PrĂncipe de Asturias (1794)
Le PrĂncipe de Asturias (en français : Prince des Asturies) est un vaisseau de ligne espagnol de trois ponts armĂ© de 112 canons. Construit Ă La Havane, il est lancĂ© le . Il participe aux guerres de la RĂ©volution française et de l'Empire. Il combat lors de la bataille du cap Saint-Vincent puis Ă Trafalgar oĂą il est le navire amiral de Federico Carlos Gravina y Nápoli. RĂ©fugiĂ© Ă Cadix avec quelques navires français, il participe en 1808 Ă leur capture. EnvoyĂ© aux Antilles en 1810, il est dĂ©truit en 1817.
PrĂncipe de Asturias | |
Le Santa Ana navire jumeau du PrĂncipe de Asturias. | |
Type | vaisseau de ligne |
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Classe | Santa Ana |
Histoire | |
A servi dans | Marine espagnole |
Architecte | José Romero y Fernández de Landa |
Chantier naval | La Havane |
Lancement | 1794 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 59,33 m |
Maître-bau | 16,12 m |
Tirant d'eau | 7,8 m |
Caractéristiques commerciales | |
Pont | 3 |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 112 canons |
Conception et construction
Le PrĂncipe de Asturias est construit aux chantiers navals de La Havane et lancĂ© en 1794[1]. Il est l'un des vaisseaux de la classe Santa Ana, conçue par l'architecte naval JosĂ© Romero y Fernández de Landa (en)[1]. Long de 59,33 m Ă la ligne de flottaison, il est large de 16,12 m[2]. Après armement, son tirant d'eau est de 28 pieds soit environ 7,8 m[3]. Sa construction en bois des Ă®les lui confère une grande robustesse[4].
La coque du vaisseau est doublée de cuivre lors d'un carénage à Caracca à l'été 1798[5].
Armement
À sa mise en service, le vaisseau est armé avec 112 canons répartis sur ses trois ponts. 30 canons de 36 livres occupent la batterie inférieure, 32 canons de 24 livres occupent la batterie médiane, 32 canons de 12 livres occupent la batterie supérieure tandis que 12 canons de 8 livres se trouvent sur le bastingage et 8 sur le château[6].
En 1805, pour la bataille de Trafalgar, l'armement du vaisseau compte 30 canons de 36 livres , 32 canons de 24 livres occupent la batterie médiane, 30 canons de 12 livres, et 6 canons de 8 livres[1]. À ces canons proprement dits, s'ajoutent 14 obusiers de 48 livres et 6 obusiers de 24 livres[1].
Service actif
Guerres de la Révolution française
Armé à La Havane, il est envoyé à Cadix, qu'il atteint le [7]. Il sert alors de navire-amiral à différents officiers et opère en Méditerranée occidentale et dans l'Atlantique nord[5].
Le , il participe, sous le commandement du capitaine de vaisseau Antonio de Escaño, Ă la bataille du cap Saint-Vincent[8]. Il y est le navire-amiral du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Moreno et se trouve Ă l'arrière-garde espagnole, dans le groupe protĂ©geant le convoi[9]. Lorsque l'escadre de Jervis s’engouffre dans l'espace entre les deux groupes de navires espagnols, le PrĂncipe de Asturias essaye de se placer devant le Victory[10]. Les deux vaisseaux se trouvent bord Ă bord et le vaisseau espagnol lâche une bordĂ©e qui passe au-dessus de sa cible[11]. Le PrĂncipe de Asturias prĂ©sente alors sa poupe aux canons du Victory qui lui dĂ©livrent une bordĂ©e destructrice qui le contraint Ă se replier avec les autres vaisseaux de l'arrière-garde[11]. Ă€ la fin de la bataille, il parvient Ă dĂ©gager la SantĂsima Trinidad qui allait ĂŞtre prise[12]. Il rejoint Cadix le [5].
En 1799, le PrĂncipe de Asturias rejoint Brest et s'y retrouve bloquĂ© jusqu'Ă la paix d'Amiens, en 1802[5]. RentrĂ© Ă Cadix le , il est impliquĂ© dans une collision avec le Bahama le mois suivant[5]. Il passe la fin de l'annĂ©e entre Naples et Carthagène avant de rejoindre le Ferrol le et d'y ĂŞtre dĂ©sarmĂ©[5].
Campagne de Trafalgar
Réarmé en 1804[5], il est en 1805 le navire amiral de Domingo Pérez de Grandallana et se trouve au Ferrol lorsque l'escadre combinée de Villeneuve et Gravina rentre des Antilles[13]. Comme les autres vaisseaux alliés du Ferrol, il rejoint la flotte et va s'enfermer à Cadix. C'est là que l'amiral Gravina en fait son vaisseau-amiral, après le départ de Grandallana[14].
Lors de la campagne de Trafalgar, la flotte espagnole compte un dĂ©ficit dramatique en canonniers[15]. Sur le PrĂncipe de Asturias, le phĂ©nomène est limitĂ© avec seulement 10 % de ces hommes d'Ă©quipage manquants[15]. De plus, son Ă©quipage est composĂ© d'une proportion plus importante de gens de mer que sur les autres unitĂ©s espagnoles[16]. Le navire-amiral de Gravina va ainsi montrer une très bonne tenue au feu et de grandes qualitĂ©s combattantes pendant la bataille[16].
