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Positivisme varsovien

Le Positivisme polonais dit parfois varsovien est Ă  la fois un mouvement social et littĂ©raire, dont les reprĂ©sentants, marquĂ©s par la dĂ©faite sanglante et le grand coĂ»t humain et matĂ©riel de l’insurrection polonaise de 1863[1], rejettent le romantisme politique et rĂ©volutionnaire et prĂŽnent un programme social positif qui a pour but de souder la nation meurtrie et de relever le pays ruinĂ© Ă  la fois intellectuellement et Ă©conomiquement. C'est par le biais d’un dĂ©veloppement Ă©conomique, social et culturel des masses, que les postivistes polonais cherchent Ă  garder en vie, en l’absence d’État indĂ©pendant, l’esprit national polonais avec l’espoir Ă  long terme de recouvrer une souverainetĂ© pleine et entiĂšre perdue en 1795, lorsque partagĂ© entre les voisins autrichien, prussien et russe, l’État polonais a disparu des cartes de l’Europe.

Le courant né aprÚs 1864, atteint son apogée dans les années 1880 et décline dans les années 1890, cédant progressivement sa place au courant moderniste de la Jeune Pologne[2].

Le nom et le cadre temporaire du mouvement

Si la formation positiviste polonaise se développe au début des années 1870 principalement à Varsovie, il est plus difficile de déterminer sa date de fin. Ses adeptes sont encore actifs au début du XXe siÚcle, coexistant à partir de la fin des années 1880 avec la nouvelle génération des artistes, issus du mouvement de la Jeune Pologne et contestant vigoureusement le bilan de leurs ainés.

Le dĂ©but de l'offensive idĂ©ologique du mouvement polonais coĂŻncide avec le dĂ©veloppement du positivisme en tant que courant philosophique en Europe, le nom "positivisme" s'impose donc spontanĂ©ment. Cependant, le cadre idĂ©ologique du positivisme varsovien est plus large. En littĂ©rature polonaise, les termes usitĂ©s pour dĂ©crire les tendances de cette Ă©poque sont : littĂ©rature du rĂ©alisme ou littĂ©rature du rĂ©alisme et du naturalisme. Il est Ă  noter que malgrĂ© l'influence remarquable de l’Ɠuvre d'Émile Zola en Pologne, le naturalisme ne parvient pas Ă  s'imposer en tant que courant dominant et coexiste au sein du mouvement avec des courants littĂ©raires parallĂšles tels que les formes Ă©pigones du romantisme et le rĂ©alisme[3].

Programme

En effet, les nouveaux courants de pensĂ©e philosophique et artistique formulĂ©s par Auguste Comte, l’auteur du Cours de philosophie positive, l'utilitariste John Stuart Mill, le darwiniste social Herbert Spencer, l'Ă©volutionniste Charles Darwin et Hippolyte Taine, l'auteur de l'ouvrage Race, environnement, moment sĂ©duisent la jeune gĂ©nĂ©ration des Polonais qui ont vĂ©cu la traumatisante dĂ©faite de l'insurrection nationale entreprise en 1863. Ainsi, du point de vue des doctrines sociologiques, le positivisme polonais procĂšde du scientisme anglo-français : l'empirisme, l’évolutionnisme et l’utilitarisme.

La dĂ©faite du soulĂšvement national contre l'Empire russe en 1864 entraĂźne des rĂ©pressions sans prĂ©cĂ©dent. PrĂšs de cent mille Polonais, formant l’élite de la nation, sont massacrĂ©s, incarcĂ©rĂ©s ou dĂ©portĂ©s en SibĂ©rie. Le pays est dĂ©vastĂ©, les biens de la noblesse, dĂ©chue de ses titres, confisquĂ©s, le terrorisme militaire est de mise. Les Ă©coles polonaises et toutes formes d’associations culturelles, outre celles Ă  caractĂšre purement Ă©conomique, sont interdites. La suppression de l'autonomie du Royaume de Pologne sous tutelle russe sonne donc le glas pour les rĂ©voltes prĂŽnĂ©es par la littĂ©rature romantique.

