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George Mallory

George Herbert Leigh Mallory, né le à Mobberley dans le comté de Cheshire, et aperçu pour la dernière fois le sur la crête nord de l'Everest, est un alpiniste britannique.

George Mallory
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de George Mallory vers 1915.
Biographie
Nationalité Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Naissance ,
Mobberley (comté de Cheshire)
Décès ,
Everest
Carrière
Disciplines himalayisme
Compagnons de cordée Andrew Irvine
Ascensions notables première ascension du Pillar Rock (Angleterre), en solitaire ; tentative de première ascension de l'Everest par le col Nord (atteinte possible du sommet)
Plus haute cotation
Solo intégral 6a (5a en cotation anglaise)

Dans une confĂ©rence Ă  New York, il a rĂ©pondu aux journalistes, qui lui demandaient sans relâche pourquoi il voulait escalader le mont Everest, « Parce qu'il est lĂ  Â» (Because it's there). Ce sont les quatre mots les plus cĂ©lèbres de l'alpinisme.

Famille et Ă©ducation

Fils d'un ecclésiastique anglican, il est le frère aîné de Trafford Leigh-Mallory, commandant de la Royal Air Force. Enfant, il est un grimpeur passionné qui exerce ses qualités naissantes en escaladant des arbres ou de nombreux bâtiments.

Ă€ l'âge de 14 ans, il obtient une bourse pour Ă©tudier les mathĂ©matiques au Winchester College. En octobre 1905, il commence des Ă©tudes d'histoire au Magdalene College de Cambridge oĂą il se lie d'amitiĂ© avec John Maynard Keynes.

Le , il épouse Ruth Turner. Le Royaume-Uni étant alors impliqué dans la Première Guerre mondiale, une lune de miel dans les Alpes est inenvisageable, et le jeune couple part camper. Les habitants locaux se méfient de ces jeunes gens vivant dans les bois, et ils sont arrêtés car soupçonnés d'être des espions allemands. George est artilleur durant le conflit, qu'il termine comme premier lieutenant.

De l'union de George et de Ruth naissent deux filles, Frances Clare le et Beridge Ruth le , puis un fils John le , une demi-heure avant que son père ne rentre d'une course dans les Alpes.

L'alpiniste

George Mallory en 1924.

En 1904, Mallory et un ami essaient de gravir le mont VĂ©lan dans les Alpes, mais doivent faire demi-tour peu avant le sommet Ă  cause du mal de l'altitude. En 1911, il escalade le mont Blanc.

En 1913, il Ă©tait au sommet de ses qualitĂ©s de grimpeur, et a escaladĂ© seul le Pillar Rock, dans le parc national de Lake District, ce qui est maintenant connu comme la « voie Mallory Â». Elle a Ă©tĂ© pendant de longues annĂ©es considĂ©rĂ©e comme la voie la plus difficile au Royaume-Uni (cotĂ©e 5a[1] selon la cotation anglaise, 6a en cotation française).

En 1921, dans le cadre d'une expĂ©dition explorant des voies menant au col Nord (col reliant le Changtse Ă  l'Everest), il escalade plusieurs sommets proches de l'Everest afin de s'approprier la gĂ©ographie de la rĂ©gion. Le NĂ©pal est alors fermĂ©, mais le Tibet autorise l'expĂ©dition[2]. Plusieurs des personnes qui l'accompagnent sont comme lui d'anciens combattants. Il devient alors « obsĂ©dĂ© Â» par l'Everest[2].

Lors de l'expĂ©dition britannique Ă  l'Everest de 1922, il refuse l'utilisation — nouvelle — de l'oxygène et monte jusqu'Ă  8 000 mètres[2]. Alors que Mallory dirige une expĂ©dition en contrebas du col Nord, une avalanche emporte le groupe lors de la descente, tuant sept sherpas[2]. Ă€ son retour, il est mis en cause pour son manque de discernement[2].

Il engage une tournée aux États-Unis afin de collecter de l'argent pour l'expédition suivante. Lors d'une interview, un journaliste du New York Times lui demande « Pourquoi gravir l'Everest ? ». Il répond seulement, par une phrase devenue célèbre chez les alpinistes, « Parce qu'il est là »[2] (« Because it's there »).

Dernière expédition et mort

Mallory fait à nouveau partie de l'expédition britannique à l'Everest de 1924. Le groupe est composé d'une douzaine de Britanniques et de porteurs tibétains et sherpas. Le , George Mallory et Andrew Irvine essaient d'atteindre le sommet de l'Everest par la voie passant par le col Nord. Leur compagnon d'expédition Noel Odell a rapporté les avoir vus à 12 h 50 dans l'ascension d'un des ressauts de la crête nord, et progressant fortement vers le sommet, mais aucune preuve n'a montré qu'ils ont effectivement atteint le sommet. Ils n'ont jamais rejoint le camp avancé et sont morts quelque part dans la montagne.

