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Portrait d'une enfant déchue

Portrait d'une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child) est un film américain réalisé par Jerry Schatzberg, sorti en 1970.

Portrait d'une enfant déchue

Titre original Puzzle of a Downfall Child
RĂ©alisation Jerry Schatzberg
Scénario Carole Eastman sous le nom d'Adrian Joyce
J. Schatzberg
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Sortie 1970

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Une jeune femme, très belle mais perturbée, vit seule dans un chalet sur une plage, ressassant son passé, un enchevêtrement d'illusions et de mensonges. Elle s'appelle Lou Andreas Sand (Faye Dunaway), ancienne mannequin célèbre, dont la vie est entrée dans une spirale infernale, plongeant dans la toxicomanie et la dépression nerveuse. Elle raconte son histoire à Aaron Reinhardt (Barry Primus), une connaissance qui projette de faire un film sur elle, mais les détails qu'elle donne ne sont pas vrais. Lou a apparemment eu un amant qui a abusé d'elle. Elle a aussi un penchant pour des relations sexuelles avec des hommes étranges. Sa destinée l'a amenée à épouser Mark (Roy Scheider), un publicitaire, mais apparemment elle l'a plaqué le jour de leur mariage, ce qui a été le point de départ de sa descente dans la drogue jusqu'à une tentative de suicide.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

  • Le matĂ©riau de base de Portrait d'une enfant dĂ©chue est une longue sĂ©rie d'entretiens entre le rĂ©alisateur Jerry Schatzberg et le top-model Anne Saint-Marie, ayant vĂ©cu une expĂ©rience traumatisante. Au cours d'une interview donnĂ©e pour Écran 72, Jerry Schatzberg explique : « Ă€ l'origine, il y a la confession d'un mannequin que j'ai bien connu, alors que j'Ă©tais assistant photographe. [...] Elle a subi pratiquement la mĂŞme dĂ©pression nerveuse, Ă  la suite de dĂ©ceptions similaires, et s'est pareillement retranchĂ©e du monde, dans un endroit retirĂ© de Long Island. J'ai enregistrĂ© sa confession au magnĂ©tophone, durant plusieurs heures (3 h 30 environ). Ensuite, il y a eu l'intervention de Carole Eastman, qui a travaillĂ© sur ces bandes et introduit un peu de son expĂ©rience personnelle [...] et, enfin, celle de Faye Dunaway [...] qui s'est vraiment identifiĂ©e, corps et âme, au personnage. »[1]
  • Le nom de l'hĂ©roĂŻne du film, Lou Andreas Sand, est une idĂ©e de Carole Eastman et fait allusion Ă  Lou Andreas-SalomĂ© (1861-1937), cĂ©lèbre femme de lettres allemande, amie de Friedrich Nietzsche et, plus tard, disciple de Sigmund Freud.
  • Le titre du film, Puzzle of a Downfall Child (Portrait d'une enfant dĂ©chue) Ă©tait dĂ©jĂ  celui du scĂ©nario original, dĂ» Ă  Jacques Sigurd, avec lequel Jerry Schatzberg ne put s'entendre. Dans ce scĂ©nario, il Ă©tait question d'un avortement. Ă€ partir du cauchemar fait par une amie du rĂ©alisateur, Jacques Sigurd voulut utiliser ce rĂŞve comme une mĂ©taphore. Le songe angoissant Ă©tait le suivant : l'amie de Jerry Schatzberg se rĂ©veillait en pleine nuit et ouvrait la fenĂŞtre pour tenter de rattraper un enfant dans sa chute[2].