Au soir du , Gravina place l'escadre d'observation, dont il a le commandement, en tĂŞte de la ligne de bataille alliĂ©e[17]. Le lendemain, au matin de la bataille de Trafalgar, Villeneuve ordonne Ă la flotte de faire demi-tour après avoir aperçu la flotte de Nelson se diriger vers elle[18]. Le virement lof pour lof se fait difficilement et le PrĂncipe de Asturias et l'Achille s'abordent sans gravitĂ©[18]. Le vaisseau espagnol se trouve alors en antĂ©pĂ©nultième position dans la ligne de bataille franco-espagnole, derrière l'Achille et devant le Berwick[19].
La colonne britannique sous le vent, commandĂ©e par Collingwood prend pour cible l'arrière-garde franco-espagnole. Ce sont huit vaisseaux, menĂ©s par le Prince, qui attaquent les cinq derniers vaisseaux alliĂ©s[20]. Le PrĂncipe de Asturias affronte plusieurs unitĂ©s britanniques, dont les HMS Revenge, HMS Thunderer et Dreadnought[21], avec un certain succès, causant de nombreux dĂ©gâts matĂ©riels et empĂŞchant un vaisseau ennemi de couper la ligne de bataille[20]. Vers 14 heures, l'amiral Gravina est gravement blessĂ© au bras et doit laisser le commandement Ă son chef d'Ă©tat-major, Antonio de Escaño. Vers 15 heures, le PrĂncipe de Asturias se porte au secours de l'Argonauta, sur le point de succomber, avec lequel il avait dĂ©jĂ dĂ©gagĂ© l'Argonaute[22]. AttaquĂ© ensuite par un vaisseau Ă trois ponts britannique, le navire-amiral espagnol est proche de succomber lorsqu'Ă 17 heures, il est dĂ©gagĂ© par le Neptune et le San Justo (en)[23].
Très endommagĂ©, le PrĂncipe de Asturias doit ĂŞtre pris en remorque Ă 17 heures 30 par la ThĂ©mis (en), tandis qu'Escaño fait hisser le pavillon de ralliement gĂ©nĂ©ral et absolu au reste de la mature[24]. Le vaisseau, toujours remorquĂ© par la frĂ©gate française, regagne Cadix suivi par les dix autres vaisseaux rescapĂ©s de la bataille[24]. Après avoir mouillĂ© Ă l'entrĂ©e de la rade dans la nuit, il entre dans le port le [24].
Trop endommagĂ©[25], le PrĂncipe de Asturias ne prend pas part Ă la contre-attaque du , dĂ©cidĂ©e lors du conseil de guerre tenu le 22 Ă son bord par Escaño et les quatre plus anciens capitaines de vaisseaux alliĂ©s[26]. Sur le 1 142 hommes d'Ă©quipage, 52 sont tuĂ©s et 110 blessĂ©s dans la bataille[27].
Guerre d'Espagne
EnfermĂ© Ă Cadix avec les autres rescapĂ©s de Trafalgar, le PrĂncipe de Asturias y est encore en 1808, lorsque la guerre entre l'Espagne et la France Ă©clate. Avec les autres vaisseaux espagnols prĂ©sents, il tient un rĂ´le secondaire dans la prise de l'escadre française de Rosily[28].
Dernières années
Envoyé à La Havane en 1810[29], il coule dans ce port, faute d'entretien, en 1812[30]. Il est détruit en 1817.
Notes et références
- Monaque 2005, p. 337.
- Monaque 2005, p. 340.
- Fernández-González 2005, p. 17.32.
- Monaque 2005, p. 156.
- Fernández-González 2005, p. 17.87.
- Caractéristiques des navires espagnols engagés à Trafalgar.
- Smith 1998, p. 133.
- Robson 2014, p. 48.
- Robson 2014, p. 49.
- Lavery 2014
- Fernández-González 2005, p. 17.86.
- Monaque 2005, p. 132.
- Monaque 2005, p. 225.
- Monaque 2005, p. 191.
- Monaque 2005, p. 297.
- Monaque 2005, p. 237.
- Monaque 2005, p. 241.
- Monaque 2005, p. 239.
- Monaque 2005, p. 267.
- Robson 2014, p. 131.
- Monaque 2005, p. 264.
- Monaque 2005, p. 268.
- Monaque 2005, p. 269.
- Smith 1998, p. 207.
- Monaque 2005, p. 272.
- Monaque 2005, p. 374.
- Troude 1867, p. 490.
- Monaque 2005, p. 316.
- Fernández-González 2005, p. 17.36.
Bibliographie
- (en) Francisco Fernández-González, « Ship structures under sail and under gunfire », dans Technology of the Ships of Trafalgar, Universidad Politécnica de Madrid, (lire en ligne)
- (en) Brian Lavery, Nelson's Victory : 250 years of war and peace, Seaforth Publishing,
- RĂ©mi Monaque, Trafalgar : 21 octobre 1805, Paris/Paris/Paris, Tallandier, , 393 p. (ISBN 2-84734-236-2)
- (en) Martin Robson, A history of the Royal Navy : Napoleonic wars,
- (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9)
- Troude, Batailles navales de la France, vol. 3, Challamel ainé, (lire en ligne)