La raison d'ĂȘtre et la signification de la nouvelle Ă©cole est donc principalement la survie physique de la nation. En reportant la lutte pour la libertĂ© Ă  une date ultĂ©rieure, les positivistes ne la nient pas, mais ils croient qu'il faut d'abord reconstruire le pays ravagĂ© socialement et Ă©conomiquement.

Les principaux adeptes de ce combat pacifique sont les Ă©lĂšves de l'École Centrale de Varsovie, et le terrain sur lequel ils livrent leurs batailles idĂ©ologiques est la presse de Varsovie, notamment la Revue hebdomadaire de la vie sociale, de la littĂ©rature et des beaux-arts, Przegląd Tygodniowy, Opiekun Domowy et Niwa. C'est la pĂ©riode de l'essor spectaculaire de la presse et de l'Ă©mergence de nouvelles formes d'expression journalistique comme les feuilletons ou les chroniques.

Les pĂšres fondateurs du positivisme polonais font partie de la premiĂšre gĂ©nĂ©ration d'intelligentsia au sens moderne du terme. Aleksander ƚwiętochowski, Piotr Chmielowski, StanisƂaw Witkiewicz, Antoni SygietyƄski, JĂłzef KotarbiƄski - pour ne citer que les plus importants - sont tous issus de la noblesse dĂ©classĂ©e. Avant leur arrivĂ©e Ă  Varsovie oĂč ils gagnent leur vie essentiellement grĂące Ă  leur plume, ils ont grandi en province, acquis leur Ă©ducation avec difficultĂ© et travaillĂ© comme prĂ©cepteurs. Outre leur statut social, ils partagent Ă©galement la mĂȘme expĂ©rience gĂ©nĂ©rationnelle.

Critique du romantisme

Dans leurs thĂ©ories, les nouveaux auteurs mettent au premier plan une rĂ©vision critique du romantisme politique et rĂ©volutionnaire. Cependant leur attitude est ambivalente. ÉlevĂ©s dans la grande littĂ©rature romantique et dans le culte des Ɠuvres d'Adam Mickiewicz, Juliusz SƂowacki ou Zygmunt KrasiƄski, ils ne nient pas sa valeur. Par contre, ils attaquent ses Ă©pigones. Selon eux, le messianisme romantique a abouti Ă  l'idĂ©alisation du passĂ© au mĂ©pris du prĂ©sent. Une nation convaincue de son caractĂšre unique ignore que le monde Ă©volue et qu'elle est en train de creuser son retard civilisationnel. BolesƂaw Prus constate : « Nous ne sommes pas seulement une sociĂ©tĂ© arriĂ©rĂ©e et matĂ©riellement pauvre, mais, ce qui est pire, nous sommes spirituellement malades. Nos vieux programmes ont vĂ©cu et n'ont plus aucune valeur. Nous sommes comme une foule dĂ©sorganisĂ©e de gens qui ont perdu leur chemin dans la forĂȘt la nuit et ne savent ni dans quel sens ni oĂč ils vont. »[4]

Les jeunes auteurs sont convaincus que la littĂ©rature doit revĂȘtir un caractĂšre utilitaire et que le barde romantique doit cĂ©der la place Ă  l'Ă©crivain-citoyen. Pour eux, l’écrivain n’est qu’un maillon de la sociĂ©tĂ©. Comme tout le monde, boulangers ou cordonniers, il doit travailler du matin au soir et faire bĂ©nĂ©ficier la sociĂ©tĂ© du fruit de son effort de la mĂȘme maniĂšre que le font ses humbles compatriotes[5].

En 1871, Aleksander ƚwiętochowski (1849-1938) publie dans le journal La revue hebdomadaire le cĂ©lĂšbre article « Nous et Vous » dans lequel il s'oppose aux continuateurs des idĂ©es irrĂ©dentistes romantiques et expose le programme du positivisme polonais. En 1872, Piotr Chmielowski (1848-1904) publie l'article Utilitarisme dans la littĂ©rature.

