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Green Boots

Green Boots est une dĂ©pouille non identifiĂ©e d'un alpiniste devenue un repĂšre visuel pour les expĂ©ditions qui s'attaquent Ă  l'ascension du mont Everest par la voie d'accĂšs Nord. Toutes les expĂ©ditions en provenance du versant tibĂ©tain passent en effet prĂšs du petit abri rocheux sous lequel il repose, Ă  prĂšs de 8 460 mĂštres d'altitude, entre le camp VI et les trois ressauts qui marquent les derniers obstacles de l'ascension sur l'arĂȘte Nord-Est. Ce surnom est une allusion Ă  la couleur verte des chaussures d'alpinisme (« green boots » en anglais) que le corps porte encore.

Green Boots
Photographie couleur en plongĂ©e d'un homme allongĂ© entre neige et roche et au visage cachĂ© derriĂšre son bras, emmitouflĂ© dans d'Ă©pais vĂȘtements et portant des chaussures d'alpinisme vertes.
Photographie prise en 2010 du corps aux chaussures vertes surnommé « Green Boots ».

Surnom Green Boots
DĂ©cĂšs Mai 1996 (probable)
Everest

DerniĂšre expĂ©dition Indo-Tibetan Border Police (en) sur le mont Everest en mai 1996 (probable)

Mort probablement lors de la tempĂȘte de 1996, bien que des thĂ©ories alternatives fassent Ă©tat de sa disparition autour des annĂ©es 2000, le corps n'a jamais Ă©tĂ© dĂ©placĂ©. Du fait du gel qui le maintient contre la roche et de la trĂšs grande difficultĂ© Ă  fournir des efforts physiques importants Ă  une telle altitude, il serait impossible de le redescendre de la montagne et les conditions mĂ©tĂ©orologiques rendent pĂ©rilleuse une inhumation formelle. Green Boots doit ainsi demeurer dans le « cimetiĂšre Ă  ciel ouvert » que serait, selon les alpinistes, devenu l'Everest au cours de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle.

Cet homme inconnu — bien que la version plus rĂ©pandue est qu'il s'agisse du grimpeur indien Tsewang Paljor —, figĂ© Ă  seulement quelques centaines de mĂštres du plus haut sommet du monde, est devenu le symbole populaire du manque de solidaritĂ© qui sĂ©vit parfois en alpinisme. S'il est communĂ©ment admis qu'un grimpeur n'a pas Ă  mettre sa vie en jeu pour en secourir un autre quand le risque est trop grand, il s'avĂšre que de plus en plus d'expĂ©ditions, dans leur hĂąte d'atteindre le sommet, ont parfois dĂ©laissĂ© des victimes qu'elles auraient pu, selon certains experts, ĂȘtre en mesure de secourir. La majoritĂ© des victimes de l'ascension de l'Everest, Ă  l'instar de Green Boots, « balisent » certes les sentiers, mais leur sort est Ă©galement un rappel permanent du caractĂšre incertain de la survie en haute montagne.

Situation

Image satellite de l'Everest et de ses environs, et tracés en couleur de deux voies d'accÚs.
Green Boots se situe non loin du sommet, Ă  environ 8 460 mĂštres d'altitude, le long de la voie d'accĂšs Nord (ici en jaune).

Du fait de sa frĂ©quentation, la cavitĂ© sous laquelle gĂźt Green Boots se voit attribuer par mĂ©tonymie le nom de son hĂŽte et devient autour des annĂ©es 2000 connue et rĂ©fĂ©rencĂ©e par les alpinistes comme un repĂšre dans l'ascension menant au sommet[1]. Cet abri creusĂ© naturellement dans la roche se situe dans la zone de la mort de l'Everest, en deçà du « premier ressaut », Ă  prĂšs de 8 460 mĂštres d'altitude[2]. Le refuge qu'il offre sur une pente non loin de la crĂȘte sommitale[3] permet de reprendre son souffle et devient trĂšs populaire lors des descentes du sommet[4], en accueillant, le temps d'un rĂ©pit, prĂšs de 80 % des alpinistes[5].

Au fil des ans, le corps a Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement dĂ©placĂ©, malgrĂ© le gel qui le maintient probablement contre le sol de la grotte, et ses vĂȘtements se sont dĂ©colorĂ©s. D'aprĂšs une vidĂ©o amateur rĂ©alisĂ©e en 2001[6], il gisait sur son flanc droit, mais une photographie prise en le montre sur son flanc gauche, tournĂ© vers l'extĂ©rieur de l'abri et dans la direction du sommet[7]. Ces mouvements pourraient ĂȘtre dus aux efforts (interrompus par la fatigue) de certains visiteurs pour le dĂ©placer, ou bien tenir du retournement d'image imputable aux appareils photo non numĂ©riques[8]. Aux yeux des alpinistes qui doivent passer devant lui sur cette voie pour atteindre le sommet, il semble sommeiller. Plusieurs bouteilles d'oxygĂšne vides sont visibles Ă  ses cĂŽtĂ©s[2].

