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Politique familiale suédoise

La politique familiale suédoise est l'ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics suédois en direction des familles.

La faible natalité européenne a des incidences négatives sur la croissance et donc la prospérité. L’intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour permettre une meilleure articulation entre vie professionnelle et vie familiale. Voilà ce qu’en 2001 a déclaré la Suède prenant pour la première fois la présidence de l’Union européenne.

Dans les années 1960, la Suède avait inauguré la libération des mœurs et la chute des naissances qui allaient se propager dans toute l’Europe. La voilà préoccupée aujourd’hui d’accueillir un nombre raisonnable d’enfants et de leur assurer un vrai équilibre familial. À cet effet, la Suède s’est forgée une politique familiale originale et « moderne » qui mérite d’autant plus notre attention qu’elle a surmonté la crise des années 1990.

Égalité des chances pour les femmes

La Suède, qui se targue d’être le premier pays au monde pour l’égalitĂ© des citoyens, s’est donnĂ©e dans les annĂ©es 1970 pour prioritĂ© d’accorder des « chances Ă©gales » aux femmes. Soutenues par un long règne de la social-dĂ©mocratie et une prospĂ©ritĂ© croissante, les initiatives du ministère de l’ÉgalitĂ© des Chances ont obtenu des rĂ©sultats. La Suède est le pays du monde qui compte le plus de femmes au travail (75 % des 20-65 ans, surtout dans le secteur tertiaire et la fonction publique), et le plus de femmes Ă©lues au Parlement (43,6 %) ainsi que dans les conseils gĂ©nĂ©raux et les communes. Au long des annĂ©es 1990, malgrĂ© la crise, les gouvernements successifs ont rĂ©affirmĂ© l’approche dite du mainstreaming, consistant Ă  inclure la dimension des chances pour les femmes dans toute action politique et administrative.

Presque toutes les mères des jeunes enfants travaillant, des solutions de garde ont Ă©tĂ© recherchĂ©es. En 1985, une loi stipula que tout enfant de plus de 18 mois devait avoir accès Ă  une crèche collective ou familiale, puis Ă  l’école maternelle – ce qui s’avĂ©ra très difficile.

En 1995, obligation fut faite aux communes d’y pouvoir : elles eurent le plus grand mal à résorber les listes d’attente. Le nombre d’enfants accueillis a tout de même décuplé de 1970 à 1998 – (bien que, pour les 2 à 5 ans, la fréquentation reste proportionnellement moins élevée que celle de la maternelle en France). Tous les modes de garde en Suède sont payants : leur coût, différent d’une commune à l’autre, a augmenté dans les années 1990, même s’il est modulé selon les revenus du foyer et l’horaire de la garde. Les crèches (daghem) n’accueillent pas de bébés de moins de un an.

Il est rapidement apparu que les problèmes posés aux femmes par la garde des jeunes enfants étaient loin d’être résolus par les équipements collectifs. Dans le même temps, l’avenir des enfants de parents séparés préoccupait la société suédoise. Les pères divorcés ou séparés avaient peu de part à l’éducation de leurs enfants, confiés surtout aux mères. Dès le début des années 1980, on créa une direction pour les hommes au ministère de l’Égalité des chances et on modifia le droit de la famille en faveur d’une coparentalité effective dans les couples, même après séparation. La réflexion sur la nécessité d’une présence éducative des deux parents auprès des enfants faisait son chemin, - en même temps qu’on recherchait toujours à soulager les femmes après les maternités afin de leur assurer de meilleures chances dans l’emploi. Pour les bébés, la garde par la collectivité apparaissait coûteuse, difficile à organiser et peu satisfaisante pour leur santé et leur épanouissement. On en est donc venu à préconiser auprès du bébé la présence des parents rétribuée par la Sécurité sociale : ainsi est né le fameux congé parental suédois.

