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Pont de l'Abîme

Le pont de l'AbĂ®me est un pont suspendu dans le dĂ©partement de la Haute-Savoie, dans le sud-est de la France. D'une portĂ©e de 74,80 mètres, cet ouvrage d'art permet Ă  la route dĂ©partementale 31 reliant directement les communes de Cusy et de Gruffy de franchir le ChĂ©ran Ă  sa sortie de la cluse de Bange Ă  une hauteur (tirant d'air) de 96 mètres. Il permet surtout d'Ă©viter un dĂ©tour de près de 8 kilomètres par l'amont de la rivière. La circulation automobile ne peut s'y effectuer que de manière alternĂ©e en raison de sa largeur restreinte qui ne permet pas le passage des vĂ©hicules Ă  gros gabarit. Sa charge maximale tolĂ©rĂ©e est de 19 tonnes[1].

Pont de l'Abîme
Image illustrative de l’article Pont de l'Abîme
GĂ©ographie
Pays France
RĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
DĂ©partement Haute-Savoie
Commune Cusy - Gruffy
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 45° 45′ 52″ N, 6° 03′ 25″ E
Fonction
Franchit le Chéran
Fonction Pont routier
Caractéristiques techniques
Type Pont suspendu
PortĂ©e principale 74,80 entre les axes des supports m
Hauteur 96 m
Matériau(x) métal
Construction
Construction 1887
Architecte(s) Ferdinand Arnodin
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont de l'Abîme
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Pont de l'Abîme
GĂ©olocalisation sur la carte : RhĂ´ne-Alpes
(Voir situation sur carte : RhĂ´ne-Alpes)
Pont de l'Abîme
Hôtel restaurant "Abîme" et vue ouest des tours Saint-Jacques en arrière-plan, depuis le pont de l'Abîme.

Histoire

Dès l’annĂ©e 1855, l'ingĂ©nieur de la Compagnie gĂ©nĂ©rale des mines d'or, Dutrait, prĂ©disait l'amĂ©nagement d’un pont entre Gruffy et Cusy sur le mĂŞme emplacement. En effet, la prĂ©sence d’une paroi rocheuse de chaque cĂ´tĂ© de la rivière — ayant probablement pour origine un verrou glaciaire Ă©rodĂ©, comme les tours Saint-Jacques voisines[2] —, faciliterait la construction d’un pont, sans obligation pour les routes d’accès de descendre au fond du val Ă  90 m plus bas, ce qui les rendraient moins escarpĂ©es. Mais le projet ne sera engagĂ© que 25 ans plus tard[3]. Cependant quelques incidents qui eurent lieu les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes sur des ponts suspendus rendaient les autoritĂ©s publiques plutĂ´t mĂ©fiantes[4].

En 1861 une société de Châteauneuf-sur-Loire qui intervenait pour des réparations sur le Pont de la Caille à Allonzier est sollicitée pour la construction du futur pont de l'Abîme[1]. Jusqu’en 1880, les municipalités de Cusy et Gruffy, par manque de fonds nécessaire à sa réfection demandèrent inlassablement à faire classer « d’intérêt commun » la route existante près Vernet côté Gruffy et les Crés côté Cusy, avec la construction d’un pont public près de la passerelle payante existante. Ainsi, les frais d’établissement et d’entretien de cette voie seraient pris en charge par l’État et le Département; seules les journées de prestation leur incomberaient. Malgré son escarpement, elles jugeaient cette voie indispensable pour desservir des hameaux importants, les maisons isolées et les usines au fond du val : Christollet, Vautrey et Bourgeois[3].

L’ingénieur voyer cantonal Charvier lui-même était hostile à l’idée d’une voie nouvelle établie loin des agglomérations, tout au sud de la commune de Gruffy et étudia dans son rapport du , un projet d’un pont proche de la passerelle avec développement des voies y accédant à une date où le site du ravin de l’Abîme n’était pas loin d’être acquis pour la construction d’un pont[3].