Un habitué de l'Everest passé par la cavité en s'étonne de ne pas y voir Green Boots et fait circuler la rumeur que le corps a disparu[4]. En 2017, cependant, une expédition lancée avec le but d'inhumer plusieurs corps prétend l'avoir trouvé à l'endroit habituel et sommairement enseveli, avant de se rétracter et d'expliquer qu'elle n'a pu qu'inhumer le corps d'un autre alpiniste[9].

Identités possibles

Tsewang Paljor (1996)

Photographie couleur d'une crĂȘte de montagne dont une face, abrupte, est recouverte de neige, et dont l'autre, rocheuse, est escaladĂ©e par quelques grimpeurs paraissant minuscules.
Des alpinistes prÚs du sommet. Dans des conditions climatiques comme celles de la saison 1996, l'ascension comme la descente deviennent terriblement périlleuses.

La version la plus rĂ©pandue sur l'identitĂ© de Green Boots lui attribue celle du grimpeur indien Tsewang Paljor[5], qui porte des chaussures vertes de la marque Koflach le jour de oĂč il se lance Ă  l'assaut du sommet avec ses compagnons de cordĂ©e Tsewang Samanla et Dorje Morup. Cette saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest est plus connue pour la mort de cinq grimpeurs des expĂ©ditions occidentales Adventure Consultants et Mountain Madness sur la voie Sud-Est ; pourtant, la tempĂȘte qui cause leur perte voit Ă©galement la mort de trois Indiens sur la voie Nord-Est, dont Paljor, qui font partie de l'expĂ©dition organisĂ©e par des gardes-frontiĂšres de l'Indo-Tibetan Border Police (ITBP). L'expĂ©dition, dirigĂ©e par le commandant Mohinder Singh, constitue la premiĂšre ascension indienne par l'est[10].

Le , trois membres de cette expĂ©dition, le subedar Tsewang Samanla, le lance naik Dorje Morup et le head constable (en) Tsewang Paljor, sĂ©lectionnĂ©s par leur commandant pour tenter l'ascension en premier[5], sont ainsi surpris par le blizzard, juste au-dessous du sommet qu'ils n'ont pas encore atteint. Alors que trois autres de leurs compagnons font demi-tour, Samanla, Morup et Paljor dĂ©cident de pousser l'ascension jusqu'au bout[11]. Vers 15 h 45, les trois grimpeurs contactent leur commandant d'expĂ©dition par radio, qui transmet au Premier ministre indien une bonne nouvelle : l'Ă©quipĂ©e a atteint le sommet[5]. Ils laissent sur les lieux une offrande de drapeaux de priĂšres, de khatas et de pitons ; d'aprĂšs l'Ă©crivain amĂ©ricain Jon Krakauer, prĂ©sent ce jour-lĂ , la visibilitĂ© dĂ©clinante les aurait cependant trompĂ©s et ils se seraient retrouvĂ©s, en rĂ©alitĂ©, Ă  encore deux heures des hauteurs de l'Everest. Cet Ă©change avec leur commandant serait leur dernier contact radio. Depuis les camps avancĂ©s Ă  8 300 m, deux de leurs lampes frontales sont aperçues une derniĂšre fois au-dessus du second ressaut Ă  8 570 m, mais aucun des trois grimpeurs ne retourne Ă  sa tente aprĂšs la tombĂ©e de la nuit[11] - [5].

Le , le lendemain, un groupe de deux Japonais et trois sherpas emprunte le mĂȘme chemin qu'eux pour se rendre au sommet. À 6 h du matin, alors qu'ils entament le premier ressaut, les grimpeurs rencontrent vers 8 500 mĂštres d'altitude l'un des trois Indiens, que Jon Krakauer dĂ©signe plus tard dans ses mĂ©moires comme « probablement » Tsewang Paljor[11], mais que l'Ă©crivain Richard Cowper refuse de nommer dans son tĂ©moignage[12]. AprĂšs une nuit entiĂšre passĂ©e dans la neige, sans oxygĂšne, l'homme est encore vivant et capable de gĂ©mir mais souffre de gelures terribles. Peut-ĂȘtre pour ne pas avoir Ă  renoncer Ă  leur ascension, les Japonais dĂ©cident de ne pas s'arrĂȘter et poursuivent leur route. C'est vers 9 h, au-delĂ  du second ressaut, qu'ils croisent les deux derniers Indiens, qui seraient donc Tsewang Samanla et Dorje Morup. L'un d'eux est alors « proche de la mort », et l'autre recroquevillĂ© dans la neige. Les Japonais ne s'arrĂȘtent pas non plus et diront plus tard Ă  leur sujet qu'« ils Ă©taient profondĂ©ment atteints du mal des montagnes » et qu'ils « paraissaient dangereux »[11] - [12].

Les journaux occidentaux BBC et The Washington Post font partie des médias relayant l'identité de Tsewang Paljor pour Green Boots, en plus de nombreux blogs amateurs[4] - [13].