Ce congĂ© parental rĂ©munĂ©rĂ© auquel donne droit la naissance d’un enfant Ă©tait en 2000 d’une durĂ©e totale de 450 jours dont 420 jours pouvant ĂŞtre rĂ©partis entre les deux parents Ă  leur convenance, les 30 jours restant Ă©tant « le mois du père », donc non transfĂ©rables. Le niveau d’indemnisation Ă©tait de 80 % du revenu brut pendant 360 jours, et de 60 couronnes par jour pour les 90 jours restants. Par vote du Parlement le , la durĂ©e d’indemnisation vient d’être portĂ©e Ă  13 mois dont 2 mois rĂ©servĂ©s au père (ou Ă  la mère si c’est le père qui prend le reste). Il vient d’être dĂ©cidĂ© que des indemnitĂ©s proportionnelles pourront ĂŞtre versĂ©es au parent salariĂ© qui, après la naissance d’un enfant, passerait Ă  temps partiel. Bien que modeste, la participation des pères au congĂ© parental est en augmentation. En 1999, les pères avaient utilisĂ© 11,6 % des prestations d’assurance parentale (principalement ceux travaillant dans la fonction publique, voire dans quelque grandes entreprises). Les parents, d’autre part, peuvent Ă©courter leur journĂ©e de travail de 2 heures par jour jusqu’aux 8 ans de leur enfant (leur salaire Ă©tant diminuĂ© proportionnellement). LĂ  encore, ce sont les femmes majoritairement qui usent de cette possibilitĂ©. NĂ©anmoins, l’entrĂ©e du père dans les soins et l’éducation des enfants est chaque annĂ©e plus manifeste. Ainsi, 80 % des pères prennent les 10 jours de congĂ© auxquels ils ont droit lors de la naissance et 1/3 des congĂ©s pour « soins Ă  un enfant malade » sont dĂ©sormais pris par le père.

Ce qu’il faut surtout retenir de la politique familiale suédoise, c’est que, contrairement à ce que certains affirment, elle n’a pas choisi le « tout crèche ». Une évolution a conduit du modèle recherché complémentaire « deux parents éducateurs » : peu à peu, c’est l’enfant qui est devenu le centre des préoccupations suédoises. L’État est là pour aider les parents à assurer la santé, son équilibre, son épanouissement. La mise en place de cette politique avait été suivie d’une nette augmentation des naissances ; sa réduction à cause de la crise d’une non moins nette diminution. Il faut se réjouir de voir la Suède reprendre avec décision cette politique de soutien et de confiance aux parents en souhaitant parvenir à l’équilibre démographique.

Histoire : la Suède en 1988

En 1988 la Suède a décidé de faire un effort considérable en faveur des familles. L'objectif est de permettre l’épanouissement des enfants et de faciliter la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle en accordant d’importants congés aux parents.

Pour cela, la Suède a accordé de substantielles allocations aux familles. Le budget de la politique familiale est ainsi passé de 19 milliards de couronnes à 45 milliards.

L’indice synthétique de fécondité est alors monté de 1,6 à 2,4 enfants par femme en l’espace de 2 ans.

Depuis ce taux est fortement redescendu Ă  1,7, parce que car la politique familiale a fait l'objet d'Ă©conomies budgĂ©taires importante, que le chĂ´mage a rendu plus difficile le temps partiel des femmes et que le rebond Ă©tait dĂ» en partie Ă  un effet de « rattrapage Â» de la gĂ©nĂ©ration 1960 qui n'avait pas pu avoir autant d'enfant qu'elle le voulait et saisissait sa dernière chance Ă  la faveur de la politique menĂ©e.

Le « modèle suédois » de garde des jeunes enfants

En Suède, l’enfant est choyé dès sa naissance (d’où un taux de mortalité infantile particulièrement faible). Les parents bénéficient d’une période d’initiation qui peut aller jusqu’à deux semaines. 100 % des enfants sont allaités généralement jusqu’à 1 an. On refuse qu’ils aillent à la crèche avant cet âge car on considère qu’il est meilleur pour leur développement de rester avec leur mère.

Les SuĂ©dois bĂ©nĂ©ficient d'un congĂ© parental indemnisĂ© d’une durĂ©e totale de 480 jours, Ă  rĂ©partir entre les deux parents. Sur ce total, 60 jours sont rĂ©servĂ©s au père et 60 Ă  la mère. Ces journĂ©es ne sont pas transfĂ©rables. Les parents seuls ont naturellement droit Ă  la totalitĂ© du congĂ© parental. Le taux d’indemnisation est de 80 % du revenu ouvrant droit au congĂ© pour 390 jours (2004). Une indemnitĂ© journalière fixe de 60 couronnes est versĂ©e pour les 90 jours restants. Le congĂ© parental peut ĂŞtre diffĂ©rĂ© ou Ă©talĂ© sur une pĂ©riode allant jusqu’au huitième anniversaire de l’enfant. Les prestations peuvent ĂŞtre utilisĂ©es de diffĂ©rentes façons — congĂ© Ă  temps plein ou travail Ă  temps partiel sur une pĂ©riode plus longue. Les parents qui ne travaillaient pas avant la naissance de l’enfant perçoivent une indemnitĂ© journalière forfaitaire de 150 couronnes pour les premiers 390 jours, puis de 60 couronnes pour les 90 jours restants.

Outre ces prestations, le père a droit à un congé de dix jours avec indemnité au moment de la naissance de l’enfant.