Commentaire

  • Le premier film de Jerry Schatzberg, Ă  travers une narration complexe, reconstitue comme un puzzle - le titre anglais l'indique - l'itinĂ©raire chaotique d'une jeune femme. Ancienne cover-girl, elle a dĂ» renoncer Ă  ce mĂ©tier, Ă  la suite d'une profonde dĂ©pression. « Le film est une sorte de reportage sophistiquĂ© qui reprend l'esthĂ©tique glacĂ©e et "idĂ©aliste" des photos de mode, explicitant ainsi par un redoublement "schizophrĂ©nique" formel le trouble mental » de l'hĂ©roĂŻne[3].
  • Pourtant, « rarement cinĂ©aste aura Ă©tĂ© autant victime du goĂ»t de la critique pour les Ă©tiquettes, les amalgames superficiels, les apprĂ©ciations hâtives [...]. La presse amĂ©ricaine se dĂ©barrassa (Ă  son Ă©poque) de Puzzle of a Downfall Child en le cataloguant, uniquement en raison du passĂ© de Schatzberg, de "film de photographe de mode". Ce qui est aberrant lorsqu'on voit une Ĺ“uvre aussi austère, aussi rigoureuse oĂą la photographie d' Adam Holender est totalement soumise Ă  la mise en scène [...] », font remarquer Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier[4].
  • Mise en scène qui, comme dans les meilleures rĂ©alisations de Schatzberg, « refuse de jouer sur le charme, de "faire des cadeaux" aux personnages. »[5] L'observation, dans toutes ses contradictions, de Lou Andreas Sand (Faye Dunaway) confĂ©rait, prĂ©cisĂ©ment, « toute sa force, son ambiguĂŻtĂ© Ă  Puzzle of a Downfall Child, Ĺ“uvre vibrante et d'une sensibilitĂ© aiguĂ«, admirablement Ă©crite, de l'intĂ©rieur, par Carole Eastman. Les Ă©motions y Ă©taient comme transpercĂ©es sans que le personnage ne soit jamais magnifiĂ©. [...] Faye Dunaway jouait Ă  nu, sans protection, ni filet, avec une formidable rigueur, une inspiration, une envolĂ©e digne de certaines actrices bergmaniennes. »[6]
  • « Nous sommes, en tout cas, aussi loin que possible de l'archĂ©type ; et s'il est permis d'Ă©voquer tel prĂ©cĂ©dent fameux dans le monde (limitrophe) du show business, de Diana Barrymore Ă  Marilyn Monroe, cela ne signifie point que Schatzberg ait cĂ©dĂ© si peu que ce soit Ă  la facilitĂ© et jouĂ© en cette affaire les sociologues satisfaits. Bien au contraire : son audace a Ă©tĂ© de nous intĂ©resser Ă  un cas nullement exemplaire, mais Ă©loquent par sa singularitĂ© mĂŞme. [...] On ne connaĂ®tra jamais tout Ă  fait Lou Andreas, on en saura mĂŞme moins sur son compte Ă  la fin qu'au dĂ©but ; on aura simplement approchĂ© un ĂŞtre jeune, vulnĂ©rable, irrĂ©ductible Ă  toute inquisition. DĂ©faite de la psychologie, mais victoire du cinĂ©matographe », juge, de son cĂ´tĂ©, Claude Beylie, Ă  l'Ă©poque oĂą le film fut diffusĂ© Ă  Paris[1]. « Portrait d'une enfant dĂ©chue est un cri d'alarme poussĂ© contre la vanitĂ© exhibitionniste de notre sociĂ©tĂ©. [...] Loin de condamner hâtivement le star-system, Schatzberg en dĂ©cuple la nostalgie. Il demande seulement [...] qu'en photographiant les stars on ne leur enlève pas en mĂŞme temps un peu de leur âme », conclut-il[7].

Références

  1. in : Écran 72, no 5, mai 1972.
  2. in : Portrait d'une enfant déchue : Illusion et réalité, entretien exclusif dirigé par Michel Ciment avec J. Schatzberg, film réalisé par N. Ripoche pour Allerton Films, 51 minutes.
  3. Stephan Krezinski in : Le Petit Larousse des films, Éditions Larousse, 2012.
  4. in : 50 ans de cinéma américain, Éditions Nathan, Paris, 1995.
  5. J.-P. Coursodon et B. Tavernier : op. cité.
  6. J.-P. Coursodon/B. Tavernier : op. cité.
  7. C. Beylie in : Écran 72, op. cité.

Anecdotes

Liens externes

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