Dorje Morup (1996)

Un article publiĂ© dans le Himalayan Journal (en) en 1997 Ă©voque plutĂŽt la possibilitĂ© que le corps de Green Boots soit celui du lance naik Dorje Morup, intervertissant ainsi les identitĂ©s attribuĂ©es aux trois hommes dans la « version Tsewang Paljor »[14]. La BBC relaie cette supposition en 2015[4]. L'article de 1997, intitulĂ© « The Indian Ascent of Qomolungma by the North Ridge », est Ă©crit par un certain « P. M. Das », le commandant en second de l'expĂ©dition dont font partie Samanla, Morup et Paljor. Das rapporte que les trois alpinistes annoncent Ă  18 h 30, le , avoir atteint le sommet, et que deux grimpeurs sont ensuite briĂšvement repĂ©rĂ©s Ă  19 h 30, grĂące Ă  leur lampe frontale, en train de redescendre. Aucun ne parvient cependant Ă  rejoindre le camp VI[14]. Le lendemain, un autre membre de l'expĂ©dition indienne placĂ© prĂšs du col Nord contacte le camp de base par radio pour annoncer que Morup a Ă©tĂ© aperçu en train de descendre lentement entre les premier et deuxiĂšme ressauts. Puisqu'une Ă©quipe japonaise stationne au camp VI ce jour-lĂ  avant d'attaquer le sommet, les Indiens leur demandent d'ĂȘtre attentifs aux grimpeurs croisĂ©s sur la route. Les Japonais rencontrent en effet Morup entre le premier et le second ressauts ; d'aprĂšs eux, il « refusait de remettre ses gants malgrĂ© ses gelures » et « avait des difficultĂ©s pour dĂ©clipser son mousqueton des points d'ancrage ». Ils l'aident Ă  passer d'une corde fixe Ă  l'autre puis continuent leur ascension, dĂ©couvrant le corps inanimĂ© de Tsewang Samanla au-dessus du second ressaut[14].

Pendant leur descente, les Japonais retrouvent Dorje Morup toujours vivant, tentant tant bien que mal et trĂšs lentement de descendre. Ils supposent que l'Indien sera capable de regagner le camp VI et poursuivent leur route. Morup n'est cependant jamais revu vivant, et son corps est trouvĂ© le par le second groupe d'ascension indien, « couchĂ© sous l'abri d'un rocher prĂšs de la ligne de descente, pas loin du camp VI, avec tous ses vĂȘtements intacts et son sac Ă  dos Ă  son cĂŽtĂ© ». Quant au corps de Tsewang Paljor, Das Ă©crit qu'il n'a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©[14].

L'Himalayan Journal indien est ainsi la seule publication à appuyer l'identité de Dorje Morup pour Green Boots[14], bien que la BBC se fasse l'écho de cette théorie[4].

Une autre identité ?

Interrogée sur ses raisons pour ne pas tenter de ramener le corps de Green Boots, l'ITBP annonce ne pas pouvoir garantir qu'il s'agirait bien du corps de Paljor : « d'aucuns disent qu'il s'agit de quelqu'un de l'ITBP, d'autres qu'il s'agit d'un Indien et d'autres encore que c'est le corps d'un étranger. Nos membres l'ont bien aperçu mais n'ont pas été en mesure d'établir s'il s'agissait d'un des nÎtres », déclare-t-elle pour mettre fin aux questions[4].

Postérité

Mort de David Sharp

Vue panoramique donnant sur l'Everest et les montagnes alentours, avec des tracés des différentes voies d'ascension.
David Sharp est retrouvĂ© aux cĂŽtĂ©s de Green Boots, Ă  peu prĂšs au niveau du second ressaut (†2 sur la carte).

L'alpiniste britannique David Sharp meurt de froid au cours d'une tentative d'ascension en solitaire le , aprÚs avoir été trouvé en état d'hypothermie dans l'abri rocheux de Green Boots, recroquevillé prÚs des pieds du corps aux chaussures d'alpinisme vertes[15].

L'accident fait grand bruit dans la communautĂ© des alpinistes, les uns accusant les autres d'avoir ignorĂ© les avertissements radio envoyĂ©s au camp de base avancĂ©, ou d'avoir dĂ©libĂ©rĂ©ment refusĂ© de venir en aide au mourant pour mieux poursuivre l'ascension. En tout, une quarantaine d'alpinistes passent devant Green Boots entre le soir du 14 et le , sans nĂ©cessairement s'arrĂȘter pour porter assistance Ă  Sharp[4]. Quant Ă  la plupart de ceux qui s'approchent finalement du mourant, ils ne le font qu'Ă  la descente (soit lors de leur deuxiĂšme passage devant Green Boots), non Ă  l'ascension. D'aucuns diront plus tard qu'ils ne l'ont pas vu, ou qu'ils l'ont pris pour Green Boots, le corps dont ils connaissaient la prĂ©sence Ă  cet endroit. Le documentaire Dying For Everest (2007), retraçant l'ascension du double amputĂ© Mark Inglis, avance que la situation de dĂ©tresse de Sharp a rĂ©ellement pu ĂȘtre ignorĂ©e par les grimpeurs qui l'apercevaient mais choisissaient de ne pas s'arrĂȘter, parce qu'ils le confondaient avec Green Boots[3].

