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Portrait d'Anne

Portrait d'Anne est une huile sur toile peinte par Nicolas de Staël début 1953 à Lagnes, alors que sa fille, Anne de Staël, née de sa première compagne Jeannine Guillou en février 1942, n'avait pas encore douze ans.

Portrait d'Anne
Artiste
Date
Type
Huile sur toile
Dimensions (H Ă— L)
89 Ă— 130 cm
No d’inventaire
88.RP.465
Localisation

La toile est répertoriée à cette date dans le catalogue raisonné de Françoise de Staël sous le no 721. Elle s'inscrit dans la lignée de la recherche sur la figure humaine, initiée par le peintre avec des figures masculines : Les Footballeurs et poursuivie avec un très grand nombre d'études de figures féminines, notamment de nus.

Dans le catalogue raisonnĂ©, le portrait d'Anne est prĂ©cĂ©dĂ© de treize Ă©tudes de nus couchĂ©s, assis, accoudĂ©s, debout, tous datĂ©s de 1953. Ce sont des huiles sur toile de petits formats Ă  l'exception de deux grandes toiles : Figure (StaĂ«l 1953) huile sur toile verticale 100 Ă— 73 cm et Figure debout (Figure), 73 Ă— 100 cm. Plus tard, Anne de StaĂ«l a Ă©tudiĂ© attentivement toutes les Ă©tapes des recherches de son père sur le nu, et elle a accordĂ© une importance toute particulière aux nus Ă  l'encre de Chine que StaĂ«l a rĂ©alisĂ© l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente en 1952, en particulier l'encre de Chine intitulĂ©e Nu 1953 (encre de Chine), encre de Chine sur papier 41,3 Ă— 53,7 cm qu'elle reproduit dans son ouvrage StaĂ«l, du trait Ă  la couleur[2], et qui est prĂ©sentĂ© sur le site de l'exposition d'Antibes 2014[3].

Le Portrait d'Anne, (portrait-figure, portrait-silhouette), est suivi la même année de Nu : une inconnue, nu couché, Nu debout (Staël I), Femme assise (Staël), Grand nu orange, Figure, nu assis, figure accoudée, Nu Jeanne, (Nu debout)

Anne a Ă©voquĂ© dans ses poèmes la pĂ©riode oĂą son père a peint son portrait, une silhouette penchĂ©e, dos droit, qui exprime la force « Nous devions d'abord franchir l'incolore pour atteindre Ă  un dos de couleur. Â» Portrait d'Anne au musĂ©e Unterlinden

Contexte

Le tableau a été peint en juillet 1953, c'est-à-dire avant le voyage familial en Italie, en Sicile et en Toscane organisé début , par le peintre qui a entassé dans son Tube Citroën Françoise enceinte de son dernier fils, les enfants, et deux amies dont : Ciska Grillet, amie de René Char[4], et Jeanne Mathieu, fille d'un couple amis de Char qui faisaient partie en 1943-1944 des mêmes réseaux de résistance que le poète[5]. Pendant le voyage, et au retour, la passion de Staël pour Jeanne va éclater, brisant le cercle familial.

Mais au moment où il fait le portrait d'Anne, le peintre ne songe qu'à préserver le présent de l'enfant, « (...) taillant son au-delà, sa grandeur, sa résistance[6]. » À un peu plus de dix ans d'intervalle, Staël convoque Jeannine avec le mot portrait (Portrait de Jeannine, Portrait d'Anne) alors que la longue silhouette élancée de sa fille, qui n'est pas sans rappeler la sienne même et celle de Jeannine Guillou, est une étape importante dans la progression du peintre et sa recherche sur la figure féminine[7].

Staël s'efforce de prendre les formes au pied du mur et par là même, grâce à une persévérance sans équivoque, les fait fonctionner dans ce qu'elles ont d'essentiel parce qu'il est arrivé à un raisonnement spécifiquement artistique et plastique[8]. Il écrit, un peu plus tard, à Jacques Dubourg : « Ma peinture, je sais ce qu'elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force c'est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime, c'est fragile comme l'amour[9]. »

Description

À l'exception de Jeannine Guillou, aucun modèle n'a jamais posé pour Staël. Il a réalisé le portrait d'Anne de mémoire, tout comme il fera ensuite pour le Portrait de René Char[10], et pour les nus et figures féminines dont Françoise, Anne de Staël, et Jeanne Mathieu sont les inspiratrices principales[11].

Image externe
Portrait d’Anne sur le site du musée Unterlinden.