"Travail organique"

Les positivistes conçoivent la nation comme un organisme vivant, soumis aux lois de l'évolution. Un organisme se développe correctement lorsque toutes ses composantes (classes sociales, forces politiques et individus) travaillent ensemble de concert en poursuivant un seul objectif. Le but est l'utilité, la perfection et le bonheur de chaque membre de la communauté. Un individu n'est qu'un élément d'un mécanisme et sa condition est déterminée par la nature et la société. Mais si cet élément ne fonctionne pas correctement, le mécanisme se grippe. Les positivistes prÎnent donc la solidarité et la justice sociales comme piliers du développement harmonieux de la nation.

Travail à la base de la société

Les positivistes militent pour la gĂ©nĂ©ralisation et la dĂ©mocratisation de l'instruction, en particulier auprĂšs des plus dĂ©munis. Ils croient que pour lutter efficacement contre la russification et la germanisation pratiquĂ©es par les occupants, il faut amĂ©liorer le niveau de vie des couches sociales dĂ©laissĂ©es. C'est le seul moyen pour accroĂźtre leur conscience nationale. Le dĂ©veloppement social harmonieux exige donc le dĂ©veloppement de la science, de la technologie et de l’économie, ainsi que le souci de la culture, des traditions et de la langue polonaises. Tout cela peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© mĂȘme dans les conditions de la libertĂ© restreinte par les occupants. Le retard Ă©conomique de l’Empire russe n’ouvrant pas de grandes perspectives de dĂ©veloppement industriel, les travailleurs organiques se concentrent sur les campagnes et sur l’éducation.

Les manuels de polonais de Konrad ProszyƄski sortent selon la lĂ©gende des millions de paysans de l’analphabĂ©tisme et renouent en un sens avec la tradition des LumiĂšres polonaises. C’est Ă©galement dans ces annĂ©es 1870-1880 que l’UniversitĂ© volante voit le jour.

L'art (principalement la littĂ©rature) au service de ce travail Ă  la base de la sociĂ©tĂ© doit donc ĂȘtre rĂ©aliste, utilitaire et didactique, apportant des connaissances sur la sociĂ©tĂ©, les mĂ©canismes de son dĂ©veloppement et la condition naturelle, sociale et psychologique de l'homme.

Emancipation des femmes

AprĂšs la dĂ©faite du soulĂšvement national, le manque d'hommes, tuĂ©s aux combats ou condamnĂ©s Ă  la prison ou Ă  l'exil, obligent les femmes Ă  s'investir dans les domaines professionnels jusque lĂ  reservĂ©s aux hommes. La femme reprend le rĂŽle de soutien de famille qu'elle cumule avec celui de mĂšre et de responsable du mĂ©nage. Les positivistes croient Ă  l’égalitĂ© entre les sexes.

Assimilation des minorités

Les positivistes croient à la société égalitaire, seule l'unité des objectifs peut faire force face aux occupants. Ils soutiennent l'assimilation des Juifs.

Prose

Le courant dominant la littĂ©rature positiviste polonaise est le rĂ©alisme et ses reprĂ©sentants les plus Ă©minents sont Eliza Orzeszkowa (1841-1910), BolesƂaw Prus (1847-1912) et Henryk Sienkiewicz (1846 -1916). Se rĂ©fĂ©rant Ă  l'idĂ©e ancienne de mimesis (imitation de la rĂ©alitĂ©), la fiction littĂ©raire positiviste cherche Ă  reflĂ©ter le monde tel que le dĂ©crit la science.

La conception rĂ©aliste impose une mĂ©thode, soigneusement Ă©laborĂ©e, qui consiste Ă  accumuler des observations sur la sociĂ©tĂ©, les multiples facettes de la vie, ses mĂ©canismes et ses mystĂšres. Les auteurs dĂ©crivent l'injustice, le sort difficile que subissent leurs hĂ©ros pour raison patriotique ou alimentaire et ils attirent ainsi l'attention du lecteur sur la misĂšre des humbles. Les positivistes dressent un vĂ©ritable rĂ©quisitoire contre la pauvretĂ© et l’injustice parce qu'ĂȘtre positiviste, c'est prendre conscience des problĂšmes.