D'aprÚs certains, le fait que Sharp soit resté accroché à la corde de guidage obligeait néanmoins tout passant à déclipser puis reclipser ses maillons autour de son corps[2]. Il reste probable cependant que l'évaluation de ce drame a perdu de sa nuance devant le caractÚre tragique et cruel d'une telle fin[15]. La couverture médiatique qui en est faite renforce la renommée du surnom de Green Boots[4], utilisé naturellement à l'époque dans les communications radio au moment d'indiquer qu'« il y a une victime à Green Boots »[3].

Tentatives d'inhumation

L'alpiniste britannique Ian Woodall (en) a Ă©tĂ© profondĂ©ment marquĂ© par la tempĂȘte de 1996 et les morts qu'elle a laissĂ©s derriĂšre elle. Lui-mĂȘme est alors prĂ©sent sur la montagne et dirige une expĂ©dition sud-africaine au camp IV quand elle survient[16]. En , il organise une expĂ©dition qui vise Ă  « inhumer » formellement « l'alpiniste indien » Green Boots, David Sharp, et surtout une autre grimpeuse restĂ©e dans les sommets, Francys Arsentiev, qu'il a vue dĂ©pĂ©rir sans pouvoir lui venir en aide en , et dont la mort le hante[17]. Il parvient au terme d'une cĂ©rĂ©monie Ă  faire glisser le corps d'Arsentiev sur la pente de la face Nord, mais le mauvais temps ne lui permet pas de s'occuper de Green Boots[18].

En 2017, le club d'alpinisme russe 7 Summits Club annonce vouloir recouvrir plusieurs corps visibles sur la face Nord, dont Green Boots, mĂȘme si un tĂ©moignage prĂ©cĂ©dent fait Ă©tat de la disparition du corps[4] :

« Nous avons Ă©galement entrepris de recouvrir le « fameux » Green Boots. Tout le monde sait qu'il marque l'altitude 8 500 m [transcription perturbĂ©e par une respiration difficile] [...] En 1996, est mort lĂ  un grimpeur indien nommĂ© Tsewang Paljor, il s'est juste posĂ© lĂ  pour se reposer et est mort gelĂ©. Son corps a Ă©tĂ© congelĂ© comme de la pierre. Il avait des bottes d'escalade vertes. Et tous les grimpeurs ont alors commencĂ© Ă  dĂ©terminer l'altitude en Ă©voquant les bottes vertes. Elles marquent les 8 500 m[Note 1] - [9]. »

— Communication du 7 Summits Club

UltĂ©rieurement, le club explique cependant Ă  l'alpiniste Alan Arnette, qui tient un blog respectĂ© sur l'actualitĂ© des ascensions de l'Everest, que cette communication Ă©tait essentiellement destinĂ©e Ă  satisfaire les mĂ©dias, et que le corps n'a pas Ă©tĂ© enseveli : « Je pense que ça ne vaut pas la peine d'en faire Ă©tat. Peut-ĂȘtre ont-ils entassĂ© quelques pierres. Il s'agissait plus de paroles destinĂ©es Ă  la presse que d'une action. En rĂ©alitĂ©, ils n'ont enseveli que Marko [Lihteneker, un Slovaque mort en 2005] »[9].

DĂ©tresse des proches

La famille de Tsewang Paljor est dans un premier temps avertie que le jeune homme a « disparu », et non pas qu'il est « mort », un euphĂ©misme que sa mĂšre prend pour vĂ©ritĂ©, allant de monastĂšre en monastĂšre faire des offrandes pour son salut. Sous la pression de ses proches, elle finit par admettre son dĂ©cĂšs ; son deuil s'aggrave cependant d'amertume face au maigre soutien de l'ITBP, qui avait promis de prendre soin de la famille de Paljor mais ne finit par lui attribuer qu'une pension ne permettant mĂȘme pas de tenir trois jours chaque mois[5]. Quant Ă  la postĂ©ritĂ© de Tsewang sous le nom de Green Boots, seul le frĂšre du disparu l'apprend, prenant soin de la cacher Ă  leur mĂšre[4] :

« J'Ă©tais sur internet quand j'ai dĂ©couvert qu'on le surnommait Green Boots, ou un nom comme ça. Ça m'a bouleversĂ©, et choquĂ©, et je ne voulais surtout pas que ma famille entende parler de ça. HonnĂȘtement, c'est trĂšs difficile pour moi d'aller mĂȘme jusqu'Ă  regarder les photos qu'on trouve sur internet. Je me sens tellement impuissant[Note 2]. »

— Thinley Paljor, frùre de Tsewang Paljor[4]

Je n'arrĂȘte pas de penser Ă  l'argent englouti pour rĂ©cupĂ©rer son corps. Si nous avions dĂ©pensĂ© cet argent plus tĂŽt, si nous avions aidĂ© Goutam [une victime] quand il Ă©tait encore en vie, pour qu'il puisse faire appel Ă  une meilleure agence, acheter davantage d'oxygĂšne ou mieux se prĂ©parer, aurait-il pu survivre ? Serait-il Ă  la maison en ce moment, en vie ? Avons-nous participĂ© Ă  sa mort parce que nous ne lui sommes venus en aide que maintenant[Note 3] ?

