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Pollution due Ă  l'alpinisme

La pollution due à l'alpinisme est constituée principalement des ordures déposées par les alpinistes lors de leurs courses en montagne, ou, plus souvent, lors de leurs bivouacs. Peu visible durant plusieurs décennies, elle devient un phénomène de grande ampleur à partir des années 1990, du fait de la démocratisation de l'escalade, du trekking et plus généralement du tourisme en haute montagne.

Types de déchets

Nombre d'ascensions réussies de l'Everest de 1950 à 2010.

La quantitĂ© de dĂ©chets est directement liĂ©e Ă  la hausse de la frĂ©quentation des sommets, en particulier de ceux jugĂ©s très difficiles, comme ceux de l'Himalaya, des Andes mĂ©ridionales ou d'Alaska. Ainsi, le , « environ 320 personnes » sont comptabilisĂ©es simultanĂ©ment sur la mĂŞme arĂŞte d'accès au sommet de l'Everest[1]. Le camp de base cĂ´tĂ© nĂ©palais compte en saison environ 1 500 rĂ©sidents permanents, dont certains touristes n'ayant pas le moindre rapport avec l'alpinisme, et est desservi par hĂ©licoptère pour certaines personnes ou certains services[2]. De mĂŞme, le mont Blanc est frĂ©quentĂ© chaque annĂ©e par environ 30 000 personnes dans les annĂ©es 2010[3].

Les principaux déchets déposés en montagne sont des équipements, soit jetables (emballages alimentaires et sacs plastique en particulier), soit pérennes mais détériorés (tentes, cordes). À proximité des sommets situés à très haute altitude, que les alpinistes gravissent souvent avec une assistance respiratoire, sont également souvent jetées les bouteilles d'oxygène[4].

Un autre problème est celui des excréments dispersés sur l'itinéraire, qui, du fait du froid, ne se dégradent pas et subsistent en l'état durant des années. Un autre type de déchet organique est constitué du corps des alpinistes morts durant leur ascension et dont le corps n'a pas été rapatrié[5].

Une autre forme de pollution, non visible, est due aux produits d'imperméabilisation et d'isolation des équipements sportifs (vêtements, sacs, chaussures), en particulier aux perfluorocarbures. Ces produits, très volatils, se dispersent avec l'usure des équipements qu'ils protègent. Ils se retrouvent pour partie dans l'atmosphère, où ils participent à l'effet de serre, étant dotés d'un potentiel de réchauffement global important, tandis que le reste de ces produits finissent dans l'eau, alors qu'ils sont classés comme « cancérigènes probables »[6].

Actions et incitations

Les collectivités locales, associations de guides et associations de lutte pour l'environnement tentent de mener d'une part des actions de collecte et de nettoyage, et d'autre part de prévenir les dépôts sauvages.

Ainsi, au refuge du GoĂ»ter, lieu privilĂ©giĂ© d'accès au mont Blanc par la voie normale, un service hebdomadaire de ramassage et de transport des dĂ©chets est organisĂ© par hĂ©licoptère, transport lui-mĂŞme fortement consommateur en Ă©nergies fossiles ; environ 500 kilogrammes d'ordures diverses sont ainsi acheminĂ©es[7] - [3].

Au Népal, où les ascensions himalayennes nécessitent à la fois un long séjour en altitude et un matériel important, les associations de défense de l'environnement puis les autorités tentent à partir des années 1990 d'endiguer la pollution des sites montagneux. En 1990, Mountain Wilderness nettoie ainsi l'éperon des Abruzzes, voie normale d'ascension du K2[8].

Le paiement par les utilisateurs d'une caution de 4 000 dollars qui n'est remboursĂ©e qu'en cas de prise en charge par l'alpiniste d'une certaine quantitĂ© de dĂ©chets s'avère peu efficace. Face Ă  l'Ă©chec de cette mesure, le NĂ©pal dĂ©cide d'imposer en le ramassage de huit kilogrammes de dĂ©chets par alpiniste, sans compter les siens propres, sans quoi le gouvernement attaque en justice les contrevenants[4]. CĂ´tĂ© tibĂ©tain, la Chine met peu Ă  peu en place des règles similaires[9].