Tous les parents prennent ce congé, les crèches n’accueillant d’ailleurs pas les enfants avant un an.

Les SuĂ©dois ont intĂ©rĂŞt Ă  avoir des enfants rapprochĂ©s : le montant de l’indemnitĂ© parentale est calculĂ©e sur le salaire prĂ©cĂ©dent la première naissance (soit en gĂ©nĂ©ral un plein temps), si la deuxième survient dans les 2 ans ½.

Des modes de garde collectifs abondants

La philosophie des modes de garde (crèches, établissements pré/ et périscolaires) est d'éveiller le plus tôt possible l’intelligence, ce qui sera un élément de l’apprentissage tout au long de la vie.

Tous les enfants ont droit Ă  la crèche qui les accueille Ă  partir d’un an / un an et demi jusqu’à 6 ans. Elles sont payantes (maximum environ 2000 F / enfant). Les mères travaillent majoritairement Ă  temps partiel (en gĂ©nĂ©ral Ă  Âľ temps). Une lĂ©gislation de 1995 garantit aux parents actifs le droit Ă  une place dans le système public de prise en charge pour tout enfant de 1 Ă  12 ans. La Suède propose ces services Ă  tous les enfants entre 18 mois et 12 ans dont les parents travaillent ou Ă©tudient.

Les équipements d’accueil de la petite enfance sont nombreux : parmi les enfants de moins de six ans, 73 % étaient pris en charge dans une structure d'accueil financée par les municipalités en 1997 en Suède où leur développement a été spectaculaire depuis les années 1980.

Les parents consacrent entre 2 et 20 % de leurs revenus Ă  l’accueil des enfants. Pour attĂ©nuer les disparitĂ©s territoriales, un projet de loi prĂ©voit des services gratuits pour tous les enfants Ă  partir de 4 ans.

Tous les parents d’un enfant de moins de huit ans ont le droit de rĂ©duire leur journĂ©e de travail de huit Ă  six heures, sans compensation financière. En cas de maladie d’un enfant de moins de 12 ans, ses parents ont droit Ă  une indemnitĂ© parentale maximale de 60 jours par enfant/an.

Contexte politique favorable Ă  la famille

La Suède se caractérise par des taux d’activité professionnels des femmes (et des mères) très élevés (80 %).

Beaucoup de temps partiel surtout pour les femmes employées dans le secteur public (éducation, les soins aux enfants et aux personnes), et dans le milieu hospitalier. 41 % des femmes sont à temps partiel. Sa durée moyenne est longue et tend à se rapprocher de celle des emplois à temps plein.

Une politique familiale généreuse vis-à-vis des enfants et des parents, inspirée par des principes civiques d’égalité des chances (égalité sociale, égalité entre hommes et femmes) : la fonction parentale y est l’objet d’une préoccupation publique.

L’alerte du début des années 1990 qui a vu les taux de chômage augmenter soudainement en Suède, a conduit à la réduction de la politique familiale. Les effets se sont surtout manifestés sur le taux de fécondité qui a chuté. Avec le retour de la croissance, la politique familiale revient en force.

La répartition des tâches ménagères est inéquitable en Suède mais moins qu’en France : 60 % contre 70 %. Les femmes suédoises assument davantage de travaux domestiques lorsque les enfants sont petits car elles passent généralement la première année au foyer et qu’elle reprennent le plus souvent à mi-temps les années suivantes.

Mais lorsque les enfants sont plus grands, dès que le dernier a 4 ans et va Ă  l’école, la rĂ©partition est nettement plus Ă©galitaire : les hommes passent 5 heures de plus par semaine aux travaux mĂ©nagers. Pourquoi ? Parce que leur femme augmente son temps partiel.

Enfin, les hommes suédois consacrent quatre heures par semaine à leurs tout petits (contre deux heures pour les hommes français).

Mentalités

  • « ĂŠtre femme au foyer, c’est Ă©panouissant » pour 65 % des SuĂ©dois
  • Nous sommes très satisfaits de notre vie de famille : Oui = 54 % des femmes et 50 % des hommes
  • Les femmes sont obligĂ©es de choisir entre leur rĂ´le de mère ou leur carrière : Oui = 15 % des femmes
  • Vous ĂŞtes femme au foyer, avez vous envie d’avoir une activitĂ© professionnelle ? Oui = 38 % des femmes
  • Nous partageons les tâches mĂ©nagères Ă  Ă©galitĂ© : Oui = 40 % des femmes
  • Seriez-vous prĂŞte Ă  prendre un congĂ© sans solde pour Ă©lever votre enfant ? Oui = 70 % des femmes et 65 % des hommes
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