Debasish Ghosh, frÚre d'un alpiniste indien mort en 2016 et rapatrié en 2017[19].

La difficultĂ© Ă  ensevelir ou rapatrier les morts explique la prĂ©sence immuable de corps abandonnĂ©s Ă  leur sort en certains endroits de l'Everest, une perspective insupportable pour les familles des disparus : « Un jour vous ĂȘtes en train de vous dire au revoir Ă  l'aĂ©roport, et le suivant c'est « Oh, papa s'appelle Green Boots et tout le monde lui passe devant » »[Note 4], ironise ainsi un alpiniste passĂ© par le sommet[4]. Le simple fait de savoir que le corps d'un de ses proches est condamnĂ© Ă  rester isolĂ© et emprisonnĂ© dans la glace est traumatisant ; dans certaines cultures, un retour de la victime chez elle permettrait au moins de recouvrer l'honneur et de pouvoir tourner la page. Mais la rĂ©cupĂ©ration d'un corps relĂšve Ă©galement parfois d'une autre prĂ©occupation vitale pour la famille du disparu : prouver sa mort pour espĂ©rer obtenir une pension financiĂšre ou accĂ©der Ă  la gestion posthume de ses biens[19].

Un cas symptomatique des morts de l'Everest

CimetiĂšre Ă  ciel ouvert

L'Everest a vu la mort de 300 personnes : on dĂ©nombrerait plus de 200 corps le long de ses pentes, parfois en pleine vue des grimpeurs[20] - [19]. Pour toute personne s'essayant Ă  gravir la montagne, il est frĂ©quent d'avoir Ă  contourner ou enjamber plusieurs corps sur son parcours[4], voire Ă  dĂ©tacher puis replacer ses mousquetons autour de ceux du dĂ©funt, lorsque celui-ci est encore liĂ© Ă  une corde de sĂ»retĂ©[19] ; en apercevoir une vingtaine au cours d'une seule expĂ©dition est chose courante[3]. Affaiblis par le froid et le manque d'oxygĂšne, des blessĂ©s immobiles seraient rĂ©guliĂšrement confondus avec des morts et de fait laissĂ©s seuls Ă  leur sort par les autres ascensionnistes[21]. Les environs du second ressaut sont d'ailleurs parfois surnommĂ©s « crĂȘte arc-en-ciel », du fait des nombreux corps aux parkas colorĂ©es qui jonchent ses pentes[3].

Les corps sont exceptionnellement bien conservĂ©s du fait de la tempĂ©rature largement nĂ©gative qui rĂšgne Ă  ces altitudes (entre -30 et −50 °C au sommet) et de l'absence de prĂ©dateurs, comme l'a prouvĂ© la dĂ©couverte par Conrad Anker en 1999 des restes de George Mallory, disparu en 1924 et prĂ©servĂ© de toute dĂ©gradation cadavĂ©rique[22] - [19]. D'une saison d'alpinisme Ă  l'autre, les vĂȘtements et les cordes d'ascension des disparus se dĂ©colorent, tandis que leur peau exposĂ©e au froid noircit rapidement sous le coup du gel. Le cadavre lui-mĂȘme paraĂźt momifiĂ©, parfois lĂ©gĂšrement tassĂ©. Il arrive d'en retrouver ne portant aucun gant, ou le manteau entrouvert : de probables rĂ©actions d'hypoxie ou d'hypothermie, les victimes croyant dans leurs derniers instants souffrir d'un excĂšs de chaleur et non de froid et s'adonnant Ă  un dĂ©shabillage paradoxal[19].

Cathy O'Dowd, alpiniste qui a assistĂ© Ă  l'agonie de Francys Arsentiev sans pouvoir la sauver et a soutenu plus tard Ian Woodall (en) dans ses tentatives pour inhumer trois personnes lors d'une expĂ©dition spĂ©ciale, considĂšre comme un « manque de dignitĂ© » le fait que les corps finissent par servir de repĂšres le long des chemins d'ascension[17], des « bornes macabres » pour les alpinistes suivant leurs traces[19]. Si des efforts certains sont faits pour cacher les corps Ă  la vue ou pour les protĂ©ger des oiseaux nĂ©crophages (certains corps sont ainsi recouverts d'un drapeau ou leur tĂȘte cachĂ©e sous un sac), il est presque impossible de faire beaucoup plus, Ă  moins de lancer une expĂ©dition consacrĂ©e Ă  la rĂ©cupĂ©ration d'un corps, comme celle de Yasuko Namba, une des victimes du dĂ©sastre de 1996, qu'Anatoli Boukreev avait provisoirement inhumĂ©e sous un cairn en 1997[23]. Un autre exemple, exceptionnel dans les annĂ©es 1990, est le sort de Pasang Lhamu, premiĂšre femme nĂ©palaise Ă  atteindre le sommet ; considĂ©rĂ©e comme une hĂ©roĂŻne dans son pays du fait de son exploit, son corps est triomphalement ramenĂ© au NĂ©pal quelques semaines aprĂšs sa mort, survenue alors qu'elle entamait sa descente[24].