DĂ©couverte de son corps

En 1933, Percy Wyn-Harris dĂ©couvre, Ă  8 460 mètres d'altitude, un piolet qui aurait appartenu Ă  Mallory ou Irvine. Le , une expĂ©dition amĂ©ricaine en partie commanditĂ©e par la BBC et Nova (une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e scientifique), organisĂ©e et dirigĂ©e par Eric Simonson, retrouve le corps de George Mallory[3], 75 ans après sa disparition, Ă  l'altitude de 8 290 mètres sur la face nord de l'Everest. Sa dĂ©pouille, congelĂ©e et momifiĂ©e, est très bien conservĂ©e. Un altimètre en cuivre, un couteau et des lunettes de neige intactes sont Ă©galement retrouvĂ©es. Avant de quitter le site, l'expĂ©dition rĂ©alise une cĂ©rĂ©monie anglicane pour l'alpiniste et laisse le corps sur place, le recouvrant avec des pierres.

Ont-ils atteint le sommet ?

Aucun des deux appareils photo que les deux alpinistes avaient emportĂ©s avec eux n'a pu ĂŞtre localisĂ©. Des experts de chez Kodak ont estimĂ© qu'en cas de dĂ©couverte d'un des appareils photo avec sa pellicule, ils seraient en mesure de la dĂ©velopper de manière Ă  produire des images de qualitĂ© « imprimable Â». Cela est dĂ» Ă  la nature de la pellicule utilisĂ©e et Ă  sa conservation dans un froid extrĂŞme. Les images tirĂ©es de ces appareils photo pourraient permettre de dĂ©finir s'ils ont effectivement atteint le sommet avant de pĂ©rir[4].

En 2004, une nouvelle expédition est formée afin de trouver les appareils photo, mais sans résultat. Une troisième expédition a également échoué dans cette quête en 2005. La question du succès ou de l'échec de Mallory et Irvine restera sans réponse, à moins que des preuves ne soient retrouvées au cours d'une autre expédition de recherche de Mallory et Irvine, mais les chances de retrouver de nouveaux éléments matériels s'amenuisent d'année en année.

En 1975, un alpiniste chinois du nom de Wang Hongbao a rapporté à un de ses compagnons japonais avoir aperçu un vieux corps d'alpiniste britannique, lors de l'expédition chinoise de 1960, près de l'endroit où fut ultérieurement retrouvé le corps de George Mallory. A priori, la position du corps telle que décrite par cet alpiniste chinois à son compagnon japonais (et avec toutes les difficultés de compréhension entre les deux hommes) ne correspondait pas à la posture dans laquelle fut retrouvé Mallory. De plus, la mention d'une blessure à la joue ne correspondait pas non plus à l'état de la dépouille de Mallory (atteint notamment d'une grave blessure au front). Ironie de l'histoire, cet alpiniste chinois fut emporté par une avalanche et disparut dans une crevasse le lendemain de cette confession. C'est notamment sur ce témoignage que se basèrent les recherches de 1999 qui conduisirent à la découverte de George Mallory. Les différences constatées laissèrent alors à penser que non loin du corps de Mallory gisait Andrew Irvine, vu par l'alpiniste chinois en 1960. Mais aucune recherche ultérieure ne permit de le découvrir.

Mis à part les deux appareils photo manquants, deux détails remarqués lors de la découverte du corps de Mallory sont curieux, bien que non concluants en eux-mêmes :

  • Tout d'abord, la fille de Mallory a toujours dit que son père portait sur lui une photo de sa femme avec l'intention de la laisser au sommet quand il l'aurait atteint. Cette photo n'a pas Ă©tĂ© retrouvĂ©e sur son corps. Étant donnĂ© l'excellente conservation du corps et des vĂŞtements de Mallory, cette absence de photo laisse Ă  penser qu'il a pu avoir atteint le sommet et y avoir dĂ©posĂ© la photo.
  • Ensuite, les lunettes de Mallory Ă©taient dans sa poche lors de la dĂ©couverte de son corps, cela peut indiquer qu'il est mort de nuit, mais aussi qu'il avait retirĂ© ses lunettes du fait du mauvais temps (la soudaine bourrasque de neige qui avait soustrait Mallory et Irvine aux yeux de Noel Odell ?) Peut ĂŞtre que lui et Irvine avaient fait un effort final pour atteindre le sommet et Ă©taient en train d'effectuer la descente très tard dans la journĂ©e. Étant donnĂ© l'heure de leur dĂ©part et le chemin suivi, s'ils n'avaient pas atteint le sommet, il est improbable qu'ils aient encore Ă©tĂ© en chemin Ă  la tombĂ©e de la nuit.