De sa fille, il a retenu l'allure, les proportions, usant des couleurs vives : bleu Ă©clatant pour la chevelure, jambe avancĂ©e indiquant le mouvement, ceinture rouge vif, rouge du visage. Anne de StaĂ«l s'est demandĂ© « pourquoi le rouge de VĂ©lasquez est toujours en avant sur le temps, cet espace qui anticipe et donne un sol[12]. Â» Selon Daniel Dobbels, la peinture de StaĂ«l ne cesse pas de s'Ă©lever jusqu'Ă  ces Ă©tats qui, d'un tableau Ă  l'autre gagnent le jour en montant d'un ton, en laissant se profiler le timbre d'une autre voix qui s'est adossĂ©e Ă  l'oubli[6]

À l'inverse des autres figures féminines, la silhouette d'Anne véhicule un aspect volontaire, fort, que l'on retrouve plus tard dans un de ses poèmes sur la peinture lorsqu'elle décrit un épisode où elle devait transporter un tableau de son père par vent de mistral. « Le Portrait d'Anne, si composite, si contredit par cette force qui prend tout sur elle, jusqu'aux heures qui ne se vivent pas et ainsi ne tombent pas. La grande oblique du dos, chevelure bleue, tirée par ce bloc noir fort de la plus ancienne inertie, coupé et cintré comme une veste d'usure - et toujours resplendissante[13]. »

Expositions

Le Portrait d'Anne a Ă©tĂ© montrĂ© dans de nombreuses expositions : Arles (1958), Turin (1960), Rotterdam (1965), Boston-Chicago-New York en 1965-1966, Saint-Paul-de-Vence (rĂ©trospective StaĂ«l 1972), Paris (Galeries du Grand Palais), rĂ©trospective StaĂ«l 1981. Il fait partie de l'exposition d'Antibes jusqu'au intitulĂ©e : La Figure Ă  nu, hommage Ă  Nicolas de StaĂ«l, dont le reportage-vidĂ©o de V. Varin, E. Jacquet, et N. Brancato montre, dans l'ordre d'apparition Ă  l'image : Nu couchĂ© bleu (1955), Figures (StaĂ«l) (1953), Femme assise (StaĂ«l) (1953), Figure, nu assis, figure accoudĂ©e 1953, une version du Parc des Princes, (1952), Portrait d'Anne (1953), Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre), 1955, huile sur toile 350 Ă— 600 cm (1955), dernier tableau de StaĂ«l appartenant au MusĂ©e Picasso (Antibes), avec les commentaires de Anne de StaĂ«l et de Jean-Louis Andral, directeur des musĂ©es d’Antibes[3].

Bibliographie

  • Françoise de StaĂ«l, Nicolas de StaĂ«l : catalogue raisonnĂ© de l'Ĺ“uvre peint, Neuchâtel, Ides et Calendes, , 1267 p. (ISBN 2-8258-0054-6).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Françoise de Staël, née Françoise Chapouton, est la veuve de Nicolas de Staël, elle est morte le 29 mars 2012. Elle a rédigé ce catalogue raisonné d'abord avec André Chastel, puis avec Anne de Staël, fille de Nicolas, et Germain Viatte
  • Anne de StaĂ«l, StaĂ«l, du trait Ă  la couleur, Paris, Imprimerie nationale (France), , 339 p. (ISBN 2-7433-0404-9) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Anne de StaĂ«l, Cingles, Paris, Deyrolles, , 64 p. (ISBN 2-908487-16-0) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Pierre Jouffroy, La Mesure de Nicolas de StaĂ«l, Neuchâtel, Ides et Calendes, , 239 p. (ISBN 2-8258-0001-5) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Paul Ameline, Alfred Pacquement et BĂ©nĂ©dicte Ajac, Nicolas de StaĂ«l : catalogue de l'exposition du 12 mars au 18 juin 2003, Paris, Centre Pompidou, , 251 p. (ISBN 2-84426-158-2)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Daniel Dobbels, StaĂ«l, Paris, Hazan, , 248 p. (ISBN 2-85025-350-2)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article rĂ©Ă©dition 2009
  • AndrĂ© Chastel, Françoise de StaĂ«l et Jacques Dubourg, StaĂ«l, lettres et catalogue raisonnĂ© de ses peintures 1934-1955, Paris, Le Temps, , 407 p.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Claude MarcadĂ©, Nicolas de StaĂ«l : peintures et dessins, Paris, Éditions Hazan, , 412 p. (ISBN 978-2-7541-0116-5) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.

Notes et références

Liens externes

  • Ressource relative aux beaux-arts :
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