D'autres familles refusent cependant que le corps de leur proche soit dĂ©placĂ©, telles que celle de Scott Fischer, guide disparu durant la tempĂȘte de 1996[24].

Le gouvernement népalais, soucieux de préserver l'attractivité touristique de la montagne, prend cependant soin de faire disparaßtre autant de corps que possible : certains sont ainsi éloignés des tracés les plus empruntés et poussés dans des crevasses ou sur des pentes, parfois à la demande des familles des disparus qui ne supportent pas l'idée qu'ils servent de repÚres aux autres alpinistes[19].

Difficultés d'inhumation ou de rapatriement

Les conditions extrĂȘmes prĂ©valant en altitude, notamment dans la zone de la mort des 8 000 mĂštres oĂč repose Green Boots, dĂ©multiplient les efforts nĂ©cessaires pour se mouvoir. Un corps pesant 80 kilos en paraĂźt ainsi 150 lorsqu'il s'agit de le porter ou de le soustraire Ă  l'emprise du sol, alourdi par sa couverture de gel et par la glace empilĂ©e sur sa face extĂ©rieure[4]. Impossible de creuser une tombe Ă  ces altitudes, et toute crĂ©mation sur place est inenvisageable sans bois et essence. Rapatrier un corps de la montagne consiste donc Ă  le faire redescendre suffisamment bas pour qu'un hĂ©licoptĂšre puisse prendre le relais des bras humains. Une fois le visage du mort masquĂ© (par exemple en resserrant la capuche de sa combinaison)[19] et aprĂšs l'avoir sĂ©parĂ© du sol gelĂ© Ă  l'aide de pioches, tĂąche prenant plusieurs heures Ă  elle seule, on le place sur une structure capable de le faire glisser : le plus souvent une Ă©toffe de tissu, parfois une luge, qu'on attache Ă  des cordes pour contrĂŽler la descente jusqu'au camp infĂ©rieur[13].

Photographie couleurs en contre-plongée d'un hélicoptÚre posé sur un sol rocheux. Une montagne couverte de neige se détache nettement en fond.
Un hĂ©licoptĂšre Ă  Namche Bazar, Ă  3 440 m d'altitude, la derniĂšre ville traversĂ©e par les prĂ©tendants Ă  l'Everest avant le camp de base.

Il est en effet trop complexe pour un hĂ©licoptĂšre de soutenir de telles excursions en s'Ă©levant jusqu'au sommet : Ă  partir d'une certaine altitude, la faible densitĂ© de l'air rend difficile le simple support du poids de l'appareil, et il est risquĂ© d'estimer depuis le cockpit si une surface potentielle d'atterrissage est stable et solide ou bien si la neige masque l'absence de roche ; enfin, la frĂ©quence des avalanches et des Ă©boulements dĂ©courage de se poser sur la plupart des surfaces aptes Ă  recevoir un hĂ©licoptĂšre[25]. De fait, il est rare d'en voir au-delĂ  du camp II, Ă  7 700 mĂštres[13].

Les projets d'inhumation ou de rapatriement sont ainsi mal considérés par la plupart des professionnels de l'alpinisme, qui estiment que de telles entreprises ne valent pas le risque de perdre les six à dix grimpeurs mobilisés pour chaque redescente de corps[20], d'autant que le coût financier d'une telle opération surpasse grandement celui engagé dans l'ascension ayant conduit au drame[19].

Le sherpa Ang Tshering, homonyme d'illustres grimpeurs et lui-mĂȘme issu d'une prestigieuse lignĂ©e de sherpas, voudrait que « les familles comprennent » que le risque est trop grand. Une mission menĂ©e au printemps 2017 pour rĂ©cupĂ©rer un citoyen indien n'est ainsi rĂ©alisĂ©e qu'avec rĂ©ticence par les alpinistes engagĂ©s, sous la pression de l'ambassade d'Inde Ă  Katmandou, le siĂšge de nombre de sherpas[26]. L'opĂ©ration de recouvrement du corps reprĂ©sente alors 92 000 dollars, financĂ©s par l'État de Bengale-Occidental[20]. Il est estimĂ© que toute opĂ©ration nĂ©cessite plus gĂ©nĂ©ralement un minimum de 30 000 dollars, qui peut rapidement s'Ă©lever Ă  70 000 dollars, en plus de susciter d'immenses risques pour l'Ă©quipe devant assurer la redescente contrĂŽlĂ©e du corps[13].

Reinhold Messner (premier alpiniste à réaliser l'ascension de l'Everest sans apport d'oxygÚne et l'un des meilleurs alpinistes au monde du XXe siÚcle[27]) soutient néanmoins les expéditions pour évacuer les morts, qui ont le mérite de laisser la montagne « plus propre » selon lui[20].