La forme d’expression dominante est, en dehors des journaux et magazines, le roman. Le narrateur, souvent omniscient, cherche Ă  dĂ©peindre la rĂ©alitĂ© sociale du moment sans se mettre en avant, tout en concevant des personnages capables de servir de modĂšle Ă  la population polonaise. Les auteurs se sentent en effet investis de la mission de lui inculquer le sens du devoir envers la collectivitĂ© et de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

Eliza Orzeszkowa

Eliza Orzeszkowa est la plus grande romanciĂšre polonaise de son temps, peut-ĂȘtre mĂȘme la plus Ă©minente individualitĂ© fĂ©minine au moins jusqu’au 20e siĂšcle. Sa veine positiviste consiste Ă  dĂ©noncer et corriger par la littĂ©rature les prĂ©jugĂ©s de sexe, de condition ou « race »[6].

Elle est une critique inlassable de la vie oiseuse des propriĂ©taires terriens, notamment dans : Le journal de WacƂawa (Pamiętnik WacƂawy), Messire Grabat (Pan Graba), Les PompaliƄski. Dans le roman Marta (1873) elle se rĂ©volte contre l’exclusion sociale et Ă©conomique des femmes. Le Rustre conte le drame d'un paysan au cƓur noble, qui Ă©pouse une vieille fille, une femme avec un passĂ© douteux. Son roman Eli Makower (1875) dĂ©crit les relations entre la population juive et de la noblesse polonaise, tandis que Meir Ezofowicz (1878) s'intĂ©resse au conflit entre orthodoxie juif et libĂ©ralisme moderne. Le roman le plus connu d'Orzeszkowa est Au bord du NiĂ©men (1887). Ce vaste tableau de la sociĂ©tĂ© polonaise et, en particulier, de la petite noblesse rurale, dĂ©peint l'ordre politique et social aprĂšs l'insurrection de 1863. L’insurrection est Ă©galement le thĂšme de son recueil de rĂ©cits Gloria victis[7].

BolesƂaw Prus

BolesƂaw Prus, de son vrai nom Aleksander GƂowacki, est l’un des romanciers les plus admirĂ©s et aimĂ©s des Polonais.

Chroniqueur populaire, il commence sa carriĂšre par des nouvelles qui lui assurent une place de maĂźtre incontestĂ© du genre. Les hĂ©ros de ses nouvelles sont le plus souvent les gens simples et malmenĂ©s par le destin, victimes des prĂ©jugĂ©s comme dans : L'orgue de barbarie, Le gilet, Le reflux, Antek, Les voix silencieuses, Le converti, Des lĂ©gendes de l'Égypte ancienne, Le rĂȘve et Le palais et la masure.

Son premier roman AngĂ©lique est un poignant portrait psychologique d'une jeune femme sur fond de circonstances tragiques liĂ©es Ă  la fin de servage des paysans et la banqueroute des domaines nobiliaires. L’avant-poste de 1885 dĂ©crit la vie des paysans polonais sous l’occupant allemand. Son roman le plus cĂ©lĂšbres est La PoupĂ©e, un vĂ©ritable miroir de toutes les couches de la sociĂ©tĂ© polonaise de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle. En 1884 paraissent Les EmancipĂ©es sur l’émancipation des femmes. Le roman historique Le Pharaon est une reflexion sur la mĂ©canique du pouvoir. Son dernier roman Les enfants fait le bilan de la rĂ©volution sur les terres polonaise en 1905.

Henryk Sienkiewicz

Comme BolesƂaw Prus, Henryk Sienkiewicz se fait d’abord connaĂźtre comme auteur de chroniques. L'auteur, sans doute le plus lu par les Polonais encore aujourd'hui, publie son premier roman En vain en 1872. Vienent ensuite ses nouvelles qui assurent sa cĂ©lĂ©britĂ© tels que Esquisses au fusain, Le vieux serviteur, Hania, Selim Mirza, Bartek le vainqueur, JamioƂ , Jeannot le musicien, MĂ©moires d'un prĂ©cepteur poznanien, Gardien de phare, Les souvenir de Mariposa, Pour le pain, Orso et Le Chef indien.

