fĂ©rant rĂ©utiliser l'ancienne voie romaine de la via Celtica.

Il est donc dĂ©cidĂ© de construire un tunnel, technique dĂ©jĂ  rĂ©pandue pour les canaux et les chemins de fer, mais encore rare pour les routes.. Le prĂ©fet du Cantal, Edouard François DĂ©sirĂ© Delamarre, se rend sur place avec plusieurs ingĂ©nieurs. Au total six projets de souterrain lui sont prĂ©sentĂ©s, du plus fou au plus sĂ©rieux. Le projet d'un tunnel traversant le puy de MassebĹ“uf fut retenu et ses plus de 1 400 mètres de longueur en faisait un ouvrage comparable au tunnel de Terrenoire (Voie ferrĂ©e Lyon Saint Etienne, 1826,longueur initiale d'environ 1500m)

Construction

Le trajet routier qui passait par le tunnel vers 1880.

La construction d’un souterrain est donc décidée. On voit l'arrivée de centaines d'ouvriers de toute la France, du Poitou, de Bretagne, du Berry et naturellement d'Auvergne mais aussi de toute l'Europe avec des Piémontais, des Suisses, des Bavarois, etc.

Le chantier est menĂ© sous la houlette d'Adrien Ruelle et le premier coup de pioche est donnĂ© le par le prĂ©fet Delamarre. La première pierre est posĂ©e symboliquement le 30 septembre de la mĂŞme annĂ©e. Après 4 ans de creusement effectuĂ© de part et d'autre Ă  la seule force des bras qui manient les pioches, la jonction a lieu le . Le tunnel est inaugurĂ© le , jour de la Sainte Barbe patronne des mineurs. D’une longueur de 1 414 mètres, le tunnel fait 5,30 m de large, et 6,50 m de haut en son centre (cette valeur varie sur les cĂ´tĂ©s en raison de la forme voĂ»tĂ©e du tube). La construction du tunnel a fait 3 morts, sans compter 3 autres morts de la fièvre typhoĂŻde, et près de 150 blessĂ©s dont 56 graves. 80 000 coup de mine furent tirĂ©s, 40 tonnes de poudre furent utilisĂ©es, 60 000 mètres cubes de blocs furent extraits, presque 3 millions de francs furent dĂ©pensĂ©s et 80 ouvriers divers furent employĂ©s.

Le percement de ce tunnel est raconté dans le livre de Jean Anglade, Les Puysatiers, Presse de la cité, 2001.

PĂ©riode de mise en service

Le tunnel faisait gagner un temps considérable aux voyageurs et permettait même de franchir les monts du Cantal en hiver au prix de pénibles déneigement effectué par un simple chasse-neige tiré par des bœufs. Malgré cela, le tunnel n'était pas le passage préféré des passants. Il alimentait les peurs et même les chevaux se cabraient à son entrée refusant d'y pénétrer. À la nouvelle de ce tunnel aux effrois, de nombreux curieux de toute l'Europe vinrent admirer l'ouvrage considéré comme titanesque. Les voyageurs se plaisaient à se faire peur en traversant le tunnel et aimaient se faire photographier à son entrée ou bien d'envoyer des cartes postales témoignant de leur traversée du souterrain. De là, les peurs s'estompèrent peu à peu jusqu'au début du XXe siècle mais les visiteurs continuèrent à s'amasser et admirer l'ouvrage.

Avec l'arrivée du chemin de fer, un second tunnel fut percé mais le tunnel routier garda son importance. La voie ferrée permit l'essor touristique du Lioran et le tunnel routier gagna une notoriété et en curieux.

Le tunnel du Lioran joua un rôle important dans la bataille du Lioran à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est ici que les maquisards se mirent en embuscade et bloquèrent la garnison allemande d'Aurillac en évacuation.

À l'origine conçu pour la circulation de modestes charrettes, le tunnel se révéla être incompatible avec la circulation du XXIe siècle et il fut alors décidé de construire un nouveau tunnel routier.

Ce tunnel, restĂ© en service jusqu’à l’ouverture du nouvel ouvrage en 2007, Ă©tait le plus ancien tunnel routier de plus de 1 000 m encore en service en France.

Nouvelle fonction

Quatre galeries reliées au nouveau tunnel, parallèle, permettent notamment une évacuation d’urgence des automobilistes en cas de besoin.

Anecdotes

  • Les galeries latĂ©rales, qui servaient de refuge aux ouvriers lors des tirs de mines ont servi de caves Ă  fromage de 1881 Ă  1930.
  • Le tunnel apparait en dĂ©but du film de La CitĂ© de l'indicible peur (1964) avec Bourvil.

Notes et références

    Voir aussi

    Bibliographie

    Articles connexes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.