Individualisme et course au sommet

Photographie en couleurs et depuis les plaines du massif du Denali.
Des guides professionnels de l'Everest regrettent que les reproches qui leur sont adressés ne soient pas étendus à d'autres agences, y compris à celles commercialisant l'ascension du Denali (anciennement « mont McKinley »), la plus haute montagne d'Amérique du Nord.

AprĂšs le dĂ©sastreux mois de , l'expĂ©rimentĂ© guide norvĂ©gien Jon Gangdal (no) exprime les vues de plusieurs rĂ©sidents du camp de base en affirmant que « l'amitiĂ©, la proximitĂ© de la nature et la formation d'une intimitĂ© avec la montagne ont disparu. DĂ©sormais, il ne s'agit plus que d'attaquer, comme dans un siĂšge Ă  l'ancienne, et les grimpeurs doivent accepter d'atteindre le sommet Ă  n'importe quel prix. Les gens sont mĂȘme prĂȘts Ă  enjamber des cadavres pour se rendre au sommet. C'Ă©tait ma seconde expĂ©dition sur l'Everest et je n'y retournerai jamais plus[12] - [Note 5]. » Le code d'Ă©thique des alpinistes, rĂ©digĂ© par l'Union internationale des associations d'alpinisme, indique pourtant que « venir en aide Ă  une personne en difficultĂ© a prioritĂ© absolue sur toute autre ambition personnelle d'ascension »[5].

Cette analyse rĂ©currente du comportement des « touristes » a notamment retrouvĂ© des Ă©chos aprĂšs la mort polĂ©mique de David Sharp, jugĂ©e « Ă  l'encontre de toutes les valeurs de l'alpinisme »[28]. Au sujet du dĂ©sastre de 1996, la plupart des spĂ©cialistes s'accordent Ă  dire que l'Ă©quipe japonaise, composĂ©e de cinq membres et qui a croisĂ© les trois grimpeurs indiens sans s'arrĂȘter pour mieux atteindre le sommet, aurait pu sauver le premier vu sur sa route (« probablement » Tsewang Paljor), au niveau du premier ressaut, si elle s'en Ă©tait donnĂ© la peine[12]. Il est pourtant particuliĂšrement complexe d'apporter de l'aide, comme le relĂšvent plusieurs enquĂȘtes[5] :

« Les options de secouristes potentiels sont rares Ă  des altitudes aussi extrĂȘmes. Les alpinistes transportent une quantitĂ© limitĂ©e d'oxygĂšne, juste de quoi subvenir Ă  leurs propres besoins, Ă  cause du poids des bouteilles. Ils se prĂ©occupent de leur propre survie, tout en sachant que chaque seconde supplĂ©mentaire passĂ©e Ă  affronter les Ă©lĂ©ments peut s'avĂ©rer fatale. Ils sont souvent Ă©puisĂ©s, physiquement et mentalement. MĂȘme s'ils disposent de toutes leurs facultĂ©s, ils ont payĂ© des dizaines de milliers de dollars et peut-ĂȘtre consacrĂ© plusieurs annĂ©es de leur vie dans la rĂ©alisation de cette seule journĂ©e, et ils peuvent rĂ©pugner Ă  mettre fin Ă  tout cela pour un parfait inconnu dont les besoins sont difficiles Ă  Ă©valuer et qui, la plupart du temps, parle une langue diffĂ©rente[Note 6] - [19]. »

— The New York Times sur les circonstances de la mort de plusieurs Indiens en 2016

Quand ce ne sont pas les grimpeurs infructueux qui sont moquĂ©s pour leur inexpĂ©rience, ce sont les agences de guides qui sont dĂ©criĂ©es pour leur appĂąt du gain et la possible insuffisance qualitative de leur matĂ©riel au vu des devis inconsistants qu'elles proposent Ă  certains amateurs[15]. Tous regrettent cependant que ces drames puissent ĂȘtre repris par la presse Ă  sensation au point de faire disparaĂźtre toute nuance et regard critique, situation particuliĂšrement exacerbĂ©e aprĂšs la mort de David Sharp. Les professionnels prĂ©fĂšrent rappeler que le taux de dĂ©cĂšs est globalement en baisse d'annĂ©e en annĂ©e, que les connaissances et les donnĂ©es disponibles pour amĂ©liorer le matĂ©riel et affiner des stratĂ©gies d'ascension se sont nettement amĂ©liorĂ©es depuis 1996, ou encore plus simplement que les gains rĂ©alisĂ©s dans l'accompagnement des amateurs permettent de faire vivre des centaines de familles... tandis que personne n'adresse de tels reproches aux guides monĂ©tisant l'accĂšs aux montagnes occidentales comme le Denali[15].