Mais c'est dans le roman historique que Sienkiewicz excelle. En 1884, paraĂźt son roman Par le fer et par le feu dont l’action se dĂ©roule en Pologne du XVIIe siĂšcle, Ă  l’époque de soulĂšvement de Khmelnytsky. C'est un immense succĂšs et l’auteur Ă©crit la suite : Le dĂ©luge en 1885 et Messire Wolodowski en 1888. Pour Sienkiewicz, parler du passĂ© glorieux d'un pays occupĂ© par trois puissances Ă©trangĂšres est sa maniĂšre de lutter contre l'oppression. Il souhaite entretenir la flamme patriotique et Ă©veiller la foi en forces inextinguibles de la nation polonaise.

Il Ă©crit ensuite deux romans contemporains : Sans dogme et La famille de PoƂaniecki, mais c'est son roman historique Quo vadis ? sur le martyre des premiers chrĂ©tiens sous NĂ©ron qui lui vaut en 1905 le prix Nobel de littĂ©rature. Il est suivi de Chevaliers teutoniques qui traite du conflit qui a opposĂ© au XVe siĂšcle la Pologne Ă  l'Ordre teutonique.

Sienkiewicz est Ă©galement l'auteur d'un remarquable roman d'aventures destinĂ© au jeune public : Dans le dĂ©sert et dans la forĂȘt vierge (1911).

L’Ɠuvre des autres Ă©crivains de l’époque du positivisme

Si la génération de Prus, Orzeszkowa et Sienkiewicz connait Zola et les naturalistes français, ils les lisent avec un certain esprit critique, dû aux lectures romantiques de leur jeunesse et à leur expérience personnelle de romanciers, car, avant de connaßtre le mouvement naturaliste, ils ont déjà publié des récits et des romans.

La tendance naturaliste est reprĂ©sentĂ©e dans les Ɠuvres d'Antoni SygietyƄski (1850-1923) et d'Adolf DygasiƄski (1839-1902) dont les hĂ©ros sont soumis Ă  la biologie, guidĂ©s avant tout par leurs dĂ©sirs et s'efforçant de satisfaire les besoins d'ordre physiologique. Cependant les chefs-d'Ɠuvre du courant naturaliste dans la littĂ©rature polonaise naitront plus tard, Ă  l'Ă©poque de la Jeune Pologne.

Jan Lam (1838 - 1886), feuilletoniste et le plus Ă©minent caricaturiste de l’époque, dĂ©nonce la bureaucratie ainsi que l’instabilitĂ© politique. Ces Ɠuvres les plus connues sont Le grand monde de Capowic (Wielki ƛwiat Capowic) et Royaliste en Galicie (Koroniarz w Galicji).

Poésie

Les Ɠuvres poĂ©tiques exploitent la veine naturaliste. La misĂšre des classes opprimĂ©es, la dĂ©chĂ©ance des femmes sĂ©duites, la situation tragique des chĂŽmeurs et des enfants mourant de faim dans la rue - tels sont les thĂšmes dominants. Adam Asnyk (1838-1897) et Maria Konopnicka (1842-1910) sont les plus grands poĂštes de cette pĂ©riode.

Adam Asnyk

A ses dĂ©buts, Adam Asnyk renoue avec les traditions romantiques, en tentant de rĂ©gler les comptes avec l’échec de l’insurrection de 1863 dont il Ă©tait d’ailleurs le fervent participant. Ses Ɠuvres de cette Ă©poque sont : Les voyageurs du golfe de Baya et En buvant le Falerne. De la mĂȘme pĂ©riode provient Ă©galement le cĂ©lĂšbre poĂšme Le songe du tombeau. Dans son poĂšme Pour le Nouvel An il incite Ă  l’abandon des rĂȘves chimĂ©riques et ordonne de construire le nouvel avenir fondĂ© sur la raison et la volontĂ© d’agir. On trouvera les leitmotivs similaires dans les poĂšmes suivants : A l’attention des Jeunes, Pour les idĂ©alistes d’aujourd’hui et tant d’autres. En 1894, Asnyk publie le cycle de sonnets consacrĂ©s aux sujets philosophiques. Il est auteur de poĂšmes d’amour et le chantre de la nature, en particulier de la rĂ©gion Podhale Dans les Tatras.