Toutefois, il n'est toujours pas certain qu'ils aient atteint le sommet, ce qui serait une formidable rĂ©ussite, 29 ans avant l'ascension de Hillary et de Tensing Norgay. Depuis le lieu oĂą il est gĂ©nĂ©ralement admis qu'ils ont commencĂ© leur ascension — bien que le cameraman de l'expĂ©dition de 1924, Noel Odell, eĂ»t maintenu jusqu'Ă  sa mort qu'ils sont partis d'un camp plus Ă©levĂ© — ils auraient mis environ onze heures. Ils disposaient de seulement huit heures d'oxygène (bien que cela dĂ©pende du dĂ©bit, qui peut ĂŞtre modifiĂ© pour ne pas ĂŞtre utilisĂ© Ă  son maximum), ils ont pu se retrouver Ă  court d'oxygène avant la fin de leur pĂ©riple. Mais on ne peut Ă©carter l'hypothèse selon laquelle le « bon soldat Â» Irvine se serait sacrifiĂ© pour son leader en lui remettant ses rĂ©serves d'oxygène pour lui permettre de terminer l'ascension. En tout Ă©tat de cause, un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant serait la dĂ©couverte d'un artefact laissĂ© par les deux hommes au-dessus du second ressaut. Il est en effet impossible qu'une trace de leur passage au sommet ait pu subsister, alors que les zones rocheuses entre le 2e et le 3e ressaut ont pu conserver une preuve de leur passage.

Beaucoup de grimpeurs actuels expérimentés ne sont pas d'accord sur le fait que Mallory ait pu être capable d'escalader le difficile second ressaut sur la crête nord, qui se passe maintenant avec l'aide d'une échelle en aluminium placée par des Chinois en 1975 pour esquiver la difficulté. Toutefois, Mallory est connu pour avoir surmonté un obstacle semblable dans le Nesthorn, et aucun de ses compagnons ne doutait de ses aptitudes et de sa motivation.

L'alpiniste italien Reinhold Messner[5] est quant Ă  lui formel, estimant que les deux hommes ne pouvaient pas franchir le deuxième ressaut Ă  cette Ă©poque : « D'abord c'Ă©tait impossible de le franchir en chaussures Ă  clous. Ensuite, en 1925, le meilleur grimpeur du monde en rocher Ă©tait Emil Solleder. Il est le premier Ă  avoir gravi un passage de sixième degrĂ©. Avec corde double, assurage sur piton, et chaussure d'escalade spĂ©ciales. Et Ă  une altitude de 3 000 mètres, dans les Dolomites. Mallory, lui n'avait pas de pitons, il ne portait pas de bonnes chaussures ; et sa corde, une fine corde de soie, n'aurait pas tenu le choc mĂŞme d'une simple chute de trois mètres. En 1924, il Ă©tait impossible de franchir un sixième degrĂ© Ă  8 600 mètres d'altitude. Ă€ cette Ă©poque-lĂ , personne ne serait passĂ©. Et puis Mallory Ă©tait intelligent. Il savait, en le voyant du bas, qu'on ne pouvait pas escalader le 2e ressaut comme on escalade une falaise en Angleterre. »

Au XXe siècle, l'idée que les matériaux naturels utilisés par les alpinistes étaient inadaptés aux conditions difficiles de l'Everest s'est largement répandue. Pourtant, selon les expériences conduites pendant trois ans par une équipe de spécialistes en textile des universités de Lancaster, Leeds, Southampton et Derby et confirmées en 2006 par une expédition sur le terrain, les vêtements de Mallory et d'Irvine étaient 20 % plus légers et leurs chaussures 40 % plus légères que les matériaux modernes, et tout aussi protecteurs contre les intempéries[6].

Culture populaire

Le groupe de rock belge Girls in Hawaii fait référence à George Mallory dans sa chanson Mallory's Height sur l'album Everest.

Le groupe anglais Public Service Broadcasting fait référence à George Mallory et l'ascension de l'Everest dans le morceau Everest.

L'intrigue du roman Le Sommet des dieux de Yumemakura Baku, adapté en manga par Jirō Taniguchi et en film par Patrick Imbert, raconte l'histoire de la dernière ascension de Georges Mallory, et de la découverte de son appareil photo.

Le roman Le Sentier de la gloire (en) (Paths of Glory dans la version originale) de Jeffrey Archer est une biographie en partie fictionnelle de George Mallory parue en 2009 au Royaume-Uni.

Descendance

En 1995, le petit-fils de Mallory, George Mallory II, atteint le sommet de l'Everest.

Notes et références

  1. (en) « Best British Mountains - Pillar Â» sur le site outdoorsmagic.com (consultĂ© le 1er octobre 2015).
  2. Charlie Buffet, « À l'assaut des cimes », Le 1, no 260,‎ (ISSN 2272-9690).
  3. (en) [vidéo] Mount Everest Mallory & Irvine 1924 Discovery Of Mallory's body sur YouTube.
  4. Jochen Hemmleb, Larry Johnson, William Nothdurft, Ghosts of Everest — the Search for Mallory & Irvine, Mountaineers Books, 1999.
  5. Reinhold Messner, Ma vie sur le fil, Glénat, , 334 p., p. 228-229.
  6. (en) « Replica clothes pass Everest test », sur BBC News.

Bibliographie

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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