Notes et références

Notes

  1. Citation originale : « We also managed to cover the “famous” green boots. Everyone knows that at the level of 8 500 meters
 (said with heavy breathing – approx. ed.)
 Sorry, I now the air is not enough
 In 1996 there died one Indian climber Tsewang Paljor, he just lay down to rest and froze to death. His body had frozen into stone. He had a green climbing boots. And all the climbers began to determine the height to talk about the green shoes. This is the mark of 8,500 meters. »
  2. Citation originale : « I was on the internet, and I found that they’re calling him Green Boots or something. I was really upset and shocked, and I really didn’t want my family to know about this. Honestly speaking, it’s really difficult for me to even look at the pictures on the internet. I feel so helpless ».
  3. Citation originale : « I cannot stop thinking about the money spent to retrieve his body. If we had spent the money earlier, if we had helped Goutam when he was alive, so that he could find a better agency, or buy more oxygen or make better preparations, could he have survived? Would he be home now, alive? Did we contribute to his death because we didn’t help him until now? ».
  4. Citation originale : « One day you’re waving goodbye at the airport, and the next is, ‘Oh, dad’s called Green Boots and they’re walking past him’ ».
  5. Citation originale : « Friendship, closeness to nature, building up a relationship with the mountain has gone. Now it is attack, in old-fashioned siege style, and climbers have to reach the summit at any price. People are even willing to walk over dead bodies to get to the top. This is my second visit to Everest and I shall never come back ».
  6. Citation originale : « Options for would-be rescuers are few at such extreme altitudes. Climbers carry finite amounts of oxygen, just enough for their own expected need, because of the weight of the canisters. They worry about their own survival, knowing that extra time exposed to the elements can prove fatal. They are often in a depleted state, physically and mentally. Even if they have all their faculties, they have paid tens of thousands of dollars, perhaps devoted many years of their lives, to this one day, and might be reluctant to abort it all for a faceless stranger whose needs cannot be assessed easily and who, most likely, speaks a different language ».

Références

  1. (en) Tim Johnson, « Everest's Trail of Corpses », The Victoria Advocate,‎ (lire en ligne).
  2. (en) Allen G. Breed et Binaj Gurubacharya, « Everest remains deadly draw for climbers », USA Today, .
  3. Dennison 2007.
  4. Nuwer 2015, seconde partie.
  5. Nuwer 2015, premiĂšre partie.
  6. Paperon 2010.
  7. Voir la photographie sur cette page : Maxwelljo40, « Green Boots.jpg », sur Wikimedia Commons, .
  8. (en) Pierre Paperon, « Commentaire de Pierre Paperon en 2014 », sur YouTube, .
  9. (en) Alan Arnette, « Everest 2017: Weekend Update May 27 », .
  10. (en) Mohinder Singh, Everest: The First Indian Ascent from North, Indian Publishers Distributors, (ISBN 81-7341-276-6).
  11. (en) Jon Krakauer, Tragédie à l'Everest, Anchor Books, (ISBN 03-8549-208-1).
  12. (en) Richard Cowper, « The climbers left to die in the storms of Everest », Financial Times, .
  13. (en) Travis M. Andrews, « The extraordinary cost of retrieving dead bodies from Mount Everest », The Washington Post,‎ (lire en ligne).
  14. (en) P. M. Das, « The Indian Ascent of Qomolungma by the North Ridge », Himalayan Journal, vol. 53,‎ (lire en ligne).
  15. (en) Ed Douglas, « Over the Top », sur Outside Online, .
  16. (en) Cathy O'Dowd, « Don't leave me here to die », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  17. (en) Neil Tweedie, « Peace at last for Sleeping Beauty », The Telegraph,‎ (lire en ligne).
  18. (en) Ian Woodall (en), « The Tao of Everest », sur allevents.in.
  19. Branch 2017.
  20. (en) Binaj Gurubacharya, « After Everest bodies return, climbers ask if risk acceptable », Chicago Tribune,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Jon Henley, « Mount Everest: the ethical dilemma facing climbers », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  22. Charlie Buffet, « Grand angle. Le corps de George Mallory a été retrouvé à l'Everest - L'énigme la plus haute », sur Libération, .
  23. (en) Ed Viesturs et David Roberts, No Shortcuts to the Top: Climbing the World's 14 Highest Peaks, Broadway Books, (ISBN 0767924711), p.290.
  24. (en) B. I., « A trafic expedition : five dead bodies found during clean-up », sur valasz.hu, .
  25. (en) Bryan Browdie, « Why helicopters haven’t evacuated everyone from Mount Everest yet », Quartz,‎ (lire en ligne).
  26. (en) Michael Safi, « Mount Everest rescue team attempts to retrieve body of climber », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  27. (en) « Reinhold Messner: On top of the world », The Independent,‎ (lire en ligne)
  28. Denis Carlier, « Opération nettoyage de cadavres sur l'Everest », sur Libération, .

Annexes

Bibliographie

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Documentaires

Articles

  • (en) Rachel Nuwer, « The tragic tale of Mt Everest's most famous dead body », BBC News,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Rachel Nuwer, « Death in the clouds: The problem with Everest's 200+ bodies », BBC News,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) John Branch, « Deliverance From 27,000 Feet », The New York Times,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Infographie

Articles connexes

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