Maria Konopnicka

Maria Konopnicka est reconnue tout d’abord par ces nombreuses nouvelles. Ses poĂšmes abordent les sujets de sociĂ©tĂ©, tels que la misĂšre dans les campagnes polonaises : Le mercenaire libre, Les cƓurs paysans, Elles allaient cueillir les Ă©pis ainsi que celle des villes : Jean n’a pas pu attendre, Dans le cagibi d’une cave. Konopnicka met aussi en exergue la beautĂ© du folklore, entre autres, dans le cycle Sur le pipeau, Des prĂ©s et des champs. Parmi ses grandes rĂ©ussites poĂ©tiques on peut citer le poĂšme Monsieur Balcer au BrĂ©sil sur l’immigration polonaise.

Théùtre

La pĂ©riode de positivisme dans la littĂ©rature polonaise est propice au dĂ©veloppement du genre dramatique. Celui-ci renoue avec les traditions du drame bourgeois français. Les diffĂ©rences s‘effacent entre la comĂ©die et la tragĂ©die et les Ă©lĂ©ments tragi-comiques se confondent en un seul ensemble homogĂšne au nom du rĂ©alisme.

Les dramaturges les plus sont MichaƂ BaƂucki (1837-1901) : Les rĂ©veillĂ©s (Przebudzeni), Les jeunes et les vieux (MƂodzi i starzy), Les misĂšres Ă©tincelantes (BƂyszczące nędze), Les gueux de Dieu (PaƄskie dziady) et JĂłzef BliziƄski (1827-1893) : Monsieur Damazy (Pan Damazy), Les NaufragĂ©s (Rozbitki).

Parmi les auteurs des drames dits communĂ©ment "livresques", c’est-Ă -dire conçus pour la lecture et non destinĂ©s Ă  ĂȘtre jouĂ©s sur les planches d’un thĂ©Ăątre, il convient de mentionner Aleksander ƚwiętochowski, l'auteur de la trilogie Les Ăąmes immortelles.

De nombreux dramaturges de cette Ă©poque s’intĂ©ressent aux thĂšmes liĂ©s Ă  l’histoire. Le drame historique est notamment au cƓur de l’Ɠuvre des Ă©crivains JĂłzef Szujski (1835 -1883) et Adam BeƂcikowski (1839 -1909).

Notes et références

  1. Julian KrzyĆŒanowski (red.), Literatura polska : przewodnik encyklopedyczny, T. 2 : N–ƻ., Warsza, PaƄstwowe Wydawnictwo Naukowe, (ISBN 83-01-01520-9), p. 228
  2. CzesƂaw MiƂosz (trad. de l'anglais), Historia literatury polskiej : do roku 1939, Kraków, SpoƂeczny Instytut Wydawniczy „Znak”, , 526 p. (ISBN 83-7006-424-8), p. 327
  3. Janina Kulczycka-Saloni, « Le naturalisme dans la littĂ©rature polonaise », Literary Studies in Poland, vol. 6,‎ , p. 71 (lire en ligne)
  4. Halina FloryƄska-Lalewicz, « BolesƂaw Prus (Aleksander GƂowacki) », sur culture.pl,
  5. Janina Kulczycka-Saloni, « Le naturalisme dans la littĂ©rature polonaise », Literary Studies in Poland, vol. 6,‎ , p. 78 (lire en ligne)
  6. Edmund Jankowski, « Eliza Orzeszkowa", Warszawa 1973 », Literary Studies in Poland, vol. 6,‎ , p. 107-118 (lire en ligne)
  7. Edgar Reichmann, « L'illusion humaniste d'Eliza Orzeszkowa », Le Monde,‎

Bibliographie

  • Historia literatury polskiej w zarysie, PaƄstwowe Wydawnictwo Naukowe, 1978
  • Stefan Kieniewicz, Les problĂšmes du travail organique en Pologne (1840-1980), PaƄstwowe Wydawnictwo Naukowe, Varsovie, 1985
  • GraĆŒyna Borkowska, Pozytywiƛci i inni, PaƄstwowe Wydawnictwo Naukowe, Varsovie, 1996

Articles connexes

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