Voici les principales étapes de la décision de construction de ce dernier pont marquées par le voyage initial de Monsieur le Préfet en 1879 suivi d’une lettre adressées aux municipalités intéressées[3]. Le marché a été confié à l'Entreprise Arnodin Fernand, ingénieur constructeur spécial de ponts suspendus à Châteauneuf-sur-Loire. L'ingénieur Ferdinand Arnodin venait de révolutionner la construction des ponts suspendus en utilisant trois techniques révolutionnaires[1] :

  • Les câbles toronnĂ©s[1] Ă  torsion, plus rĂ©sistants que les câbles Ă  fils parallèles[4].
  • Les caissons disposĂ©s sous le pont afin de raidir le tablier[1].
  • Un pilier creusĂ© dans la roche autour duquel les câbles sont enroulĂ©s[1].

La soumission pour la construction du pont est datĂ©e du [5]. Le marchĂ© dĂ©finitif fut passĂ© peu après et approuvĂ© seulement le Ă  cause de retards dans le vote dĂ©finitif des crĂ©dits nĂ©cessaires. Le coĂ»t total de l'ouvrage fĂ»t de 65 000 francs or (soit 259 440 euros[6]).

Les travaux dĂ©butèrent en et furent rondement menĂ©s, puisqu’on pouvait lire sur le journal local « L’Industriel Savoisien » du « Les travaux du pont de l’AbĂ®me avancent rapidement. On espère qu’à la fin du mois de janvier les communes de Gruffy et de Cusy seront enfin reliĂ©es par un pont dont la construction hardie fera l’admiration de tous ceux qui le visiteront ». Du cĂ´tĂ© de Gruffy, les câbles passent autour d'un pilier directement taillĂ© dans la roche urgonienne très dure caractĂ©ristique du massif des Bauges. Pour tester la soliditĂ© de l'ouvrage 53 tonnes de sables furent rĂ©partis sur toute la surface du pont pendant 48 heures[4].

Au mois de janvier 1888, une charrette de 7 tonnes tirée par 4 chevaux traverse sans problème, suivie par l'envahissement du pont par la population locale enthousiaste[1]. La réception provisoire eut lieu le — des centaines de personnes vinrent admirer le pont — mais la réception définitive eut lieu le [3]. Très vite le pont devint une attraction touristique majeure du secteur, depuis Aix-les-Bains et Annecy. Des voyages en calèche étaient organisés pour le service d'une clientèle fortunée.

Dans la nuit du 15 au , pour éviter la destruction du pont par les soldats allemands, les habitants du secteur démontent tous les madriers de chêne et les cachent dans les granges et les mazots. Ils seront replacés après la libération de la Haute-Savoie[7].

L'ensemble du site et de ses abords est inscrit depuis le au titre des lois du 21 avril 1906 et du 2 mai 1930.

La fête du centenaire de sa construction a été célébrée le .

Le , les coureurs du Tour de France, partis d'Annecy, ont emprunté le pont de l'Abîme, pour une étape à travers les Bauges (col des Prés, col de Plainpalais, le Revard).

En 2018, le pont de l'Abîme apparaît dans le film Gloire et Déshonneur, célébrant la résistance savoyarde. Il figure aussi dans le 6e épisode de la série Sortie de Secours de Richard Delay[8].

Références

  1. L'Essor savoyard du 11 août 2016, page 13
  2. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 55.
  3. Extrait du livre "Le Pont de l'Abîme", édité en mai 2013 par l'Association Passerelles (Alby-sur-Chéran).
  4. Le Mag du Pays d'Alby, n°8, été 2015, page 14
  5. Didier Leinekugel Le Cocq, Ingénieurs des ponts : l'histoire de la famille Arnodin-Leinekugel Le Cocq de 1872 à 2002, Paris, La vie du rail, , 367 p. (ISBN 978-2-918758-09-9), p. 40.
  6. https://www.insee.fr/fr/information/2417794
  7. Passerelle, journal cantonal
  8. Richard Delay, « Sortie de Secours - épisode 6 (Confessions) »,

Voir aussi

Bibliographie

  • "Le Pont de l'AbĂ®me" Ă©ditĂ© par l'Association Passerelles (ISBN 978-2-7466-5651-2)

Article connexe

Liens externes

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