En 2010, une expĂ©dition est menĂ©e dans le but spĂ©cifique de rapporter les cadavres d'alpinistes abandonnĂ©s au-dessus de 8 000 mètres[10]. La mĂŞme annĂ©e, par ailleurs, l'association Saving Mount Everest est fondĂ©e Ă  l'initiative de l'Autrichien Kurt Luger, ayant pour but de ramasser les dĂ©chets dĂ©posĂ©s depuis de nombreuses annĂ©es. En trois ans, environ dix tonnes de dĂ©chets sont collectĂ©es et ramenĂ©es dans la vallĂ©e pour y ĂŞtre traitĂ©es[11]. D'autres associations partageant le mĂŞme but se crĂ©ent, comme Clean Everest, sous l’impulsion de l'alpiniste française Marion Chaygneaud-Dupuy, qui ramasse de 2016 Ă  2019 environ 8,5 tonnes de dĂ©chets sur les dix tonnes estimĂ©es prĂ©sentes en haute altitude[12]. Ă€ la fin des annĂ©es 2010, les pratiques se sont globalement amĂ©liorĂ©es ; toutefois, l'avalanche de l'Everest de 2014 ensevelit de grandes quantitĂ©s de matĂ©riel. En 2017, la masse de dĂ©chets accumulĂ©e entre le camp de base et le sommet est Ă©valuĂ©e entre quatre et cinq tonnes[13].

Sur le versant chinois (septentrional) de l'Everest, un projet d'installation d'un bloc de toilettes « Ă©cologiques » est envisagĂ©, Ă  7 028 mètres d'altitude, afin de collecter les excrĂ©ments des alpinistes et de les rĂ©acheminer en pied de massif en fin de saison[14].

Références

  1. Natacha Zimmermann, « Qui a pris l’impressionnante photo de l’embouteillage d’alpinistes au sommet de l’Everest ? », Le Figaro,‎ (ISSN 1241-1248, lire en ligne).
  2. AFP, « Le camp de base de l'Everest, une véritable ville en haute altitude », L'Équipe,‎ (ISSN 0153-1069, lire en ligne).
  3. (en) « Climbing Mont Blanc: 10 reasons to think twice », The Local,‎ (lire en ligne).
  4. « Les alpinistes de l'Everest devront redescendre 8 kg de déchets », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  5. Gopal Sharma et Tangi Salaün, « Quatre corps et 11 tonnes de déchets redescendus de l'Everest », Boursier.com, Reuters,‎ (lire en ligne).
  6. « Quand les vêtements de sport polluent les lacs de haute montagne », France Info,‎ (lire en ligne).
  7. Antoine Chandellier et Julien Picarretta, « Le nouveau refuge du Goûter, pas si écolo que ça », Le Dauphiné,‎ (ISSN 2274-5793, lire en ligne).
  8. « L'alpinisme depuis 1945 dans l'Himalaya et le monde / 1990 - La gestion des déchets des expéditions », sur Fédération française des clubs alpins et de montagne (consulté le ).
  9. « La Chine ferme son camp de base nord sur le mont Everest : ordures, excréments et cadavres », EcoPECO,‎ (lire en ligne).
  10. Denis Carlier, « Opération nettoyage de cadavres sur l'Everest », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  11. Maxime Lambert, « Des volontaires ont nettoyé l'Everest d'une montagne de déchets », Maxisciences.com,‎ (lire en ligne).
  12. Mélanie Bécognée, « Elle nettoie l'Everest de ses déchets », Ouest-France,‎ (ISSN 0999-2138, lire en ligne).
  13. AFP, « Nettoyage de printemps sur l'Everest par une expédition franco-népalaise », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  14. « Everest : installation de toilettes écologiques pour limiter la pollution », Maghreb Arabe Presse,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

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